Livestock Research for Rural Development 17 (3) 2005 Guidelines to authors LRRD News

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Composition chimique et effet de la supplémentation avec Calliandra calothyrsus et Leucaena leucocephala sur la production laitière et la croissance des chevreaux nains de Guinée

E Tedonkeng Pamo, B Boukila *, F A Fonteh, F Tendonkeng et J R Kana

Département des Productions Animales, FASA, Université de Dschang,  PO Box 222 Dschang, Cameroun
pamo_te@yahoo.fr / pamo-te@excite.com
* Institut National Supérieur d'Agronomie et de Biotechnologie (INSAB),
Université des Sciences et Techniques de Masuku, B.P. 941. Gabon

Résumé

Une évaluation de la composition chimique et de l'effet de la supplémentation avec les feuilles fraîches de Calliandra Calothyrsus et de Leucaena Leucocephala dans les proportions 1:1 sur la production laitière et la croissance des chevreaux nains de Guinée jusqu'au sevrage a été conduite de Septembre 2001 à Avril 2002 à la Ferme d'Application et de Recherche (FAR) de l'Université de Dschang dans l'Ouest-Cameroun. 24 chèvres naines de Guinée pesant en moyenne 16,7 ± 3,4 kg et âgées d'environ 2 ans ont été reparties en 2 lots de 12 chèvres chacun. Le lot supplémenté recevait 400g de feuilles de Leucaena leucocephala /animal/j et 400g feuille de Calliandra calothyrsus /animal/j tandis que, le lot témoin n'en recevait pas. Les échantillons des principaux fourrages consommés par les chèvres ont été analysés tous les mois pour suivre l'évolution de leur valeur nutritive. L'évaluation de la production laitière a été effectuée tous les 7 jours à partir de la mise bas, de même que la croissance pondérale des chèvres et des chevreaux.

Des résultats de cette étude, il apparaît que la valeur nutritive des fourrages diminue au fur et à mesure que la saison sèche avance. Les feuilles fraiches de Brachiaria ruziziensis étaient riches en hémicellulose (362,7 ± 67,0 g/kg MS) en saison pluvieuse. Celles de Trypsacum laxum présentait des teneurs en cellulose élevées sur les deux saisons. Les feuilles fraîches de Leucaena leucocephala était plus riche en protéines (248,8 ± 12,7 g/kg MS et 264,7 ± 26,7 g/kg MS respectivement pendant la saison et pluvieuse) que celles de Calliandra calothyrsus (199,7 ± 25,7 g/kg MS et 210,9 ± 37,4 g/kg MS MS respectivement pendant la saison sèche et pluvieuse). La production laitière des chèvres du lot supplémenté était significativement supérieure (P<0,05) à celle des chèvres du lot témoin (361 ± 93,0 g/j et 185 ± 48,3 g/j en moyenne respectivement). La croissance des chevreaux du lot supplémenté était significativement supérieure (p<0,05) à celle des chevreaux du lot témoin; les gains moyens quotidiens étaient respectivement de 54,7 ± 31,3 g et 29,0 ± 14,8 g.

Il apparait donc que les feuilles fraîches de Calliandra calothyrsus et Leucaena leucocephala ont permis de doubler la production laitière pendant cette période et d'améliorer de façon significative la croissance des chevreaux nains de Guinée.

Mots Clés: Calliandra calothyrsus, Chèvres, croissance, Leucaena leucocephala, production laitière, supplémentation.


Chemical composition and effect of supplementation with the leaves of Calliandra calothyrsus and Leucaena leucocephala on the milk production and growth of kids of West African dwarf goats

Abstract

An evaluation of the chemical composition and the effect of supplementation with the fresh leaves of Calliandra calothyrsus and Leucaena leucocephala on the milk production and growth of kids from birth until weaning was conducted from September 2001 to April 2002 in Dschang University Experimental Farm in West Cameroon. 24 West African Dwarf goats weighing io average 16.7 ± 3.4 kg and aged about 2 years were used. These goats was divided in 2 groups of 12 animals each and  the first group (supplemented group) received 400 g/animal/day of fresh leaves of Leucaena leucocephala and 400 g/animal/day of fresh leaves of Calliandra calothyrsus whereas the control group was not receiving any supplement. The samples of the main forages consumed by goats were analysed every month to monitor their nutritive value. An estimation of the milk production were carried out every week from kidding as well as the growth of goats and kids.

From the results of this study, it appears that the nutritive value of the forage decreased from the rainy to the dry season. The leaves of Brachiaria ruziziensis were rich in hemicellulose (363 ± 67.0 g/kg DM) during the rainy season. Those of Trypsacum laxum were rich in cellulose during both dry and rainy seasons. The protein content of the leaves of Leucaena leucocephala (249 ± 12.7 g/kg DM and 265 ± 26.7 g/kg DM during dry and rainy season respectively) was higher than that of the leaves of Calliandra calothyrsus (200 ± 25.7 g/kg DM and 211 ± 37.4 g/kg DM during dry and rainy season, respectively). The milk production of the supplemented group was significantly higher than that of the control group (361 ± 93.0 g/d and 185 ± 48.3, respectively). The growth of the kids of the supplemented group was significantly higher than that of the control group. The mean daily weight gain was respectively 54.7 ± 31.3 g and 29.0 ± 14.8 g.

It appears that the fresh leaves of Calliandra calothyrsus and Leucaena leucocephala can double the milk production and also improve the growth of West African dwarf  kids.

Key words: Calliandra calothyrsus, goats, growth, Leucaena leucocephala, milk production, supplementation.


Introduction

Au Cameroun, l'élevage des petits ruminants est une activité largement pratiquée en zone rurale et la présence de ces animaux dans bon nombre de ménages se justifie par leur importance socio-économique et culturelle (Pamo et Tankou 2000; Pamo et al 2001). Toutefois, la forte pression démographique dans certaines régions comme l'Ouest Cameroun rend presque inexistantes les zones de pâturage dans certaines communautés, d'où la difficulté de satisfaire les besoins nutritionnels des petits ruminants en général et de l'espèce caprine en particulier (Pamo et al 2001; Pamo et al 2004a). Ces animaux sont donc généralement mal nourris, ce qui explique leur faible productivité (Pamo et al 2004b). Pour pallier ce problème, la supplémentation protéique de la ration de base constituée pour l'essentiel des graminées devient une nécessité (Pamo et al 2001; 2002; 2004b). Cette supplémentation améliore la digestibilité des fourrages et augmente le niveau d'ingestion volontaire, permettant ainsi de limiter les pertes de poids chez l'animal surtout pendant la saison sèche (Rivière 1991; Pamo et Tankou 2000; Pamo et al 2002).

La supplémentation protéique peut se faire avec les sous-produits agro-industriels. Mais compte tenu du coût élevé de ces sous-produits, un accent particulier est de plus en plus porté sur l'utilisation des légumineuses fourragères comme supplément protéique. A cet effet, les études menées à l'Université de Dschang et ses environs ont montré que 400 g de feuilles fraîches de Leucaena leucocephala permettaientt de maintenir la croissance des chèvres tout en minimisant les effets négatifs dus à la mimosine (Pamo et al 2004b). De même, 380 g de feuilles fraîches de Calliandra calothyrsus permettent aux chèvres de gagner du poids, même en saison sèche, période au cours de laquelle les déficits alimentaires sont les plus importants (Pamo et Tankou 2000; Pamo et al 2001; 2002). Cependant, l'effet de ces plantes sur les performances laitières des chèvres et au-delà, sur la croissance des chevreaux avant sevrage, restait jusqu'ici inconnu. C'est pour pallier ces lacunes que, le présent travail a été entrepris à l'Université de Dschang avec l'assistance de l'Agence International de l'Energie Atomique (AIEA). L'objectif principal était donc d'évaluer l'effet de la supplémentation avec les feuilles fraîches de Calliandra calothyrsus et de Leucaena leucocephala dans les proportion 1:1 sur la production laitière et la croissance des chevreaux nains de Guinée avant sevrage.


Matériel et méthodes

Milieu d'étude

L'étude s'est déroulée de Septembre 2001 à Avril 2002 à la Ferme d'Application et de recherche (FAR) de l'Université de Dschang, située à 5° 26' de latitude Nord, à 10° 26' de longitude Est et à une altitude d'environ 1420 m dans l'Ouest-Cameroun. Le climat de la région est de type Camerounien d'altitude. Les précipitations varient entre 1500-2000 mm, et les températures entre 20 et 25°C. La saison sèche va de la mi-Novembre à la mi-Mars et le reste la saison des pluies. La végétation originelle de la région était une savane arbustive avec par endroit des forêts galeries.

Matériel animal

Vingt quatre chèvres provenant des marchés locaux ont été reparties en 2 lots de douze chèvres chacun. Leur poids moyen était de 16,73 ± 3,47 kg au moment de la répartition des lots et leurs âges, déterminés par leur dentition étaient d'environ 2 ans (Corcy 1991). Les parcours sur lesquels pâturaient ces animaux étaient principalement dominés par Brachiaria ruziziensis et, les feuilles fraîches dePennisetum purpureum et de Tripsacum Laxum étaient quotidiennement coupées et servis aux animaux sur parcours et dans les loges.

Logement et protection sanitaire

Quatre loges (4x4 m) dans un bâtiment sur pilotis construit en planche servaient de logement pour les animaux.

Avant le début de l'essai, tous les animaux ont été vaccinés contre la Peste des Petits Ruminants (PPR). Une couverture d'antibiotiques à l'oxytétracycline longue action (1ml/10kg de poids vif par animal et par voie intra musculaire) et au Peni-Strepto400 (0,5ml/10kg de poids vif par animal pendant 3 jours par voie intramusculaire), a été administrée à chaque animal. Les animaux ont également reçu une solution de multivitamine (anti-stress, 5ml en intramusculaire/animal pendant 3 jours). Un déparasitage interne à l'aide du Levamisole 10% (1ml/10kg de poids vif par animal par mois) et externe à l'aide du Cypermethrim 10% (1ml/10 litres d'eau ) dans un bain détiqueur ont été également réalisé.

Conduite de l'essai

Pendant toute la durée de l'expérimentation, les chèvres étaient conduites au pâturage tous les matins entre 9-10 heures et rentraient dans leurs loges à 16 heures. L'essai a commencé par une période de croisement de 2 mois (Septembre et Octobre 2001) au terme de laquelle les animaux ont été repartis en deux lots de poids et d'âge équivalents: le premier lot (témoin) ne recevait pas de supplément tandis que le second lot (supplémenté), recevait chaque soir au retour du pâturage un mélange 400g de feuilles de Calliandra calothyrsus et 400g de feuilles de Leucaena leucocephala par animal. Ces feuilles étaient récoltées tous les matins sur les parcelles expérimentales de la FAR, puis fanées à température ambiante pendant toute la journée avant d'être servies aux animaux le soir à leur retour des pâturages. Les feuilles de Pennisetum purpureum et de Trypsacum laxum ainsi que de l'eau et du sel étaient également servis aux animaux sur parcours et dans les loges.

Collecte des données

Les échantillons de 100 g de feuilles de Trypsacum laxum, Pennisetum purpureum, Brachiaria ruziziensis, Calliandra calothyrsus et Leucaena leucocephala ont été récoltés tous les mois et transportés au laboratoire de Nutrition Animale où ils ont été séchés dans une étuve de marque Gallencamp à 60°C jusqu'à poids constant, écrasés et conservés pour l'analyse de la composition chimique.

Les restes de supplément servis chaque soir était collecté chaque matin et pesé à l'aide d'une balance électrique de portée 60 ± 0,01 kg pour évaluer l'ingestion.

Pour l'évaluation de la croissance pondérale, les chèvres et chevreaux étaient pesés toutes les semaines (sept jours) de la mise bas au sevrage à l'aide de la balance précédente.

L'évaluation de la production laitière a été effectuée par la méthode de la double pesée telle que décrit par Ouedraogo et al (2000).

Analyses de laboratoire

La matière sèche (MS) a été déterminée en séchant les échantillons pendant une nuit à 100oC, les cendres en calcinant à 500oC pendant 6 heures et la teneur en lipide a été déterminée selon la procédure de Soxhlet (AOAC 1990). Les fibres (NDF, ADF, ADL) ont été déterminées par la méthode de Van Soest et al (1991). Les différences entrent le NDF et l'ADF ont été désignée comme hemicellulose et, entre l'ADF et l'ADL comme la cellulose. Le dosage du phosphore a été réalisé en utilisant le réactif du nitro-vanado-molybdate (AOAC 1990). L'azote (N) a été déterminée par la méthode de Kjeldahl et, les protéines brutes ont été calculées en multipliant la teneur en azote par 6,25 (AOAC 1990).

Analyses statistiques

La composition chimique des fourrages, la production laitière et les données pondérales ont été soumises à l'analyse de variance. Lorsque les différences existaient entre les traitements, les moyennes ont été séparées par la méthode de la plus petite différence significative (Steel et Torrie 1980).


Résultats et discussion

Composition chimique

Le tableau 1 présente la composition chimique des principales graminées utilisées dans la ration de base des chèvres aucours de l'essai.

Tableau 1: Composition chimique des feuilles de Trypsacum laxum, Pennisetum purpureum et Brachiaria ruziziensis en fonction de la saison (SD en g/kg de MS)

 

Composition chimique, g/kg de M.S

MO

PB

L.T

  NDF

ADF

ADL

H-cell

Cell

Cen

P

 

Saison sèche (n = 4)

Trypsacum laxum

809,4
±23,6 a

169,5
±57,1 a

32,5
±6,5 a

802,6
±26,9 a

496,6
±8,6 a

136,0
±8,7 c

306,0
±27,8 a

359,7
±5,4 a

107,1
±13,1 b

1,2
±0,4 c

Pennisetum Purpurum

790,9
±29,9 a

124,1
±40,2 b

36,9
±10,8a

793,6
±28,3 a

486,0
±78,3 a

160,0
±25,6 b

308,8
±75,3 a

318,7
±85,5 ab

121,3
±27,6 a

1,4
±0,4 bc

Brachiaria ruziziensis

855,7
±5,7 a

78,8
±21,1 c

29,6
±7,8 a

759,9
±22,8 a

485,5
±23,1 a

180,3
±28,3 a

274,4
±21,8
a

305,2
±30,8 b

105,3
±26,4 b

2,0
±0,4 a

Saison pluvieuse (n = 3)

Trypsacum laxum

846,3
±23,6 a

138,6
±22,5 a

36,3
±1,6 a

796,0
±47,5 a

490,4
±47,4 a

113,7
±17,0 c

305,5
±0,7 bc

377,7
±65,9 a

81,7
±5,7 c

1,0
±0,2 c

Pennisetum pupureum

766,8
±49,8 a

137,5
±60,1 a

27,8
±17,9a

752,6
±29,6 b

473,8
±70,0 a

168,3
±22,9 a

278,7
±78,8 c

305,5
±79,4 b

153,6
±34,5 a

2,0
0,7 b

Brachiaria ruziziensis

781,6
±23,8 a

151,7
±29,2 a

36,6
±11,5a

705,0
±38,9 c

342,3
±44,0 b

146,3
±15,5 b

362,7
±67,0
a

195,9
±59,3 c

128,0
±9,8 b

2,7
±0,6 a

a b c: Les moyennes dans les mêmes colonnes et dans la même saison portant les mêmes lettres ne sont pas significativement différence au seuil de 5%

Il en ressort que les teneurs en matière organique (MO) et lipide total (LT) n'étaient pas statistiquement différentes (P<0,05) chez les 3 espèces quelque soit la saison. Les teneurs en protéines brutes (PB) observées chez les graminées pendant la saison pluvieuse, étaient comparables. Pendant la saison sèche, la teneur en protéine chez Trypsacum laxum était significativement (P<0,05) supérieure à celle observée chez Pennisetum purpureum laquelle était statistiquement supérieure (P<0,05) à celle de Brachiaria ruziziensis. On remarquait en outre que la richesse en protéines brutes augmentait chez Pennisetum purpureum et Brachiaria ruziziensis au cours de la saison pluvieuse. En saison des pluies, Trypsacum laxum présentait une teneur en NDF significativement supérieure (P<0,05) à celles des 2 autres graminées. Les teneurs en ADF étaient comparables (P>0,05) chez Trypsacum laxum et Pennisetum purpureum durant la saison pluvieuse, mais supérieures à celle de Brachiaria ruziziensis. Pendant la saison sèche, Brachiaria ruziziensis présentait une teneur en ADL significativement supérieure (P<0,05) à celles des 2 autres espèces. Au cours de la saison pluvieuse, Pennisetum purpureum présentait une teneur en ADL significativement supérieure à celles de Trypsacum laxum et Brachiaria ruziziensis. Durant la saison pluvieuse, Brachiaria ruziziensis présentait une teneur en hémicellulose significativement supérieure (P<0,05) à celles des 2 autres espèces; En saison des pluies, la teneur en cellulose observée chez Trypsacum laxum était significativement supérieure (P<0,05) à celle observée chez Pennisetum purpureum et Brachiaria ruziziensis. Quelque soit la saison, la teneur en phosphore de Brachiaria ruziziensis était statistiquement supérieure à celles de Trypsacum laxum et Pennisetum purpureum.

Les résultats de l'analyse de la composition chimique des légumineuses utilisées comme supplément de la ration de base sont consignés dans le tableau 2.

Tableau 2: Composition chimique des feuilles de Calliandra calothysus et Leucaena leucocephala en fonction de la saison  (SD en g/kg de MS)

 

Composition chimique, g/kg de M.S

MO

PB

L.T

NDF

ADF

ADL

H-cell

Cell

Cen

P

 

Saison sèche (n = 4)

Calliandra calothyrsus

864,5
 ±22,4 a

199,7
±25,7 b

29,8
±6,8 a

573,2
±30,9 a

406,1
±44,7 a

193,8
±32,2 a

167,1
±20,3 a

212,3
±15,0 a

55,1
±16,3 a

1,2
±0,1 a

Leucaena Leucocephala

841,1
±45,6 a

248,8
±12,7 a

40,5
±7,0 a

536,7
±30,9 a

300,9
±11,8 b

175,4
±19,5 a

235,7
±50,6 b

125,5
±1
9,2 b

77,2
±6,7 a

1,4
±0,6 a

Saison des pluies  (n = 3)

Calliandra calothyrsus

857,4
±23,7 a

210,9
±37,4 b

45,3
±2,0 a

549,4
±54,6 a

347,4
±23,6 a

152,3
±35,3 a

202,0
±54,3 a

195,1
±21,3 a

58,8
±11,4 a

1,3
±0,1 b

Leucaena

Leucocephala

837,2
±16,9 a

264,7
±26,7 a

50,9
±16,0 a

500,6
±58,9 a

235,8
±5,4 b

142,1
±14,3 a

264,8
±53,5 b

93,6
±1
9,7 b

65,3
±6,5 a

1,8
±0,1 a

ab : Les moyennes dans les mêmes colonnes et dans la même saison portant les mêmes lettres ne sont pas significativement différence au seuil de 5%

On y remarque que les teneurs en MO, LT, NDF, ADL et cendres étaient comparables (P>0,05) entre les 2 espèces, aussi bien en saison sèche qu'en saison pluvieuse. Sur les 2 saisons on observe que les teneurs en proteines brutes de Leucaena leucocephala étaient statistiquement supérieures (P<0,05) à celles de Calliandra calothyrsus tandis que les teneurs en ADF de Calliandra calothyrsus étaient significativement supérieures (P<0,05) à celles de Leucaena leucocephala. Aussi bien en saison pluvieuse qu'en saison sèche Leucaena leucocephala présentait des teneurs en hémicellulose significativement supérieures (P<0,05) à celles de Calliandra calothyrsus, tandis que Calliandra calothyrsus était statistiquement plus riche en cellulose. Les teneurs en P de ces 2 espèces étaient comparables en saison sèche, mais celle de Leucaena leucocephala était significativement supérieure (P<0,05) à celle de Calliandra calothyrsus en saison pluvieuse.

Consommation du supplément

Sur l'ensemble de l'essai la consommation moyenne des suppléments par les chèvres était de 779,8 ± 26,1 g de feuilles fraiche, soit environ 246,8±28,3 g de matière sèche par animal et jour. Le taux d'ingestion moyen du supplément était de 97,5 ± 3,3%.

Production laitière

La figure 1 présente l'évolution de la production laitière des chèvres de la mise bas au sevrage.

Figure 1. Production laitière des chèvres en fonction de la période (semaine)

L'évolution de la production laitière est assez semblable chez les 2 groupes d'animaux. En effet, on observe une production croissante les premières semaines pour atteindre un pic de production de 266±36,7 g/j chez les chèvres du lot témoin et, 513 ± 39 g/j chez les chèvres du lot supplémenté respectivement à la 2ème et 3ème semaines. Une diminution régulière est ensuite observée jusqu'au sevrage. La production laitière des chèvres du lot supplémenté était significativement supérieure (P<0,05) à celle du lot témoin pendant les 3 mois de lactation. Elle était en moyenne de 361 ± 93,0 g/j chez les chèvres du lot supplémenté contre 185 ± 48,5 g/j chez les chèvres du lot témoin: soit des productions totales respectives de 30,3 kg et 15,4 kg par animal.

Croissance pondérale

Les résultats de la croissance pondérale des chèvres de la mise bas au sevrage sont illustrés par la figure 2. Le poids à la mise bas des chèvres du lot supplémenté était significativement supérieure (p<0,05) à celui des chèvres du lot témoin.

Figure 2. Influence de la supplémentation  sur l’évolution pondérale des chèvres en lactation

Pendant les 12 semaines qui ont fait suite à la mise bas, la croissance pondérale des chèvres a évolué de manière semblable dans les 2 lots. On a observé une réduction régulière du poids des animaux jusqu'à la 11ème semaine de l'essai et, un début de regain de poids à la 12ème semaine. Cependant, la différence entre les poids des chèvres du lot supplémenté et celle des chèvres du lot témoin n'était pas statistiquement significative (p>0,05).

La figure 3 présente l'évolution de la croissance pondérale des chevreaux de la naissance au sevrage. Les courbes de la croissance pondérale des chevreaux ont une évolution assez régulière dans les différents lots.

Figure 3. Influence de la supplémentation sur la croissance pondérale des chevreaux.

Le poids des chevreaux du lot supplémenté à la naissance était significativement supérieur (p<0,05) à celui des chevreaux du lot témoin (1,3 ± 0,2 kg contre 1,0 ± 0,1 kg respectivement). La croissance des chevreaux du lot supplémenté a été plus rapide et significativement plus élevée (p<0,05) que celle des chevreaux du lot témoin. On observait également une croissance plus rapide des mâles par rapport aux femelles bien que, leur poids à la naissance ait été comparable (p>0,05) (1,3±0,3 kg et 1,1±0,2 kg respectivement). Le poids au sevrage était de 2,6±0,5 kg, 4,3±0,8 kg, 4,0±0,9 kg et 3,2±0,7 kg respectivement pour les chevreaux du lot témoin, du lot supplémenté, des mâles et des femelles.

Les gains moyens quotidiens (GMQ) des chevreaux de la naissance au sevrage (tableau 3) ont évolué en dents de scie.

Tableau 3. GMQ (g) et gains totaux (kg) des chevreaux en fonction du régime, du sexe et de la période

 

Période (7 jours)

0-14

14-28

28-42

42-56

56-70

70-84

0-84

Gain total

Témoin

47,1

32,8

20,0

5,7

21,28

28,5

27,2

2,28

Lot supplémenté

97,1

78,5

58,5

22,8

28,6

21,7

51,3

4,30

Mâles

85,7

70,0

55,7

20,0

14,2

25,7

48,4

4,06

Femelles

67,1

48,5

30,0

10,0

18,5

14,2

36,1

4,03

A trois mois on constate que le GMQ des chevreaux du lot supplémenté était supérieur à celui des chevreaux du lot témoin et, les GMQ des mâles étaient également supérieurs à celui des femelles (54,7 ± 31,3 g, 29,0 ± 14,8 g, 36,1±16,9 g et 48,4±29,4 g respectivement). Les gains totaux au sevrage étaient de 3,56 ± 0,46 kg pour les chevreaux du lot témoin et 5,95 ± 0,45 kg pour les chevreaux du lot supplémenté.


Discussion

Les résultats de l'analyse de la composition chimique des fourrages servis montrent chez les graminées que les teneurs en MO et lipides n'étaient pas significativement différentes sur les deux saisons. Les teneurs en protéines brutes observées chez Trypsacum laxum étaient comparables à celles observées par Vancoppenolle (1988) pendant la saison pluvieuse, mais supérieures aux résultas de ce même auteur en saison sèche. Les taux de protéines observés chez Pennisetum purpureum étaient supérieurs à ceux de Boudet (1975) et Vancoppenolle (1988). Les valeurs en protéines brutes de Brachiaria ruziziensis étaient inférieures à celles de Vancoppenolle (1988) pendant la saison sèche, mais comparables aux résultats de cet auteur en saison de pluies et pendant la période de montaison. Cette variation peut être liée à la saison et au stade végétatif de la plante. Les résultats de la teneur en hémicelluloses observées pendant la saison sèche chez les graminées concordent avec les observations de Wolfgang et Walters-Bayer (1999). Les graminées constituent la principale source d'énergie des pâturages tropicaux.

L'analyse de la composition chimique des feuilles de Calliandra calothyrsus et Leucaena leucocephala montre que ces deux espèces avaient des teneurs en M.O, lipides, NDF, ADL, cendres comparables aussi bien en saison pluvieuse qu'en saison sèche. Les teneurs en cendres étaient comparables à celle de Salahu et al (1997) mais supérieures à celles de Robertson (1988) et Ahn (1990). Les teneurs en cendres de Leucaena leucocephala étaient supérieurs à ceux de Robertson (1988) et Goodchild (1990). Sur les deux saisons, Leucaena leucocephala était plus riche en protéines que Calliandra calothyrsus. Ces légumineuses représentent une précieuse source d'azote pour le bétail dans cette région où les pâturages naturels sont en majorité constitués de graminées pauvres en protéines (Pamo et al 2001; Pamo et al 2004b). Malgré sa teneur moyenne en protéines, Calliandra calothyrsus garde son importance du fait qu'elle contribue à réduire la proportion de Leucaena leucocephala dans la ration de l'animal, minimisant l'effet antinutritionnel de la mimosine. La teneur en protéines brutes de Calliandra calothyrsus étaient supérieurs à ceux de Ahn (1990), Salahu et al (1997) et comparables à ceux de Robertson (1988). Les teneurs en protéines de Leucaena leucocephala étaient comparables à celles de Van Eys et al (1986), Robertson (1988) et Goodchild (1990).

Le taux d'ingestion obtenu sur l'ensemble de la période de l'essai était de 97,5 ± 3,3%. Il était de 26% supérieur à celui obtenu par Pamo et al (2004b) (72,1 ± 8,0%). Cette forte ingestion de Calliandra calothyrsus et de Leucaena leucocephala peut être attribuée aussi bien à l'état physiologique des chèvres qu'à l'état des parcours, surtout en saison sèche, période au cours de laquelle la faible valeur nutritive des parcours était manifeste.

Le fait que la courbe de lactation entame sa phase descendante à partir de la deuxième semaine chez les chèvres du lot témoin alors qu'à cette même période, elle reste ascendante chez les chèvres du lot supplémenté semble traduire l'effet bénéfique de la supplémentation sur la production laitière des chèvres. Ces performances laitière des chèvres obtenu sur les 84 prémiers jours sont inférieures à celles obtenues par Farina (1989), Cissé et al (1993) et Ouedraogo et al (2000). Cette différence peut être attribué à l'espèce à la race ou au genotype (Morand-Fehr et Sauvant 1980; Gall 1981; Greyling et al 2004).

A la mise bas, la différence observée entre les poids des chèvres supplémentées et celui des chèvres non supplémentées était significative (p<0,05). Ces résultats concordent avec ceux de Jabbar et al (1997). L'amélioration de l'éfficacité d'utilisation du fourrage à travers la supplémentation au Calliandra et Leucaena est donc non seulement économique mais permet également au niveau de l'animal une meilleure utilisation des fourrages de base et, d'assurer ainsi la couverture des besoins nutritionnels. On à observé après la mise bas une chute de poids jusqu'à la fin de l'essai, aussi bien chez les chèvres supplémentées que chez les chèvres non supplémentées mais, cette réduction était moins marquée chez les animaux des lots supplémentés. Cette observation est en contradiction avec celle de Ouedraogo et al (2000) selon laquelle le regain de poids apparaît chez les chèvres allaitantes lors de la phase descendance de la courbe de lactation. La différence observée dans notre étude pourrait s'expliquer par la forte détérioration du disponible alimentaire sur les doubles plans quantitatif et qualitatif pendant la saison sèche; ceci aurait eu pour conséquence d'emmener les chèvres à utiliser leurs réserves corporelles pour assurer la lactation (Greyling et al 2004). Le niveau de la production laitière (30,3 kg et 15,4 kg respectivement), laisse penser que l'importante consommation du supplément associé à la relative bonne valeur énergetique des fourrages de base aurait contribué pour beaucoup à l'accroissement de la production laitière des chèvres du lot supplémenté.

La croissance des chevreaux des animaux du lot supplémenté avaient une croissance plus rapide (P< 0,05) que ceux des animaux du lot témoin. De même, les mâles grandissaient plus vites (p<0,05) que les femelles. Le gain de poids total au sevrage chez les chevreaux des animaux du lot supplémenté (5,9 ± 0,4 kg) était supérieur à ceux obtenus par Ouedraogo et al (2000) et Farina (1989). Tout ceci laisse entrevoir l'effet positif de la supplémentation de la ration des chèvres sur la croissance des jeunes et surtout des possibilités énormes que peuvent présenter ces animaux quand ils sont placés dans des conditions où ils peuvent extérioriser de manière efficace leurs potentialités.

Le GMQ observé chez les chevreaux des animaux du lot supplémenté était plus élevé que celui obtenu chez les chevreaux des animaux du lot témoin (54,7 ± 31,3 g et 29,0 ± 14,8 g respectivement), confirmant l'influence de la supplémentation de la ration des mères sur la croissance des jeunes. Ramené aux deux premiers mois, le GMQ chez les chevreaux des animaux du lot supplémenté était largement plus faible que celui obtenu par Farina (1989) (47,0 ± 16,8 g et 54 g respectivement). L'écart observé pourrait être dû à la différence des niveaux de production laitière obtenue dans les deux études (361,2 ± 93,0 g/jour et 511 g/jour respectivement).


Conclusion


Remerciements

Les auteurs remercient l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), le Ministère de l'Enseignement Supérieur et l'Université de Dschang pour leur assistance dans la réalisation de cette étude.


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Received 12 November 2004; Accepted 10 December 2004; Published 1 March 2005

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