Livestock Research for Rural Development 18 (1) 2006 Guidelines to authors LRRD News

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Performance et rentabilité économique de l'incorporation des quatre fourrages de qualité pauvre dans des rations d'engraissement des moutons Maures

H Nantoumé, C H T Diarra et D Traoré

Centre Régional de Recherche Agronomique de Samé, BP 281 Kayes, République du Mali
hamidou.nantoume@ier.ml


Résumé

Deux essais ont été conduits pour déterminer les performances bouchères et la rentabilité économique de l'engraissement des moutons.

Le premier essai a porté sur l'engraissement en station. Vingt huit béliers entiers ont été déparasités, vaccinés et repartis en quatre lots de sept têtes. Chaque lot de moutons a été soumis au hasard à une des 4 rations composées de fourrages pauvres et de tourteau de coton. Les fourrages pauvres utilisés ont été la paille de brousse (PB), fane d’arachide (FA), paille de sorgho (PS) y la paille de maïs (PM), respectivement. Les moutons ont été alimentés individuellement en trois repas. Les quantités d'aliments ingérés ont été déterminées. Les béliers ont été pesés à l'arrivée, en fin de période d'adaptation et une fois tous les quinze jours pour évaluer les variations de poids. Après une période d'adaptation de 10 jours, les moutons ont été engraissés pendant 84 jours. Des échantillons de tous les aliments offerts et des reliquats ont été prélevés quotidiennement pour les analyses de laboratoire. Les données sur le gain moyen quotidien (GMQ), l'ingestion de matière sèche (MSI) et l'indice de consommation (MSI/GMQ) des différents lots ont été traitées par l'analyse de variance en utilisant la randomisation totale. La séparation des moyennes a été faite par le test de Duncan. Les gains de poids ont eté 98, 192, 132 and 142 pour PB, FA, PS et PM (g/j) et l'indice de consommation a été 11.3, 7.76., 9.47 et 9.98,  respectivement. Le bénéfice net a été 4396, 9413, 5136 et 3196 F.CFA par animal embouché,  respectivement.

Le deuxième essai, celui de la digestibilité in vivo a été conduit en utilisant seize moutons Maures soumis aux rations utilisées dans le premier essai. Il n'y avait aucune différence dans les coefficients digestibility parmi les quatre régimes évalués dans les moutons. Le meilleur fourrage de cette étude est celle constituée de fane d'arachide.

Mots clés: digestibilité, engraissement, gain moyen quotidien, ingestion, moutons, rentabilité économique



Performance and profitability of incorporating four poor quality forages in the fattening rations of Maure sheep

Abstract

Two trials were conducted to determine the animal performance and the economic profit of fattening sheep.

The first trial was a fattening one conducted on station. Twenty-eight intact rams were wormed, vaccinated and divided into 4 groups of seven heads each. Each group of rams received randomly one ration formulated on the basis of poor roughages and cottonseed meal. The poor roughages used were  bush straw (BS), groundnut hay (GH), sorghum straw (SS) and  maize straw (MS).  The sheep were fed individually three times daily. Feed intake was determined. Animals were weighed at the arrival, at the end of the adaptation period and at every fifteen days to evaluate the weight changes. After an adaptation period of 10 days, the sheep were fattened during 84 days. Samples of all the feeds and orts were taken daily for laboratory analyses. Data on the average daily gain (ADG), dry matter intake (DMI) and feed conversion ratio (DMI/ADG) of the treatments were analyzed using the randomized complete design. Mean separation was performed using the Duncan's test. Average weight   gains were 98, 192, 132 and 142 for BN, GN, SS and MS, respectively.  Feed conversion ratios were  11.3, 7.76, 9.47 and 9.98 and the net profits 4396, 9413, 5136 and 3196, F.CFA per animal fattened, respectively, for BH, GH, SS and MS.

The second trial, an in vivo digestibility trial was conducted using sixteen Maure rams fed the rations used in the first trial. Coefficients of digestibility did not differ among the diets.  The best forage from this study is the one composed of groundnut hay.

Keywords: average daily gain, cottonseed meal, digestibility, dry matter intake, economic profit, fattening, poor roughages, sheep


Introduction

Avec un effectif de 20 400 000 de têtes (MDR/CPS 2001), les petits ruminants tiennent une place importante dans la couverture des besoins nationaux en viande du Mali. Le mouton joue un rôle socio-économique très important et sa demande s'accroît à l'approche des fêtes religieuses. L'engraissement du mouton est de plus en plus répandu et les coûts d'alimentation demeurent toujours élevés. Les rations utilisées sont le plus souvent composées de fourrages pauvres, de fanes de légumineuses, de résidus de cuisine et de sous-produits agro-industriels.

Au Mali, plusieurs essais d'alimentation ont été effectués dans le cadre de l'embouche ovine paysanne et en embouche moderne. A la lumière de cette analyse bibliographique, il apparaît la non disponibilité de données suffisantes sur les caractéristiques techniques d'embouche et la rentabilité économique d'où la nécessité d'entreprendre des études d'engraissement afin d'améliorer la performance de l'opération par des solutions qui pourraient être proposées aux producteurs. L'objectif général est d'améliorer la production de la viande ovine et les revenus des producteurs. Les objectifs spécifiques sont d'évaluer les performances pondérales des ovins et la rentabilité économique par l'incorporation du mil dans les rations alimentaires.


Matériel et méthodes

Deux essais ont été conduits: un essai d'engraissement et un autre de digestibilité in vivo.

Essai d'engraissement

L'essai a été mené au Centre Régional de Recherche Agronomique de Kayes à Samé. Vingt huit béliers entiers de race maure ont été achetés à la foire de Troungoumbé. Ces moutons ont été pesés à leur arrivée, déparasités, vaccinés et repartis en quatre lots de 7 têtes chacun. Les animaux pesaient en moyenne 39,1 kg pour le premier lot (PB), 39,2 kg pour le second (FA), 40,3 kg pour le troisième (PS)  et 39,3 kg pour le quatrième (PM). Les quatre rations ont été composées comme l'indique le tableau 1.

Tableau 1. Composition des rations distribuées aux moutons pendant l’essai d’engraissement

Ingrédients, matière brute

PB

FA

DS

PM

Paille de brousse

39

-

-

-

Fane d’arachide

-

47

-

-

Paille de sorgho

-

-

28

-

Paille de maïs

-

-

-

22

Tourteau de coton

50

45

51

50

Mil

11

8

21

28

Pierre KNZ rouge

à volonté

à volonté

à volonté

à volonté

La valeur nutritive des rations, calculée à partir des données de la littérature (Nantoumé et al 2000) pour les fourrages, (Kassambara 1983) pour le tourteau et (Rivière 1991) pour le mil) est présentée dans le tableau 2.

Tableau 2. Valeur nutritive (littérature) des rations utilisées pendant l’essai d’engraissement.

Éléments

MS*, kg

UF** /kg MS

MAD***, g/kg MS

Ration PB

1,00

0,92

210

Ration FA

1,00

0,92

212

Ration PS

1,00

0,91

220

Ration PM

1,00

0,91

221

* matière sèche, ** unité fourragère, *** matières azotées digestibles.

Chaque lot de moutons a été soumis au hasard à une des rations (traitements) ci-dessus. Les moutons ont été alimentés individuellement en trois repas. Le premier repas, le mil a été distribué à 9h00. Le second repas, le tourteau de coton a été distribué à 12h00 après la collecte des refus de mil. Le troisième repas constitué de grossier (paille de brousse, paille de sorgho ou de maïs hachée et fane d'arachide) a été distribué à 16h00 après la collecte des refus de tourteau de coton. La ration totale initiale a été calculée sur la base de 2,5% du poids vif de l'animal et a été ajustée si nécessaire tous les 2 jours, au seuil de 15% de refus. Les quantités d'aliments offertes et leur reliquat ont été pesés pour déterminer les quantités ingérées. Les moutons ont été abreuvés deux fois par jour (8h45 et 14h45) et avaient libre accès à la pierre à lécher KNZ rouge (Composition: NaCl 99%, Mg 0,2%, Fe 3000 ppm, Mn 830 ppm, Zn 810 ppm, Cu 220 ppm, I 50 ppm, Co 18 ppm) . Les animaux ont été pesés au début de l'essai et une fois tous les quinze jours pour évaluer les gains de poids.

L'essai d'engraissement a duré 94 jours dont 10 jours d'adaptation aux conditions environnementales et 84 jours d'embouche proprement dite. Des échantillons de tous les aliments offerts (paille de brousse, paille de maïs, paille de sorgho, fane d'arachide, tourteau de coton, mil) et de leurs reliquats ont été prélevés quotidiennement durant toute la période d'engraissement. En fin d'essai, ces échantillons ont été bien mélangés, puis un sous échantillon a été prélevé pour les analyses bromatologiques (matière sèche, cendres, énergie totale, N total et cellulose). Les moutons ont été vendus sur la base de 925 F.CFA par kilogramme de poids vif.

Les données sur le gain moyen quotidien (GMQ), l'ingestion de matière sèche (MS) d'aliments et l'indice de consommation (MSI/GMQ) des différents traitements ont été soumises à une analyse de variance en utilisant la randomisation totale de SAS (2000). La séparation des moyennes a été faite par le test de Duncan. La méthode des mesures répétée du SAS (2000) a été utilisée pour une appréciation de la durée de l'engraissement sur le gain moyen quotidien.

Essai de digestibilité in vivo

Au cours de l'essai d'engraissement, pour mieux comparer les différents traitements, un essai de digestibilité in vivo des rations a été conduit par la collecte totale des fèces à l'aide des culottes. Après une période d'adaptation de 15 jours aux conditions expérimentales, les animaux ont été alimentés pendant une semaine pour déterminer l'ingestion volontaire de chaque ration. Après cette phase, les moutons ont reçu une quantité constante d'aliment (celle obtenue au cours de la mesure de l'ingestion volontaire) au cours de la période de collecte totale de fèces. Pendant la période de collecte totale de fèces de 7 jours, des mesures individuelles des quantités d'aliment ingérées et des reliquats et des quantités journalières de fèces excrétées ont été effectuées. Des échantillons de fèces ont été prélevés quotidiennement et congelés dans un réfrigérateur pendant la semaine de collecte de fèces. En fin de période, les échantillons ont été dégelés. D'autres échantillons de fèces ont été constitués pour chaque mouton sur la base de 10% de la production fécale journalière. Ces échantillons ont été mélangés soigneusement et un sous-échantillon a été prélevé par animal pour les analyses de laboratoire. Ces analyses ont porté sur la matière sèche, les cendres, l'azote total, l'énergie et la cellulose brute. Les digestibilités de la matière sèche, de la matière organique et de l'azote total ont été déterminées par la formule

d = I- F/I*100

où:   d = digestibilité,
        I = ingéré et
        F = fèces.


Résultats

Composition et valeur nutritive des rations ingérées par les moutons

Comme l'indique le tableau 3, les proportions des ingrédients dans les 4 rations ingérées sont proches de celles des rations proposées (tableau 1). Pour le tourteau de coton, à l'exception de la ration PB, les proportions ingérées sont inférieures à celles initialement proposées. Quant au mil, au niveau de toutes les rations, les proportions ingérées sont légèrement supérieures à celles proposées au tableau 1. L'ingestion énergétique et protéinique de la ration ingérée est plus élevée pour le traitement 2 comme l'indique le tableau 3.

Tableau 3. Caractéristiques des rations ingérées par les moutons pendant l’engraissement

Éléments

PB

FA

DS

PM

Ingrédients

 

 

 

 

     Paille de brousse

377 g (33,8%)

-

-

-

     Fane d’arachide 

-

704 g (47,2%)

-

-

     Paille de sorgho

-

-

358 g (28,7%)

-

     Paille de maïs

-

-

-

279 g (21,9%)

    Tourteau de coton

597 g (53,6%)

649 g (43,5%)

583 g (46,7%)

584 g (45,9%)

    Mil

140 g (12,6%)

138 g (9,3%)

308 g (24,6%)

410 g (32,2%)

Valeur nutritive

 

 

 

 

    ED* (kcal)

1,04

1,36

1,13

1,16

    MAD (g)**

251,27

311,79

257,07

264,63

Performance des moutons engraissés

Les effets de la ration sur les variations de poids, l'ingestion de matière sèche et l'indice de consommation (quantité de matière sèche ingérée par unité de gain moyen quotidien) sont présentés au tableau 4. Les GMQ obtenus avec les 4 rations sont différents (P<0,05). Le meilleur GMQ a été obtenu avec la ration FA. Les rations PS et PM ont donné des gains de poids semblables.  Le plus faible GMQ a été obtenu avec la ration PB.

Tableau 4. Effets de la ration sur le poids, l’ingestion d’aliments et l’indice de consommation

Éléments

PB

FA

DS

PM

Poids initial, kg

39,1

39,2

40,3

39,3

Poids final, kg

47,4

55,4

51,4

51,2

GMQ* g/tête

98 c

192 a

132 b

142 b

Ingestion, g MS/ tête

1114 c

1492 a

1249 b

1273 b

Indice de consommation

11,34 a

7,76 c

9,47 ab

9,98 ab

* gain moyen quotidien ; a, b, c:
Les chiffres de la même ligne, suivis de lettres différentes sont différents au seuil de 5%.

Pour mieux apprécier l'effet de la durée de l'engraissement sur le gain quotidien moyen, les mesures de GMQ obtenues au cours des 6 périodes de 14 jours de durée d'engraissement ont été analysées par SAS (2000) en utilisant la méthode des mesures répétées et présentées en figure 1. Il apparaît de cette analyse qu'à l'exception du GMQ de la 5e période, tous les autres gains sont plus élevés que celui de la dernière période (P<0,05).

Figure 1. Gain moyen quotidien en fonction de la durée de l'engraissement

La matière sèche ingérée (MSI) par les 4 lots a été différente (P<0,05). L'ingestion la plus élevée a été obtenue avec le lot FA où les animaux ont ingéré 1492 g/j. Viennent ensuite les lots PS et PM qui ont une ingestion semblable. La plus faible ingestion a été avec les moutons du lot PB.

La quantité d'aliment nécessaire pour réaliser une unité de gain (MSI/GMQ) ou efficience de conversion ou indice de consommation a varié (P<0,05) avec le traitement. Ce paramètre est plus faible (P<0,05) pour le lot FA avec 8,0. L'indice de consommation le plus élevé est obtenu avec le lot PB avec 11,3. Les lots PS et PM ont des indices intermédiaires 9,5 et 10,0 respectivement.

Digestibilité des nutriments des rations

La digestibilité de la matière sèche, des protéines brutes (N*6,25), de la cellulose, de la matière organique, et de l'énergie est présentée dans le tableau 5. Les digestibilités de tous les éléments (matière sèche, protéines, cellulose, matière organique et énergie) ne sont pas différentes (P>0,05) malgré quelques différences numériques observées entre les moyennes.

Tableau 5. Digestibilité des éléments des rations ingérées par les moutons en engraissement.

Digestibilité

PB

FA

DS

PM

Matière sèche, %

70,71 a

71,90 a

69,14 a

74,82 a

Protéines, %

82,20 a

81,99 a

78,50 a

83,59 a

Cellulose, %

73,79 a

71,08 a

70,04 a

72.89 a

Matière organique, %

73,25 a

75,23 a

72,18 a

78,70 a

Energie, %

70,33 a

72,49 a

63,72 a

71,95 a

a, : Les chiffres de la même ligne, suivis de lettres différentes sont différents au seuil de 5%.

Rentabilité économique de l'embouche

L'analyse de la rentabilité économique de l'opération d'engraissement est présentée dans le tableau 6. Les 4 traitements ont des charges totales voisines variant de 39 409 à 44 177 F CFA. Le produit brut issu de la vente des moutons engraissés a varié de 43 805 à 51 205 F CFA. Le bénéfice net a varié de  3196 à 9413 F CFA.

Tableau 6.  Analyse de la rentabilité économique de l’embouche ovine (Francs CFA)

Postes de dépenses/Rations

Ration 1

Ration 2

Ration 3

Ration 4

Prix d’achat des animaux

27 950

27 950

27 950

27 950

Transport des moutons

1200

1200

1200

1200

Coûts d’alimentation

6959

9342

9919

11727

Coûts des soins vétérinaires

1300

1300

1300

1300

Coûts de main d’œuvre

750

750

750

750

Amortissement des matériels

1250

1250

1250

1250

Charges totales

39 409

41 792

42 369

44 177

Vente des moutons

43 805

51 205

47 505

47.373

Bénéfice net

4 396

9 413

5 136

3 196


Discussion

La composition de la ration et l'ordre de distribution des aliments ont une influence sur le faciès microbien du rumen et par conséquent sur l'utilisation digestive des rations. Les rations ont été distribuées en 3 repas pour mieux apprécier les ingérés de chacun des 3 ingrédients (fourrages, tourteau de coton et mil). L'idéal serait de faire un mélange homogène des 3 ingrédients pour constituer les différentes rations. Cela étant difficilement réalisable dans les conditions de cet essai où la quantité et la qualité du refus sont à évaluer. La solution a été de distribuer le mil d'abord, puis le tourteau et enfin le fourrage.

Le rumen représente un système de fermentation continue, favorable à la prolifération d'une population dense et active de l'ordre de 105-106 protozoaires et de 1010 bactéries par ml (INRA 1978). Le faciès de la population microbienne peut varier sous l'effet de plusieurs facteurs dont la composition de la ration alimentaire. Le facteur le plus important qui modifie l'utilisation digestive d'une ration dans le rumen est le faciès microbien. Cependant, la digestion et l'absorption dans l'abomasum et l'intestin grêle sont aussi importantes parce que les lipides, les protéines, les vitamines, beaucoup de minéraux et même certains glucides qui échappent à la dégradation ruminale sont rendus disponibles à l'animal grâce à cette voie (Church 1988).

Le faciès microbien peut être modifié soit par la ration soit par apport de microorganismes. La modification du faciès par la distribution d'une ration nécessite une période d'adaptation d'une à deux semaines. La distribution d'une ration donnée peut modifier la composition de la microflore du rumen composée principalement de bactéries (1010) et de protozoaires (105) par ml. Par exemple, le fourrage, riche en composés cellulosiques favorise le développement des bactéries cellulolytiques. De même, l'ingestion de mil favorise le développement des bactéries amylolytiques et le tourteau celui des protéolytiques.

L'apport de microorganismes peut modifier immédiatement le faciès microbien et par conséquent l'utilisation digestive d'une ration ou même de réduire les effets néfastes d'un aliment donné. Par exemple l'utilisation du Leucaena leucocephala comme aliment des chèvres rencontrait des problèmes à cause de la présence d'un acide aminé toxique, la mimosine. Cependant, les chèvres de Hawaï étaient nourries de Leucaena sans aucun problème. Des expériences ont montré que l'infusion du fluide de rumen des chèvres de Hawaï avec celui d'Australie remédiait aux effets toxiques et tous les animaux traités ont commençaient à manger la plante dans les heures qui suivaient (Jones and Magarrity 1986).

D'autres facteurs tels que la disponibilité d'énergie adéquate, le traitement de l'aliment de sorte qu'il échappe à la dégradation ruminale pour être digéré dans l'intestion grêle, la concentration en nutriments peuvent modifier l'utilisation digestive des aliments.

La digestibilité et l'utilisation digestive des rations ne semblent pas être significativement perturbées au cours de cet essai où l'intervalle de distribution du premier repas au dernier repas n'est que de 7 heures, et cela après une période d'adaptation de 10 jours. De plus, les fourrages ont été distribués en dernière position et restaient disponibles pour une plus longue période à cause de leurs proportions élevées en composés cellulosiques qui nécessitent un plus long séjour dans le tractus digestif pour être digérés et utilisés. Le temps de séjour moyen varie de 1,5 j pour la jeune herbe de printemps à plus de 5 jours pour les pailles (INRA 1978).

Le problème de disparité entre les proportions proposées d'ingrédients et les proportions ingérées est très fréquent dans les essais d'alimentation utilisant plusieurs ingrédients sans un mélange homogène complet. Il s'explique surtout par la préférence de l'animal pour un aliment par rapport à un autre, même s'il est généralement admis que les animaux mangent pour satisfaire leur besoin. Plusieurs facteurs interviennent et contribuent à la préférence d'un aliment par rapport à un autre. Cette préférence est définie selon Marten (1978) comme étant les caractéristiques qui provoquent un choix proportionnel entre 2 ou plusieurs aliments conditionnés par les facteurs de l'aliment, de l'animal et de l'environnement qui stimulent une réponse d'ingestion sélective par l'animal. Cette préférence est influencée par la composition chimique, la morphologie, les traits physiques, la succulence, la maturité, la disponibilité et la forme de l'aliment.

Les GMQ obtenus au cours de cette étude sont comparables à certains résultats de la littérature (Dehoux and Hounsou-Vé 1991; Bourzat et al 1987; Thys 1989; Amegee 1984, Nantoumé et al 2001, Nantoumé et al 2002). Dehoux and Hounsou-Vé G (1991) rapportent un GMQ de 106 et 118 g pour les moutons djallonké et Foulani âgés de 14 à 20 mois en cinq semaines d'engraissement avec une ration composée de céréales (mil et maïs), de graines de coton et de fourrages frais. Le potentiel de croissance des moutons de race Mossi et Peul a été évalué au Burkina Faso avec 4 essais d'alimentation intensive par Bourzat et al (1987). Les GMQ étaient compris entre 73 et 133 g. Une autre expérimentation conduite par Thys (1989) dans laquelle des béliers ont été nourris exclusivement avec des coques de coton et un aliment composé de 95% de tourteau de coton a donné un GMQ de 122 g. De jeunes béliers entiers de race Vogan (croisé Djiallonké * Sahélien) âgés de 3 à 12 mois ont reçu deux types de rations d'engraissement. Le premier type de rations était une complémentation du pâturage naturel avec des sous-produits agro-industriels et le second était un aliment complet dosant 17,7% de MAT. Les animaux complémentés ont réalisé des GMQ de 129, 168 et 207 g pour les animaux âgés de 12,5-14,5 mois, 5-8 mois et 3-5 mois respectivement puis de 231,7 g pour ceux nourris au concentré (Amegee 1984). Nantoumé et al (2001) ont obtenu des gains de poids variant entre 113 et 200 g par jour. En 2002 les gains de poids obtenus avec des moutons Maures ont varié de 100 à 124 g par jour (Nantoumé et al 2002).

L'ingestion a été plus élevée pour la ration FA malgré le caractère iso calorique et iso protéinique des 4 rations. Des facteurs importants tels que la qualité des protéines (solubilité, composition), la nature du fourrage (composés cellulosiques, succulence, palatabilité) et la composition chimique du grossier expliqueraient entre autres, la plus grande ingestion de la ration contenant la fane d'arachide.

L'indice de consommation a varié de 7,8 à 11,3 de gain de poids. Nantoumé et al (2001) rapportent un indice de consommation proche de 6,6 à 9,6 de gain de poids.

L'analyse économique des résultats montre que toutes les rations testées sont économiquement rentables. La ration FA ayant permis un GMQ de 192 g est la plus économiquement rentable avec un bénéfice net de 9 413 F.CFA. Le bénéfice le plus bas a été obtenu avec la ration PM qui a permis un bénéfice net de 3196 F.CFA.


Conclusion


Références

Amegee Y 1984 Le mouton de Vogan (croisé Djallonké x Sahélien) au Togo. III. Performances d'engraissement et rendement des carcasses. Revue d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 37:97-106.

Bourzat D, Bonkoungou E, Richard D and Sanfo R 1987 Essai d'intensification de la production animale en zone soudano-sahélienne : Alimentation intensive de jeunes ovins dans le nord du Burkina. Revue d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 40:151-156.

ChurchDC1988 The ruminant animal: Digestive physiology and nutrition. Prentice Hall, Englewood Cliffs, New Jersey 07632. 564p.

Dehoux J and Hounsou-Vé G 1991 Essai préliminaire d'embouche intensive de béliers Fulani et Djallonké à base de céréales (mil et maïs) et de graine de coton, au nord-est du Bénin. Tropicultura 9:151-154.

INRA 1978 Alimentation des ruminants. Versailles, Route de Saint-Cyr, 597p.

Jones R J and Magarrity R G 1986 Successful transfer of DHP-degrading bacteria from Hawaiian goats to Australian ruminants to overcome the toxicity of Leucaena. Australian Veterinary Journal 63:259-262.

Kassambara I 1983 Contribution à l'étude de la valeur alimentaire des sous-produits agro-industriels utilisés dans l'alimentation des ruminants au Mali. Thèse de Docteur-Ingénieur, Université de Pierre et Marie Curie, Paris VI, 96p.

Marten G C 1978 The animal-plant complex in forage palatability phenomena. Journal of Animal Science 465:1470-1477.

MDR/CPS 2001 Recueil des statistiques du secteur rural malien. Ministère du développement rural. Cellule de la planification et de la statistique. Décembre 2001.

Nantoumé H, Kouriba A, Togola D and Ouologuem B 2000 Mesure de la valeur alimentaire des fourrages et sous-produits utilisés dans l'alimentation des petits ruminants. Revue d'Élevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux 53:279-284.

Nantoumé, H, Diarra C H T and Traoré D 2001 Mise au point de rations alimentaires économiques pour l'engraissement des petits ruminants. Comité de Programme 2001.

Nantoumé, H, Diarra C H T and Traoré D 2002 Mise au point de rations alimentaires économiques pour l'engraissement des petits ruminants. Comité de Programme 2002.

Rivière R 1991 Manuel d'alimentation des animaux domestiques en milieu tropical. Institut d'Élevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux. République Française, Ministère de la coopération. 525 p.

SAS 2000 SAS User's Guide. Statistics. SAS Institute Inc. Cary, New York.

Thys E 1989 L'utilisation du tourteau de coton et des coques de coton à haute dose dans l'alimentation de béliers de l'Extrême Nord Cameroun. Observations préliminaires. Tropicultura 7:132-136.


Received 21 September 2005; Accepted 7 October 2005; Published 18 January 2006

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