Livestock Research for Rural Development 25 (5) 2013 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Vers une typologie du lait de brebis collecté en milieu steppique Algérien basée sur la qualité microbiologique et liée aux pratiques de traite

Yabrir Benalia, Hakem (ex Akam) Ahcène, Mostefaoui Abdellah, Labiad Moussa, Titouche Yacine, Boudabous Abdellatif* et Mati Abderrahmane**

Laboratoire d’Exploration et Valorisation des Ecosystèmes Steppiques, université de Djelfa, Algérie
byabrir@yahoo.fr
* Laboratoire Microorganismes et Biomolécules Actives (LMBA), Université de Tunis, El Manar, Tunisie
** Laboratoire de biochimie analytique et biotechnologies, université M. Mammeri de Tizi- Ouzou, Algérie

Résumé

L’objectif de notre étude consiste, d’abord évaluer la qualité microbiologique du lait cru ovin collecté en milieu steppique, ensuite mettre l’accent sur l’influence des pratiques hygiéniques lors de la traite comme source de contamination. Au total cinquante et un éleveur ont été enquêtés et des laits de mélange ont été prélevés pour des fins analytiques. Les résultats obtenus montrent que la qualité microbiologique et hygiénique est insuffisante et est très hétérogène et témoigne de ce fait de la variabilité des pratiques de traite d’une ferme à l’autre. 

L’analyse statistique a permis de construire une typologie des laits formée de six classes distinctes. Les pratiques de traite rapportées aux classes de laits et sources de variation de la qualité microbiologique étaient principalement le trayeur, l’élimination des premiers jets, le lavage des mamelles, le nombre de brebis à la traite et le lieu de traite. Trois groupes de classe se distinguent ainsi: le premier renferme des laits de qualité hygiénique et sanitaire satisfaisante. Ils sont essentiellement traits par la femme du propriétaire et dont le nombre de brebis soumis à la traite est inférieur à 50. Le second correspond aux laits moyennement chargés en diverses flores. Il caractérise des laits qui proviennent des élevages dont les pratiques de traite varient d’une ferme à l’autre. Le dernier groupe rassemble les laits les plus contaminés et de très mauvaise qualité hygiénique mais de bonne qualité sanitaire. Il regroupe des laits qui sont traits exclusivement par le berger, sans lavage des mamelles, ni élimination des premiers jets. La traite a lieu à l’étable pour un effectif supérieur ou égal à 50 brebis à la traite. Les résultats de cette étude ont montré que la qualité du lait cru ovin collecté en milieu steppique dépend de l’hygiène des animaux et de la conduite de la traite et que les causes de cette qualité sont très nombreuses et dépendantes l’une de l’autre.

Mots clés: Algérie, hygiène, lait, ovin, qualité, traite



Towards a typology of sheep’s milk collected in Algerian area steppe based on the microbiological quality and related to milking practices

Abstract

The objective of our study consists, first to assess the microbiological quality of ewe’s raw milk collected in area steppe, then to focus on the influence of hygienic practices during milking as a source of contamination. A total of fifty-one breeders were surveyed and milk mixture was taken for analytical purposes. The results show that the microbiological and hygienic quality is insufficient, very heterogeneous and reflects thereby the variability of milking practices from one farm to another. A typology of milk consists of six distinct classes was assayed by statistical analysis. Milking practices reported in classes of milk and sources of variation in the microbiological quality were primarily the milker, the foremilk elimination, washing udders, the number of ewes milked, and milking area. 

Three class groups are thus distinguished: the first contains milk with hygienic and sanitary satisfactory quality. They are mainly milked by the owner's wife and the number of sheep subjected to milking is less than 50. The second corresponds to the milk fairly loaded in various floras. It characterizes the milk that comes from farms with milking practices varying from one farm to another. The last group includes most contaminated milk and very poor hygienic quality but good health. It includes milks which are exclusively milked by the shepherd, without washing udders or foremilk elimination. Milking takes place in the barn with number of sheep in milking is greater than or equal to 50. The results of this study showed that the quality of ewe’s raw milk collected in area steppe depends on the health of animals and the milking practices and the causes of this quality are numerous and dependent to any of the other.

Key words: Algeria, hygiene, milk, milking, quality, sheep


Introduction

La qualité microbiologique du lait cru suscite l’intérêt des différents acteurs de la filière. D’un point de vue consumériste, la qualité hygiénique préoccupe le consommateur qui en devient de plus en plus exigent. Le lait cru et les produits qui en découlent doivent apporter des garanties sanitaires (Nanu et al 2007). La consommation de ces derniers peut présenter un danger pour la santé publique (Barret 1986; DeBuyser et al 2001; Oliver et al 2009). D’un point de vue technologique, la qualité et la typicité des produits laitiers sont à l’origine de la flore du lait cru (Buchin et Beuvier 2000; Montel et al 2003). Deux questions se sont alors soulevées et se succèdent, d’abord « faut-il privilégier la quantité ou la nature de la flore du lait ?» (Bouton et al 2005) ensuite « comment préserver une flore utile sans affecter la qualité sanitaire des laits ? » (Parguel et al 2007).

Il est bien établi que le lait est considéré comme stérile dans la glande mammaire. A la sortie de la mamelle ; le lait est, s’il est trait d’un animal sain et dans de bonnes conditions hygiéniques, peu contaminé (Faye et Loiseau 2002). C’est au cours des opérations de récolte que le lait se contamine et plus il est manipulé, plus le risque de contamination augmente. Le niveau de contamination résulte de plusieurs causes (Piton et Richard 1982; Bonfoh et al 2006).  D’une part, les études relatives à l’influence des pratiques hygiéniques lors de la traite du lait ovin étant relativement rares et sont beaucoup moins nombreuses que celles qui existent pour les vaches laitières et d’autre part, à notre connaissance, aucune étude n’a été faite dans ce sens dans le milieu steppique algérien. Celle-ci se veut être une première investigation dans son genre concernant l’effet des pratiques hygiéniques lors de la traite sur la qualité microbiologique du lait cru ovin collecté dans les conditions de la steppe centrale Algérienne. 


Matériel et méthodes

Choix des élevages

Les éleveurs choisis caractérisent un système d’élevage de type sédentaire où les parcours steppiques constituent l’essentiel de l’apport alimentaire. Ce dernier est complémenté par l’apport de la céréaliculture et de l’aliment concentré pour les saisons sèches. La taille du troupeau varie de 100 à 300. Au total cinquante et un  éleveurs ont été sélectionnés sur une zone naturelle caractérisant le milieu steppique de la région de Djelfa (à 300 km au sud d’Alger), à vocation agro-pastorale. 

Enquête  

Pour chaque éleveur enquêté, un questionnaire a été réalisé au moment du prélèvement. Ce questionnaire portait sur les pratiques de traite: périodicité de traite, nombre de traite par jour, moment de la traite, quantité de lait par brebis (estimée par les éleveurs), type de traite, trayeur, hygiène des mamelles, lieu de traite, élimination des premiers jets et nombre de brebis à la traite.   

Echantillonnage 

Les prélèvements de lait ont été effectués pendant une période très courte (du 10/04 jusqu’au 01/05/2010) afin de travailler sur des laits d’animaux au pâturage et de réduire l’effet saison. Le lait provient de la traite du soir, après le retour du troupeau à la bergerie ou tôt le matin avant la sortie des animaux. C’est un lait de mélange. La traite est manuelle. Les échantillons du lait prélevé sont recueillis dans des flacons en verre opaque stériles et conservés à 4°C. Ils sont acheminés immédiatement ou le lendemain matin au laboratoire sous régime de froid en utilisant une glacière empilée de poche de glace.  

Analyses au laboratoire 

Les analyses ont été réalisées au laboratoire régional vétérinaire de Laghouat. Les méthodes d’analyses employées sont celles décrites par Beerns et Luquet (1987), Guiraud (1998) et Larpent (1997). A partir de la solution mère, des dilutions sériées (jusqu’à 10-4) ont été réalisées par une solution de tryptone sel (TSE).

L’évaluation des groupes de flore a été réalisée par recherche/dénombrement sur milieux de culture appropriés. Les échantillons recueillis ont été soumis aux analyses suivantes:

Analyses statistiques 

L’approche statistique consiste en premier lieu à décrire les pratiques de traite de l’ensemble des éleveurs enquêtées, ensuite de mettre en classe les laits présentant des caractéristiques microbiologiques semblables et enfin d’analyser les relations entre ces classes et les caractéristiques des pratiques de traite. La typologie des laits est réalisée sur la base d’une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), construite à partir des résultats d’une Analyse en Composante Principal (ACP). Les caractéristiques microbiologiques retenues sont la flore totale(FAMT), les coliformes totaux (CT) et fécaux (CF), les levures (Lev) et moisissures (Mois), les streptocoques fécaux (SF), Staphylococcus aureus(SA), les brucelles (Br), les anaérobies sulfito-réducteurs (ASR), le temps de réduction du bleu de méthylène (RBM), pH et acidité (Ac). Celles des pratiques de traite sont le lieu de traite (LT), le trayeur (Tr), type de traite (TT), nombre de brebis à la traite (BT), lavage des mamelles (Mm), et élimination des premiers jets (PJ). Les différences entre les caractéristiques des laits et des pratiques de traite des six classes a été traité par analyse de la variance (ANOVA) « test de Fisher-Snedecor » à un facteur (classe de lait). Le logiciel STATISTICA, version6.1 édition 2003a été utilisé lors de cette étude.       


Résultats

Description des pratiques de traite 

Sur les 51 éleveurs enquêtés, 62.7% d’entre eux pratiquent la traite quotidiennement, le reste ne la pratiquent qu’occasionnellement ou parfois périodiquement. Elle a lieu généralement une fois par jour pour 66.7% des cas contre 33.3% (deux fois par jour) et pour plus de 45%  essentiellement le soir après le retour du troupeau à la bergerie. La traite est globalement complète (72.6%) et est pratiquée soit par la femme du propriétaire (54.9%), soit par le berger (35.3%); le propriétaire ne traite les brebis que très rarement. Les mamelles sont rarement lavées (31.4% contre 68.6%) et seulement avec de l’eau sans ressuage. La traite a lieu soit à l’air libre, soit à l’étable et les premiers jets ne sont éliminés que pour 25.5% et si c’est le cas, ils sont envoyés sur le sol. Le nombre de brebis à la traite est généralement inférieur à 50. 39.2% des éleveurs estiment que la quantité du lait produite varie entre 0.251 à 0.501 litre par brebis par jour et que 45.1% l’estiment entre 0.501 à 0.999 litre. Pour le reste (15.7%), cette quantité ne dépasse guère 0.251litre.

Tableau 1: description des pratiques de traite

Pratiques de traite

Effectif (51)

 

Nombre

%

Traite :

               quotidienne

               périodique

               occasionnelle     

 

32

9

10

 

62.7

17.6

19.6

nombre de traite /jour :

               une fois

               deux fois

 

34

17

 

66.7

33.3

moment de la traite :

               le matin

               matin et soir

               le soir      

 

11

17

23

 

21.6

33.3

45.1

quantité du lait / brebis /j :

               moins de 0.251l

               0.251 – 0.501l

               Plus de 0.501l 

 

8

20

23

 

15.7

39.2

45.1

Type de traite :

               complète

               incomplète

 

37

14

 

72.6

27.4

Trayeur

               berger

               propriétaire

               femme    

 

18

5

28

 

35.3

9.80

54.9

Lavage des mamelles

               oui

               non

 

16

35

 

31.4

68.6

Lieu de traite :

               étable

               air libre 

 

26

25

 

51

49

Elimination des premiers jets:

               oui

               non

 

13

38

 

25.5

74.5

Nombre de brebis à la traite :

               0 - 20

               20 - 50

               50 – 100

 

23

24

4

 

45.1

47.1

7.80

Caractéristiques des laits  

Pour l’ensemble des éleveurs, la contamination moyenne des laits en flore totale est de 23*106 germes/ml avec une dispersion très importante des valeurs autour de la moyenne. De plus, 78.4% des laits ont un temps de réduction du bleu de méthylène supérieur à 4heures.Les coliformes totaux et fécaux sont présents à des voleurs moyennes plutôt élevées, respectivement 10.9*104 et 14.6*103 (germes/ml) pour les coliformes totaux et fécaux. Pour la flore fongique, les moisissures sont mois abondantes que les levures (3.48*103 vs 23.9*104).  

Les salmonelles sont totalement absentes. Staphylococcus aureus n’est présente que chez 9.8% des éleveurs prélevés. 13.7% des laits analysés ont une réponse positive au ring-test et seulement 3.92% des échantillons analysés dépasse 50germes/ml d’ASR. Presque la moitié des échantillons est positif vis-à-vis des SF, ce qui représente une prévalence de 43.1%. 

Le pH moyen des laits analysés est de 6.5, par contre l’acidité moyenne est estimée à 19.7.  

Profils bactériologiques des laits 

L’ACP réalisée sur les cinquante et un échantillons de lait nous a permis de distinguer deux grands axes de variation qui forment le premier plan en rapportant 46,8% de la variabilité totale (figure 1).    

Le premier axe, en expliquant 33,1% de la variation totale, représente des laits qui traduisent la qualité globale, liée aux variables (pH, acidité et flore totale  « FAMT ») ainsi que la qualité hygiénique liée aux variables (CF et CT). Quant au deuxième axe, il représente 13,7% de la variation totale et oppose les laits riches en levures et ASR à ceux riches en SF; il rapporte la flore utile (technologique) liée aux levures et la flore pathogène (qualité sanitaire) liée aux anaérobies sulfitoréducteurs, aux streptocoques fécaux et au staphylococcus aureus ainsi qu’aux brucelles. 

La classification hiérarchique issue de cette ACP a permis de distinguer six classes de lait (figure 2) dont les caractéristiques sont précisées au tableau 2. Les pratiques de traite rapportées aux classes de laits ainsi établies figurent au tableau 3.

Figure 1: Représentation des 18 variables actives sur le premier plan de l’ACP

Figure 2: Dendrogramme de la classification hiérarchique

Tableau 2: caractéristiques microbiologiques des classes de lait

Classe de laits

C1

C2

C3

C4

C5

C6

P

Moy

Effectif

13

6

14

9

6

3

 

51

FAMT (106/ml)

9.42a

1.34ab

16.2b

0.491a

85cd

100d

0.000

23

CT (103/ml)

0.04a

66b

113b

142b

686c

356bc

0.000

109

CF (102/ml)

0.15a

22b

86.6bd

2.9b

765c

501cd

0.000

146

Brucelle (p)˚

7.69a

0a

0.07a

55.6b

0a

0ab

0.003

13.7

RBM

a

abcd

ac

bc

bd

d

0.000

 

             (›4h)˚˚

100

100

92.9

77.8

16.7

0

 

78.4

             (‹4h  et ›2h)

0

0

7.14

22.2

0

0

 

5.88

             (‹2h)

0

0

0

0

83,3

100

 

15.7

Levures (103/ml)

20.1a

863b

337cd

238de

13e

10.6ae

0.000

239

Moisi (102/ml)

0.6a

140ac

2.3a

11.2ac

58b

136cb

0.000

34.8

S. fécaux (p)˚

30,8a

50cd

64,3cd

66.7d

0b1

0c1

0.024

43.1

S. aureus (p)˚

0

16,7

21.4

0

16.7

0

0.380

9.80

ASR     (0/ml)˚˚

92,3

83,3

50

55.6

83.3

100

0.076

72.6

             (‹50/ml)

7.69

16.7

50

22.2

16.7

0

 

23.5

             (≥50/ml)

0

0

0

22.2

0

0

 

3.92

pH

6.65a

6.64a

6.59a

6.55a

6.13b

5.80c

0.000

6.5

Acidité

16.8a

13.7b

19.1c

22.8de

23e

31.3f

0.000

19.7

abcdef : sur une même ligne, les valeurs suivies de lettres différentes sont significativement différentes à p<0.05

˚: présence en pourcentage

˚˚:les chiffres sont exprimés en pourcentage

1: variance nulle entre C5 et C6


Tableaux 3: Pratiques de traite selon les classes de laits

Classes de laits

Effectifs

C1

13

C2

6

C3

14

C4

9

C5

6

C6

3

P

Traite :

              quotidienne

              périodique

              occasionnelle     

nombre de traite /jour :

               une fois

               deux fois

moment de la traite :

               le matin

               le soir

               matin et soir

quantité du lait / brebis /j :

               moins de 0.251l

               0.251 – 0.501l

               Plus de 0.501l 

Type de traite (TT):

               Complète

               Incomplète

Trayeur (Tr):

              Berger

              Propriétaire

              Femme

Lavage des mamelles (Mm)

              Oui

              Non

Lieu de traite (LT)

              Etable

              Air libre

Elimination des premiers jets (PJ)

              Oui

              Non

Nombre de brebis à la traite (BT)

               0 – 20

               20 – 50

               50 - 100

 

9

3

1

 

9

4

 

3

6

4

 

0

4

9

 

9

4

 

0

1

12

 

7

6

 

7

6

 

7

6

 

9

4

0

 

6

0

0

 

4

2

 

0

4

2

 

1

2

3

 

4

2

 

2

1

3

 

2

4

 

2

4

 

1

5

 

1

5

0

 

8

2

4

 

6

8

 

2

4

8

 

3

3

8

 

12

2

 

6

1

7

 

2

12

 

4

10

 

2

12

 

8

5

1

 

5

2

2

 

6

3

 

5

1

3

 

1

7

1

 

9

0

 

1

2

6

 

5

4

 

4

5

 

3

6

 

4

5

0

 

1

2

3

 

6

0

 

1

5

0

 

2

3

1

 

2

4

 

6

0

0

 

0

6

 

6

0

 

0

6

 

1

3

2

 

3

0

0

 

3

0

 

0

3

0

 

1

1

1

 

1

2

 

3

0

0

 

0

3

 

3

0

 

0

3

 

0

2

1

0.039

 

 

 

0.153

 

 

 

0.323

 

 

0.131

 

 

 

0.033

 

 

0.000

 

 

 

0.036

 

 

0.024

 

 

0.070

 

 

0.017

 

 

 

 Les laits de la classe 1 sont de qualité satisfaisante (la flore totale est inférieure à 105 pour plus de la moitié des laits analysés et inférieure à 106 pour plus de 90.9% des cas et dont le temps de RBM est supérieure à 4heures pour l’ensemble des laits). Ils sont de meilleures qualités hygiéniques, ce sont les plus pauvres en CT, CF et en ASR, quelques rares cas de présence de SF (30.8%), absence totale de S.aureus et un cas de réponse positive au Ring test. Enfin ce sont les laits les moins chargés en levures et moisissures. Ce sont des laits au pH moyen normal (6,65) et dont l’acidité moyenne est estimée 16,8. 

Ils proviennent des éleveurs qui pratiquent la traite quotidiennement, une fois par jour le plus souvent le soir. Trois quart de ces éleveurs ont une traite complète. Les brebis sont traites par la femme du propriétaire, à l’air libre ou à l’étable, avec ou sans éliminations des premiers jets. Les mamelles sont parfois lavées, parfois non. Le nombre de brebis soumis à la traite est inférieur à 50 et dont la quantité de lait produite par brebis a été estimé par les éleveurs de cette classe à plus de 0.5l par jour.

 

Les classes 2,3 et 4 regroupent les laits moyennement chargés en diverses flores. Les laits de la classe 4 sont les moins chargées en flore totale, en coliformes fécaux et en levures et les plus chargés en coliformes totaux que ceux des classes 2 et 3. Ils se caractérisent aussi par le taux de prévalence des brucelles et l’absence totale de Staphylococcus aureus et par leur acidité. La classe 2 se distingue de la classe 3 par la réponse négative au ring-test, la faible acidité, l’importance de la charge fongique, des teneurs faibles en coliformes et un temps de réduction du bleu de méthylène supérieur à 4heures pour l’ensemble des échantillons analysés. 

Les laits de ces classes regroupent plus de 56% des éleveurs enquêtés. Ces derniers se répartissent inégalement entre ces classes et dont les caractéristiques varient d’une ferme à l’autre. Ainsi les éleveurs de la classe 2 se distinguent par une traite quasi quotidienne et presque complète, sans élimination des premiers et généralement sans lavage des mamelles. Le nombre de brebis à la traite est compris entre 20 et 50, elles sont traite par la femme du propriétaire ou le berger le plus souvent à l’air libre. Les éleveurs de la classe 4 se rapprochent de ceux de la classe 2 en matière de nombre de traite par jour, trayeur, lieu de traite, élimination des premiers jets et le nombre de brebis à la traite. Les éleveurs de la classe 3 pratiquent la traite souvent quotidiennement, une à deux fois par jour. La traite est généralement complète. Elle est pratiquée par la femme du propriétaire ou le berger, sans lavage des mamelles et sans élimination des premiers jets. Elle a lieu à l’air libre (71.4%) le matin comme le soir pour un effectif  inférieur à 50 brebis.        

Les laits des classes 5 et 6  sont de loin les plus contaminés. Ces classes caractérisent les laits de très mauvaise qualité globale (une très forte charge microbienne supérieure à 108 et un temps de RBM inférieure à 2h) et aussi de très mauvaise qualité hygiénique (la charge en  CT est supérieur à 105et celle en CF supérieur à 104). Ce sont aussi les laits les plus chargés en moisissures et faiblement chargés en levures. Cependant on constate l’absence totale de Staphylococcus aureus, de SF, d’ASR et de Brucelles c’est-à-dire de bonne qualité sanitaire. Ce sont les laits les plus acides (l’acidité moyenne dépasse 31 et dont le pH moyen avoisine 5,80). 

Ces laits proviennent des éleveurs qui traitent tous leur brebis quotidiennement (pour la classe6) et souvent occasionnellement ou périodiquement (pour la classe5), une fois par jour le soir après le retour du troupeau à la bergerie par le berger. La traite est souvent incomplète sans lavage des mamelles, ni élimination des premiers jets et a lieu à l’étable. L’effectif soumis à la traite est supérieur à 20 brebis, parfois à 50. 

Les corrélations entre les différents groupes dénombrés se distinguent et sont généralement faibles, excepté pour le groupe formé par la flore totale et les coliformes totaux et fécaux. Dans ce groupe la plus forte corrélation est enregistré entre les coliformes totaux et fécaux (0.81), la plus faible entre FAMT et CT (0.41). Le pH est corrélé négativement avec l’acidité. Cette dernière est liée aux FAMT, CT, CF et aux moisissures. Brucelles et SA ne sont corrélées qu’avec la FAMT tandis que les ASR sont liées uniquement aux levures. Quant aux SF, ils sont corrélés aux levures.


Discussion

Les résultats obtenus montrent que la qualité microbiologique et hygiénique du lait est très hétérogène et témoigne de ce fait de la variabilité des pratiques de traite d’une ferme à l’autre. Cette qualité est insuffisante, tant au niveau de la flore totale qu’au niveau de la flore coliforme. Dans notre étude, plus de la moitié des laits dépassent les normes Européennes fixées par la directive92/46 (Anonyme 1992). Ceci est dû entre autre au non-respect des bonnes pratiques hygiéniques lors de la traite. L’importance de cette contamination microbienne dans la ferme peut avoir plusieurs causes (Chatelin et Richard 1981; Zweifel et al 2005; Elmoslemany et al 2009a et b; D’Amico et Donnelly 2010). 

Si la flore totale, associée au comptage cellulaire constituent la base du payement du lait à la qualité  pour de nombreux pays (Pirisi et al 2007); certains auteurs pensent que la numération des coliformes fournit une meilleure indication du soin apporté à la production que la numération bactérienne totale (Johns 1966).La principale concentration par ml en flore totale(plus de  106), en flore coliforme (plus de 105 et 104 respectivement pour les CT et CF) et en levure (plus de 105), se trouve dans les fermes qui possèdent plus de 20 brebis à la traite. Ce résultat rejoint ceux de Mena et al (2001) et Delgado-Pertinez et al (2003) pour le lait de chèvre et Muehlherr et al (2003) pour le lait de brebis. Zweifel et al (2005) ont constaté que plus le nombre d’animaux à la traite augmente, plus la flore totale dénombrée est importante.

Cette même concentration s’observe chez les fermes qui ne pratiquent pas de lavage des mamelles en plus de la charge importante en moisissure. Même si le lavage est pratiqué, il n’est fait qu’avec de l’eau sans désinfectant et sans ressuyage des mamelles avec une lavette collective.De plus cette eau est de qualité bactériologique à discuter, ce qui peut constituer une source non négligeable de contamination du lait, qu’elle soit utilisée pour l’abreuvement ou pour le nettoyage (Bonfoh et al 2006;Goyon et Badinand 2003). Les mamelles sales incorrectement lavées, le matériel de traite mal nettoyé et/ ou présentant des défauts sont à l’origine des contaminations du lait à la ferme (Chatelin et Richard 1981). Pour Piton et Richard (1982), la peau des mamelles constitue une source non négligeable de contamination du lait. La flore de la peau pourrait cependant contenir certaines bactéries lactiques (Desmasures et al 1997) et qui peut présenter une part non négligeable de la FAMT. 

L’élimination des premiers jets est une pratique peu courante du fait que la quantité du lait produite par la brebis est déjà faible. Les éleveurs, en observant cette pratique, éliminent les premiers jets en les envoyant sur le sol. Or, de cette manière on contribue à multiplier les sources de contamination. La non élimination des premiers jets constitue un autre facteur de risque de contamination (Bacic et al 1968). La quasi-totalité des éleveurs (38/51) qui ne pratique pas cette technique ont des laits qui sont chargés en diverses flores. Michel et al (2001) considèrent l’élimination des premiers jets comme étant une purge de l’intérieur du trayon et élimine une forte quantité de microorganismes. Cependant, cette pratique ne réduit que de 1-4% la numération bactérienne (Lochhead 1939 in Clegg 1966) et que l’addition des premiers jets au lait initial n’augmente que très faiblement la charge microbienne, malgré qu’ils en sont très riches (Bacic et al 1968). L’élimination des premiers jets peut être utile à deux niveau, d’abord améliorer la qualité du lait (Michel et al 2001), ensuite perçu comme un moyen pour déceler d’éventuel mammite subclinique à la ferme (Rakotozandrindrainy et al 2007). 

Les laits traits à l’étable sont plus chargés en FAMT, en coliformes et en moisissures et moins contaminés en levures que ceux traits à l’air libre. Ce dernier renferme des laits moins acide mais plus riche en flore pathogène.  Le lieu de traite joue ainsi un rôle en tant que réservoir de flores des laits crus. La litière et l’air sont les deux composantes du milieu qui contribuent à ensemencer le lait durant la période de traite. Les laits traits manuellement sur litière riche en foins sont relativement chargés en bactéries hétérolactiques (Bouton et al 2005). Tormo et al (2006) préconisent le renouvellement des litières et l’utilisation concomitante de produits jouant sur les paramètres des litières (pH, humidité) pour réduire les charges microbiennes des laits. L’air peut jouer un rôle potentiel comme vecteur des flores des litières (Tormo et al 2006). Plus la durée totale de traite est longue, plus le lait est laissé en contact avec l’air et plus la contamination par les germes de l’environnement est importante (Faye et Loiseau 2002). Michel et al (2006) qualifient l’air du lieu de traite comme un réservoir intermédiaire dans la diversité des groupes microbiens et dans le rapport entre flore d’intérêt et flore d’altération. 

Les laits sont moins chargés en FAMT, CT et CF lorsqu’ils sont traits par la femme du propriétaire que par le berger. Le lait trait par le propriétaire semble être plus chargé en CF et le plus contaminé en SF quoique ce dernier ne pratique la traite que très rarement. Ceci pourrait s’expliquer par le soin porté par la femme lors de la traite contrairement au berger ou même au propriétaire, plus particulièrement en matière de d’hygiène corporelle.    

Les faibles à moyennes corrélations enregistrés entre les différentes flores dénombrés lors de cette étude ont été observées par plusieurs auteurs plus particulièrement pour le lait de vache (Boor et al 1998; Jayarao et al 2004;Elmoslemany et al 2009a). Ces faibles corrélations supposent que chaque dénombrement nous fournit des informations variables en relation avec les pratiques de traite et les sources possibles de contamination bactérienne et qu’aucun dénombrement ne permet de prédire l’autre (Elmoslemany et al 2009a). Les résultats de cette étude ont montré que la qualité du lait cru ovin collecté en milieu steppique dépend de l’hygiène des animaux et de la conduite de la traite et que les causes de cette qualité sont très nombreuses et dépendantes l’une de l’autre qu’on ne peut les séparer et qui remontent en amont de la filière: pratique de la traite à la ferme. 


Références

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Received 9 March 2013; Accepted 24 April 2013; Published 1 May 2013

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