Livestock Research for Rural Development 23 (11) 2011 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’objectif de cette étudeétait de déterminer les effets d’une addition de levure sur l’ingestion volontaire et les performancesdes taurillons à l’engraissement.Vingt six taurillons de race Holstein d’un poids vif moyen de 304 kg ont été répartis sur deux lots homogènes, où chaque lot a été divisé en 4 groupes, en fonction du poids vif. L’essai a duré deux mois. Durant le premier mois, un lot témoin a reçu de la paille à volonté complémentée avec du concentré commercial du typebovins à l’engraissement. Un lot expérimental a reçu en plus de la même ration, de la levure Saccharomyces Cerevisiae, à raison de 4g/j/taurillon. Pendant le deuxième mois, le même protocole a été suivi sauf que la paille a été remplacée par le foin. Le GMQ des animaux ainsi que leur consommation volontaire de fourrages ont été déterminés.
L’addition de la levure dans la ration des taurillons a permis d’améliorer (P < 0,001) le GMQ (1,41 ± 0,36 kg vs 1,01 ± 0,30 kg pour les régimes levure et témoin, respectivement). L’amélioration a surtout concerné la première période où on a distribué la paille comme ration de base (1,44 ± 0,47 kg vs 0,56 ± 0,48 kg pour la levure et le témoin, respectivement). Pour la deuxième période, l’effet de lalevure n’était pas significatif pour le GMQ. Cette amélioration du GMQ pendant la première périodes’ est traduite par des poids à la fin de l’essai pour le lot levure supérieurs de 3,8%.La consommation volontaire de la paille et du foin a été supérieure (P < 0,01) en moyenne de 11,9% pour le lot levure. L’amélioration était plus importante (P < 0,01)pour la première période avec la paille (2,91 ± 0,24 kg vs 2,54 ± 0,20 kg pour la levure et le témoin, respectivement). Enfin, l’indice de consommation pour toute la période de l’essai était inférieur pour le lot levure (5 ± 1,13 vs 8,2 ± 2,03, P < 0,04).
Mots clés: gain moyen quotidien, ingéré, paille
The aim of this study was to determine the effects of addition of yeast on voluntary intake and performances of bulls. Twenty six Frisian bulls with an average body weight of 304 kg wereallotted into two groups. Each group was divided into 4 pens, according to body weight. During the trial, control group received wheat straw ad libitum and was supplemented with commercial fattening concentrate. Experimental group received the same diet and was supplemented with 4g/d/head of Saccharomyces Cerevisiae.For the second month of the trial, we replaced straw by oat hay and we maintainedthe same protocol as the first period. Voluntary intake and body weight were recorded.
Yeast improved (P < 0.001) average daily gain (1.41 ± 0,36 vs 1,01 ± 0,30 kg for yeast and control groups, respectively) and final body weight by 3.8%. Improvement concerned particularly the first period, when straw was fed. Average daily gain were respectively of 0.56 ± 0.48 kg and 1.44 ± 0.47 kg for control and yeast groups. For the second period, yeast did not affect average daily gain. Voluntary intake increased (P< 0,01)for the two periods, but the increase was higher for the first period (2.91 ± 0.24 kg vs 2.54 ± 0.20 kg for yeast and control, respectively). The average increase of intake was of 11.9%. Finally, feed conversion rate was lower for the yeast group than for the control group (5 ± 1.13 vs 8.2 ± 2.03, P < 0.04).
Key words: average daily gain, bulls, intake, straw
La majorité des bovins à l’engraissement élevés en Tunisie sont alimentés en système semi intensif à intensif à base de foin ou de la paille (Majdoub et al 2000 ; Say 2008). Ils sont ainsi supplémentés avec une part importante d’aliment concentré (plus que 50% de la ration), qui estparfois non ou peu fractionnée (Say 2008). Ceci les expose à des risques d’acidose, notamment subclinique surtout pendant laphase de fin d’engraissement et de finition. L’addition de la Saccharomyces Cerevisiae dans ces conditions semble améliorerle développement des bactéries qui utilisent le lactate, favorisantainsi le développement des bactéries cellulotiques, la digestion des fibres et l’ingestion volontaire chezles animaux (Jouany et Morgavi 2007). Par ailleurs, dans des situations de distribution de fourrages pauvres, la levure semble aussiaméliorer la digestibilité des fibres et la consommation volontaire de ces fourrages (Arambel et Kent 1990, Williams et al1991).
L’objectif de cette étude était de déterminer l’effet de l’addition de la SaccharomycesCerevisiae sur la consommation volontaire et les performances des taurillons recevant une ration à base de foin d’avoine ou de paille de blé.
L’étude a été réalisée dans l’agro-combinat Enfidha, Tunisie. Vingt six taurillons de race Holstein d’un âge approximatif de 13 mois et d’un poids vif moyen de 304,8 ± 8,5 kgont été répartis en deux lots homogènes et chaque lot a été divisé en 4 groupes (3,3,3,4) en fonction du poids vif. L’essai a duré deux mois. Durant le premier mois, un lot témoin a reçu de la paille de blé à volonté complémenté avec du concentré destiné pour bovins à l’engraissement, composé de maïs (54%), du tourteau de soja (21%), du son de blé (20%) et du CMV (5%). La quantité du concentré a varié en fonction du poids des animaux (3 à 5 kg)et en se basant sur l’évolution des besoins énergétiques (UFV) et des besoins azotés (PDI) en fonction du poids de l’animal (INRA, 1988).La composition chimique des différents aliments est présentée dans le tableau 1. Le concentré a été distribué en deux repas par jour. Un lot expérimental a reçu en plus de la même ration, de la levureSaccharomyces Cerevisiae Sc 47 (Biosaf, Lesaffre S.A, France), à raison de 4g/j/taurillon. La levure a été mélangée dans un kg de concentré qui a été distribué tous les matins à la même heure. Pendant le deuxième mois, le même protocole a été suivi sauf que la paille de blé a été remplacée par le foin d’avoine.
Tableau 1. Composition chimique (% MS) des aliments utilisés lors de l’essai expérimental |
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|
MS (%) |
MAT |
Cellulose |
MM |
Ca |
P |
Foin d’avoine |
85,8 |
3,5 |
44 |
0,81 |
0,43 |
0,14 |
Paille |
92,6 |
2,9 |
45,2 |
0,90 |
0,31 |
0,09 |
concentré |
87,3 |
18,15 |
2,89 |
1,81 |
1,68 |
0,74 |
Les taurillons ont été pesés 3 fois pendant la période de l’essai (au début de l’essai et après chaque mois) pour déterminer le GMQ par période d’un mois. Les quantités distribuées ont été pesées tous les jours. Les refus ont été pesés sur une semaine pour chaque ration et par groupe d’animaux afin de déterminer la consommation volontaire pour la paille et pour le foin. Les indices de consommation ont été ensuite calculés.
Les données de performances ont été analysées par le logiciel STATISTICA (version 2000) en utilisant la procédure GLM, selon le modèle imbriqué à 3 facteurs et à deux niveaux : le traitement, le groupe et l’animal. Les données sur l’ingestion ont été analysées selon un modèle à deux facteurs : le traitement et le groupe.
Pour le lot témoin, la consommation volontaire de la paille pendant la période de l’essai était de 2,54 ± 0,13 kg MS et celle du foin était de 2,71 ± 0,09 kg MS (tableau 2). La part de concentré dans la ration représente en moyenne 57%. Avec l’addition de la levure, la consommation volontaire du fourrage était plus élevée, quelque soit le type du fourrage, paille ou foin (P < 0,003, tableau 1). Mais l’augmentation a été plus importante avec la paille (14,6%). Ces résultats sont en accord avec ce quia été rapporté par Wholt et al (1998). Williams et al (1991) ont observé une augmentation de la consommation volontaire de la paille et non du foin lorsqu’ils ont ajouté de la levure dans la ration de vache laitière. Cette différence pourrait être associée à l’amélioration de la digestibilité des NDF dans le cas de régimes riches en paille (Plata et al,.1994).
L’addition de la levure a permis aussi d’améliorer le GMQ de 39.,6 % (P <
0,007, tableau 3). Cette amélioration a concerné la première période pendant
laquelle nous avons distribué la paille (1,44 vs 0,56 kg, pour les lots témoin
et levure, respectivement), qui s’est traduite par une amélioration
significative (P<.0,01)du poids à la fin de l’essai (383,9 kg vs 370 kg pour les
lots levure et témoin, respectivement).
Pour la deuxième période, les conditions du rumen étaient déjà améliorées et probablement stabilisées et le potentiel maximal des animaux déjà atteint, ce qui pourrait expliquer l’effet non significatif de la levure. Ceci est bien en accord avec Arambel et Kent (1990) et Majdoub-Mathlouthi et al (2009) qui suggèrent que la levure est d’autant plus efficace que l’animal est sous stress et n’exprime pas correctement son potentiel.Mir et Mir (1994) ont observé une amélioration du gain moyen quotidien de bouvillons recevant des rations contenant 75% d’orge aplati, mais pas dans le cas de rations à base d’ensilages. La levure semble réduire l’accumulation de l’acide lactique dans le rumen lors de la digestion des sucres rapidement fermentescibles(Mir et Mir, 1994 ; Denev et al., 2007). Denev et al (2007) ont rapporté dans leur synthèse que l’effet de la levure sur la croissance est très variable et peut passer d’un effet non significatif à une amélioration de 20%.
L’amélioration du GMQ est liée en partie à l’amélioration de la consommation volontaire du fourrage (Denev et al 2007).Néanmoins, ce n’est pas le seul facteur.L’indice de consommation sur toute la période de l’essai est inférieur (P <0,001) pour le lot levure (5,0 ± 0,3 vs 8,2 ± 0,5), ce qui laisse supposer que la levure a probablement amélioré les conditions ruminales et l’efficacité de la flore microbienne au niveau du rumen (Beauchemin et al 2003 ; Jouany et Morgavi 2007). L’effet de la levure sur les différents paramètres mesurés ne dépendaient ni de l’animal ni du groupe ou du poids initial des animaux.
Tableau 2 : Effet de la levure sur la consommation volontaire du fourrage des taurillons à l’engraissement (kg de matière sèche/jour) |
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|
témoin |
levure |
|
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|
Moyenne |
Erreur standard |
moyenne |
Erreur standard |
Probabilité
|
Ingéré de la paille pour la période 1
|
2,54 |
0,13 |
2,91 |
0,10 |
** |
Ingéré du foin pour la période 2
|
2,71 |
0,09 |
2,96 |
0,11 |
** |
NS : P > 0,05 ; * : P < 0,05 ; ** : P < 0,01 ; *** : P < 0,001 |
Tableau 3 : Effet de la levure sur les performances des taurillons à l’engraissement |
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|
témoin |
levure |
|
||
|
Moyenne |
Erreur standard |
moyenne |
Erreur standard |
probabilité |
Poids initial (kg) |
309,1 |
12,5 |
300.6 |
12,5 |
** |
Poids fin période 1 (kg)
|
326,0 |
13,3 |
343,8 |
14,4 |
* |
Poids final (kg)
|
370,0 |
15,7 |
383,9 |
16,9 |
NS |
GMQP1 (kg)
|
0,56 |
0,13 |
1,44 |
0,12 |
*** |
GMQP2 (kg)
|
1,47 |
0,15 |
1,33 |
0,13 |
NS |
GMQ global (kg) |
1,01 |
0,08 |
1,41 |
0,09 |
** |
NS: P > 0,05 ; * : P < 0,05 ; ** : P < 0,01 ; *** : P < 0,001 ; P1 : période 1 ; P2 : période 2 |
En conclusion, l’addition de la levure chez des taurillons recevant une ration sèche à base de foin d’avoine ou de la paille de blé et complémentée avec 60% de concentré, a amélioré les performances zootechniques, d’une part suite à une amélioration de la consommation volontaire du fourrage et d’autre part probablement suite à une amélioration des conditions dans le rumen et de la digestibilité des fibres. L’amélioration est notamment observée avec le fourrage le plus pauvre.
Nos remerciements s’adressent à l’Office des Terres Domaniales et l’Agro-combinat Enfidha pour avoir supporté cette étude.
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Received 5 September 2011; Accepted 17 October 2011; Published 4 November 2011