Livestock Research for Rural Development 28 (8) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Spectre pollinique de miels d'abeille (Apis mellifera L.) de la région d'El Tarf (Nord-Est algérien)

L Boutabia, S Telailia et A Chefrour1

Département des Sciences Agronomiques, Université Chadli Bendjedid El Tarf (36 000) Algérie
b_lamiadz94@yahoo.fr
1 Département de Biologie, Université Mohamed Cherif Messaadia Souk-Ahras (41 000) Algérie

Résumé

L’étude menée dans l'extrême Nord-Est algérien (région d'El Tarf), relative à l’analyse mélissopalynologique de 10 échantillons de miels purs récoltés de différents ruchers, s’est avérée très intéressante.

Le spectre pollinique indique l’existence de 27 familles botaniques, surtout les Fabaceae, englobant en tout 65 espèces mellifères visitées par les butineuses. Parmi les 10 miels échantillonnés et analysés, 6 miels étaient monofloraux, le reste était sans dominance apparente d’un type mellifère. Les espèces végétales les plus fréquentes étaient les eucalyptus (Eucalyptus sp.), le sainfoin d’Italie (Hedysarum coronarium) et les gesses (Lathyrus sp.). Par ailleurs, les résultats obtenus indiquent que tous les miels (monofloraux et polyfloraux) présentaient une grande variabilité en nombre de grains de pollen.

Mots-clés: Algérie, apiculture, Apidae, flore mellifère, Hymenoptera, mélissopalynologie, pollen, région humide



Pollen spectrum of honeys of bees (Apis mellifera L.) of El Tarf region (Algeria Northeast)

Abstract

The study conducted at the north-east of Algeria in the area of El Tarf, a melissopalynologic analysis of 10 samples of pure honey collected from various apiaries, has been very interesting.

The pollen spectrum indicates the existence of 27 botanical families (mainly Fabaceae) including a total of 65 species visited by honey bees. Of the 10 honeys sampled and analyzed, 6 were single-flower honeys, the rest was without apparent dominance of a honey kind. The more frequent species were eucalyptus (Eucalyptus sp.), sullas (Hedysarum coronarium) and vetches (Lathyrus sp.). Moreover, the results indicate that all honeys (monofloral and polyfloral) showed variability in number of pollen grains.

Keywords: Algeria, Apidae, beekeeping, bee flora, Hymenoptera, melissopalynology, pollen, wet area


Introduction

Le miel est un aliment naturel, présentant un intérêt très important pour notre organisme. Il a été toujours un produit sacré grâce à ses bienfaits alimentaires et thérapeutiques. C’est une raison suffisante pour laquelle un effort doit être fourni pour la bonne maîtrise des méthodes d’analyse, et surtout pour l’expliquer aux personnes qui considèrent le miel comme un produit générique, ou en d’autres termes que tous les miels sont identiques du point de vue qualité et intérêts thérapeutiques. Mais heureusement, le miel porte en lui-même son certificat d’origine sous la forme de millions des grains de pollen qu’il contient en suspension dans sa masse et qui montrent sa variabilité (Battesti 1990).

La disponibilité des ressources alimentaires pour les animaux dans un système agricole est nécessaire aussi bien pour l'environnement que pour l'agriculture afin de faire face aux défis posés par le réchauffement climatique (Preston 2011). Les abeilles en sont un très bel exemple. Elles dépendent exclusivement du monde végétal pour leur alimentation. Si l’on veut apprécier correctement l’intérêt d’une plante pour les abeilles, il convient toujours de prendre en compte la totalité des produits qu’elles fournissent (Louveaux 1996).

Les plantes mellifères les plus importantes sont celles qui ont une productivité nectarifère élevée, régulière et qui existent en vastes peuplements (Silberfeld et Reeb 2013).

Dans cette optique, nous avons analysé dix échantillons de miel de différentes zones de la région d’El Tarf à partir de l'étude palynologique, afin de déterminer avec précision leur origine florale et leur donner ainsi une appellation botanique.


Matériel et méthodes

Matériel biologique (miel)

10 échantillons de miel ont été récoltés durant l’été 2012 de 7 Daira de la wilaya d'El Tarf, au Nord-Est de l’Algérie : Drean, Besbes, Ben M'Hidi, Bouteldja, El Tarf, El Kala et Bouhadjar (Figure 1).

Figure 1. Localisation des lieux de prélèvement des miels analysés

Les échantillons de miels ont été conservés dans des flacons en verre propres et secs avec un couvercle hermétique empêchant toute introduction d’humidité. Pour rendre la présentation de ce travail simple, les échantillons ont été codifiés par des lettres et des numéros selon leur origine (Tableau 1).

Tableau 1. Présentation des différents échantillons de miel.

Echantillon

Code

Région

Date de récolte

Méthode d’extraction

1

D

Drean

7-2012

Mécanique

2

Bes

Besbes

7-2012

Mécanique

3

Ben

Ben M'Hidi

7-2012

Mécanique

4

Bout

Bouteldja

7-2012

Mécanique

5

E1

El Tarf (Ain Khiar)

7-2012

Mécanique

6

E2

El Tarf (Guergour)

7-2012

Mécanique

7

E3

El Tarf (Smati)

7-2012

Mécanique

8

K1

El Kala (El Malha)

7-2012

Mécanique

9

K2

El Kala (Camp des Faucheurs)

7-2012

Mécanique

10

Bouh

Bouhadjar

7-2012

Mécanique

Méthodes d’analyse

L’analyse pollinique des miels repose essentiellement sur l’identification des grains de pollen contenus dans une quantité déterminée de miel et ce ici par l’usage de la méthode directe de Layka (1989).

Ainsi, 5 mg de miel prélevés en plusieurs endroits de chaque échantillon, parfaitement homogénéisés et liquéfiés, ont été montés entre lame et lamelle et recouverts de paraffine, ensuite observés au microscope optique en utilisant les objectifs X10 et X40. Les grains de pollen présents dans les 5 mg de miel ont été dénombrés une fois jusqu’à l’épuisement complet de tous les champs observés pour chaque échantillon. Le dénombrement des grains de pollen a été suivi par leur identification en utilisant des atlas de palynologie (Louveaux 1970 et Reille 1990). Il est important de souligner que les grains de pollen de la flore nord-africaine ne sont pas représentés en totalité dans les atlas palynologiques utilisés. Ainsi, l'identification du grain de pollen nous amène à trois possibilités: soit l'espèce, soit le genre uniquement soit un rapprochement du genre ou de la famille, dans ce cas c'est le type (Louveaux et al 1978).

L'analyse des spectres polliniques a été réalisée à l'aide de la méthode établie par la commission internationale de botanique apicole, décrite par Louveaux et al (1970). Cette méthode permet de différencier les variétés de pollens présents en déterminant leurs fréquences polliniques exprimées en pourcentage relatif par rapport au nombre total de grains de pollen comptés. Dans l’estimation des fréquences des différents pollens, les termes suivants sont utilisés:

pollens dominants, pour les formes qui représentent plus de 45 % de pollen dénombré ; pollens d'accompagnement, pour les grains de pollen qui ont une fréquence comprise entre 16 et 45 % ; pollens isolés importants, pour les grains de pollen qui ont une fréquence comprise entre 3 et 15 % ; pollens isolés rares, pour les grains de pollen qui ont une fréquence inférieure à 3 %.


Résultats

Les taxons mellifères identifiés

Les grains de pollen trouvés dans les échantillons de miel représentent 65 taxons appartenant à 27 familles. La famille des Fabaceae est la plus représentée en nombre de taxons ; à elle seule nous avons identifié 11 espèces. Viennent par la suite les : Apiaceae, Asteraceae, Boraginaceae et Rosaceae avec chacune 5 espèces. Les familles des Lamiaceae et Myrtaceae sont représentées par 4 espèces chacune. Les familles qui restent sont représentées par 3 espèces et 1 espèce (Figure 2 et Tableau 2).

Figure 2. Spectre pollinique (familles de plantes) des miels analysés
provenant de la région d'El Tarf, Algérie


Tableau 2. Pollen du miel au NE de l'Algérie (10 échantillons)

Famille

Espèce (nom latin)

(nom français)

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

D

Bes

Ben

Bout

E1

E2

E3

K1

K2

Bouh

Apiaceae

-

Apiacées (type)




+







"

Apium nudiflorum





+++







"

Apium sp.

Ail


+









"

Daucus (type)

Carottes






+





"

Daucus sp.

Carottes

+++

++



++






Asteraceae

Cirsium sp.

Cirses






+





"

Galactites tomentosa

Galactite cotonneux






+





"

Taraxacum officinale

Pissenlit









++


"

Tolpis barbata

Trépane barbue








+



Betulaceae

Alnus glutinosa

Aulne glutineux





++






Boraginaceae

-

Borraginacées (type)




++

+






"

Echium (type)

Vipérines


+









"

Echium sp.

Vipérines




+




++++



"

Borrago officinalis

Bourrache officinale


+




+





Cactaceae

Opuntia ficus-indica

Figuier de Barbarie










+

Campanulaceae

Campanula sp.

Campanules








++


+

Cistaceae

Cistus sp.

Cistes











"

Halimium halimifolium

Ciste jaune




+







Cruciferae

-

Crucifères (type)

++


++









Brassica napus

Colza


+










Sinapis arvensis

Moutarde des champs

+++










Cucurbitaceae

Cucurbita sp.

Courge, etc.

++










Ericaceae

Erica arborea

Bruyère arborescente









++


"

Erica sp.

Bruyères








+



Euphorbiacea

Euphorbia sp.

Euphorbes









++


Fabaceae

-

Fabacées (type)



+








"

Dorycnium rectum

Dorycnie dressée


+



++





++

"

Hedysarum coronarium

Sainfoin d’Italie, sulla

++

++++

+

+


++

++




"

Lathyrus sp.

Gesses




+


++

+


++

++++

"

Lotus creticus

Lotier de Crète




++







"

Lotus sp.

Lotiers


+


+++





++


"

Medicago sp

Luzernes

++

++









"

Melilotus sp

Mélilots

++

+

++








"

Ononis sp

Bugranes

++

+




+


++


+

"

Trifolium sp

Trèfles


++









"

Vicia sp.

Vesces





+






Fagaceae

Quercus sp.

Chênes




+++







"

Quercus suber

Chêne-liège








+

++


Gentianaceae

Centaurium sp.

Centaurées




+


+





"

Centaurium umbellatum

Petite centaurée









++


Hyacinthaceae

Ornithogalum sp.

Ornithogales




+







Lamiaceae

Lavandula stoechas

Lavande à toupet





++




++


"

Mentha aquatica

Menthe aquatique









++


"

Mentha pulegium

Menthe pouliot





+






"

Mentha sp.

Menthes







+




"

Thymus sp

Thyms










+

Loranthaceae

Loranthus sp.

-




+

++






Malvaceae

Malva sp.

Mauves









++


Myrtaceae

Eucalyptus camaldulensis

Gommier des rivières




+


++++

++++




"

Eucalyptus globulus

Eucalyptus commun




++







"

Eucalyptus sp.

Eucalyptus


+

++++


+++





++

"

Myrtus communis

Myrte commun








+

+++

+

Oleaceae

Olea europaea

Oléastre



+








Plantaginaceae

Plantago sp.

Plantains









++


Polygonaceae

-

Polygonacées (type)





+






Ranunculaceae

Ranunculus sp.

Renoncules





++






Rosaceae

-

Rosacées (type)


+


+







"

Crataegus monogyna

Epine blanche









++


"

Crataegus sp.

Aubépines








++



"

Potentilla sp.

Potentilles




++







"

Rosa (type)

Roses










+

"

Rosa sp.

Roses




+

++





++

"

Rubus sp.

Ronces




+





++


Rutaceae

Citrus sp.

Agrumes


+









Scrophulariaceae

Scrophularia sp.

Scophulaires

++










"

-

Scrofulariacées (type)





+






Valerianaceae

Fedia sp.

Corne d'abondance









++


++++ Dominant
+++ Accompagnement
++ Isolé important
+ Isolé rare
Rosa (type) signifie qu'il s'agit d'une espèce différente du genre Rosa, mais qui en est proche.
Rosacée (type) signifie qu'il s'agit d'une espèce différente de la famille des Rosacées, mais qui en est proche.

 Examen microscopique qualitatif des miels et identification des grains de pollen (selon l’origine botanique)

Le miel n° 1 présente une diversité pollinique moyenne (10 taxons), avec l’absence d’une nette dominance. Les pollens d’accompagnement et les pollens isolés importants ont un pourcentage égal avec respectivement 41,2 %. Les premiers sont représentés par le type Daucus (carottes) et Sinapis arvensis (moutarde sauvage); les seconds sont représentés par Hedysarum coronarium (sainfoin d’Italie ou sulla), Ononis sp. (bugranes), le type Cucurbita (courge, etc.), Scrophularia sp. (scrophulaires), Melilotus sp. (mélilots), et le type Cruciferae (crucifères) et Medicago sp. (luzernes) (Figure 3).

Figure 3. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 1 D Drean

Le miel n° 2 est monofloral. L’analyse pollinique indique la richesse du miel en taxons mellifères (16 taxons), avec la dominance d'Hedysarum coronarium (sainfoin d’Italie ou sulla, 54,6 %). La teneur élevé du pollen de cette espèce est justifiée par son abondance sur les terres avoisinantes du rucher.

Regroupant 6 taxons, la famille des Fabaceae est très répandue dans la région et ses espèces sont bien visitées par les butineuses car elles donnent des fleurs riches en nectar et en pollen. La famille des Apiaceae regroupe 2 taxons avec 17,6 %. La famille des Myrtaceae représentée par l’Eucalyptus sp. avec 4,4 % (Figure 4).

La présence de pollen du genre Citrus indique la visite des butineuses des vergers agrumicoles représentant la région de Besbes.

Figure 4. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 2 Bes Besbes

 Le miel n° 3 présumé «Eucalyptus», présente une diversité de ressources mellifères assez faible (6 taxons) (Figure 5). La teneur élevé du pollen d’Eucalyptus sp. (73,3 %) est justifiée par l’installation des ruches à proximité d’un reboisement de cette essence. La présence de pollen d'Olea europea est justifiée par la présence d'importantes formations d'Oléastres dans la région de récolte. La famille des Fabaceae représente la moitié des taxons identifiés avec un pourcentage de 13,3 %.

Figure 5. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 3 B Ben M'Hidi

Le miel n° 4 est présumé toutes fleurs. Ce miel est très diversifié, il compte 19 taxons répartis en : pollens d’accompagnement (86,4 %) représentés par 3 taxons (Lotus sp., Apium nodiflorum et Quercus sp.), les pollens isolés importants (7,76 %) représentés par 4 taxons (Eucalyptus globulus, Lotus creticus subsp. creticus, type Boraginaceae et Potentilla sp.) et les pollens isolés rares (4,2 %) représentés à eux seuls par 12 taxons (Figure 6).

Figure 6. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 4 Bout Bouteldja.

Le miel n° 5 est polyfloral. L’analyse pollinique révèle le taux élevé d’Eucalyptus sp. (35,8 %) représentant les pollens d'accompagnement. Les pollens isolés importants sont représentés par 7 taxons avec un taux de 39,6 %. Quant aux pollens isolés rares, ils englobent 5 taxons avec 9,5 %.

D’après le spectre pollinique, on peut déduire le déplacement des butineuses entre le reboisement d’Eucalyptus, l'aulnaie (Alnus glutinosa, aulne glutineux) et les prairies humides de la région de Ain Khiar (Figure 7).

Figure 7. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 5 E1 El Tarf (Ain Khiar)

Le miel n° 6 est récolté de la même région (El Tarf) que le miel n° 5 et contrairement à ce dernier, il est monofloral à dominance toujours assurée par l’Eucalyptus (Eucalyptus camaldulensis, gommier des rivières) avec 48,5 %. Le nombre de plantes visitées par les butineuses est de 9 taxons (Figure 8).

Les pollens isolés importants sont représentés par deux Fabaceae (Hedysarum coronarium et Lathyrus sp.) avec un taux de 27,3 %. Quant aux pollens isolés rares, ils sont représentés par 6 taxons (Borago officinalis, Type Daucus, Cirsium sp., Galactites tomentosa, Ononis sp. et Centaurium sp.) avec un taux de 24,2 %.

Figure 8. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n°6 E1 Tarf (Guergour)

Le miel n° 7 à dominance très nette d’Eucalyptus camaldulensis (gommier des rivières, 66,7 %), avec un taxon à pollens isolés importants Hedysarum coronarium (sainfoin d'Italie, 16,7 %) et deux taxons à pollens isolés rares Mentha sp. et Lathyrus sp. (16,7 %) (Figure 9).

Cette zone a été reboisée par l’Eucalyptus sur une forêt de chêne liège qui a été incendiée.

Figure 9. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 7 E3 El Tarf (Smati)

Le miel n° 8 présente une diversité pollinique moyenne (9 taxons). La flore mellifère qui entre dans la composition de ce miel est caractérisée par le fort pourcentage de pollen dominant représenté par une Boraginaceae : Echium plantagineum (vipérine plantain, 71,4 %) associés aux pollens isolés importants (21,0 %) représentés par Campanula sp., Ononis sp. et Crataegus monogyna (aubépine à un style) et aux pollens isolés rares (5,0 %) représentés par Myrtus communis (myrte commun), Quercus suber (chêne-liège), Tolpis barbata (trépane barbue), Cistus sp. (ciste) et Erica sp. (bruyère) (Figure 10). Ce miel est monofloral.

Figure 10. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 8 El Kala (El Malha)

 Le miel n° 9 présumé toutes fleurs, est caractérisé par la présence de 15 taxons mellifères.

La présence de plusieurs taxons ayant des attractivités très proches, a minimisé le taux de dominance du Myrtus communis (myrte commun, Myrtaceae) avec 21,3 %, ce qui lui a permis d’occuper la position de pollen d’accompagnement (Figure  11).

14 taxons ont des pollens isolés importants avec un pourcentage qui varie entre 10,2 % et 2,0 %, le taxon qui reste occupe la catégorie de pollen non identifié.

Figure 11. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 9 K1 El Kala (Camp des faucheurs)

Le miel n° 10 est un miel monofloral. L’analyse pollinique indique sa richesse en taxons mellifères (11 taxons) répartis en : un taxon à pollen dominant représenté par Lathyrus sp. (Fabaceae) avec 80,5 %, trois taxons représentant des pollens isolés importants ( Eucalyptus sp., Dorycnium rectum ou dorycnie dressée, et Rosa sp.) avec 9,7 % et sept taxons représentant des pollens isolés rares avec 6,8 % (Figure 12). Le faible taux de pollen du genre Eucalyptus est expliqué par le nombre limité des pieds de cette essence dans la région.

Figure 12. Taxons mellifères visités par les abeilles de l’échantillon de miel n° 10 Bouh Bouhadjar

L'analyse du tableau 3 indique que le nombre de grain de pollen varie beaucoup d'un miel à un autre ; l’écart-type est très élevé. Cette variabilité est due en premier lieu à l'abondance de la flore mellifère qui diffère d'une zone à une autre et en deuxième lieu aux plantes butinées qui seraient plus ou moins nectarifères.

Tableau 3. Quantité totale de pollen par g d’échantillon de miel

Echantillon

Code

Nombre de grains
de pollen / 1 g de miel

1

D

14 500

2

Bes

463 200

3

Ben

15 800

4

Bout

6 400

5

E1

43 900

6

E2

721 400

7

E3

2 100

8

K1

1 200

9

K2

182 000

10

Bouh

29 932

Tous


148 043 ± 247 714


Discussion

La mélissopalynologie des 10 échantillons de miels provenant de différentes zones de la région d'El Tarf, a permis l’identification de 27 familles botaniques et 65 espèces mellifères. Les pollens identifiés de tous les miels appartiennent en majorité à des espèces spontanées représentées principalement par la famille des Fabaceae. Ce constat vient conforter celui de Telailia et al (2011) ayant étudié les miels des massifs forestiers littoraux de l'extrême Est algérien notamment ceux de Cheffia et Asfour de la région d'El Tarf et celui de Chouia (2014) dans son étude des miels d’Ain Zaâtout de la région de Biskra.

D’après Chefrour et al (2007), la richesse en pollen et le spectre pollinique d’un miel sont liés aussi bien à la colonie d’abeille dans son milieu naturel (type de plante, force de la colonie…) qu’aux conditions d’exploitation et de récolte de miel par les apiculteurs. Autrement dit, cette richesse est en relation avec le type de végétation (pollinifère ou nectarifère), le choix des cadres et le mode d’extraction et le nombre des individus de la colonie (colonie forte ou faible).

Le spectre pollinique des miels étudiés a révélé l’existence d’une relation entre l’abeille butineuse et la flore mellifère ; cette attractivité est justifiée par la production de pollen en nombre important. Ce résultat concorde avec celui de Chefrour et Tahar (2009). L’analyse qualitative montre la présence de 6 miels monofloraux dont 3 miels représentés par une espèce ligneuse l’Eucalyptus et 3 miels représentés par des espèces herbacées : Hedysarum coronarium, Lathyrus sp. et Echium plantagineum. Les 4 échantillons de miels qui restent, sont polyfloraux. Comparés aux résultats de Draiaia et al (2014) ayant étudié les miels de la région de Souk-Ahras, nos résultats s’avèrent différents. Par contre l'étude menée par Makhloufi et al (2013) sur les miels algériens, indique que les miels de l'Est notamment ceux de Jijel et Mila sont monofloraux, représentés par Hedysarum coronarium, ce qui concorde avec les résultats du présent travail. Aussi, dans leur étude relative à la caractérisation des principaux miels des régions du Nord de l'Algérie, Benaziza-Bouchema et Schweitzer (2010) mentionnent la dominance des miels monofloraux d’Eucalyptus au niveau de la Mitidja.

Il est important de souligner qu'en Algérie, les miels les plus appréciés sont ceux de l'Eucalyptus, l'Oranger, le Romarin et le Jujubier (Louveaux et Abed 1984 ; Mekious et al 2015). Ainsi, la recherche des apiculteurs dans la région d'étude (El Tarf) des formations végétale à Eucalyptus pour l'emplacement des ruchers est très privilégiée et ce pour obtenir des miels monofloraux à vertus thérapeutiques pour les maladies respiratoires chroniques notamment l'asthme (Zitouni 2015).

Nos résultats constituent un complément de référentiel pour les miels étudiés des régions du l'extrême Nord-Est algérien et fournissent des éléments précis pour le contrôle des appellations des miels produits.

Par ailleurs, nous avons pu remarquer que le nombre et la nature des espèces de plantes mellifères visitées par l’abeille diffèrent d’une région à une autre. Ils sont aussi variables dans la même région d’un rucher à un autre. La même remarque a été faite par Laouar (2005), Ouchemoukh et al (2007), Chefrour et al (2009) et Nair et al (2014).


Conclusion

Les données obtenues à partir des analyses polliniques effectuées sur dix échantillons de miel récoltés, pendant l’année 2012, de différentes zones de la région d'El Tarf, montrent que :


Références bibliographiques

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Received 8 February 2016; Accepted 7 July 2016; Published 1 August 2016

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