Livestock Research for Rural Development 22 (2) 2010 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Cette étude a été menée dans une ferme privée spécialisée en élevage bovin laitier. Les informations récoltées sont relatives à la conduite de l’alimentation, de la reproduction, de la santé, et de l’environnement. Ces données ont été traitées par Excel pour le calcul des moyennes et écart-types et statistica V.6 pour l’analyse de la variance pour les facteurs (parité, numéro de lactation, maladies, saison de vêlage et mode d’insémination).
Les résultats obtenus sur 86 vaches de race Prim’Holstein montrent un intervalle vêlage-insémination fécondante (V-IAf) = 158 ± 93,7 jours jugé trop long par rapport aux normes. Cet allongement est expliqué d’une part par l’intervalle vêlage- insémination 1ère (V-IA1) et d’autres par le critère nombre d’insémination /insémination fécondante (IA/IAf). Ces critères sont très liés entre eux (r = 0,40) pour les intervalles vêlage-insémination fécondante/vêlage-insémination 1ère (V-IAf/V-IA1) et (r = 0,69) pour les intervalles vêlage-insémination fécondante/insémination 1ère-insémination fécondante (V-IAf/IA1-IAf). L’analyse de la variance, bien que réalisée sur un faible échantillon, fait apparaître que les pathologies, principalement les mammites, les boiteries et celles relevant du post-partum, sont en partie responsables des échecs des inséminations.
Ce constat nous permet d’affirmer que la conduite de l’élevage et la reproduction dans cet élevage sont loin d’être maîtrisées ; elle est le reflet d’une situation qui caractérise l’ensemble du cheptel algérien.
Mots clés: bovin, fécondité, fertilité, saillie
This study has been led in a private farm specialized in dairy cows breeding. The collected data are related to the management of food, reproduction, health and environment. These data have been analysed with EXCEL to calculate the average and standard deviation, and STATISTICA V.6 for the variance analysis for the factors (parity, number of lactation, diseases, calving season and insemination method).
Results, obtained on 86 cows of Prim'Holstein races, show an interval
calving-impregnating insemination (V-IAf) =
158 ± 93,7
days considered too long when compared to standards. This extent is due, on one
hand, to the interval calving-first insemination (V-IA1), and on the criterion
number of insemination/impregnating insemination (IA/IAf) on the other hand.
These criterions are close to each other (r=0,40) for the intervals
calving-impregnating insemination/calving-first insemination (V-IAf/V-IA1) and
(r = 0,69) for the intervals calving-impregnating insemination/ first
insemination-impregnating insemination (V-IAf/IA1-IAf).
Even if the variance analysis has been performed on a low number of samples, it
shows that the pathologies, mainly those of teats, limping and the post-partum,
are partly responsible for the insemination failures.
Results from this study allow us to assert that cattle reproduction is far from
being under control. It reflects the situation that characterizes the whole
Algerian livestock.
Key-words: bovine, covering, fecundity, fertility
L’intérêt grandissant manifesté par tous les pays du monde à l’insémination artificielle est lié à ses avantages nombreux surtout génétiques et qui militent pour sa généralisation dans les élevages dans des conditions maîtrisées.
En Algérie l’insémination artificielle a été introduite à l’époque coloniale. Bien que très ancienne, son utilisation dans nos élevages est très limitée malgré les efforts et la maîtrise de la technologie par le CNIAAG. Son application très timide est souvent attribuée aux échecs répétés de la conception ; ainsi les taux de réussite rapportés en première insémination par divers auteurs restent encore très faibles, de l’ordre de 50% pour Ghozlane et al (2003) et moins de 30% pour Bouzebda et al (2006) ; ils sont presque comparables à ceux obtenus en Tunisie (40% pour Ben Salem et al 2007). Dans les pays à tradition d’élevage, les résultats ne sont qu’un peu meilleurs (en moyenne 57 ± 2 % après 2 inséminations en France selon Meyer 2008).
Les causes de ces mauvais résultats sont imputées à plusieurs facteurs, qui interfèrent entre eux, et sont parfois interdépendants et pas évidents à identifier.
Cette étude, menée dans une ferme à vocation bovine laitière, se propose donc de tenter d’identifier certains facteurs responsables des échecs des inséminations dans cette ferme.
Ce travail a été mené dans une ferme privée, située dans la commune de Chaaiba à 16 km du chef lieu de Tipaza. D’une superficie de 300 ha et avec un effectif de 140 vaches de race Prim’Holstein, cette exploitation a été choisie pour les raisons suivantes :
La ferme se trouve dans la plaine de la Mitidja, considérée comme l’un des bassins laitiers les plus importants d’Algérie.
L’importance de son effectif et sa vocation à tendance lait.
La taille de l’exploitation et la superficie consacrée aux fourrages (300ha de SAU dont 200ha de fourrage).
La disponibilité des informations, notamment celles relatives à la conduite de la reproduction du cheptel. Les données de production laitière et en l’absence de contrôle laitier ne semblent pas fiables.
Une longue tradition dans la pratique de l’insémination.
L’enquête a été effectuée sur la base d’un document comportant la recherche d’informations qualitatives et quantitatives sur l’ensemble des paramètres de conduite ayant un rapport avec les inséminations.
Les données ont été d’abord vérifiées avant d’être traitées, toute information erronée étant rejetée et n’étant pas prise en considération dans le calcul des différents critères.
Le traitement des informations a permis :
1-L’évaluation par Microsoft Office Excel des paramètres de fécondité et de fertilité. Ces derniers ont été conçus selon les recommandations de Champy et Loisel (1980).
2-Une analyse de la variance à un facteur réalisée pour chacun des paramètres de reproduction (V-IAf, V-IA1, IA1-IAf, IA/IAf, R) en fonction des facteurs étudiés (parité, fréquence des maladies, mode d’insémination, numéro de lactation, saison de vêlage). Cette analyse a été réalisée à l’aide du logiciel STATISTICA V.6 ANOVA.
Les données relatives à cette analyse ont concerné 86 vaches dont la reproduction est entièrement assurée par insémination artificielle.
Usuellement dans les bilans de reproduction, un nombre important de critères est utilisé pour décrire les performances annuelles d’un troupeau. Dans notre cas, les performances de reproduction ont été mesurées par l'étude de deux paramètres seulement à savoir la fécondité et la fertilité.
L’intervalle vêlage – insémination fécondante (V-IAf)
Les résultats consignés au tableau 1 montrent un intervalle V-IAf moyen de 158 jours, il varie de 25 à 492 jours, avec un écart-type de 93,7 jours. Plus de 62 % de vaches laitières ont été fécondées au-delà des 110 jours, alors qu’elles ne devraient pas dépasser les 25 %.
Tableau 1. Répartitions de l’Intervalle vêlage insémination fécondante |
||
Répartition |
Nbr de vaches |
% |
<40 jours |
4 |
4,6 |
40-80 jours |
16 |
18,6 |
80-110 jours |
12 |
13,9 |
>110 jours |
54 |
62,8 |
Total |
86 |
100 |
Moyenne et écart type, jours |
158 ± 93,7 |
Il est clair que ce délai de fécondation est trop long, il dépasse largement les normes préconisées par Cauty et Perrea (2003). Il est supérieur à ceux obtenus dans d’autres régions de l’Algérie par Ghozlane et al (2003) et en France par Kiers et al (2006).
L’intervalle vêlage – 1 ère insémination (V-IA1)
C’est le délai de mise en reproduction (tableau 2), il est en moyenne de 67,9 jours avec un écart-type de 34,5 jours. Il varie de 25 à 197 jours avec uniquement 17,4% des vaches dépassant les 90 jours.
Tableau 2. Répartition de l’intervalle vêlage - insémination 1ére |
||
Répartition |
Nbr de vaches |
% |
<40 jours |
13 |
15,1 |
40-70 jours |
41 |
47,7 |
70-90 jours |
17 |
19,7 |
>90 jours |
15 |
17,4 |
Total |
86 |
100 |
Moyenne et écart type, jours |
67,9 ± 34,5 |
Les résultats sont rapportés au tableau 3.
Tableau 3. Critères de fertilité |
|
Taux de réussite à l'IA1 (n = 16) |
18,6% |
% VL à 3IA (n = 47) |
54,6% |
Nombre d'IA pour une IAf |
3,1 |
Retards dus aux retours décalés (jours) |
45 ± 64,4 |
Seules 18,6% des vaches ont été gravides après la première insémination, alors que l’objectif fixé par l’ensemble des auteurs est de 60%. Même si les taux obtenus par les études signalées auparavant ne sont guère meilleurs, ce résultat reflète une mauvaise gestion de la reproduction et l’absence de politique bien définie en matière de reproduction du cheptel.
On considère qu’il y a infertilité dans un troupeau, lorsque plus de 15% des vaches nécessitent plus de 3 inséminations. C’est le cas pour 54,6% des vaches de notre troupeau. Cette situation a des conséquences économiques des plus désastreuses sur la trésorerie de l’exploitation, dans la mesure où le prix de la paillette de semence est très élevé, même si l’insémination est subventionnée en totalité par les pouvoirs publics et le nombre de jours ouverts coûte également cher car la vache continue à manger alors qu’elle n’est pas en gestation.
Ce rapport ne doit pas dépasser les normes estimées à 1,6. Notre échantillon présente 3,1. Cela est tout à fait logique au vu du pourcentage de vaches à 3IA et plus. Il est aussi très élevé comparativement à ceux des autres auteurs cités ci- dessus.
Ils sont calculés selon la formule suivante :
R= [(IA1 – IAf) – 21 X (nombre d’insémination – 1)]
Il doit être inférieur à 5 jours. Ce retard exprime d’une manière générale, le temps perdu pour non observation des retours en chaleur et le temps perdu suite à des avortements tardifs. Dans notre cas ce retard est des plus élevés, il est en moyenne de 45± 64,4 jours, ce qui allonge considérablement l’intervalle entre la première insémination et l’insémination fécondante.
En résumé on peut dire que les performances de reproduction de nos vaches laitières sont médiocres, loin d’être proches des objectifs habituellement préconisés.
La saison de vêlage intègre à la fois les disponibilités fourragères et la température. Elle a fait l’objet de plusieurs études ; son effet sur les paramètres de reproduction diffère selon les régions. En Tunisie (Ben Salem et al 2007) comme en France (Coutard et al 2007), les intervalles les plus courts sont obtenus pour des vêlages de printemps, alors que les vêlages d’hiver sont les plus pénalisants. En zone tropicale, Bidanel et al (1989) soulignent que les performances de reproduction sont très influencées par la saison, le taux de réussite à la saillie chute de 20 points en saison chaude et humide, cet effet de la saison est dû à la fois à des causes climatiques et alimentaires. En Algérie les travaux de Mouffok et al (2007) en milieu semi-aride setifien n’indiquent pas cet effet saisonnier.
Dans notre cas (tableau 4), l’analyse de la variance au seuil de P<0,05 ne montre aucune différence significative entre les saisons, bien que les intervalles obtenus après les vêlages de printemps semblent être plus propices à une meilleure fécondité.
Tableau 4. Variation des paramètres de reproduction selon la saison |
||||||
Saison |
Effectif |
V – IA1, jours |
V – IAf, jours |
IA/IAf |
IA1 – IAf, jours |
Retards, jours |
Automne |
n= 30 |
68,6 ± 42,2 |
172 ± 115,6 |
3,4 ± 2 |
104 ± 111,2 |
54 ± 76,4 |
Hiver |
n= 25 |
60,3 ± 21,7 |
141 ± 74,5 |
3 ± 1,7 |
80,2 ± 73,2 |
38,2 ± 64,3 |
Printemps |
n= 7 |
58,8 ± 34,1 |
132 ± 86,2 |
3,3 ± 2,4 |
72,7 ± 67,3 |
24,7± 35 |
Eté |
n= 24 |
77,4 ± 34,2 |
165 ± 83,6 |
2,9 ± 1,9 |
87,7 ± 66,7 |
46,6± 55,1 |
Notons par ailleurs que l’étendue des écarts-types est très large, cela se répercute évidemment sur la significativité du facteur étudié.
Contrairement à d’autres études, les résultats du tableau 5 ne montrent aucune différence significative au seuil de P<0 ,05 entre primipares et multipares.
Tableau 5. Variation des paramètres de reproduction selon la parité |
||||||
Parité |
Nb de vaches |
V – IA1, jours |
V – IAf, jours |
IA/IAf |
IA1 – IAf, jours |
Retards, jours |
Primipares |
n= 19 |
64,1±36,8 |
174±92,7 |
3,3±1,8 |
110±69,4 |
62,3±58,3 |
Multipares |
n= 60 |
69,6±34,8 |
151±96,5 |
3±2 |
81,8±92 |
38,7±64,1 |
Le mode d’insémination sur chaleur observée ou chaleur provoquée par des traitements a des effets significatifs sur les paramètres de reproduction. Les vaches inséminées sur chaleurs observées ont des intervalles plus courts et un indice coïtal moins élevé (tableau 6).
Tableau 6. Variation des paramètres de reproduction selon le mode d'insémination |
||||||
Mode d'IA |
Effectifs |
V – IA1, jours |
V – IAf, jours |
IA/IAf |
IA1 – IAf, jours |
Retards, jours |
IA sur Chaleurs observées |
n= 53 |
60,5±27,7a |
126±60,9 a |
2,79±1,7 |
65,1±56,6 a |
27,4±39a |
IA sur Chaleurs provoquées |
n= 26 |
84±43,1ab |
220±120 ab |
3,73±2,2 |
136±116 ab |
79±86,4 ab |
Sur une même colonne, les valeurs qui différent entre elles par au moins une lettre, sont statistiquement significatives à P<0,05. |
Bien que les traitements d’induction de l’œstrus dans notre troupeau se fassent au cas par cas, et uniquement en dernier ressort après plusieurs tentatives d’inséminations infructueuses. Ces traitements sont basés sur l’utilisation de progestagènes (PRID) ; la littérature et notamment les études de Grimard et al (2003) sur de grands lots d’animaux faisant appel à ce type de traitement a enregistré des faibles taux de gestation allant de 26 à 68%.
Les maladies observées dans le troupeau ont eu des répercussions très importantes sur les paramètres de reproduction, notamment sur V-IAf, IA1-IAf et l’indice coïtal (tableau 7).
Tableau 7. Variation des paramètres de reproduction selon la fréquence des maladies |
||||||
Nbr maladies |
Effectifs |
V-IA1, jours |
V-IAf, jours |
IA/IAf |
IA1-IAf, jours |
Retards, jours |
0 maladies |
n=24 |
61,4±32,5 |
119±69 a |
2,3 ±1,3a |
57,1±60,7 a |
31,7±43 |
1 maladie |
n=31 |
71,3±37,9 |
178±95,3ab |
4±2,1 ab |
107±90,3 ab |
57,3±74,9 |
2 maladies et + |
n=10 |
75,4±45,5 |
153±111 abc |
2,8±1,7 bc |
77,7±92,2 bc |
39,9±70,3 |
Sur une même colonne, les valeurs qui différent entre elles par au moins une lettre, sont statistiquement significatives à P<0,05. |
De très larges variations sont ainsi observées selon que les animaux sont indemnes de toutes maladies ou qu’ils ont contracté une ou plusieurs maladies. On note à ce sujet des différences allant jusqu'à 50% pour l’intervalle séparant la première insémination et l’insémination fécondante et de plus de 30% pour V-IAf.
Rappelons que 50% des vaches ont présenté au moins une maladie. Ce sont essentiellement les mammites qui sont les plus fréquentes (53,5%) suivies des boiteries (4,6%) et des métrites (2,3%) (figure 1).
Figure 1. Répartition en pourcentage de la fréquence des maladies |
Ces mammites sont signalées dans 67% des cas avant la première insémination engendrant un intervalle V-IAf de 186,3 ± 96,7 j (figure 2).
Figure 2. Intervalle V-IAf en fonction de l’apparition des mammites |
Les travaux de Tenhag (2001) au Canada ont montré que la période d'attente avant la première insémination a été beaucoup plus longue dans le groupe atteint de mammite, les visites de l'inséminateur plus nombreuses et le nombre de jours « avant fécondation » plus élevé comparativement au second groupe de vaches indemnes de mammite.
En l’absence d’informations sur le niveau de production, l’analyse de la variance a porté sur le numéro de lactation. A cet effet le rang de lactation n’engendre pas de variation des paramètres de reproduction (tableau 8), ceci peut être expliqué par les effectifs de vaches réduits et inégaux entre numéros de lactation.
Tableau 8. Variations des paramètres de reproduction selon le numéro de lactation |
||||||
N° lactation |
Effectifs |
V-IA1, jours |
V-IAf, jours |
IA/IAf |
IA1-IAf, jours |
Retards, jours |
1 |
n= 19 |
64,1±36,8 |
174±92,7 |
3,3±1,7 |
110±69,4 |
62,3±58,3 |
2 |
n= 24 |
62,3±26,1 |
113±70,1 |
2,5±1,9 |
50,9±63,5 |
19,4±34,9 |
3 |
n= 11 |
72,1±44,4 |
197±126 |
4,1±1,7 |
125±109 |
59,9±90,2 |
4 |
n= 4 |
65,7±22,4 |
162±65,3 |
4,5±2,6 |
96±64,2 |
22,5±33,8 |
5 |
n= 7 |
87±55,1 |
228±100 |
3,6±1,7 |
141±132 |
87±104 |
6 |
n= 9 |
69,1±22,8 |
148±107,7 |
2,5±2,3 |
79,1±98,9 |
46,4±56,6 |
7 |
n= 4 |
64,5±37,5 |
118±54,6 |
2,5±1,7 |
53,5±74 |
22±38,1 |
La littérature a par contre identifié le rang de lactation comme facteur important de la variation des performances de reproduction. Boichard (2000) souligne que la fertilité se dégrade rapidement avec le rang de lactation (-2% par lactation environ). Cet auteur prédit même des dégradations annuelles des performances d’au moins –0,3 % de réussite à l’IA et de + 0,4 jour d’intervalle mise bas 1 ère IA.
Les résultats obtenus lors de cette étude, nous permettent de tirer quelques enseignements quant à la gestion de la reproduction des vaches laitières de la ferme étudiée.
L’analyse des critères de reproduction a montré que l’intervalle vêlage – insémination fécondante est largement au-dessus des normes admises ; cela s’est traduit par un intervalle vêlage – vêlage dépassant l’année. Cet intervalle est tributaire d’une part de l’intervalle V- IA1 et d’autre part du nombre d’inséminations pour une IA fécondante
L’appréciation de la fertilité au niveau de cet élevage montre des résultats médiocres, en effet ce paramètre est mesuré par le TRIA1 et le nombre de vaches à 3IA et plus.
L’évaluation des différents paramètres de reproduction a révélé que l’infécondité est due à des faibles taux de conception et à un nombre élevé d’inséminations par gestation ce qui a engendré un allongement de l’intervalle IA1-IAf.
L’infertilité de ce troupeau résulte principalement de la mauvaise détection des chaleurs et du moment d’insémination par rapport à celle-ci. Un autre facteur non moins important peut être aussi suspecté à savoir la nutrition essentiellement au cours de la période de tarissement et de celle allant du tarissement à la mise en reproduction.
Il existe aussi un pourcentage important d’inséminations effectuées à moins de 40 jours après vêlage ; cela a provoqué sans doute des mortalités embryonnaires tardives ; ceci est à mettre sur le compte de la technicité du personnel de l’exploitation.
L’analyse de la variance, bien que réalisée sur un faible échantillon, fait apparaître que les pathologies, principalement les mammites, les boiteries et celles relevant du post-partum, sont en partie responsables des échecs des inséminations.
Les facteurs d’environnement (climat et type de stabulation) et surtout l’hygiène des locaux et du matériel de traite ne sont pas à écarter non plus.
Enfin, la mauvaise gestion de la reproduction est aussi à l’origine de ces faibles performances ; elle est clairement mise en évidence par une mauvaise politique de réforme, de mise à la reproduction, de contrôle de gestation et de détection des chaleurs.
Ce constat nous permet d’affirmer que la reproduction dans cet élevage est loin d’être maîtrisée ; elle est le reflet d’une situation qui caractérise l’ensemble du cheptel algérien.
L’amélioration de l’efficacité reproductive du cheptel bovin et particulièrement laitier passe nécessairement par des actions coordonnées entre éleveurs, ingénieurs zootechniciens et vétérinaires. Ces actions se résument en :
Une amélioration de la détection des chaleurs.
Un enregistrement régulier de toutes les observations liées à la reproduction.
Un contrôle systématique et précoce de la gestation.
Une hygiène particulière des locaux et du matériel de traite.
Un dépistage précoce et rapide des différentes affections.
Les traitements des pathologies particulièrement post-partum.
Un rationnement adapté au stade physiologique des vaches,
Le respect des conditions d’insémination (femelles en bon état, sans stress, ni trop jeunes, ni trop vieilles, plus de 40 jours après vêlage, bon moment par rapport aux chaleurs),
Le respect de la technique d’insémination (éviter les chocs thermiques, etc.).
Ce travail a été réalisé sur une seule exploitation avec un effectif très réduit ; nous restons prudents quant à l’interprétation de ces résultats. Beaucoup de facteurs évoqués dans la littérature n’ont pas été analysés par exemple le niveau de production laitière, le niveau alimentaire, la température, la qualité de la semence, etc., dont les relations avec la réussite des inséminations méritent aussi d’être étudiées dans le contexte algérien.
Ben Salem M, Bouraoui R et Chebbi I 2007 Tendances et identification des facteurs de variation des paramètres de reproduction chez la vache laitière en Tunisie. 14èmes Rencontres de la Recherche sur les Ruminants, paris, page 371 http://www.journees3r.fr/IMG/pdf/2007_09_reproduction_05_BenSalem.pdf
Bidanel JP, Matheron G et Xande A 1989 Production laitière et performances de reproduction d’un troupeau bovin laitier en Guadeloupe INRA Productions animales 2(5), 335-342. http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/1989/Prod_Anim_1989_2_5_05.pdf
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Bouzebda F, Guellati M A et Grain F 2006 Evaluation des paramètres de la gestion de la reproduction dans un élevage du nord est algérien. Sciences et Technologie C– N°24, 13-16.
Cauty I et Perrea J M 2003 La conduite du troupeau laitier. Edition France agricole, 288 pages.
Champy R et Loisel J 1980 Comment situer et gérer la fécondité d’un troupeau laitier. Edition ITEB France. 36pages.
Coutard J P, Menard M, Benoteau G, Lucas F, Henry J M, Chaigneau F et Raimbault B 2007 Reproduction des troupeaux allaitant dans les Pays de la Loire : Facteurs de variation des performances. 14èmes Rencontres de la Recherche sur les Ruminants, Paris, 359-362. http://www.journees3r.fr/IMG/pdf/2007_09_reproduction_02_Coutard.pdf
Ghozlane F, Yakhlef H et Yaici S 2003 Performances de reproduction et de production laitière des bovins laitiers en Algérie. Annales INA, Volume 24 N°1 et 2. http://www.webreview.dz/IMG/pdf/Ghozlane.pdf
Grimard B, Humblot P, Ponter AA, Chastant S, Constant F et Mialot JP 2003 Efficacité des traitements de synchronisation des chaleurs chez les bovins. INRA Productions animales 16(3), 211-227. http://granit.jouy.inra.fr/productions-animales/2003/Prod_Anim_2003_16_3_05.pdf
Kiers A, Berthelot X et Picard-Hagen N 2006 Analyse des résultats de reproduction d’élevages bovins laitiers suivis avec le logiciel VETOEXPERT. Bulletin GTV N°36, 85-91.
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Mouffok C, Madani T et Yakhlef H 2007 Variations saisonnières des performances de reproduction chez la vache Montbéliarde dans le semi-aride algérien. 14èmes Rencontres de la Recherche sur les Ruminants, paris. page 378. http://www.journees3r.fr/IMG/pdf/2007_09_reproduction_12_Mouffok.pdf
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Received 29 October 2009; Accepted 19 December 2009; Published 7 February 2010