Livestock Research for Rural Development 27 (10) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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La petite mise en valeur au Sahara septentrionale algérien: entre politiques de développement et réalité; cas de Ouargla, Ghardaïa et El-Oued

Dadamoussa Med Lakhdar, Senoussi Abdelhakim, Idder Med Azzedine1, Belaroussi Med El Hafed1, Idder-Ighili Hakima1 et Boummada abd-Elbasset

Université Kasdi MERBAH Ouargla, Laboratoire des Bio-ressources Sahariennes: Préservation et Valorisation, Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie, Ouargla 30000 Algérie.
1 Université Kasdi MERBAH Ouargla, Laboratoire de Recherches sur la Phœniciculture "Phoenix", Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie, Ouargla 30000 Algérie.
dadahami@gmail.com

Résumé

L’aménagement des périmètres agricoles de mise en valeur et l’introduction de nouveaux systèmes de cultures sont devenus actuellement un objectif primordial pour le développement rural des wilayas sahariennes. Mais l’état de lieux de ces périmètres laisse présager une situation préoccupante quant à la durabilité et la rentabilité de ces projets. Notre travail de recherche consiste à réaliser des diagnostics spatiaux temporaires sur la petite mise en valeur dans trois régions du Sahara septentrional à savoir : Ouargla, Ghardaïa et El-Oued.

Notre étude a montré une situation paradoxale de l’état des lieux des périmètres en question. L’analyse des données a montré une relation significative entre les wilayas et les actions à réaliser notamment pour les deux principales actions structurantes à savoir l’électrification qui montré une différence significative (p = 0,0001) et réseau d’irrigation présentant également une différence significative (p = 0,000). Les actions non réalisées ou réalisées partiellement sont hautement significatives d'après le test du khi². Les taux de non réalisation sont respectivement de 55 % et 37,6 %, ces taux englobent l’action non réalisée et partiellement réalisée. Cette situation a engendrée un dysfonctionnement des périmètres agricoles et entraver la concrétisation des projets de mise valeur.

Le constat révélé par les études antérieures accuse habituellement les bénéficiaires de cette situation. Toutefois, notre étude a montré que ces lacunes incombent le plus souvent aux pouvoirs publics.

Mots clés: aménagement, développement rural, périmètres agricoles, pouvoirs publics, spatiaux temporaires



Development in the north Algerian Sahara; between development policies and reality; the case of Ouargla, Ghardaia and El Oued

Abstract

The development of agricultural areas and introduction of new cropping systems are becoming a primary objective for rural development in Saharan wilaya. But the state of these periferal regions suggests a worrying situation regarding the sustainability and profitability of these projects. Our research work is to achieve temporary space on the small diagnostics development in three regions of northern Sahara namely: Ouargla, El Oued and Ghardaia. Our study showed a paradoxical situation of the inventory of the areas in question.

Data analysis showed a significant relationship between the wilayas and actions to achieve development of the two main structural actions namely electrification and the irrigation network. Unrealized or partially realized activities are predominate.The rates of non embodiment are 55% and 37.6% respectively; these rates include unrealized and partially completed activities. This has caused a malfunction of agricultural boundaries and hinders the achievement of development projects. The finding revealed by previous studies usually accuses the beneficiaries of this situation. However, our study showed that the shortcomings are usually the fault of the government.

Keywords: government, perimeters, rural development, temporary space


Introduction

Le Sahara algérien, d’une superficie de plus de 02 millions de km² est l’un des déserts les plus arides et les plus chauds du monde. Sous ce climat très sec et très évaporant, la vie s’est traditionnellement organisée autour de la culture du palmier dattier rendue possible par l’existence de points d’eau et les oasis (Daoud et Halitim 1994).

Depuis longtemps les oasis phœnicicoles sahariennes ont nourri de nombreuses générations à partir d’une organisation originale d’écosystèmes domestiqués basée sur différentes méthodes d’exhaure de l’eau et l’association du palmier dattier à d’autres cultures et élevage (Toutain 1988).

Les populations sahariennes face à « l’aridité tyrannique » (Troin 1985) ont développé des systèmes hydrauliques d’irrigation faisant preuve d’une «technicité étonnante» (Bethemont et al 1996).

Le Sahara algérien a fait un peu figure de laboratoire de développement, sur les plans technique, agraire et social. On a l'impression qu'il a souvent servi de terrain d'expérimentation, pour des formules ensuite généralisées dans le reste du pays (Côte 2002).

Depuis plus de trois décennies le sud algérien a bénéficié dans le cadre des programmes de mise en valeur relative à l’Accession à la Propriété Foncière Agricole (A.P.F.A) de plusieurs projets.

La mobilisation des ressources naturelles a fait l’objet d’importants investissement répondant à la satisfaction des agriculteurs en eau d’irrigation, au foncier agricole et aux infrastructures de base et ce dans la perspective d’augmenter la production par l’extension de nouvelles superficies irriguées.

A cet effet, des périmètres de petites tailles (collectifs) ont été mis à la disposition des jeunes bénéficiaires (Senoussi 2004).

Les différentes réformes n’ont pas connu l’impact positif attendu à travers les objectifs escomptés préalablement (Kouzmine et al 2009). L’interaction de plusieurs facteurs s’est traduite sur le terrain par un manque d’organisation professionnelle et par une faible valorisation des potentialités naturelles (eau et sol) et des investissements mobilisés.

Les aménagements hydro-agricoles ne sont qu’un moyen, un outil, au service de la mise en valeur et non l’inverse, et que leur réussite est conditionnée par la prise en compte de l’ensemble des relations qui lient l’aménagement et le type de mise en valeur projeté (Jouve 1986).

En 1994, des périmètres agricoles collectifs (familiaux) ont été créés dans le cadre des grandes travaux, l’opération vise l’extension des superficies agricoles utiles (SAU) par la mise en valeur de 10.000 ha en zones sahariennes devront permettre la création de 5000 exploitations agricoles de 02 ha chacune et des emplois permanents (CDARS 1996). Les périmètres en question sont implantés dans des zones potentielles des wilayas de: Ouargla, Adrar, Biskra, Ghardaïa, El-Oued et Tamanrasset. La gestion, le suivi et l’évaluation ont été confiés au Commissariat au Développement Agricole des Régions Saharienne (C.D.A.R.S) en collaboration avec les Directions Services Agricoles (D.S.A).

Cette formule est semblable à celle de l’accession à la propriété foncière (loi 83/18), sauf que l’Etat assure un soutien financier presque total notamment au niveau de la mobilisation de l’eau, l'électrification et l’ouverture des pistes.

En1998, la majorité des périmètres agricoles gérés par le CDARS ont été transférés à la Générale des Concessions Agricole (G.C.A). Cette même entreprise économique a aménagé également d’autres périmètres agricoles dans le cadre du Programme National de Développement Agricole (PNDA).

Le choix et la localisation des périmètres de mise en valeur ont été limités uniquement à deux critères: l’aptitude des sols à la mise en valeur et la présence de l’eau. Les autorités ont opté, sous la pression de la demande sociale en emplois, pour un plan micro-parcellaire (Otmane 2010).

Après écoulement près de deux décennies depuis le lancement de ces projets de mise en valeur, l’analyse des résultats d’étude préliminaires, a fait apparaître un certain nombre de paradoxes.

Le constat en matière de cette intervention est assez mitigé. Certains parlent de réussite partielle, d’autres mettent en évidence les échecs des programmes (Bouammar 2010).

Ces projets agricoles n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation technique, financière et environnementale rigoureuse. L’ambition de ce travail consiste à établir un état des lieux des projets de mise en valeur, afin d’évaluer la concrétisation des actions engagé par l’état et la réussite des périmètres agricoles de trois régions retenues à savoir: Ouargla, Ghardaïa et El-Oued.


Méthodologie

Notre étude s’est basée sur des enquêtes sur terrain dans trois wilayas du Sahara septentrionale (Cas: de Ouargla, Ghardaïa et El-Oued), dont l'approche adoptée consiste à passer en revue les principaux enjeux et défis que connaissent les périmètres agricoles collectifs du point de vue aménagement agricole, et ce dans la perspective de situer les limites des programmes initiés à cette fin.

La Méthodologie de travail se déroule en quatre étapes:

  1. 1. Recueil des informations sur les régions d’étude.
  2. Enquêtes au niveau des structures agricoles.
  3.  Choix des sites d’échantillonnage.
  4.  Enquêtes sur terrain (Identification des périmètres agricoles et évaluation des actions de mise en valeur).

A l’aide d’un guide d’enquête d’identification des périmètres agricoles, nous avons pu effectuer 109 enquêtes, dont 26 à Ouargla, 33 à El-Oued et 50 à Ghardaïa, ce que représentant respectivement en termes de pourcentage 100%, 90 %et 92%. Ce que parait très significatif.

Les critères d’échantillonnage considérés comme primordiaux et pris en compte sont:

Nous avons pris en considération les trois critères les plus discriminants à savoir: actions réalisées (AR), actions non réalisées (ANR) et actions réalisées partiellement (ARP) tout en tenant compte si l’opération est inscrite ou non.

Les aménagements concernent:

Une analyse statistique par le biais d’un test d’hypothèse de Khi² est réalisée sur les trois échantillons présentant les trois Wilayas et les trois niveaux de réalisation à savoir: action non réalisée action réalisée partiellement et action réalisée. Le but du test est de démontrer la relation entre les différentes actions de mise en valeur et les wilayas étudiées. L’analyse est réalisée par le logiciel XLSTAT version 2009.1.02.

Présentation des zones d’étude
Figure 1. Situation géographique des zones d'étude

Ouargla est limitée au Nord Est par la wilaya d'El-Oued, au Nord Ouest la wilaya de Djelfa, à l'Ouest la wilaya de Ghardaïa, au Sud-ouest la wilaya de Tamanrasset, au Sud-Est la wilaya d'Illizi et à l'Est par la frontière tunisienne et la wilaya d 'El-Oued. Ses coordonnées géographiques sont: 5° 19' 30 de longitude Est et 31° 56' 57 N de latitude Nord (Google 2015a).

Ghardaïa située dans la partie septentrionale et centrale du Sahara, le territoire de la Wilaya de Ghardaïa s’inscrit exclusivement dans l’espace saharien (dorsale du M'Zab, Hamada, Grand Erg Occidental,...). Limitée au Nord par les Wilayas de Laghouat et de Djelfa, a l’Est par la Wilaya de Ouargla, au sud par la wilaya de Tamanrasset et à l’Ouest par les wilayas d’El Bayadh et d'Adrar (Aneb 2013). Ses coordonnées géographiques sont: 3° 10' 0 ° de longitude Est et 31° 4' 59 de latitude Nord (Google 2015b).

El-Oued se situe au Sud Est de l'Algérie, à 600Km de la capitale Alger. Elle est dans les confins septentrionaux de l'Erg Oriental. Elle est limitée à l'Est par l'immense chott tunisien El-Djérid, au Nord par les chotts Merouane, Melrhir et Rharsa, à l'Ouest par la trainée des chotts de l'Oued Rhir et au Sud par Ouargla (Voisin 2004). Ses coordonnées géographiques sont: 33° 10' 0 de latitude Nord et 7° 15' 0 longitude Est (Google 2015c).

Les trois wilayas se caractérisent par des températures diurnes très élevées, pouvant dépasser 45°C. Les précipitations sont très rares et irrégulières varient de 0 à 150 mm durant la période hivernale. Les vents sont violents et fréquents du mois de février au mois de juin et occasionnent des tempêtes de sable. Le sirocco prédomine notamment du mois de Juin au mois de septembre (Djennane 1990).

Cette immensité recèle dans ses profondeurs d’importantes réserves d’eaux fossiles, en dehors des oasis, la fraction organique y est très faible voire nulle. Sur les topographies élevées, les sols sont rocailleux ou sableux (Hamadas, regs, ergs). Dans les dépressions, la texture peut être fine, mais les sols sont salés (Sebkha et Chotts). Les conditions agro-climatiques limitent fortement les possibilités d’intensification des activités agricoles dans ces régions (Daoud et Halitim 1994).

Il apparait clairement qu’aucun programme de mise en valeur ne peut avoir lieu sans eau, et par conséquent sans réseau d’électrification (pompage). L’agriculture saharienne est toujours menée en irrigué.


Résultats et discussions

Nos séries d’observation ont porté sur les actions qui ont un impact sur le fonctionnement des projets de mise valeur.

La mise en valeur des terres agricoles dans les wilayas sahariennes ne peut voir le jour sans la mobilisation de l’eau d’irrigation. Il est donc nécessaire et important de garantir la disponibilité dans le temps. Pour acheminer l’eau à la parcelle, des aménagements spécifiques doivent être réalisés.

Réalisation de forages

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur.

Figure 2. Réalisation de forages et puits

Tableau 1. Proportions des réalisations forages
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.000 0.009 0.039 0.048
AR 0.073 0.338 0.541 0.952
Total 0.073 0.347 0.580 1.000

Il apparait au niveau de la figure 2, que le nombre de forages réalisés est de 47 à Ouargla, 216 à Ghardaïa et 346 à El-Oued, ce qui correspond à 95,2 % des réalisations. La plus grande part de réalisation revient à la wilaya d’El-Oued qui présente 54,1%, ensuite Ghardaïa 33,8% puis Ouargla 7,3% (Tableau 1).

On constate également qu’à Ouargla, tous les forages ont été réalisés, Ghardaïa, seulement 6 forages n’ont pas vu le jour. Quant à la région d’El-Oued, 25 puits restent non réalisés.

D'après nos enquêtes sur terrain et auprès des structures étatiques, il est à noter que cette action de fonçage des forages na pas connu des réalisations partielles dans les trois zones d'étude.

Tableau 2. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 7.490
Khi² (Valeur critique) 5.991
DDL 2
p-value 0.024
Alpha 0.05

L’analyse des donnés sur la réalisation de forages par le test de Khi² (Tableau 2) a montré une différence significative (p = 0,024). L’action de réalisation des forages est partiellement contraire par rapport à son inscription au niveau des 3 wilayas.

La majorité des forages ont été réalisés depuis plus de 20 ans par le CDARS dans le cadre du programme de grands travaux et d’autres plus de 10 ans par la GCA.

La wilaya d’El-Oued est caractérisée par un nombre important de puits. Ces derniers sont déterminés par une profondeur qui ne dépasse pas 60 mètres par contre Ouargla et Ghardaïa exploitent les nappes du mio-pliocène et de l’albien.

Réseau d'irrigation

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur.

Figure 3. Réalisation de réseaux d’irrigation

Tableau 3. Proportions des réalisations de réseau d’irrigation
Ouargla Ghardaïa El-Oued Total
ANR 0,018 0,239 0,055 0,312
ARP 0,037 0,018 0,009 0,064
AR 0,183 0,202 0,239 0,624
Total 0,239 0,459 0,303 1,000

Sur les 109 périmètres enquêtés, on note que 34 projets n’ont pas été réalisés et 07 projets sont partiellement réalisés du total des trois régions d’étude, autrement dit, le réseau d’irrigation n’est pas opérationnel. On note que 68 projets du total ont achevé la réalisation de l’action du réseau d’irrigation.

Il est nettement visible que la wilaya de Ghardaïa présente un taux nettement élevé des projets non réalisés 23.9% par rapport aux deux autres wilayas qui présentent 1.8 % à Ouargla et 5.5 % à El-Oued.

La wilaya de Ghardaïa représente un taux de réalisation de 20.2 % proche de celui d’El-Oued qui est de 23.9 % et supérieur à celui de Ouargla qui est de 18.3 %. Ceci est expliqué par le nombre important de projets dans la wilaya de Ghardaïa qui est de 45,9 du total (Tableau 3).

Il est à noter que le nombre considérable des réalisations de réseau d’irrigation n’implique pas forcement la présence d’une activité agricole sur ces périmètres.

Tableau 4. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 22,647
Khi² (Valeur critique) 9,488
DDL 4
p-value 0,000
Alpha 0,05

L’analyse des données sur la réalisation du réseau d’irrigation par le test de Khi² (Tableau 4) a montré une différence hautement significative (p = 0,000). L’action de réalisation du réseau d’irrigation est dépendante des wilayas.

Les actions non réalisées ou réalisées partiellement en matière de réalisation sont hautement significatives.

Nivellement

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur.

Figure 4. Réalisation d’opération de nivellement

Tableau 5. Proportions des réalisations du nivellement
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.000 0.220 0.009 0.229
ARP 0.000 0.018 0.009 0.028
AR 0.239 0.220 0.284 0.743
Total 0.239 0.459 0.303 1.000

Selon la figure 04, il apparait que la majorité des opérations de nivellement non réalisé se situe à Ghardaïa car les travaux ont subi des arrêts. Par contre les périmètres de Ouargla et El-Oued ont quasi totalement achevé cette action.

Il est absolument remarquable que les trois wilayas représentent des taux de réalisation très proches, présentées à El-Oued par un taux de 28.4 %, Ouargla 23.9 % et Ghardaïa 22 %. (Tableau 5).

Tableau 6. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 35.045
Khi² (Valeur critique) 9.488
DDL 4
p-value < 0,0001
Alpha 0.05

L’analyse des donnés sur l’action de nivellement par le test de Khi² (Tableau 6) a montré une différence significatif (p < 0,0001). L’action de nivellement est dépendante de la wilaya. Les actions non réalisées ou réalisées partiellement en matière de nivellement sont hautement significatives.

Nos investigations nous ont permis aussi de confirmer que les zones d’étude nécessitent un micro zonage qui tient compte des spécificités de chaque wilaya. El-Oued nécessite un terrassement intégral, la zone à encroûtement rocheux de la wilaya de Ghardaïa l’opération consiste beaucoup plus à un défoncement et Ouargla nécessite généralement un léger terrassement.

Réalisation de pistes

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur.

Figure 5. Réalisation des pistes.

Tableau 7. Proportions des réalisations des pistes
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.000 0.220 0.000 0.220
ARP 0.000 0.183 0.101 0.284
AR 0.239 0.055 0.202 0.495
Total 0.239 0.459 0.303 1.000

Les résultats de l’enquête laissent apparaître à Ghardaïa 24 projets non réalisées, 22 partiellement réalisés et 4 projets achevés.

Dans la wilaya d’El-Oued, on constate que sur 33 projets 22 ont été réalisés, et 11 non réalisés.

D’après les résultats, il est clair que la wilaya de Ghardaïa présente un taux de 22 % des pistes non réalisées, 18.3% des réalisations partielles et seulement 0,5 % totalement achevées. La wilaya d’El-Oued représente un taux de 10.1 % des projets non réalisées et 20.2 % des projets réalisés. Enfin à Ouargla, la figure 5 montre que sur 26 projets, la totalité a été réalisée, ce qui représente un taux de réalisation 23,9 % du total des projets des trois wilayas (Tableau 7).

Tableau 8. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 67.881
Khi² (Valeur critique) 9.488
DDL 4
p-value < 0,0001
Alpha 0.05

L’analyse des donnés sur la réalisation des par le test de Khi² (Tableau 8) a montré une différence hautement significative (p<0,0001). L’action de réalisation des pistes est dépendante de la wilaya.

Le traitement statistique par le biais du Khi² montre bien que la réalisation des pistes reste insuffisante, action qui incombe directement à l'Etat vue son statut d'inscription dans l'ensemble des projets.

Réseau électrique

Cette opération est non inscrite dans plupart des projets de mise en valeur.

Figure 6. Réalisation du réseau électrique

Tableau 9. Proportions des réalisations du réseau électrique
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.046 0.330 0.110 0.486
ARP 0.000 0.064 0.000 0.064
AR 0.193 0.064 0.193 0.450
Total 0.239 0.459 0.303 1.000

Malgré l’importance vitale de cette opération dans le processus de la mise en valeur agricole, les aboutissements des enquêtes nous permettent d’enregistrer les résultats suivants. Sur un total de 109 périmètres agricoles, 53 n’ont pas réalisé cette action dans l’ensemble des trois wilayas, ce qui représente un taux de 48,6 % du total des projets (Tableau 9). Il s’agit de 36 projets à Ghardaïa, 12 à El-Oued et 5 à Ouargla.

La figure 6 montre que 49 projets ont bénéficié de l’énergie électrique représentant un taux de 45% dont 21 projets à Ouargla, 7 à Ghardaïa et 21 à El-Oued.

Par ailleurs, 7 périmètres seulement sont partiellement réalisés à Ghardaïa qui représente un taux de 6.4 % du total (Tableau 9).

Tableau 10. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 40.157
Khi² (Valeur critique) 9.488
DDL 4
p-value < 0,0001
Alpha 0.05

L’analyse des donnés sur la réalisation des réseaux électriques par le test de Khi² (Tableau 10) a montré une différence significative (p <0,0001). L’action de réalisation des réseaux électriques est dépendante de la wilaya.

Brise vent

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur. Elle est prise en charge partiellement par les pouvoirs publics car L’Etat fournit 3000 palmes sèches par hectare. Selon les exploitants, cette quantité ne peut même pas clôturer le 1/4 d’hectare à raison de 30 palmes par mètre linéaire.

Le brise vent peut être réalisé par une construction d’une lisière (digue en sable de dune dite Tabia) servant d’assise au brise vent inerte (palmes sèches) aux alentours du périmètre agricole. Cette Tabia est d’une section de forme triangulaire dont les dimensions généralement sont: Base = 2,50 m, hauteur = 2,80 m, section = 3,50 m².

Cette méthode est utilisée largement dans la région d’El-Oued qui est caractérisée par un relief dunaire particulier.

Nos expertises certifient une insuffisance significative dans la réalisation de cette action indispensable dans la mise en œuvre des projets de mise en valeur avoisinant les 50%.

Fourniture en palmiers dattier

Cette opération est inscrite dans tous les projets de mise en valeur.

La fourniture en palmiers peut aller jusqu'à 120 pieds par hectare, la majorité de ces pieds sont des cultivars de Deglet-Nour avec 70 %, suivie par une faible part en pied de Ghars et Deglet-Beida soit 20 % et 10 % respectivement (G.C.A 2010).

L’opération de fourniture de rejets est prise en charge par les pouvoirs publics, par contre la pose reste à la charge des bénéficiaires.

La figure 7, montre l’importance de cette action par son inscription dans tous les projets de mise en valeur.

Figue 7. Fourniture de palmiers dattier (djebbars).

Tableau 11. Proportions des plantations du palmier dattier
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.065 0.306 0.111 0.481
ARP 0.093 0.065 0.037 0.194
AR 0.083 0.093 0.148 0.324
Total 0.241 0.463 0.296 1.000

La wilaya de Ghardaïa compte 33 projets n'ayant pas réalisé cette action faute de plusieurs contraintes liées essentiellement à la finalisation des travaux d’aménagement hydro-agricoles. Par contre 7 projets ont été partiellement réalisés et 10 achevés.

A El-Oued, on compte 17 projets réalisés et 12 non réalisés et 4 projets partiellement réalisés.

Enfin à Ouargla, 9 projets ont achevé cette action, 10 partiellement achevés et 7 non réalisés.

D’après le tableau 11, des proportions des réalisations de l’action de plantation de rejets, il est très clair que le taux le plus élevé des projets non réalisés se localise au niveau de la wilaya de Ghardaïa avec 30,6 % et en seconde position El-Oued par un taux 11,1 % et enfin Ouargla par 8,3%.

Tableau 12. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 18.358
Khi² (Valeur critique) 9.488
DDL 4
p-value 0.001
Alpha 0.05

L’analyse des donnés par le test de Khi² (Tableau 12) a montré une différence significative (p = 0,001). Les actions non réalisées ou réalisées partiellement de fourniture en matière de rejets de palmiers dattiers sont hautement significatives.

Fourniture des armatures serre

Cette opération est non inscrite dans la plupart des projets de mise en valeur.

Figure 8. Réalisation des armatures serre

Tableau 13. Proportions des réalisations des armatures serre
Ouargla Ghardaia El-Oued Total
ANR 0.083 0.431 0.294 0.807
ARP 0.092 0.000 0.000 0.092
AR 0.064 0.028 0.009 0.101
Total 0.239 0.459 0.303 1.000

D’après La figure 8, nous constatons que 88 périmètres agricoles équivalents à 80,7 % du total des projets n’ont pas bénéficié de cette action (action non inscrite ou bien inscrite est non réalisée).

Seulement 21 projets ont bénéficiés de cette action et selon les résultats des enquêtes, on remarque que à Ghardaïa et à El-Oued, le nombre de projets non réalisés est importants il est de 47 et 32 respectivement et représentant des pourcentages de 43.1 % et 29,4 %.

Quant à la wilaya de Ouargla nous constatons un nombre de 7 projets réalisés, 10 partiellement réalisés et 9 non réalisés représentant respectivement 6,4%, 9,2% et 8,3 (Tableau 13).

Tableau 14. Test d'indépendance entre les lignes et les colonnes (Khi²)
Khi² (Valeur observée) 50.699
Khi² (Valeur critique) 9.488
DDL 4
p-value < 0,0001
Alpha 0.05

L’analyse des donnés sur la réalisation des par le test de Khi² (Tableau 14) a montré une différence significative (p<0,0001). L’action de réalisation des armatures serres est dépendante de la wilaya. Les actions non réalisées ou réalisées partiellement de fourniture en armatures serre sont hautement significatives, ce qui démontre un fois de plus la responsabilité de l'Etat dans cette opération.

Drainage

Selon nos expertises sur terrain, cette action est non réalisée presque dans la totalité des projets enquêtés faute de non inscription des cette opération. Nos enquêtes au niveau des structures chargées de la gestion de ces projets, font apparaitre que les causes y afférentes sont: la satellisation des périmètres agricoles, la difficulté de trouver des exutoires et le coût élevé de financement de cette action.


Discussions

Concernant les actions non inscrites dans la plupart des projets de mise en valeur:

Sachant que le processus d’électrification est l’atout majeur de toute réussite de mise en valeur en zones sahariennes. Il est donc impératif que cette action soit une priorité absolue pour la mise en œuvre de tout projet agricole.

D’après nos données, il ressort qu’au niveau des trois régions d’étude que ce processus d’électrification est non réalisé dans 55 % des projets enquêtes, ce taux englobe les projets qui ont bénéficié de l’inscription de cette action et les projets qui n’ont pas bénéficié de l’inscription de cette action. Tout en sachant que cette action structurante est à la charge totale de l’Etat (du point de vue financier et réalisation).

En outre, les tests du Khi² réalisés sur les actions structurantes de mise en valeur, montrent bien des valeurs significatives à hautement significatives sur les actions inscrites et non réalisées ou partiellement réalisées, ce qui laisse comprendre que la responsabilité incombe à l'Etat.

Etant donné que la rentabilité économique du palmier dattier est tardive, 5 à 6 ans et pour inciter les bénéficiaires à la polyculture (IDDER et al 2015), l'Etat a encouragé les agriculteurs par l’introduction de la plasticulture, notamment par l’acquisition des armatures serres, afin d’aider les exploitants à compenser les charges liées à leurs activités avant l'entrée en production du palmier dattier. Malheureusement cette action a fait défaut par les pouvoir publics. Rappelons que 70% du total des projets n’ont pas bénéficié de cette action.

Quant au drainage, cette action est non réalisée dans la quasi totalité des périmètres de mise en valeur.

Concernant les actions inscrites dans les projets de mise en valeur:

Il est clair d’après nos recherches que la majorité de ces actions ont accusé un retard considérable surtout à Ghardaïa, du fait que la quasi-totalité de ses projets sont situés en zones éloignées et rocheuses.

Nous signalons aussi que l’ordre chronologique des actions de mise en valeur arrêté par l’administration à causé des problèmes importants dû aux délais d’exécution des projets en question. A titre d’exemple, la réalisation des réseaux d’irrigation n’interviendra qu’après l’approbation des études par la commission pluridisciplinaire, qui elle même est subordonnée par la réalisation des points d’eau (forages ou puits).

La complexité technique de réaliser un forage, de dimensionner un réseau d’irrigation, de maitriser les nouvelles techniques de goutte à goutte et d’aspersion interpelle les structures et entreprises chargées de la mise en valeur d’accorder plus d’attention au volet hydraulique.

Le palmier dattier s'impose en général dans tous les nouveaux systèmes de production, soit au début de la mise en valeur, soit après plusieurs années de pratique des cultures maraîchères. Il représente la culture dominante dans les périmètres agricoles familiaux. Les investissements consentis pour ce groupe d’actions varient de 10 % à 25 % du montant global alloué à un hectare. Les résultats indiquent un taux de réussite de la plantation en dessous de la moyenne.

D’une manière générale l’analyse de la répartition des investissement, pour les différentes actions de mise en valeur fait ressortir que l’amélioration foncière, les forages, réseaux et systèmes d’irrigation et les plantations phœnicicoles mobilisant plus 60 % de l’enveloppe globale de chaque projet et par conséquent constituent les forces motrices du programme de mise en valeur agricoles dans les régions sahariennes.

Le taux des projets opérationnels a Ghardaia et Ouargla est faible à l’exception de la région d’El-Oued qui est devenue actuellement un pole agricole par excellence et particulièrement dans la culture de la pomme de terre.

Photo 1. Exploitation abandonnée (Ouargla)

Photo 2. Brise vent (Tabia + palmes sèches)

Photo 3. Culture de la pastèque sous tunnel (Ouargla) Photo 4. Culture de pomme de terre sous pivot (El-Oued)

Nos recherches ont montré que le dysfonctionnement des projets de mise en valeur débute avant l’attribution des parcelles aux bénéficiaires. Nous avons pu par le biais de ce travail de recherche recenser plusieurs contraintes liées principalement à l’administration:

Du point de vue technique, nous noterons:
Sur le plan socio-économique, nous avons constaté:
Sur le plan environnemental:


Conclusion


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Received 28 July 2015; Accepted 26 August 2015; Published 1 October 2015

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