Livestock Research for Rural Development 34 (6) 2022 LRRD Search LRRD Misssion Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Activité sexuelle en saison et hors saison de reproduction par insémination artificielle de brebis algériennes Ouled Djellal

M Adnane et K Miroud

Université Chadli Bendjedid El Tarf, Faculté des sciences de la nature et de la vie, Département des sciences vétérinaires, P O Box 73, 36000 El Tarf, Algérie
adnanemaha­@yahoo.fr
Laboratoire d’épidémio-surveillance, santé, production et reproduction, expérimentation et thérapie cellulaire des animaux domestiques et sauvages P O Box 73, 36000 El Tarf, Algérie

Résumé

Une étude antérieure, publiée récemment (Adnane et al 2018), a montré, via la lutéolyse induite par la PGF2α au printemps, que la brebis algérienne Ouled Djellal présente une activité sexuelle tout au long de l'année. Une étude a été menée au cours de la période d'activité sexuelle (début de l'hiver) et pendant celle classiquement qualifiée d'anœstrus saisonnier (printemps) via le recours à l'insémination artificielle (IA) après synchronisation des chaleurs avec des progestatifs. L'objectif étant de déterminer l'évaluation de la fertilité à l'œstrus induit par le taux de réussite de l'IA obtenu au cours de deux périodes (printemps et hiver).

Un premier groupe (groupe printemps) de 80 brebis et un second groupe (groupe début hiver) de 69 brebis, choisies au hasard parmi un troupeau de 380, ont été inséminées artificiellement après synchronisation des chaleurs par des éponges imprégnées de progestatifs intravaginaux. Treize béliers, préalablement séparés du troupeau mais non isolés sensoriellement, ont été relâchés avec toutes les brebis du troupeau entre 9 et 19 jours après I.A. Le score d'état corporel (BCS) des brebis traitées aux progestatifs a été évalué le jour de l'examen échographique. Le reste des femelles, soit 300 animaux, n'a pas été traité, n'a pas fait évaluer son BCS et a servi de groupe témoin. Les taux de réussite de l'AI enregistré pour des brebis traitées avec des progestatifs, inséminées artificiellement ont été 19,1% en fin d'automne-début de l'hiver et 26,3% au printemps. Cette différence non significative (p>0,05) indique que la saison n'a pas eu d'influence sur la fertilité lorsque l’on a utilisé l’insémination artificielle, ce qui, indirectement, confirme l’activité sexuelle continue des brebis algériennes Ouled Djellal.

Mots clés : activité sexuelle non saisonnière, ovin, progestatifs, synchronisation des chaleurs


Sexual activity in breeding and out breeding season of Ouled Djellal algerian ewes with artificial insemination

Abstract

An earlier research study, published recently (Adnane et al 2018), showed, via the luteolysis induced with PGF2α during spring, that the Ouled Djellal Algerian ewe exhibits sexual activity throughout the whole year, a study was carried out during the period of sexual activity (early winter) and during that classically qualified as seasonal anestrus (spring) via the use of artificial insemination (AI) following heat synchronization with progestogens.

The objective was to determine the evaluation of fertility at induced estrus through the AI ​​success rate obtained during two periods (spring and winter). A first group (spring group) of 80 ewes and a second group (early winter group) of 69 ewes, chosen randomly from a flock of 380 ones, have been inseminated artificially following heat synchronization through intravaginal progestogens impregnated sponges. Thirteen rams, that have been previously separated from the flock but not sensory isolated, were released with all ewes of the flock between 9- and 19-days post I.A. The body condition score (BCS) of progestogens-treated ewes was assessed on the day of the ultrasound examination. The rest of the females, i.e. 300 animals, was not treated, did not have its BCS evaluated and served as control group.

19,1% and 26,3% were the IA success rate recorded for ewes treated with progestogens, artificially inseminated in end of autumn- onset of winter and spring respectively. This difference being not significant (p>0,05) indicated that the season has no influence on estrus fertility, which, indirectly, strengthened the continuous sexual character of the white breed Algerian ewes.

Key words: sheep, heat synchronization, non-seasonal sexual activity, progestogens


Introduction

En Algérie, l’élevage ovin est le principal pourvoyeur de viandes rouges. Il a été estimé à 28,4 millions de têtes (MADR 2017). La race Ouled Djellal ou race blanche est la plus représentative en nombre des multiples races ovines algériennes ; elle compterait entre 61% et 70% de l’effectif ovin national (Dehimi 2005, Boucif et al 2007, Lafri 2013).

Classiquement, la brebis est considérée comme une espèce saisonnière polyoestrienne. Elle présente donc au cours d’une année une période d’anœstrus dit saisonnier et une période durant laquelle elle manifeste tous les 16 à 17 jours environ un état œstral. Les études dédiées à la saisonnalité des brebis au niveau national sont encore peu nombreuses.

Faisant suite à une étude antérieure publiée (Adnane et al 2018), démontrant, via l’usage de la PGF2alfa, que les brebis de race blanche jouissent d’une activité sexuelle continue l’année durant, une étude a été menée au cours de la période d’activité sexuelle (début hiver) et de celle classiquement qualifiée d’anœstrus saisonnier (printemps) au moyen de progestatifs suivis de l’insémination artificielle (I.A.). L’objectif étant de déterminer la fertilité à l’œstrus induit à travers le taux de réussite à l’IA obtenu durant les deux périodes suivies (printemps et hiver) afin de déterminer un éventuel impact de la saison sur la sexualité des brebis.

Figure 1. Position géographique de la zone d’étude (URL2, URL3)


Matériels et méthodes

Cette étude a été réalisée dans une ferme pilote démonstrative sise dans la commune d’El Khroub (Figure 1) (Latitude: 36°15′47″ Nord ; Longitude : 6°41′36″ Est ; altitude : 630 m) située à 13km du chef-lieu Constantine.

Selon la classification de Köppen-Geiger, le climat est de type Csa (URL1) (Cs : climat tempéré chaud avec été sec (méditerranéen), a : été chaud, température moyenne du mois le plus chaud > 22 °C). Annuellement, la température moyenne à El Khroub est de 15,6 °C et les précipitations moyennes avoisinent 540 mm.

L’étude a porté sur un premier groupe (G1) de 80 brebis prises au hasard dans un troupeau de 380 femelles de race Ouled Djellal âgées de 3 à 5 ans et ayant déjà agnelé au moins une fois, qui ont été traitées aux progestatifs et inséminées artificiellement durant les mois de mars et avril.

Un deuxième groupe (G2) de 69 brebis de même race et du même âge a été quant à lui inséminé en une seule fois pendant le mois de décembre ; il convient de noter que ce groupe 2 n’a pas eu de groupe témoin.

Les brebis du G1 (printemps) (n=80) et toutes celles (début hiver) du G2 (n=69) ont eu leurs chaleurs synchronisées au moyen de progestatifs pendant 14 j respectivement. Toutes les brebis ont été soumises à l’IA 48 h après retrait des éponges vaginales. Treize béliers séparés mais non isolés du point de vue sensoriel, ont été lâchés avec toutes les brebis du troupeau 9 et 19 j après l’opération d’IA. Le BCS des brebis traitées aux progestatifs a été relevé le jour de l’examen échographique.

Le reste des femelles soit 300 brebis n’a pas été traité, n’a pas eu son BCS évalué et a servi de groupe témoin pour le groupe G1.

Le Tableau 1 et les Figures2 et 3 regroupent les évènements réalisés sur les brebis des groupes1 et 2.

Figure 2. Événements périodiques depuis le traitement aux progestatifs jusqu’à l’agnelage
des brebis des lots traités (G1 et G2) et du lot témoin du G1 (printemps)


Figure 3. Evénements périodiques depuis le traitement aux progestatifs jusqu’à
l’agnelage des brebis du G2 (lot traité en décembre)


Tableau 1. Récapitulatif des évènements périodiques des brebis du G1 et celles du G2 traitées aux progestatifs et inséminées artificiellement au printemps (mars/avril) et en hiver (décembre) respectivement

Durée de
synchronisation (j)

Intervalle (h)
Retrait-IA

Intervalle (j)IA-
Lâcher des béliers

Intervalle(j) IA-
Echo /BCS

Intervalle(j)lâcher des
béliers- Echo /BCS

G1(printemps)

14

48

9-13

30

17-21

G2 (hiver)

14

48

19

34 /69/91

15/50/72


Résultats et discussion

Les données du Tableau 2 montrent que le taux de réussite à l’IA (19,1% vs 26,3%)

respectivement pour la saison et la contre-saison) et le taux d’agnelage (Tableau 2 et Figure 4) suite à l’IA et à la saillie consécutives au traitement aux progestatifs institués au printemps et en début-hiver (60,0 % vs 66,1%), n’étaient pas significativement différents (p>0,05). Cependant, il existe une différence significative (p < 0,05) entre le taux d’agnelage des brebis du G1 (traitées, inséminées et saillies au printemps) et de celui de son groupe témoin (60,0 vs 78,3%).

Tableau 2. Analyse par le test χ2 du taux de réussite à l’IA des brebis du groupe 1 (printemps) et 2 (hiver), du % d’agnelage suite à l’IA/saillie du groupe 1 (printemps) et de son groupe témoin (printemps)

G1 Brebis traitées
inséminées en mars-
avril (printemps)

G2 Brebis traitées
inséminées en
décembre (hiver)

2

Témoins
(CS)

Total des brebis inséminées

80

68

NS

300

Taux de réussite IA

26,3

19,1

Nbre de brebis ayant agnelé suite IA +saillie

21+27 (48)

13+32(45)

235

% Agnelage IA+ saillie

60,0

66,1

78,3

2

S



Figure 4. Pourcentages d’agnelages des brebis du G1 et de celles de son lot témoin
(printemps) et des brebis du G2 (hiver) après traitement, IA et saillie

Les faibles taux de réussites de l’IA (26,3% vs 19,1%) affichés dans le Tableau 2, obtenus pour les G1 et G2 de brebis traitées et inséminées en mars-avril et en décembre respectivement pourraient être dus à de multiples facteurs que nous n’avons pas étudiés, car ce n’était pas l’objectif de cette expérience. Cependant, le fait que ces taux ne sont pas significativement différents (p>0,05) indique que la saison n’a pas eu d’influence sur la fertilité à l’œstrus induit ce qui, indirectement, prouve le caractère sexuel continu des brebis concernées.

L’analyse par le test du χ2 (Tableau 2) entre les taux d’agnelages des brebis du G1 et de celles du G2 traitées, inséminées et saillies en mars/avril et en décembre respectivement montre qu’il n’y a pas de différence significative (p>0,05) de ces taux entre les deux périodes.

Nos résultats sont en accord avec ceux rapportés par Niar et al (2001) dans une étude réalisée sur l'activité sexuelle de trois races différentes de moutons algériens (Ouled Djellal, Hamra et Rembi) pendant la période d'anœstrus saisonnier, qui ont montré que ces races sont capables d'exprimer l'œstrus toute l'année. Ils sont également en accord avec ce que Taherti et al (2016) ont récemment rapporté dans une étude sur les variations mensuelles de l'activité sexuelle des brebis Ouled Djellal élevées à Chlef. Ces auteurs ont montré que ces animaux exprimaient des taux sériques de progestérone suffisamment élevés pour prouver qu'ils étaient capables de cycler toute l'année. Ils sont aussi en accord avec Adnane et al (2018) qui ont démontré que la PGF2alfa ou ses analogues utilisés en contre-saison a entraîné la synchronisation des chaleurs des brebis traitées (par la lutéolyse du corps jaune). Cela confirme que les brebis de la race Ouled Djellal ont une activité sexuelle continue pendant la plus grande partie de l’année.


Conclusion


Références

Adnane M, Miroud K, Hanzen Ch and Kaidi R 2018 The PGF2α, a less costly and invasive means than progestogens to manipulate the sexual activity in out-breeding season of the “Ouled Djellal” Algerian ewes.Livestock Research for Rural Development, Volume 30, Article #188.

Benia A R, Saadi M A, Ait-Amrane A, Belhamiti T B, Selles S M A and Kaidi R 2018 Effect of season and age on main characteristics of sperm production in the Ouled-Djellal rams.Livestock Research for Rural Development, Volume 30, Article # 10.

Benyounes A et Lamrani F 2013 Anestrus saisonnier et activité sexuelle chez la brebis Ouled Djellal. Livestock Research for Rural Development, Volume 25, Article # 141.

Boucif A, Azzi N, Tainturier D and Niar A 2007 Variations saisonnières des paramètres de reproduction chez 2 races locales d’ovins algériens. Rencontres recherche ruminants. INRAe / Institut de l’élevage. http://www.journees3r.fr/spip.php?article2063

Campbell B K, Scaramuzzi R J, Webb R 1995 Control of antral follicle development and selection in sheep and cattle. J. Reprod. Fertil. 49: 335–350.

Dehimi M 2005 Small ruminant breeds of Algeria. Chapter three In: Inguez, L. (Ed.) Characterization of small ruminant breeds in West Asia and North Africa. Vol.2: North Africa. International Center for Agricultural Research in the Dry Areas (ICARDA), Aleppo, Syria, 196p.

Lafri M 2013 Les races ovines algériennes : état de la recherche et perspectives 4 èmes Journées Vétérinaires - Université de Blida - 28 et 29 novembre 2011, Vol. P1-6.

MADR 2017 (Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural) : Statistique agricole

Niar A, Zidane K, Kabir A, Benallou B, Al–Dahache S Y and Ouzrout R 2001 Algerian sheep are non-seasonal breeders : clinical, cytological and histological studies. Science et Technologies,16: 81-84.

Taherti M, Kaidi R and Aggad H 2016 Variations mensuelles de l’activité sexuelle de la brebis Ouled Djellal élevée dans la région de Chlef, Algérie. (The monthly variations of the sexual activity of Ouled Djellal ewes reared in the region of Chlef, Algeria. Livestock Research for Rural Development, Volume 28, Article # 3.