Livestock Research for Rural Development 32 (8) 2020 LRRD Search LRRD Misssion Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Effets des huiles essentielles de Mentha piperita, Salvia officinalis et Rosmarinus officinalis sur les poids corporel et gonadique de lapins mâles pré-pubères

L Lakabi et K Khelfane-Goucem

Laboratoire Production, Sauvegarde des Espèces Menacées et des Récoltes, Influence des Variations Climatiques,
Faculté des Sciences Biologiques et des Sciences Agronomiques, Université Mouloud Mammeri, BP 17RP, Tizi-Ouzou. Algérie
Correspondance: lyndalakabi@gmail.com

Résumé

En Algérie, les huiles essentielles extraites de plantes locales telle que la Menthe poivrée (Mentha piperita), la Sauge officinale (Salvia officinalis) et le Romarin (Rosmarinus officinalis) sont largement consommées à des fins différentes, mais n'ont pas été utilisées comme agents stimulants pour la reproduction masculine. L’objectif de cette étude est de mettre en évidence les effets de ces huiles essentielles (HE) sur le poids corporel de lapins pré-pubères ainsi que sur le poids des testicules et épididymes. Pour cela, des lapins pré-pubères âgés de 3 mois ont été répartis dans un lot témoin (n = 9) et 6 lots expérimentaux (n = 9 chacun) traités par les huiles essentielles de M. piperita, S. officinalis et R. officinalis à deux doses différentes : 100 µl/kg de PC et 200 µl/kg de PC par voie orale en une seule prise. Après 7 jours de surveillance, les lapins ont été sacrifiés, les organes reproducteurs prélevés, dégraissés, pesés puis fixés pour des études microscopiques. Le poids corporel des lapins ainsi que le poids et le volume des gonades ont augmenté après traitement avec les huiles essentielles et encore plus avec les doses les plus fortes. De plus, l’HE de M. piperita a induit un effet significativement plus important que les deux autres HE. Ainsi avec l’HE de M. piperita à 200 µl/kg, l’augmentation au 7éme jour par rapport au témoin a été de 21 % pour le poids vif, 27% pour le poids testiculaire et 52 % pour le poids épididymaire. Cela suggère que ces 3 huiles essentielles ont une activité androgénique in vivo qui est plus forte à la dose de 200 µl/kg et qu’elles pourraient par conséquent être utilisées en cuniculture afin d’améliorer la fertilité des lapins mâles.

Mots clés : épididyme, menthe poivrée, reproduction, romarin, sauge officinale, souche synthétique, testicule


Effects of essential oils of Mentha piperita, Salvia officinalis and Rosmarinus officinalis on the body and gonad weights of male pre-pubertal rabbits

Abstract

In Algeria, essential oils extracted from local plants such as peppermint (Mentha piperita), officinal sage (Salvia officinalis) and rosemary (Rosmarinus officinalis) are widely consumed for different purposes but have not been used as stimulating agents for male reproduction. The objective of this study is to highlight the effects of these essential oils (EO) on the bodyweight of pre-pubertal rabbits as well as on the weight of the testes and epididymis. For this, 63 pre-pubertal rabbits of 3 months old were divided into a control lot (n=9) and six experimental lots (n = 9 each) treated with M. piperita, S. officinalis and R. officinalis essential oils at two different doses: 100 μl / kg of BW (body weight) and 200 μl / kg of BW orally in a single dose. After 7 days of monitoring, the rabbits were sacrificed; the reproductive organs were removed, degreased, weighed and then fixed for microscopic studies. The bodyweight of rabbits as well as the weight and volume of the gonads increased after treatment with essential oils and even more with the higher doses. In addition, M. piperita EO induced a significantly greater effect than the other two EO. Thus, with the EO off M. piperita at 200 μl / kg, the increase on the 7th day compared to the control was 21% for the body weight, 27% for the testicular weight and 52% for the epididymal weight. This suggests that these 3 essential oils have an androgenic activityy in vivo which is stronger at the dose of 200 µl / kg and that they could, therefore, be used in rabbit farming in order to improve the fertility of male rabbits.

Keywords: epididymis, peppermint, officinal sage, reproduction, rosemary, synthetic strain, testis


Introduction

En Algérie, les productions animales sont de plus en plus diversifiées mais leurs performances restent toujours insuffisantes pour couvrir le déficit en protéines animales. Pour remédier à ce manque, le développement de la cuniculture constitue une alternative intéressante. Le lapin, de par ses bonnes caractéristiques biologiques concernant sa productivité et reproductivité, un court intervalle entre les générations et par une prolificité importante, peut constituer un animal de choix. En effet, le lapin est caractérisé par un cycle biologique très court (30 jours de gestation), une prolificité très élevée (40 à 45 lapereaux par lapine et par an), une transformation des protéines végétales en protéines animales très importante (20%) et une grande production de viande (60 à 65 kg/lapine/an). A tout cela s’ajoutent sa valeur nutritionnelle et ses qualités diététiques (Lebas et al 1996).

Selon la FAO (2007), l’Algérie avec 7 000 tonnes de viande lapine par an se positionne au 14ème rang de la production mondiale. Alors que l’Egypte au 6ème rang produit 10 fois plus, la Chine produit à la première place 597 000 tonnes. A l’instar de nombreux pays, la cuniculture Algérienne est alors faiblement notée. Cependant, le portrait que les algériens donnent au lapin est le caractère traditionnel, familier et précaire dans les basses-cours de la campagne.

En Algérie, la majorité des travaux de recherches réalisés ont traité d’une part, les aspects de la reproduction chez la lapine des différents types génétiques existants (Amroun et al 2018) (initiés par l’université de Tizi-Ouzou et l’Institut Technique d’Elevage de Baba-Ali ITELV) et d’autre part, l’histomorphométrie des testicules et l’analyse de la semence chez le lapin mâle (Lakabi et al 2016).

Les huiles essentielles présentent des vertus médicinales connues depuis l’antiquité et elles sont utilisées, de nos jours, en médecine traditionnelle, en pharmacologie et en médecine moderne. Parmi les plantes médicinales communément utilisées, certaines sont signalées comme ayant un effet sur les fonctions reproductrices mâles chez les animaux et les humains (Franchomme 2015). Par ailleurs, certaines huiles essentielles sont des produits aromatiques riches en phyto-œstrogènes (oestrogen-like), dont l’innocuité n’est pas totalement prouvée, et présentent des propriétés susceptibles de modifier le processus physiologique de la reproduction soit en l’améliorant ou en le perturbant (El Kalamouni 2010).

Le but de la présente étude est de mettre en évidence l’effet de deux doses différentes de trois huiles essentielles de Mentha piperita, Rosmarinus officinalis et Salvia officinalis sur l’amélioration des poids corporel et gonadique de lapins mâles pré-pubères appartenant à la souche synthétique.


Matériel et méthodes

Animaux

L’étude a été réalisée au niveau du laboratoire de Production, Sauvegarde des Espèces Menacées et des Récoltes, Influence des variations climatiques, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Algérie. Les lapins utilisés provenaient d’une unité d’élevage privée de Djebla située dans la commune de Ouaguenoune, à 18 km au nord-est de la ville de Tizi-Ouzou.

Un total de 63 lapins mâles pré-pubères âgés de 3 mois ont été utilisés dans cette étude. Ces animaux sont issus de la souche synthétique crée et mise en place depuis 2003 à l’INRA d’Alger, en inséminant 81 femelles de la population locale avec la semence de 18 mâles de la souche INRA2666, sélectionnée à l’INRA de Toulouse pour sa prolificité (9 lapereaux nés vivants par mise bas et 7,52 sevrés) et possédant un poids adulte sensiblement plus élevé et une meilleure aptitude à la croissance que la population locale algérienne (Gacem et al 2009, Zerrouki et al 2014).

Conduite de l’élevage

Pour réaliser l’expérience, 63 lapins pré-pubères âgés de 3 mois ont été transportés au niveau de l’Institut de Technologie Moyen Agricole Spécialisé en Agriculture de Montagne (ITMAS) de Tizi-Ouzou, où ils ont été placés dans des cages et laissés pendant une semaine pour qu’ils s’adaptent au milieu, afin d’éviter l’effet du stress induit par le déplacement, sur les différents paramètres étudiés.

Les animaux ont été placés dans des cages individuelles et nourris ad libitum avec un aliment granulé de commerce (11,2% de matière azotée totale et 10,3% de cellulose brute) et soumis aux mêmes conditions d’élevage (conditions d’éclairement et de température). L’eau était distribuée en accès libre permanent par des pipettes individuelles.


Expérimentation

Administration des huiles essentielles

Après la semaine d’adaptation, les animaux ont été répartis au hasard en 7 lots de 9 lapins pré-pubères âgés de 3 mois : un lot témoin non traité et 6 lots expérimentaux traités par trois huiles essentielles de M. piperita, S. officinalis et R. officinalis, à deux doses différentes : 100 µl/kg de poids corporel (PC) et 200 µl/kg de PC par voie orale en une seule prise. Avant administration des traitements, les animaux ont été pesés le matin afin de déterminer le volume de l’huile essentielle à administrer par voie orale pour chaque lapin, à l’aide d’une seringue contenant 0,25 ml d’eau distillée.

Prélèvement des gonades

Après une semaine de surveillance, les lapins ont été pesés, sacrifiés et les testicules et épididymes ont été prélevés, dégraissés puis pesés grâce à une balance de précision, et placés dans un tube gradué afin de mesurer le volume (VE). Les testicules et épididymes droits ont été fixés dans le Bouin Holland pour l’étude histologique et morphométrique, tandis que ceux de gauches ont été congelés dans de l’azote liquide pour des études ultérieures.

Analyse Statistique

-Variables calculées et analyséess

-Les effets considérés ont-été

-Pour chaque résultat ont été calculés

Tous les résultats sont présentés sous forme de valeurs moyennes suivies de l’erreur standard à la moyenne (X ± ESM).

L’ensemble des résultats ont été soumis à une analyse de la variance (test ANOVA) à l’aide du logiciel Origin pro 7.5 (version 2007). Les valeurs présentées sont exprimées en moyennes affectées à l’Erreur Standard à la Moyenne. La différence est jugée significative lorsque p≤0,05.


Résultats

Les résultats obtenus sur les effets des trois huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis, aux doses de 100 et 200 µl/kg portent sur le poids corporel, les poids et volumes testiculaire et épididymaire chez les lapins pré-pubères appartenant à la souche synthétique.

Poids corporels des lapins

Les résultats obtenus sur le poids corporel des lapins pré-pubères témoins et traités par les huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis aux deux doses de 100 et 200 µl/kg de PC, sont présentés dans le Tableau 1.

Tableau 1. Poids corporel (kg) des lapins pré-pubères témoins et traités par les huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis à J0 et J7
Effectif J0 J7 J7-J0
Témoins 9 2,33 ± 0,07a 2,50 ± 0,08a 0,17 ± 0,02a
Mentha piperita 100 µl/kg 9 2,25 ± 0,11 a 2,84 ± 0,03b 0,59 ± 0,10b
Mentha piperita 200 µl/kg 9 2,30 ± 0,11 a 3,01 ± 0,05c 0,71 ± 0,16cb
Rosmarinus officinalis 100 µl/kg 9 2,42 ± 0,06 a 2,71 ± 0,14ac 0,29 ± 0,15ac
Rosmarinus officinalis 200 µl/kg 9 2,45 ± 0,06 a 2,97 ± 0,13bc 0,53 ± 0,14bc
Salvia officinalis 100 µl/kg 9 2,38 ± 0,07 a 2,62 ± 0,09ac 0,24 ± 0,06ac
Salvia officinalis 200 µl/kg 9 2,42 ± 0,06 a 2,89 ± 0,11bc 0,47 ± 0,11bc
Les lettres a, b et c sur une même colonne indiquent que les lots ayant une lettre différente présentent une différence significative à p <0,05

Une semaine après l’administration des huiles essentielles aux lapins pré-pubères, une élévation de la valeur moyenne du poids corporel par rapport à la valeur initiale est constatée chez les différents lots. En effet, l’écart entre le poids initial et le poids final était plus élevé chez les lapins traités par les huiles essentielles par rapport aux témoins qui était de 0,17 g ainsi que chez les lots traités par la dose 2 de 200 µl/kg de PC par rapport à ceux traités par la dose 1 de 100 µl/kg de PC.

C’est l’huile essentielle M. piperita qui a induit l’écart le plus élevé soit 0,59 g et 0,71 g respectivement pour les lots traités par la dose D1 et D2 de 100 et 200 µl/kg de PC, suivi de R. officinalis qui a induit une augmentation de 0,29 g et 0,54 g chez les lots traités par la dose D1 et D2, et enfin l’huile essentielle de S. officinalis qui a induit un écart de 0,24 g et 0,47 g respectivement chez les traités par la dose de 100 et 200 µl/kg de PC. Ces augmentations du poids corporel entre J0 et J7 sont hautement significatives (P<0,001) chez les lapins traités par les deux doses de l’huile essentielle de M. piperita, très significatives (p<0,01) chez les lapins traités par l’huile essentielle de R. officinalis à la doses D2 de 200 µl/kg de PC. Enfin l’augmentation entre J0 et J7 induite par la S. officinalis est peu significative (p<0,05) chez les lots traités par la dose D1 de 100 µl/kg de PC et très significative (p<0,01) chez ceux traités par la dose 2 de 200 µl/kg de PC.

L’effet des trois huiles essentielles utilisés à J7 a montré une différence hautement significative (p<0,001) entre le lot témoin et les deux lots traités par M. piperita, ainsi qu’une différence significative (p<0,02) entre les deux lots traités aux doses de 100 et 200 µl/kg de PC par cette huile essentielle. Tandis que les huiles essentielles R. officinalis et S. officinalis ont présenté une différence très significative (p<0,01) entre le lot témoin et le lot traité par la dose 1 de 200 µl/kg de PC.

L’écart du poids corporel entre J0 et J7 (J7-J0) révèle que l’huile essentielle M. piperita a induit un écart significatif entre le lot témoin et les lots traité par la dose 1 de 100 µl/kg de PC (p<0,001) et la dose 2 de 200 µl/kg de PC (p<0,01). Tandis que l’écart induit par les huiles essentielles R. officinalis et S. officinalis était significative entre le lot témoin et le lot traité par la dose 2 de 200 µl/kg de PC. Enfin une différence très significative (p<0,01) est observée entre les lots traités à la dose de 100 µl/kg de PC par les huiles essentielles M. piperita et S. officinalis.

Poids et volumes des testicules des lapins pré-pubères

Les résultats des effets des trois huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis sur le poids et volumes des testicules des lapins pré-pubères appartenant à la souche synthétique, sont présentés dans le Tableau 2.

Tableau 2. Poids testiculaire et volume testiculaire des lapins pré-pubères témoins et traités par les huiles essentielles M. piperita, R. officinalis et S. officinalis
Effectif Poids
testiculaire (g)
Volume
testiculaire (ml)
Témoins 9 3,13±0,24 a 2,06±0,18 a
Mentha piperita 100 µl/kg (dose 1) 9 3,38±0,27 ac 3,27±0,29 cd
Mentha piperita 200 µl/kg (dose 2) 9 3,81±0,11 bc 3,62±0,29 c
Rosmarinus officinalis 100 µl/kg 9 3,33±0,09 a 2,79±0,22 ad
Rosmarinus officinalis 200 µl/kg 9 3,77±0,05 b 3,34±0,16 bc
Salvia officinalis 100 µl/kg (dose 1) 9 3,29±0,23 a 2,51±0,17 ab
Salvia officinalis 200 µl/kg (dose 2) 9 3,46±0,15 ab 2,98±0,17 bc
Les lettres a, b, c et d sur une même colonne indiquent que les lots ayant une lettre différente présentent une différence significative à p <0,05
-Poids des testicules

Les lapins pré-pubères traités par les huiles essentielles ont présenté un poids testiculaire supérieur à celui des lapins témoins d’une part, d’autre part la dose 2 de 200 µl/kg de PC à induit un poids testiculaire plus élevé par rapport à la dose 1 de 100 µl/kg de PC.

Les lapins traités par l’huile essentielle de M. piperita ont présenté un poids testiculaire supérieur à celui des lapins traités par l’huile essentielle de R. officinalis. Ces derniers ont eu un poids testiculaire plus élevé que chez les animaux traités par l’huile essentielle de S. officinalis. Cette augmentation du poids des testicules est hautement significative entre les deux lots traités par l’huile essentielle de R. officinalis (D1 et D2) et significatives (p<0,02) entre les lots Témoin et traités par les huiles essentielles de M. piperita et R. officinalis à la dose de 200 µl/kg de PC (D2)

-Volume des testicules

Le traitement des lapins pré-pubères par les trois huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis a induit une augmentation du volume des testicules par rapport aux témoins montrant des valeurs plus élevées chez ceux traités par la dose 2.

La valeur la plus élevée du volume des testicules est observée chez les lapins traités par l’huile essentielle de M. piperita tandis que la valeur la plus basse est observée chez ceux traités par l’huile essentielle de S. officinalis. Ces variations sont hautement significatives (p<0,001) entre le lot témoins et les lots traités par M. piperita et R. officinalis à la dose de 200 µl/kg de PC, très significatives (p<0,001) entre le lot témoin et les lots traités par la dose 100 µl/kg de PC de M. piperita et la dose 200 µl/kg de PC de S. officinalis et enfin peu significatives (p<0,05) entre les deux lots traités par R. officinalis. Une différence peu significative est observée entre les traités par M. piperita et S. officinalis à la dose 1 de 100 µl/kg de PC.

Poids et volumes des épididymes des lapins pré-pubères

Les résultats du poids et volume épididymaire des lapins pré-pubères appartenant à la souche synthétique et traités par les huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis sont présentés dans le Tableau 3.

Tableau 3. Poids et volume des épididymes des lapins pré-pubères témoins et traités par les huiles essentielles M. piperita, R. officinalis et S. officinalis
Effectif Poids de
l’épididyme (g)
Volume de
l’épididyme (ml)
Témoins 9 1,13±0,06a 1,47±0,13a
Mentha piperita 100 µl/kg 9 1,53±0,04b 2,41±0,33bd
Mentha piperita 200 µl/kg 9 1,70±0,04c 2,72±0,31cd
Rosmarinus officinalis 100 µl/kg 9 1,32±0,08ac 2,00±0,24ac
Rosmarinus officinalis 200 µl/kg 9 1,55±0,11bc 2,28±0,18bc
Salvia officinalis 100 µl/kg 9 1,26±0,04ac 1,70±0,12ac
Salvia officinalis 200 µl/kg 9 1,48±0,11bc 2,15±0,12bc
Les lettres a, b, c et d sur une même colonne indiquent que les lots ayant une lettre différente présentent une différence significative à p <0,05
-Poids des épididymes

Les lapins traités par les huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis ont présenté un poids épididymaire supérieur à celui des lapins témoins avec une augmentation hautement significative entre le lot témoin et le lot traité par l’huile essentielle de M. piperita à la dose 1 de 100 µl/kg de PC, ainsi qu’entre le lot témoins et les différents lots traités par les trois huiles essentielles à la dose D2 de 200 µl/kg de PC.

Les lots traités avec l’huile essentielle de M. piperita ont présenté le poids épididymaire le plus élevé par rapport aux deux autres huiles, comparés à ceux traités par l’huile essentielle de S. officinalis qui a enregistré la plus faible augmentation.

Ces variations du poids des épididymes sont hautement significatives (p<0,001) entre le lot Témoin et les deux lots traités par M. piperita et significatives entre les lots traités D1 et D2 par cette huile essentielle. Les huiles essentielles R. officinalis et S. officinalis présentent une différence significative (p<0,01) entre le lot Témoin et le lot traité par la dose de 200 µl/kg de PC (D2). L’effet huile essentielle a montré une différence peu significative (p<0,05) entre M. piperita et R. officinalis à la dose de 100 µl/kg de PC et très significative (p<0,01) entre M. piperita et S. officinalis à la dose D1 de 100 µl/kg de PC.

-Volume des épididymes

Le traitement des lapins pré-pubères par les trois huiles essentielles de M. piperita, R. officinalis et S. officinalis, a induit une augmentation du volume des épididymes par rapport aux témoins montrant des valeurs plus élevées chez ceux traités par la dose 2 (200 µl/kg de PC). En effet, l’augmentation induite par l’huile essentielle de M. piperita est significative (p<0,02) entre les lots Témoin et traité par la dose 1 (D1= 100 µl/kg de PC) et très significative (p<0,01) entre les lots Témoin et traité par la dose 2 (D2= 200 µl/kg de PC), alors que les lots traités par l’huile essentielle de R. officinalis n’ont présenté de différence significative (p<0,01) qu’entre le lot Témoin et le lot traité par la dose 2 de 200 µl/kg de PC. L’huile essentielle de S. officinalis a induit une augmentation hautement significative (p<0,001) entre les lots Témoin et traité par la dose 2 (D2) et peu significative entre les lots traités par les deux doses D1 de 100 µl/kg de PC et D2 de 200 µl/kg de PC.

Le traitement des lapins pré-pubères avec l’huile essentielle de M. piperita a induit un volume épididymaire supérieur à celui induit par l’huile essentielle de R. officinalis. Tandis que les animaux traités par l’huile essentielle de S. officinalis ont présenté les valeurs du volume épididymaire les plus basses.


Discussion

L’administration des huiles essentielles de M. piperita, S. officinalis et R. officinalis aux lapins pré-pubères appartenant à la souche synthétique a induit une augmentation significative du poids corporel ainsi que celui des poids et volume des testicules et épididymes et cette augmentation dépend de la dose.

Les variables macroscopiques des testicules et épididymes comme le poids, le volume ou la circonférence scrotale sont considérées comme des marqueurs de la maturité sexuelle chez divers mammifères (Schinckel et al 1983 ; Salhab et al 2001 ; Mandal et al 2004).

Les résultats obtenus durant notre étude concordent avec ceux de Soy et al (2016) qui ont observé une augmentation du poids des rats traités avec l’extrait de M. piperita. De même, un traitement par l’extrait de Bsella alba (Nantia et al 2007) ou par l’huile essentielle de lavande chez le rat (Kuçukyilmaz et al 2017) accroitrait le poids corporel des rats. Des résultats similaires ont été observés chez les poulets de chair qui présentent une augmentation du gain de poids corporel après supplémentation des régimes avec les huiles essentielles d’origan, de romarin, de sauge et de lavande (Alçiçk et al 2003 ; Alçiçk et al 2004 ; Botsoglou et al 2004 ; Bozkurt et al 2009 ; Bozkurt et al 2012). En conséquence, ces huiles essentielles seraient considérées selon Kuçukyilmaz et al (2017), comme des facteurs de croissance.

La menthe poivrée a induit également une augmentation des poids et des volumes des testicules et épididymes des lapins pré-pubères. Ces résultats corroborent ceux obtenus par Morakinyo et al (2008), qui ont constaté une augmentation significative du poids des gonades (testicules et épididymes) après un traitement par l’extrait de Zingiber officinale.

Par ailleurs, il est à signaler que, chez le rat mâle les extraits aqueux de la menthe (M. crispa et M. piperita) (Eitimad 2017), de la menthe verte (Mentha spicata) (Kumar et al 2008 ; Fatemeh et al 2014) et des fleurs d’hibiscus Rose de Chine (Hibiscus rosa sinensis) (Kumar et al 2014) à des doses élevées peuvent avoir des effets néfastes sur la fertilité masculine. Ceci en provoquant une diminution significative du poids des testicules, épididymes, vésicules séminales et prostates, ainsi qu’une diminution significative de la LH sérique, FSH et la testostérone ainsi qu’une diminution significative de la concentration en spermatozoïdes au niveau de l’épididyme.

Aussi, selon Prins et al (1991) et Kamtchouing et al (2002), l’augmentation du poids absolu du testicule et de l’épididyme pourrait être due à une biosynthèse accrue des androgènes nécessaires au développement, croissance et bon fonctionnement du testicule.

En effet, plusieurs travaux ont montré que certaines huiles essentielles possèdent des propriétés androgéniques. En effet, les travaux d’Al-Saaidi et al (2009) sur l’extrait des graines de Nigella sativa et ceux de Nasseem et al (1998) sur les extraits de graines de momordique (Momordica charantia), montrent une stimulation de la synthèse des différentes hormones responsables de la spermatogenèse (LH, FSH et testostérone) et une augmentation de l’activité de la spermatogenèse chez les rats mâles traités par ces extraits.

D’autre part, Akdogan et al (2004) ont rapporté que l’huile essentielle de M. piperita augmente le poids des gonades en augmentant le diamètre des tubes séminifères. Ce qui serait du probablement due à une prolifération cellulaire au niveau des tubes séminifères suite à une augmentation importante de la testostérone plasmatique.

Haeri et al (2006) ont rapporté que l’augmentation significative du poids du testicule, de l'épididyme et des vésicules séminales, suite à l'administration de l'huile essentielle de la sarriette (Satureja khuzestanica), est due à l'augmentation du nombre de spermatogonies, de spermatides, de cellules de Leydig et de spermatozoïdes et une augmentation de la spermatogenèse. Par conséquent, le poids des organes sexuels élargi est le résultat de l’augmentation des taux sériques de FSH et de testostérone sous l’effet de cette huile.

Par ailleurs, l’extrait aqueux de Nigella sativa a induit chez le rat mâle une augmentation du poids des organes reproducteurs et une stimulation de différents paramètres (densité du sperme, activité sécrétrice des vésicules séminales et de la prostate, temps d’excitation) (Mukhallad et al 2009).

Cependant, Mansour et al (2013) ont constaté que le traitement des rats par l’huile essentielle de N. sativa n’induit aucun effet sur le poids des organes reproducteurs (testicules et épididymes), les critères du sperme, la concentration plasmatique de testostérone, la FSH, la LH et inhibine β.


Conclusion


Références bibliographiques

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