Livestock Research for Rural Development 28 (3) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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L’impact des politiques agricoles sur les productions des vaches laitières dans la wilaya de Tizi-Ouzou Algérie

M Chedded, A Coudret, B Metna1 et H Sallanon

Université d’Avignon et des pays du Vaucluse, France
cheddedmohand@yahoo.fr
1 Université Mouloud Mammeri, Tizi-Ouzou, Algérie

Résumé

Cette étude a pour objectif d’analyser les politiques d’investissements bovins laitiers réalisés dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Algérie et de déterminer leur impact sur l’évolution des techniques de production. L’étude est basée sur les données collectées auprès d’un échantillon de 40 éleveurs (20,15 et 5 soit 25% de chaque commune).

Les résultats de l’enquête ont montré que le rendement laitier moyen/vache/jour a évolué de 12,75 ± 4,66 litres durant la période 1996-1999 à 17,33 ± 3,03 litres durant la période 2000-2014. Cela semble être en majeure partie attribuable au choix de races étrangères à haut rendement (Montbéliardes) au détriment des races locales, à l’amélioration génétique des races laitières par l’insémination artificielle, à l’âge moyen des génisses lors de la première saillie qui a évolué de 16,43 ± 2,19 à 18,10 ± 0,44 mois et à l’âge moyen des génisses au premier vêlage qui est passé de 25,70 ± 2,50 à 27,70 ± 1,07 mois.

Mots-clés: amélioration génétique, bovin, financement, investissement, rendement laitier



The effects of agricultural policy on the production of dairy cows at the Tizi-Ouzou wilaya, Algeria

Abstract

This study aims to analyze the dairy investments in the wilaya of Tizi-Ouzou in Algeria and determine their impact on the evolution of production techniques. The study is based on data collected from a sample of 25 % of farmers (40 farmers, 20, 15 and 5 by commune).

The results of the survey showed that the average milk yield / cow / day has evolved from 12.75 ± 4,66 liters during the period 1996-1999 to 17.33 ± 3,03 liters during the period 2000-2014. This seems to be due in major part to the choice of foreign breeds (Montbéliardes) highly efficient instead local breeds, genetic improvement of dairy breeds through artificial insemination, with the average age of heifers during the first projection which evolved from16,43 ± 2,19 to 18,10 ± 0,44 months and the average age at first calving heifers which increased from 25,70 ± 2,50 to 27,70 ± 1,07 months.

Keywords: cattle, funding, genetic improvement, investment, milk yield


Introduction

En Algérie, le lait est l’un des produits alimentaires stratégiques avec une production de 1 222 millions de litres durant la période 1996-1999 (CNESA 1999), soit une couverture de 56 % des besoins. Le reste est couvert par l’importation de 950 millions de litres (FAO 2015).

Dans la wilaya de Tizi-Ouzou qui est notre zone d’étude, la production laitière durant la période 1996-1999 était de 28 millions de litres dont 22 millions de litres de lait de vache (DSAT 2014). Afin d’essayer d’inverser la tendance, l’Algérie a élaboré en 2000 un plan national de développement agricole (Hervieu et al 2006) puis la politique du renouveau rural en 2006 (Bessaoud 2006) et depuis juillet 2008, la politique du renouveau agricole et rural (INRAA 2006).

Ces différentes politiques s’articulent autour de l’incitation et du soutien à la production agricole. Selon le MADRA (2006b), 33,4 milliards de dinars algériens (DA)/an ont été consacrés au soutien des agriculteurs dans le cadre du plan national de développement agricole durant la période 2001-2006 et 200 milliards de DA/an pour soutenir le renouveau agricole et rural durant la période 2010-2014 (MADRA 2010).

Ce travail analyse l’évolution des techniques de productions bovines laitières suite aux investissements agricoles durant la période 2000-2014 dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Algérie.


Matériels et méthodes

Présentation de la région d’étude

D’après l’ANIREFA (2011), la wilaya de Tizi-Ouzou est située sur le littoral centre est de l’Algérie et s'étend sur une superficie de 2 958 km². Son climat est de type méditerranéen, il est caractérisé par un hiver humide et froid et un été sec et chaud (Yennek 2010). Sur le plan agricole, la wilaya de Tizi-Ouzou est représentée par la direction des services agricoles qui chapeaute 20 subdivisions dont celle choisie pour notre étude, en l’occurrence Freha (DSAT 2015)..

Selon la DTWT (2013), les communes rattachées à la subdivision agricole de Freha sont situées à environ 31 km du chef lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou pour la commune de Freha, à 41 km pour celle d’Aghribs et à 33 km pour la commune de Timizart (Figure 1). Ces trois communes représentent la zone laitière par excellence au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou (DSAT 2015). En effet, la production de lait de vaches durant la période 1996-1999 avait atteint 5 millions de litres, soit 23 % de la production de la wilaya de Tizi-Ouzou (DSAT 2014).

Afin d’augmenter ces quantités, les éleveurs ont consenti des investissements importants, durant la période 2000-2014 suite aux soutiens à la production accordés par les pouvoirs publiques.

Figure 1. Position géographique des communes rattachées à la subdivision agricole de Freha (Google maps 2014).


Méthodologie

La démarche méthodologique retenue pour réaliser cette étude comporte sept étapes dont la première a été consacrée à la collecte et à l'exploitation de la documentation disponible sur les investissements agricoles dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Algérie. Cela nous a permis de sélectionner la zone d’étude représentée par la subdivision agricole de Freha dont le choix est dû principalement à sa vocation bovine laitière dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

La deuxième étape a consisté à l’exploration de la zone d’étude. Cela a permis de faire un état des lieux de la zone de production et d’améliorer le questionnaire structuré. Quelques entretiens individuels avec les éleveurs ont permis de tester le questionnaire afin de mieux l’affiner.

La troisième étape a visé l’élaboration du questionnaire établi d’une façon assez large pour permettre le maximum d’informations sur l’exploitant et l’exploitation.

La quatrième a consisté au choix des exploitations à enquêter qui a été effectué à l’aide de listes obtenues auprès de la direction des services agricoles de la wilaya de Tizi-Ouzou.

La cinquième étape a concerné le choix de l’échantillon d’enquête. La sélection a été basée sur le nombre d’exploitations par commune; soit 20 à Timizart, 15 à Freha et 5 à Aghribs, soit 25 % par commune et ayant la production laitière comme activité principale avec l’existence de l’activité laitière durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014.

La sixième étape a été consacrée au déroulement de l’enquête durant la période allant du 1er mars au 1er mai de l’année 2014. Les informations ont été obtenues sur la base de constats sur le terrain et par les affirmations verbales des éleveurs.

La septième étape a été le traitement et l’analyse statistique des résultats dont les méthodes d’analyses utilisées ont été le test de Student, le test de khi-², l’analyse en composantes principales (ACP) et l’analyse factorielle de correspondance (AFC).


Résultats

Caractérisation des exploitations agricoles

Données sur l’exploitant

La formation agricole des éleveurs est passée de 5 % durant la période 1996-1999 à 12,5 % durant la période 2000-2014. Quant à la main-d’œuvre, elle représentait en moyenne 2 unités/exploitation durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014. Pour ce qui est de l’accès des éleveurs au crédit bancaire, il a évolué de 5 % durant la période 1996-1999 à 37,5 % durant la période 2000-2014.

Superficie agricole

La surface agricole utile moyenne représentait 6,06 ± 5,21 ha durant la période 1996-1999 et 7,58 ± 6,44 ha durant la période 2000-2014. Quant à la superficie moyenne des cultures fourragères, elle représentait 2,55 ± 2,84 ha durant la période 1996-1999 et 4,74 ± 4,42 ha durant la période 2000-2014. Pour ce qui est de la superficie moyenne des cultures fourragères irriguées, elle représentait 0,56 ± 1,10 ha durant la période 1996-1999 et 1,23 ± 1,40 ha durant la période 2000-2014s’agissant de la pratique de l’ensilage, elle était nulle au niveau des exploitations durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014.

Mécanisation

Les éleveurs propriétaires de tracteurs étaient de 35 % durant la période 1996-1999 et de 50 % durant la période 2000-2014.

Matériel animal

Le nombre moyen de bovins pour l’ensemble des exploitations était de 10,28 ± 8,83 sujets durant la période 1996-1999 et de 21,08 ± 12,30 sujets durant la période 2000-2014. Quant au nombre moyen de vaches laitières, il était de 5,33 ± 5,50 sujets durant la période 1996-1999 et de 9,90 ± 6,15 sujets durant la période 2000-2014. En ce qui concerne les différentes races de vaches laitières élevées durant la période 1996-1999, la population locale représentait 30 % du cheptel total, les races croisées 50 % et les races importées (Montbéliardes) 20 %. Cependant, durant la période 2000-2014, les races locale, croisée et importée représentaient respectivement 0 %, 50 % et 50 %.

Bâtiment d’élevage

Les étables répondant aux normes d’élevage n’ont pas évolué. Elles représentaient 20 % durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014.

Alimentation

Durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014, la ration de base des vaches laitières durant le printemps était basée sur le fourrage vert naturel ou cultivé alors qu’en hiver, elle ne contenait pas de fourrage vert.

Durant l’été, le pourcentage d’éleveurs utilisant du fourrage vert dans la ration de base des vaches laitières est passé de 32,5 durant la période 1996-1999 à 65,0 durant la période 2000-2014. En automne, ce pourcentage a stagné à 2,5 durant les deux périodes.

Reproduction

La pratique de l'insémination artificielle était de 35 % durant la période 1996-1999 et de 100 % durant la période 2000-2014. Quant à l’âge moyen des génisses lors de la première saillie, il était de 16,43 ± 2,19 mois durant la période 1996-1999 et de 18,10 ± 0,44 mois durant la période 2000-2014. S’agissant de l’âge moyen des génisses au premier vêlage, il était de 25,70 ± 2,50 mois durant la période 1996-1999 et de 27,70 ± 1,07 mois durant la période 2000-2014.

Hygiène et prophylaxie

Le renouvellement de la litière s’effectuait 2 fois/ jour en moyenne durant les périodes 1996-1999 et 2000-2014. Quant aux maladies les plus fréquentes au niveau des élevages, on retrouve la mammite avec 42,5 % durant la période 1996-1999 et 72,5 % durant la période 2000-2014. Pour ce qui est de la consultation vétérinaire, elle est passée de 65 % durant la période 1996-1999 à 100 % durant la période 2000-2014. S’agissant de la vaccination du cheptel, elle a évolué de 75 % durant la période 1996-1999 à 100 % durant la période 2000-2014.

Production laitière

La durée moyenne de lactation des vaches laitières était de 7,13 ± 1,73 mois durant la période 1996-1999. Elle atteint 8,03 ± 1,40 mois durant la période 2000-2014. Quant au rendement laitier moyen/vache/jour, il est passé de 12,75 ± 4,66 litres durant la période 1996-1999 à 17,33 ± 3,03 litres durant la période 2000-2014.

Typologies des exploitations enquêtées

Une analyse statistique des variables quantitatives et qualitatives ayant évolué suite aux investissements laitiers a été effectuée. Le choix s’est porté sur les variables qui ont un fort pouvoir discriminant permettant de mettre en évidence les différences existantes entre les exploitations durant les période 1996-1999 et 2000-2014.

Les résultats de l’analyse descriptive des variables sont présentés dans les tableaux 1 et 2.

Tableau 1. Résultats du test T des variables quantitatives
Variables quantitatives moyennes/exploitation p-value
Surface agricole utile, ha 0,13
Superficie des cultures fourragères, ha 0,00510
Superficie des cultures fourragères irriguées, ha 0,0712
Nombre de bovins, unités 0,000011
Nombre de vaches laitières, unités 0,000378
Age des génisses lors de la première saillie, mois 0,000004
Age des génisses au premier vêlage, mois 0,000006
Durée de lactation, mois 0,00626
Rendement laitier, litre/vache/jour 0,0000

Tableau 2. Résultats du test de khi² des variables qualitatives
Variables qualitatives moyennes/exploitations (%) p-value
Formation agricole 0,0507
Accès au crédit 0,000000
Propriétaires de tracteurs 0,0319
Races de vaches laitières 0,000000
Fourrage vert dans la ration de base 0,000005
Insémination artificielle 0,000000
Maladies bovines 0,000020
Consultation vétérinaire 0,000000
Vaccination 0,000000

Les variables retenues pour l’analyse en composante principales sont : surface moyenne de la culture fourragère (SCF); surface moyenne irriguée de la culture fourragère (SICF); nombre moyen de bovins (NB); nombre moyen de vaches laitières (NVL); âge moyen des génisses lors de la première saillie (AMGPS); âge moyen des génisses au premier vêlage (AMGPV); durée moyenne de lactation (DML) et le rendement moyen laitier (RML).

L'analyse en composantes principales (ACP) effectuée sur les 40 exploitations montre que les deux premiers axes factoriels (axes 1 et 2) cumulent 60 % de la variabilité totale (Figure 2).

Figure 2. Représentation des variables quantitatives sur le plan F1 x F2 de l’ACP

Les résultats de l'ACP ont permis d'identifier deux groupes d'exploitations. Le premier situé du coté négatif de l’axe F1, représente les exploitations durant la période 1996-1999 et le deuxième situé du coté positif de l’axe F1 représente les exploitations durant la période 2000-2014.

Dans le premier groupe (n = 19), la culture fourragère était pratiquée dans 12 exploitations avec une surface moyenne de 3,71 ± 2,45 ha. Quant à la culture fourragère moyenne irriguée, on la retrouve au niveau de 5 exploitations avec une surface moyenne de 1,50 ± 0,63 ha. Pour ce qui est de l’effectif bovin moyen par exploitation, il est de 10,00 ± 7,35 têtes avec un nombre moyen de vaches laitières de 4,79 ± 3,07 têtes. S’agissant de l’âge moyen des génisses lors de la première saillie, il est de 16,47 ± 2,23 mois et celui des génisses au premier vêlage est égal à 25,79 ± 2,56 mois. Concernant le rendement laitier moyen des vaches laitières, il est de 13,21 ± 4,54 litres/vache/jour.

Dans le deuxième groupe (n = 20), la culture fourragère était pratiquée dans 17 exploitations avec une surface moyenne de 5,76 ± 5,09 ha, soit une augmentation de 55,25 % par rapport à la moyenne du premier groupe. Quant à la culture fourragère moyenne en irriguée, elle est conduite au niveau de 12 exploitations avec une surface moyenne de 1,37 ± 0,98 ha, soit une diminution de 8,66 % par rapport à la moyenne du premier groupe. L’effectif bovin moyen par exploitation est de 20,00 ± 12,91 têtes, soit une croissance de 100 % par rapport à la moyenne du premier groupe. Pour ce qui est du nombre moyen de vaches laitières qui est de 9,15 ± 6,99 têtes, il a augmenté de 91,02 % par rapport à la moyenne du premier groupe. L’âge moyen des génisses lors de la première saillie est de 17,80 ± 1,40 mois, soit une croissance de 8,07 % par rapport à la moyenne du premier groupe. L’âge moyen des génisses au premier vêlage est de 27,55 ± 1,83 mois, soit une augmentation de 6,82 % par rapport à la moyenne du premier groupe. S’agissant du rendement laitier moyen, il a atteint 15,50 ± 2,56 litres/vache/jour, soit une croissance de 17,33 % par rapport à la moyenne du premier groupe.

Une AFC a été effectuée aussi sur les 40 exploitations afin de connaître une éventuelle relation entre les variables quantitatives et qualitatives. Les variables retenues ont été les suivantes : nombre moyen de bovins (NB); nombre moyen de vaches laitières (NVL); âge moyen des génisses lors de la première saillie (AMGPS); âge moyen des génisses au premier vêlage (AMGPV); durée moyenne de lactation (DML); rendement moyen laitier (RML); races de vaches laitières (RVL); nombre de saisons ou la ration alimentaire contient du fourrage vert (NS/RACFV); mode de reproduction (MR); consultation vétérinaire (CV); vaccination (V); surface moyenne de la culture fourragère (SCF) et surface moyenne irriguée de la culture fourragère (SICF).

Figure 3. Représentation des points lignes et points colonnes sur le plan F1 x F2 de l’AFC

Les résultats de l’AFC ont montré que les deux premiers axes factoriels cumulent 75 % de la variabilité totale. Cela a permis d'identifier 4 groupes d'exploitations dont le premier situé du coté négatif de l’axe F1, regroupe les variables AMGPS, AMGPV, DML, RVL, MR, V et NS/RACFV (n = 38). Les effectifs des 3 autres groupes sont: 20, 16 et 7.

Ces résultats montrent qu’il y a une relation entre les variables quantitatives qui ont permis une augmentation du rendement laitier et les variables qualitatives.


Discussion

Les résultats de l’enquête ont montré une augmentation significative du nombre de bovins durant la période 2000-2014. Ceci peut être expliqué par la place importante qu’occupe la production de lait mais aussi de viande dans la région de Freha car le nombre de vaches ne représente que la moitié du nombre totale de bovins. Le nombre de vaches a évolué également durant la même période, ce qui peut être expliqué par les soutiens accordés par l’état aux éleveurs disposant au minimum de 6 vaches laitières. Nos résultats sont inférieurs à ceux de Bir et al (2014) à Sétif en Algérie avec 24,4 ± 22,7 bovins dont 14,4 ± 12,8 vaches laitières en moyenne par exploitation.

L’enquête a fait ressortir aussi une évolution positive des superficies fourragères en général et irriguées en particulier. Ce qui peut être dû à la croissance du nombre de bovins et surtout de vaches laitières. Nos résultats sont supérieurs à ceux du MADRA (2003) avec respectivement 2,38 ha pour les superficies fourragères et 0,46 ha pour les superficies fourragères irriguées.

Ceci a conduit un plus grand nombre d’éleveurs à utiliser du fourrage vert dans la ration de base des vaches laitières durant la saison d’été. Ceci peut être expliqué par le désir des éleveurs d’augmenter les rendements laitiers. Ce ratio reste malgré cela faible car la surface des cultures fourragères et celle des cultures fourragères irriguées qui sont respectivement de 0,47 ha/vache et de 0,10 ha/vache n’ont pas évolué. Nos résultats sont proches de ceux de Mohamed chérif (2005) à Constantine en Algérie. Cela n’a pas permis une évolution dans la conservation du fourrage par ensilage, nul durant les 2 périodes, des résultats inférieurs à ceux du MADRA (2003) en Algérie avec 5,6 %.

La possession de tracteurs par les éleveurs a augmenté également durant la période 2000-2014. Cela est peut être dû aux soutiens dont ont bénéficié les agriculteurs dans les différents dispositifs comme l’ANSEJ et le crédit bail. Nos résultats durant la période 1996-1999 sont inférieurs à ceux de Kaouche et al (2012) à Médéa en Algérie avec 41,4 % mais nos résultats sont meilleurs durant la période 2000-2014.

Les investissements laitiers ont eu d’importantes répercussions sur le choix et l’amélioration des races de vaches laitières. Ceci peut être expliqué par la substitution de la race locale par des races modernes à haut rendement laitier (Montbéliardes) et par les actions de soutien à la protection et au développement du patrimoine génétique et l’obligation dès l’année 2000 d’utiliser l’insémination artificielle bovine entre 18 et 24 mois. Nos résultats durant la période 1996-1999 sont inférieurs à ceux de Benyoucef et Abdelmoutaleb (2009) en Algérie dans la wilaya de Tizi-ouzou mais durant la période 2000-2014, ils sont meilleurs.

Cela a eu pour conséquence l’augmentation de l’âge moyen des génisses lors de la première saillie de 16,43 ± 2,19 à 18,10 ± 0,44 mois. Ces résultats sont inférieurs à ceux de Guerra (2007) à Sétif en Algérie avec 17,5 ± 2,8 mois durant la période 1996-1999 mais proches durant la période 2000-2014. A cet effet, l’âge des génisses au premier vêlage a augmenté de 25,70 ± 2,50 à 27,70 ± 1,07 mois, donnant des résultats inférieurs à ceux réalisés par Ghoribi et al (2012) à El Taref en Algérie dont la valeur moyenne de l'âge des génisses au premier vêlage est égale à 29,0 ± 3,4 mois. Cette évolution positive dans le mode de reproduction et dans le choix des races importées et améliorées au détriment de la race locale a conduit à une augmentation de la durée de lactation de 7,13 ± 1,73 à 8,03 ± 1,40 mois, soit des résultats inférieurs à ceux de Belhadia et Yakhlef (2013) dans les plaines du haut Cheliff au Nord de l’Algérie avec une durée de lactation de 10,00 ± 1,23 mois pour les vaches de race Montbéliarde.

La pratique de la prophylaxie contre les maladies graves telle que la brucellose a évolué significativement durant la période 2000-2014. Ce qui peut être expliqué par les campagnes de vaccinations menées par les pouvoirs publiques et la volonté des éleveurs de protéger leur cheptel. Nos résultats sont supérieurs à ceux du MADRA (2003) en Algérie avec 24,3 %.

Sur le plan financier, le crédit bancaire à augmenté significativement durant la période 2000-2014. Cela peut être expliqué par le dispositif triangulaire mis en place par l’état où tout agriculteur remplissant les conditions d’éligibilité peut bénéficier en plus de la subvention, d’un prêt bancaire. Nos résultats sont supérieurs à ceux MADRA (2003) avec 3,1 %.

Toutes ces augmentations ont conduit à une croissance significative du rendement laitier moyen/vache/jour qui est passé de 12,75 ± 4,66 litres durant la période 1996-1999 à 17,33 ± 3,03 litres durant la période 2000-2014, des résultats supérieurs à ceux de Mouhous et al (2011) en Algérie dans la wilaya de Tizi-Ouzou avec 10,52 ± 0,42 litres/vache/jour.

En revanche, les résultats de l’enquête ont montré que les investissements laitiers n’ont pas eu d’impact sur l’amélioration de l’hygiène dans les étables pour deux raisons car d’un coté la fréquence de renouvellement de la litière n’a pas évolué entre les deux périodes. Ce qui peut être expliqué par le fait que l’effectif bovin a doublé entre les deux périodes alors que la main-d’œuvre a stagné à 2 personnes/exploitation. Nos résultats sur l’emploi sont égaux à ceux du MADRA (2006a) et ceux sur la fréquence de renouvellement de la litière sont supérieurs ou égaux à ceux de Kaouche et al (2012) à Médéa en Algérie avec une fois/ jour durant la période d’hiver et deux fois/jour durant la période d’été.

De l’autre coté, la nature des bâtiments d’élevage répondant aux normes ne s’est pas améliorée, ce qui peut être expliqué par l’absence de soutien à la construction d’étables, au manque de moyens financiers des éleveurs et à l’accès difficile au crédit bancaire dans le cas de la construction de bâtiments d’élevage. Nos résultats sont proches de ceux de Kirat (2007) à Jijel en Algérie avec 19 %.

Cette situation a favorisé la croissance de mammites. Nos résultats durant la période 1996-1999 sont inférieurs à ceux de Bouzid et Touati (2008) dans le Nord Est Algérien avec 45 % des pathologies mais supérieurs durant la période 2000-2014.

Cela a amené les éleveurs a faire appel d’avantage aux services vétérinaires. Selon Bendiab (2012) à Sétif en Algérie, la consultation vétérinaire a atteint 82,75 %, ce qui est supérieur à nos résultats durant la période 1996-1999 mais inférieur durant la période 2000-2014.

L’enquête a montré également que la SAU n’a pas évolué durant la période 2000-2014 vu l’absence de surplus de terres à exploiter dans la région, des résultats inférieurs à ceux de Belkhir et al (2011) en Algérie dans la wilaya de Tizi-Ouzou avec 11,10 ± 9,54 ha.

La formation agricole n’a pas évolué aussi durant la période 2000-2014. Ce qui peut être expliqué par le peu d’intérêt qui lui est accordé par les éleveurs, à leur faible niveau d’instruction, au manque d’informations, à l’éloignement des instituts de formation et au manque de formations pratiques. Nos résultats sont inférieurs à ceux de Kadi et al (2007) à Tizi-ouzou en Algérie avec 97,5 %.


Conclusion et perspectives


Références

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Received 8 January 2016; Accepted 14 February 2016; Published 1 March 2016

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