Livestock Research for Rural Development 26 (2) 2014 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Etude des relations entre distance ano-génitale, parité et quelques caractéristiques de la reproduction de la lapine

T N Kerkouche, G H Zitouni*, Z Boumahdi, A Berbar, R Kerkouche, N Benali**, F Titouh* et R Belabbas

Laboratoire de Recherche «Biotechnologies appliquées à la reproduction animale», Institut des Sciences Vétérinaires, Université de Saad Dahlab, Blida, Algérie
rafikbelabbas@yahoo.fr
* Institut Techniques des Elevages, Baba-Ali, Algérie
** Laboratoire de recherche Santé et Production Animale, Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire d’Alger, Algérie

Résumé

Nullipares lapines (n=16) et primipares (n=21)), logées en cages individuelles ont fait l’objet d’une expérimentation afin d’étudier l’effet de la Distance Ano-Génitale (DAG) sur un certain nombre de caractéristiques de reproduction (le comportement sexuel, la fertilité ainsi que les composantes biologiques de la prolificité). Les observations sur les animaux ont porté au début sur : la mesure de la DAG, le nombre de tétines, l’évaluation de la réceptivité, le marquage mentonnier du territoire et le comportement des femelles vis-à-vis des mâles. Par la suite, les femelles ont été saillies et celles diagnostiquées gestantes ont été sacrifiées au 12ème jour de gestation afin de mesurer les caractéristiques des ovaires (poids et le nombre de follicules pré-ovulatoires) et les composantes biologiques de la prolificité (taux d’ovulation et mortalité embryonnaire).

La DAG mesurée a été de 20,9 ± 2,0 mm ; 18 lapines à DAG petite (DAGP), inférieure à la moyenne et 19 à DAG grande (DAGG) ont été distinguées. Les résultats ont montré que la parité de la femelle semble avoir eu un effet sur un grand nombre de caractéristiques de la reproduction. Elle a eu un effet significatif sur la DAG : les femelles nullipares ont présenté une DAG supérieure à celle mesurée chez les femelles primipares (p<0,05) ; par ailleurs, ces femelles ont plus marqué leur territoire, ont eu un taux de fertilité et une mortalité précoce significativement plus importants et une mortalité tardive plus faible que les femelles primipares. La DAG quant à elle, a influé au moins sur l’agressivité, le marquage mentonnier, la réceptivité et la mortalité embryonnaire. Chez les femelles à grande DAG, en comparaison avec celles à petite DAG, le marquage mentonnier spontané a été significativement supérieur, l’agressivité a été plus importante, les taux de réceptivité ont été en moyenne plus importants et le poids des ovaires a été significativement plus élevé ; néanmoins, les mortalités précoce et tardive ont été significativement plus élevées.

Mots-clés: comportement sexuel, prolificité



Relationships between ano-genital distance, parity and some reproductive parameters in rabbits

Abstract

Nulliparous (n = 16) and primiparous rabbit does (n = 21), housed in individual cages, were the subject of an experiment to study the effect of Ano - Genital Distance (AGD) on some characteristics of reproduction (sexual behavior, reproductive performances and the main biological components of litter size). The observations on the animals focused on, at first, on the length of the AGD, the number of teats, the receptivity, the chin marking and the female behavior towards the male. Subsequently, diagnosed pregnant females were sacrificed on day 12 of gestation to observe the characteristics of the ovaries (weight and number of preovulatory follicles) and biological components of litter size (ovulation rate and embryonic mortality).

AGD measured was 20.9 ± 2.0 mm; 18 rabbits with small AGD (below average) and 19 with large AGD were distinguished. The results showed that the female parity appears to have an effect on a large number of characteristics of reproduction. It had a significant effect on the AGD: nulliparous females showed a higher AGD than that measured in primiparous females (p < 0.05), otherwise, these females marked more their territory, had a fertility rate and an early mortality significantly higher and a lower late mortality than the primiparous ones. The AGD in turn, affected at least aggression, chin marking, receptivity and embryonic mortality. In females with large AGD, compared to those with the small AGD, the spontaneous chin marking was significantly higher, aggressiveness was more important, the receptivity rates were on average, greater and the ovarian weight was significantly higher; however, the early and late mortality were significantly higher.

Keywords: prolificacy, sexual behavior


Introduction

L'élevage cunicole a souvent été utilisé dans le monde, à des périodes critiques pour permettre aux populations de faire face à la pénurie de viandes provenant des grandes espèces. De nombreux avantages caractérisent cet élevage : la possibilité assez aisée d'une bonne maîtrise des conditions d'élevage, un cycle biologique court, une forte prolificité, un important pouvoir de fixation des protéines alimentaires absorbées sous forme de viande comestible, une production de viande plus économique en énergie alimentaire et une viande riche en protéines, en certaines vitamines et en minéraux.

Il n’en demeure pas moins que des efforts permanents sont entrepris dans le but d’améliorer la maîtrise de l’élevage et les performances de ce dernier. Pour accroître l’efficacité de ces efforts de développement, aussi bien au niveau mondial qu’en Algérie, il est constamment fait appel à la recherche en vue d’améliorer notamment les performances de l’élevage cunicole (prolificité, poids, vitesse de croissance, indice de consommation, …). En effet, en plus de l’aspect zootechnique (alimentation, logement, santé, …), l’amélioration des performances de reproduction a fait l’objet de recherches spécifiques en vue de tirer un avantage maximal des particularités de l’espèce cunicole. Ces performances de reproduction sont influencées par des facteurs qui ont été étudiés par un grand nombre de chercheurs. C’est ainsi qu’en plus du facteur génétique et de facteurs liés à l’environnement, la position intra-uterine (PIU) des fœtus a fait l’objet de nombreux travaux (synthétisés par Ryan et Vandenbergh 2002) afin de montrer son influence sur des paramètres de reproduction (taux d’hormones, développement des organes génitaux externes, comportement sexuel, …).

Par ailleurs, certains résultats ont également montré un lien entre cette même PIU et la Distance Ano-génitale (DAG) chez plusieurs espèces. C’est ainsi que la DAG peut servir de marqueur pour la PIU chez la souris (Vandenbergh et Huggett 1995) et chez le lapin, la DAG d'un animal adulte reflète sa PIU antérieure (Bánszegi et al 2009).

Plusieurs autres travaux ont également tenté d'établir des liens entre la DAG et différents paramètres de reproduction ou autres, chez certaines espèces animales ainsi que chez l'homme. C’est ainsi que divers auteurs ont conclu qu’il semble y avoir une relation entre la DAG et l’agressivité chez la souris (VomSaal 1989), l’attirance par rapport au mâle chez la souris (Rines et VomSaal, 1984 ; Rohde Parfet et al 1990), la fécondité chez le lapin sauvage (Bánszegi et al 2009 ; Bánszegi et al 2010), le marquage mentonnier chez les lapins (Bánszegi et al 2012) et la mortalité embryonnaire spécifique au sexe, étant donné que chez les femelles à grande DAG la taille de la portée diminue mais pas le nombre de mâles de la portée chez le lapin (Bánszegi et al 2012).

Ces travaux et d’autres encore suggèrent qu’il serait donc opportun de confirmer l’existence de telles relations directes entre la DAG et certains paramètres de reproduction, en étendant cette investigation à d’autres conditions d’expérimentation. Ceci constitue en effet l’objet de notre étude sur des lapines d’une population locale algérienne, et l’existence de relations entre la DAG et certains paramètres de reproduction tels que le comportement sexuel, la fertilité et les composantes biologiques de la prolificité, permettrait d’utiliser cette DAG comme prédicteur des paramètres de reproduction ainsi choisis dans ce travail.


Matériel et méthodes

Animaux et matériel d’élevage

L’expérimentation s’est déroulée au niveau du clapier de la Station Expérimentale de la Faculté Agro-Vétérinaire et Biologie de l’Université de SAAD DAHLAB, à Blida, Algérie. Notre étude s’est étalée entre les mois de novembre 2012 et février 2013.

Les lapins utilisés dans cette étude (mâles et femelles) appartiennent à la population locale algérienne, de couleurs très diverses. Ils proviennent de l’Institut Technique des Elevages de Baba Ali. Les lapines au nombre de 37 ont été réparties en deux groupes correspondant à 2 stades physiologiques de la vie reproductive : nullipares (16), et primipares (21). Les critères de choix étaient : un âge et parité homogènes au moment de l’expérimentation (4,5 mois et 2868,13 ± 299,87g pour les nullipares et 6,5 mois et 3539,71 ± 455,81 g pour les primipares) et un bon état sanitaire.

Les animaux étaient nourris ad libitum. L’alimentation comprenait un granulé spécial pour lapins. Il est composé de maïs, de tourteau de soja, de luzerne, de son, de calcaire, de phosphate bi-calcique et de CMV spécial lapin.

Conduite expérimentale
La mesure la DAG

La DAG a été mesurée selon la méthode décrite par Bánszegi et al (2012). Cette distance a été mesurée entre le centre de l’anus et l’extrémité distale de la vulve. Pour chaque femelle, cette dernière a été mesurée trois fois par des opérateurs différents et la moyenne des trois observations a été calculée.

Les femelles ont été classées selon leur DAG moyenne en deux classes (Drickamer et al 2001). La première classe concerne les femelles avec une petite DAG (celle dont la DAG est égale ou inférieure à la DAG moyenne) et la deuxième classe comprend les femelles avec une DAG supérieure à la moyenne.

Le nombre de tétines

Le nombre de tétines pour chaque femelle a été noté par un comptage visuel sur la région abdominale et thoracique.

Evaluation de la réceptivité

La réceptivité de la femelle a été évaluée par l’observation de la coloration et l’état de turgescence de sa vulve (toutes les lapines avec une vulve rouge ou violette et turgescente, ont été considérées comme réceptives, par contre, celles présentant une vulve rose pâle ou blanche et non turgescente ont été considérées alors non réceptives). Pour chaque femelle, la coloration et l’état de turgescence de sa vulve ont été évalués 3 fois par jour (8h, 12h et 17h) et ce pendant 7 jours consécutifs.

Le marquage mentonnier

Le marquage mentonnier spontané du territoire a été évalué selon la méthode décrite par Hudson et al. (1990). Les femelles sont placées dans une tour arène (1 mètre de diamètre) pour 10 minutes. Au centre de cette arène, trois briques sont placées et le marquage mentonnier sur ces dernières a été compté. Cette opération, a été effectuée deux fois pour chaque femelle. La durée totale de ces observations a été de 7 jours.

Saillie et comportement des femelles

Avant la présentation au mâle, on a évalué la réceptivité de chaque femelle. Les saillies se sont déroulées dans la cage du mâle. La lapine a été présentée au mâle pendant une quinzaine de minutes, si au bout de cette durée elle n’était pas saillie, elle a été présentée à un 2ème mâle. Lorsqu’il y a un accouplement, le mâle pousse un cri et tombe sur le côté. Lors de l’accouplement, on a relevé la réceptivité par rapport au mâle, l’agressivité et le chevauchement de mâle par la femelle. Si la femelle n’était pas réceptive au 1er mâle, elle a été présentée à nouveau à un autre mâle après un temps de repos.

Diagnostic de gestation

A 12 jours post coïtum, le diagnostic de gestation a été réalisé par palpation abdominale.

Abattage des femelles

Au 12ème jour post coïtum, les lapines gestantes ont été pesées puis sacrifiées. Après, dépouillement, l’animal est mis en décubitus dorsal, puis une incision d’environ 10 cm est effectuée au niveau de la ligne blanche légèrement au-dessus de l’orifice urogénital. La masse intestinale est poussée dans la cavité abdominale afin de faciliter l’extériorisation de l’appareil génital ainsi, les ovaires, les cornes utérines et les oviductes et le canal vaginal sont prélevés.

Composantes biologiques de la prolificité

Une fois débarrassés de leurs graisses, les ovaires ont été pesés. Le nombre de follicules préovulatoires dont le diamètre est supérieur à 1 mm ont été comptés sur chaque ovaire selon la technique citée par Lorenzo et al (1996), le taux d’ovulation est également estimé par le comptage des corps jaunes non hémorragiques.

Les deux cornes (n=42) utérines ont été séparées dans la zone vaginale au niveau des cervix, débarrassées de leurs graisses et longitudinalement fondues afin de mesurer les différents paramètres.

Le nombre de sites d’implantation a été noté dans les deux cornes utérines. Nous considérons comme site d’implantation toute trace d’implantation de l’embryon qu’il soit mort ou vivant lors de l’abattage. Le nombre d’embryons implantés = Le nombre de sites d’implantation.

Pour chaque femelle nous avons calculé :

La mortalité précoce = Taux d’ovulation – le nombre de sites d’implantation/ taux d’ovulation × 100

La mortalité tardive = Le nombre de fœtus morts / le nombre de sites d’implantation × 100

Analyse statistique

Les résultats obtenus ont été décrit par la moyenne et l’écart-type. Ils ont été soumis à une analyse de la variance à deux facteurs afin de déterminer l’effet de la DAG et de la parité, ainsi que les interactions éventuelles. Les analyses ont été effectuées à l’aide du programme Statview (Abacus Concepts, 1996, Inc., Berkeley, CA94704-1014, USA). Pour apprécier la relation entre les différentes variables, nous avons calculé le coefficient de régression linéaire (R) à l’aide du logiciel Microsoft Excel 2010.


Résultats

Classification des femelles en fonction de leur DAG

La classification des femelles en fonction de leur DAG moyenne est reportée dans le Tableau 1. La DAG moyenne chez les femelles utilisées dans le cas de notre expérimentation était de 20,09 ± 20 mm. 49% des femelles ont présenté une DAG supérieure à la DAG moyenne (20,27 ± 13 mm : 11 nullipares et 6 primipares) contre 51% avec une DAG inférieure à la DAG moyenne (10,93 ± 11mm : 4 nullipares et 15 primipares).

Tableau 1. Mesures de la distance ano-génitale (DAG) (moyenne ± écart-type)

 

Mesure 1 (mm)

Mesure 2 (mm)

Mesure 3 (mm)

Moyenne (mm)

DAGP (n=19) (N=4 ; P=15)

19,0 ± 02,6

20,7 ± 02,8

18,3 ± 01,8

19,3 ± 01,1

DAGG (n=18) (N=12 ; P=6)

22,9 ± 02,3

23,3 ± 02,4

21,7 ± 02,6

22,7 ± 01,3

DAGP : DAG petite ; DAGG : DAG grande ; N : nullipares ; P : Primipares.

Effet de la DAG sur le nombre de tétines par femelle

Le nombre de tétines par femelle était identique pour toutes les femelles et égal à 8.

Effet de la DAG et de la parité sur le marquage mentonnier et le comportement des femelles

L’effet de la parité et de la DAG sur le marquage mentonnier spontané et le comportement des femelles vis-à-vis des mâles lors de la saillie est représenté dans le Tableau 2 et illustré dans la Figure 1. Nos résultats montrent que les femelles avec une DAG grande marquent plus leur territoire comparées aux femelles avec une DAG petite (+21% ; p<0,05). Les femelles avec une DAG grande ont une tendance à être plus agressives que les femelles avec une DAG petite (29,41 vs 5,58%). L’activité de chevauchement est faible quelle que soit la DAG de la femelle. Par ailleurs, la réceptivité des femelles évaluée au moment de la présentation au mâle (acceptation ou refus de l’accouplement) est très comparable entre les deux groupes de femelles (82 vs 83%). L’effet de la parité a été significatif sur le nombre de marquages mentonniers et les femelles nullipares marquent plus leur territoire comparées aux femelles primipares (+ 11,74%, p<0,05). Il est à signaler que l’interaction entre la parité et la DAG est non significative dans le cas du marquage mentonnier (p>0,05).

Tableau 2: Effet de la DAG et de la parité sur le marquage mentonnier spontané chez les lapines (Moyenne ± écart-type)

 

DAGP (n=19)

DAGG (n=18)

Nullipares

(n=16)

Primipares

(n=21)

Effet parité

Effet DAG

Parité*DAG

Marquage mentonnier

19,36a

24,61b

23,5a

20,74b

*

*

NS

DAGP : Distance ano-génitale petite ; DAGG : Distance ano-génitale grande ; a, b, c ..: Sur la même ligne, les moyennes suivies de la même lettre ne sont pas significativement différentes (p<0,05) ; *p<0,05 ; **p<0,01 ; ***p<0,001 ; NS : non significatif (p>0,05)


Figure 1. Agressivité, chevauchement et taux de réceptivité par rapport à la DAG

Figure 2. Variation des nombres de réceptivité (positive) en fonction de la DAG (points rouges DAGP/ points bleus DAGG)
Effet de la DAG sur la réceptivité

Les résultats de la réceptivité positive observée pour chaque femelle trois fois par jour durant 7 jours, ont été regroupés en nombre total d’obervation de réceptivité positive par jour pour chaque lapine. Ces résultats sont représentés dans la Figure 2.

Cette figure fait ressortir une différence entre les nombres de réceptivité positive des deux groupes de DAG. En effet, le nombre de réceptivité des DAGP a tendance à être bas par rapport à celui de la DAGG. Afin de mieux mettre en évidence cette différence, ces résultats ont été transformés pour calculer un taux de réceptivité pour chaque lapine ; étant entendu qu’à chaque femelle correspond une DAG. Le taux de réceptivité pour chaque femelle (et donc chaque DAG) a été calculé en prenant le pourcentage d’observations de réceptivité positive totales (sur les 7 jours), par rapport au nombre possible maximal d’oberservations de réceptivité positive (3 observations x 7 jours = 21 observations). Les moyennes des taux de réceptivité positive des deux groupes de DAG (DAGG et DAGP), ont été calculées, et sont représentées dans la figure 3. Cette représentation par contre, montre que la moyenne des taux de réceptivité positive du groupe de DAGG est plus élevée que celle du groupe de DAGP (58,47% vs 28,17%).

Figure 3. Agressivité, chevauchement et taux de réceptivité par rapport à la DAG

Effet de la DAG et de la parité sur la fertilité des femelles et les composantes biologiques de la prolificité

Les résultats de cette étude montrent que la fertilité est influencée seulement par la parité de la femelle (Tableau 3). En effet, les femelles nullipares ont une fertilité significativement plus importante par rapport aux femelles primipares (81,25 vs 50% ; +38%, p<0,05). Contrairement au nombre des follicules préovulatoires et le taux d’ovulation, le poids moyen des ovaires a été significativement influencé par la parité de la femelle et la DAG (Tableau 5). En effet, ce dernier est significativement plus élevé chez les femelles primipares et celles présentant une DAG supérieure à la DAG moyenne. La mortalité embryonnaire précoce a été significativement plus importante chez les femelles nullipares (+26% ; p<0,05) et présentant une DAG grande (+43% ; p<0,05). De même, la mortalité embryonnaire tardive était significativement plus importante chez les femelles primipares comparées aux femelles nullipares (+46% ; p<0,05) et chez celles avec une DAG grande comparées aux femelles avec une DAG petite (+53% ; p<0,05).

Tableau 3. Effet de la DAG sur la fertilité des femelles

 

DAGP (n=18)

DAGG (n=18)

Nullipares(n=16)

Primipares(n=21)

Effet parité

EffetDAG

Parité * DAG

Fertilité

66,7%

55,6 %

81,3 %

50%

*

NS

NS

DAGP : Distance ano-génitale petite ; DAGG :  *p<0,05 ; NS : non significatif (p>0,05)


Tableau 4. Effet de la DAG sur la fertilité et les composantes biologiques de la prolificité (moyenne ± écart-type)

 

DAGP (n=11)

DAGG (n=10)

Nullipares(n=11)

Primipares(n=10)

Effet parité

Effet DAG

Parité * DAG

Fertilité

66,7%

55,5%

81,3%

50%

*

NS

NS

Le poids des ovaires

0,54±0,14

0,36±0,06

0,36±0,06

0,54±0,14

**

**

NS

Nombre de follicules préovulatoires

10,1±2,23

11,6±2,83

11,6±2,83

10,1±2,23

NS

NS

NS

Taux d’ovulation

8,5±3,59

8,72±1,61

8,72±1,61

8,5±3,59

NS

NS

NS

Mortalité embr. précoce (%)

9,42

16,6

14,6

10,9

*

*

NS

Mortalité embr. tardive (%)

3,44

7,35

3,78

6,98

*

*

NS

DAGP : Distance ano-génitale petite ; DAGG : Distance ano-génitale grande ;  *p<0,05 ; **p<0,01 ; NS : non significatif (p>0,05)


Discussion

Chez la femelle, plusieurs facteurs peuvent influencer les performances de reproduction, et ont été largement étudiés par les chercheurs. Parmi les facteurs affectant les performances de reproduction de la femelle ainsi que sa descendance, figure la position intra-utérine (PIU) des fœtus. Cette dernière a fait l’objet de plusieurs synthèses bibliographiques (Bryce 2002 et Vandenbergh 2002) qui ont montré ses effets sur les taux d’hormones circulant et le comportement animal. De plus, la PIU influence le développement des organes génitaux externes et plusieurs travaux ont mis en évidence l’existence d’une relation entre cette dernière et notamment la distance ano-génitale (DAG) de la femelle. Cependant, il est à signaler que la majorité des travaux de recherche sur la DAG ont été réalisés sur les animaux de laboratoire tels que les souris et les rats.

Dans cette optique s’inscrit notre travail et qui a pour objectif d’étudier chez la lapine, la relation entre la DAG et certains paramètres de reproduction (comportement sexuel, performances de reproduction et les principales composantes biologiques de la prolificité (taux d’ovulation et mortalité embryonnaire)).

Dans cette étude nous avons opté pour des femelles nullipares et primipares afin d’étudier la variation de la DAG entre ces deux premières parties. Aussi, les femelles de chaque parité avaient un poids et âge homogènes au moment de l’expérimentation afin d’éviter les variations de la DAG en fonction de ces deux derniers paramètres. En effet, plusieurs études ont monté que les souris et les rattes lourdes ont tendance à avoir une DGA plus grande que celles qui sont légères (Ryan et Vandenbergh 2002).

Les résultats concernant le marquage mentonnier spontané montrent que les femelles avec une DAG grande marquent plus leur territoire comparées aux femelles avec une DAG petite (+21% ; p<0,05). Nos résultats corroborent avec ceux rapportés par Hudson et Vodermayer (1992) qui montrent que les femelles avec une DAG grande marquent plus leur territoire par les glandes mentonnières que les femelles avec une petite DAG.

L’effet de la parité a été significatif sur le nombre de marquages mentonniers et les femelles nullipares marquent plus leur territoire comparées aux femelles primipares (+11,74%, p<0,05). De tels résultats sont liés à l’état physiologique des femelles nullipares (femelles en œstrus permanant). Plusieurs auteurs ont montré que le marquage mentonnier spontané augmente chez les femelles en œstrus et diminue d’une manière importante chez les femelles en gestation et en lactation (Soares et al 1982 ; González-Marisca et al 1990; Beyer et al 2007). Ces derniers suggèrent que le marquage mentonnier pourrait être utilisé par la femelle comme un moyen pour communiquer son statut reproductif.

Les femelles avec une DAG grande ont tendance à être plus agressives que les femelles avec une DAG petite (29,41 vs 5,58%). Nos résultats sont en accord avec les données de la littérature sur plusieurs espèces et qui rapportent que les femelles avec une DAG grande sont plus agressives et moins attractives aux mâles que les femelles avec une DAG petite (VomSaal et al 1989; Rines et al 1984; Rohde Parfet et al 1990).

Par ailleurs, les femelles réceptives présentent toujours une vulve rouge ou violette et très turgescente en comparaison avec les femelles non réceptives (vulve pâle et non turgescente) ce qui pourrait augmenter son volume et par conséquent la DAG. En effet, les femelles avec une DAG grande ont un taux de réceptivité plus élevé que les femelles avec une DAG petite. Ceci est en accord avec Dusek et al (2012) ont montré chez la souris que la DAG est influencée par le cycle oestrien de la femelle et les femelles en œstrus prestent la DAG la plus importante.

Les résultats de cette étude montrent que la fertilité est influencée seulement par la parité de la femelle. En effet, les femelles nullipares ont une fertilité significativement plus importante par rapport aux femelles primipares (81,25 vs 50% ; +38%, p<0,05). Les mêmes résultats ont été rapportés par Perrier et al (1998) indiquant que les femelles nullipares ont une réceptivité et une fertilité supérieures (plus de 70%) aux femelles primipares.

Le poids des ovaires est significativement plus élevé chez les femelles primipares et celles présentant une DAG supérieure à la DAG moyenne. L’évolution du poids des ovaires entre les deux premières parités a été déjà montrée chez les femelles de même origine par Belabbas et al (2011). Cependant, à notre connaissance aucune étude n’a évaluée l’effet de la DAG sur le poids des ovaires et en fonction de la parité de la femelle ce qui rend la discussion des résultats obtenus difficiles.

La prolificité des lapines au 12ème jour de la gestation était comparable entre les femelles avec une DAG grande et petite (5,1 vs 5,2). Cette dernière est légèrement inférieure à celle enregistrée à la mise bas et même au sevrage chez les femelles de même origine (6,1 nés vivants ; Zerrouki et al 2005). La mortalité précoce a été significativement plus importante chez les femelles nullipares (+26% ; p<0,05) et présentant une DAG grande (+43% ; p<0,05). De même, la mortalité tardive était significativement plus importante chez les femelles primipares comparées aux femelles nullipares (46% ; p<0,05) et chez celles avec une DAG grande comparées aux femelles avec une DAG petite (+53% ; p<0,05). L’effet de la parité de la femelle sur la mortalité embryonnaire a été bien étudie par Hulot et Matheron (1981). En effet, ces auteurs ont démontré que les mortalités précoce et tardive ont tendance à augmenter avec le numéro de la parité. La mortalité précoce augmente de 24 % à 31 % entre le stade nullipare et primipare puis à 38% au stade multipare. En revanche, la mortalité tardive présente une légère augmentation au cours des parités.

Par ailleurs, l’augmentation de la mortalité embryonnaire précoce et tardive chez les femelles avec une DAG grande pourrait être liée au statut hormonal de ces dernières. En effet, plusieurs études ont mis en évidence chez les femelles avec une DAG grande des taux élevés de testostérone au niveau sanguin (Van der Hoeven et al 1992) or cette hormone est connu pour son action directe sur la mortalité embryonnaire. En effet, l’augmentation de la testostérone chez la femelle gestante est à l’origine d’une augmentation de l’incidence des avortements et des résorptions embryonnaires. Cependant, le manque de moyens techniques nous a empêchés de réaliser le dosage de la testostérone.


Conclusion


Remercièments

Les auteurs de ce papier tiennent à remercier vivement Madame Zitouni Ghania, Chef de Département des monogastriques à l’Institut Techniques d’Elevage pour le soutien qu’elle a apporté à la conduite de ce travail, ainsi que le personnel de la Station Expérimentale de l’Institut des Sciences Vétérinaires.


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Received 24 December 2013; Accepted 11 January 2014; Published 4 February 2014

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