Livestock Research for Rural Development 5 (1) 1993 | Citation of this paper |
Valorisation des pailles de cereales en alimentation des ovins dans le nord de la Tunisie:
1. Traitement aux alcalis (ammoniac/urée)
2. Complementation par des blocs melasse-uree
D K Nyarko-badohu, C Kayouli, A A Ba et Gasmi Aziza
Laboratoire de Nutrition Animale, INAT, 43, Av. Charles Nicolle, 1002 Tunis.
Summary
The feeding value of wheat straw (WS) was studied after its treatment with 3.5 kg anhydrous ammonia (ATS) or with 5 kg urea (UTS) using different levels of water: 15 (UTS15), 30 (UTS30) and 45 (UTS45) litres sprayed on 100 kg of straw, or with supplementation with multinutrient blocks (WSBLOCK). Four groups of 30 adult ewes AQueue fine@, alloted into 6 groups (replicates) of 5 each, were offered WS (control), UTS45, ATS and WSBLOC. Ewes given WS, UTS45 and ATS received a supplement of 100 g/d barley + minerals. The ewes were used to determine straw and blocks intake and the liveweight change after a feeding period of 4 months. A study of straw degradability was also conducted on 4 male barbarin rumen-fistulated sheep fed UTS45 and supplemented with 100 g/d barley + minerals. The results showed an improvement in total nitrogen content, more than the double of the initial value. Dry matter disappearence of straw after nylon bag incubation for 72 h was raised by 10 and 12 points respectively for UTS45 and ATS. The optimal treatment efficiency measured by the residual urea and straw degradability was obtained with a water level of 45 litres for 100 kg of straw. The intake of untreated straw (WS) decreased markedly (P< 0.05) and there was loss of liveweight (-2.8 kg). Animals fed UTS45 and ATS showed an increase of 30% for straw intake and a positive liveweight change of 4 and 5.7 kg respectively. Multinutrient blocks were very appetizing. An average intake of 180 g/d (DM) increased straw intake by 40% and the liveweight gain (6.4 kg) was markedly higher (P< 0.05) than observed with UTS45 and ATS.
KEY WORDS: Straw, Urea, Ammonia, Treament, Urea-molasses Blocks, Degradability, Intake, Growth, Sheep.
Résumé
La valeur alimentaire de la paille de blé tendre (PNT) a été étudiée après son traitement à 3,5 kg d'ammoniac (PTNH3) ou à 5 kg d'urée (PTU) avec différentes doses d'eau: 15 (PTU15); 30 (PTU30) et 45 (PTU45) litres pour 100 kg de paille ainsi qu'après sa complémentation avec les blocs multinutritionnels (PNTBLOC). 4 lots de 30 brebis adultes (Queue fine) subdivisés en 6 groupes (répétition) de 5 ont été nourris avec PNT, PTU45, PTNH3 et PNTBLOC. Les trois premiers types de pailles étaient distribuées avec 100 g/jour d'orge + minéraux. Ces brebis ont servi à l'étude de l'ingestion des blocs, des pailles et de la variation de poids durant 4 mois. En outre quatre moutons mâles barbarins, porteurs de fistule du rumen, nourris avec de la paille traitée (PTU45) complémentée avec 100 g/d orge + minéraux ont été utilisés pour étudier la dégradabilité des pailles. Les résultats obtenus montrent une amélioration de la teneur en azote qui a plus que doublé. La dégradabilité 72h de la matière sèche de la paille s'est accrue de 10 à 12 points respectivement pour PTU45 et PTNH3. L'efficacité de traitement à l'urée déterminée par la quantité d'urée résiduelle et la dégradabilité in sacco montre que la dose d'eau optimale serait de 45 litres pour 100 kg de paille. Les mesures d'ingestion et de variation de poids pendant 4 mois montrent que les pailles non traitées ont entraîné une diminution significative (P< 0,05) de poids des brebis (-2,8 kg). Par contre, l'ingestion de la paille s'est significativement (P< 0,05) accrue d'environ 30% après traitement à l'urée (PTU45) et à l'ammoniac. Aussi, ces deux types de pailles traitées ont permis d'entretenir les animaux qui de plus ont gagné 4 et 5,7 kg respectivement. Les blocs mélasse-urée ont été très appétissants. L'ingestion moyenne était de 180 g MS/j/animal). Leur distribution a entraîné un accroissement de l'ingestion des pailles de 40% et une variation positive de poids significativement (P< 0,05) supérieure à celle de PTU45 et PTNH3 soit 6,4 kg.
Mots clés: Paille, Urée, Ammoniac, Traitement, Blocs mélasse- urée, Dégradabilité, Ingestion, Variation de poids, Brebis.
Introduction
Les chaumes et les pailles constituent la base de l'alimentation des ovins dans le nord de la Tunisie pendant une partie assez longue de l'année (Eté-Automne-Hiver). Ces ressources fourragères présentent une valeur alimentaire médiocre: riches en cellulose brute, teneur faible en azote, en minéraux et vitamines, et par conséquent elles sont peu digestibles, faiblement ingérées et couvrent difficilement les besoins d'entretien des animaux. Certains éleveurs complémentent leurs animaux en achetant des concentrés dont le prix est de plus en plus élevé suite à la suppression progressive des subventions d'aliments de bétail.
La valeur alimentaire de ces fourrages peut être significativement améliorée par leur traitement aux alcalis (ammoniac ou urée) ou par leur complémentation. Parmi les traitements, ceux à l'ammoniac ou à l'urée sont de plus en plus appliqués (SundstÝl et al 1978; Djadjanegara et al 1989).
Dans le nord de la Tunisie, le traitement à l'ammoniac chez les agriculteurs est assuré par des organismes spécialisés (Office d'Elevage et des Pâturages). Ceci présente l'avantage de traiter des quantités importantes de paille mais reste difficilement accessible aux petits éleveurs. Le traitement à l'urée dont le principe est la régénération de l'ammoniac à partir d'une solution d'urée présente des effets comparables à celui de l'ammoniac et a en plus l'avantage d'être maîtrisé par les exploitations de tailles petites et moyennes. La réussite du traitement à l'urée est déterminée par plusieurs facteurs dont notamment la dose d'eau à apporter (Chermiti et al 1989; Sahnoune et al 1989).
Par ailleurs, la valeur alimentaire des pailles et chaumes peut être aussi améliorée par une complémentation essentiellement de type catalytique. Dans ce contexte, une technique simple a été mise au point et qui consiste à la fabrication de blocs multinutritionnels permettant d'associer plusieurs sous-produits (Sansoucy et al 1986).
L'objectif du présent travail est de tester au niveau de l'exploitation les points suivants:
Materiel et methodes
Traitement des pailles
Le traitement a porté sur des pailles de blé tendre (variété Byrsa) dans la zone de Siliana (ferme de la Coopérative Centrale des Grandes Cultures, CCGC) dont la pluviométrie moyenne est de 350 mm. Les traitements ont eu lieu au mois d'Octobre 1989 et les pailles ont été utilisés deux mois après, la température moyenne durant le traitement était de 22 °C.
Le traitement à l'ammoniac
Les balles de paille (13 kg en moyenne) ont été disposées en 4 couches à raison de 105 balles/couche sous bâche plastique hermétique. L'ammoniac, 35 g par kg de paille brute (MS: 90%) a été injecté à travers un tube perforé introduit dans la meule.
Le traitement à l'urée
La constitution des couches de balles est identique à celle décrite précédemment. Le traitement a été réalisé avec 5% d'urée (5 kg d'urée pour 100 kg de paille à 90% de matière sèche). Trois doses d'eau ont été appliquées: 15; 30 et 45 litres pour 100 kg de paille. Après estimation du poids de la couche, chacune d'elle a été arrosée avec la solution d'urée à l'aide d'un pulvérisateur à double lances traîné par un tracteur. Les trois meules simultanément traitées à l'urée ont été couvertes par le même film plastique noir (8 m x 20 m, d'épaisseur 180m) et juxtaposées à la meule traitée à l'ammoniac (Dimension d'une meule: 15 m x 3 m x 1,5 m; tonnage: 5,5 tonnes).
La fabrication des blocs mélasse-urée
La fabrication des blocs mélasse-urée a été réalisée selon la technique décrite par Hassoun et Bâ (1990) selon la formule présentée dans le Tableau 1.
Tableau. Formule des blocs mélasse-urée (% brut) | |
Ingrédients | % Brut |
Mélasse | 10 |
Urée | 8 |
Litière de Poulet de chair | 20 |
Son de blé | 20 |
Grignon d'olive | 15 |
Ciment | 15 |
Sel de cuisine | 6 |
Phosphate bicalcique | 3 |
Prémix | 3 |
Animaux et régimes
Cent vingt brebis "queue fine" réparties en quatre lots de 30 animaux chacun, ayant en moyenne 2 ans et demi d'âge ont été choisies au hasard dans un troupeau de 300 brebis taries. Chaque lot est subdivisé en 6 groupes de 5 animaux (répétition). Les brebis pèsent en moyenne 35,5?3,7 kg. Par ailleurs 4 moutons barbarins adultes porteurs de fistule du rumen ont été utilisés.
Les régimes suivants ont été distribués:
Lot 1: Paille Non Traitée (PNT)
Lot 2: Paille traitée a l'ammoniac (PTNH3)
Lot 3: Paille traitée à 5% d'urée et 45% d'eau:
(PTU45).
Lot 4: Paille Non Traitée + Blocs mélasse-urée:
(PNTBLOC)
Les animaux des lots 1, 2 et 3 reçoivent 100 g/j de complément minéral (50% orge, 20% farine de poisson, 10% sel; 10% phosphate bicalcique et 10% prémix). Les animaux fistulisés reçoivent de la paille traitée à l'urée (45 p100 d'eau) avec 100g/j de complément minéral. Pour tous les animaux, les repas sont distribués en deux temps, 9h et 17h.
Les animaux étaient adaptés à leur régime pendant un mois.
Mesures
L'essai pratique a duré 4 mois (Jan-Avril); les mesures ont porté sur l'ingestion de bloc et de paille une fois par semaine et la variation de poids des brebis une fois par quinzaine. Les animaux fistulisés ont servi pour déterminer la dégradabilité in sacco des pailles traitées et non traitées après 72 heures d'incubation. La technique utilisée est celle décrite par Orskov (1985) et par Kayouli et al (1992).
Analyse chimique
Les échantillons de pailles ont été régulièrement prélevés dans les différentes meules ainsi que les matières premières du bloc mélasse-urée. Ces échantillons ont été séchés à 65 ?C jusqu'à poids constant.
La matière organique et l'azote ont été déterminés suivant les méthodes de l'AOAC (1984) tandisque le Neutral Detergent Fiber (NDF) et l'Acid Detergent Fiber (ADF) ont été analysés par la méthode de Van Soest et Wine (1967). L'urée résiduelle a été dosée par la méthode décrite par Michel (1971).
Analyse statistique
Les résultats ont été traités avec le système SAS (Statistical Analysis System) avec un modèle à un seul facteur: effet aliment; les moyennes ont été comparées avec le test Duncan.
Resultats et discussions
Les pailles
Composition chimique et uréolyse
La composition chimique des pailles avant et après traitement aux alcalis est présentée au Tableau 2. On peut noter que la teneur en MAT (N x 6,25) a considérablement augmenté après traitement. Celle-ci est plus que doublée quelque soit le type de traitement. L'enrichissement en azote de la paille après son traitement à l'urée ou à l'ammoniac a été observé par plusieurs auteurs (Abdouli et al 1988; Chermiti et al 1989; Dias-da-Silva et Christina Guedes 1990; Colucci et al 1992).
Nous remarquons que la quantité d'eau ajoutée à la paille traitée influence la teneur en azote. Avec une dose d'eau faible (15 litres), la teneur en azote est la plus élevée. Celle-ci provient d'une quantité d'urée résiduelle non hydrolysée élevée (46,7% de l'urée apportée).
A partir des résultats de mesure de l'urée résiduelle , il semble que dans les conditions tunisiennes la quantité d'eau optimale à apporter pour un traitement efficace à l'urée (taux d'uréolyse élevé) devrait être comprise entre 30 et 50 litres/100 kg de paille. Abdouli et Khorchani (1987) ont aussi montré que le taux de fixation de l'azote augmente avec l'accroissement de la quantité d'eau.
Tableau 2: Composition chimique, Dégradabilité in sacco (72h) et uréolyse des pailles (n = 10) | ||||||
% MS | ||||||
Paille | MS% | Nx6,25 | NDF | ADF | Uréolyse(%) | Dégrad.MS (%) |
PNT | 90 | 5a | 73a | 48a | 45a | |
PTU15 | 81 | 16b | 70a | 48a | 53a | 48b,c |
PTU30 | 77 | 13c | 68b | 47a | 66b | 50c |
PTU45 | 70 | 11c | 68b,c | 47a | 82c | 55d |
PTNH3 | 87 | 12c | 67b,c | 45b | 57d | |
DSR | 2,1 | 3,3 | 1,5 | 6,0 | 3,1 | |
DSR: Déviation Standard Résiduelle
Les moyennes affectées des mêmes lettres dans la même colonne
ne diffèrent pas significativement (P>0,05).
Dégradabilité in sacco
Après 72 heures d'incubation dans le rumen, la dégradabilité de la matière sèche de la paille a été significativement augmentée après traitement (Tableau 2). Celle-ci est améliorée de 10 à 12 points respectivement après traitement à l'urée (45% eau) et à l'ammoniac. Comme il est signalé dans le Tableau 2, c'est avec la quantité d'eau 45 litres que l'accroissement de la dégradabilité est le plus élevé. L'effet positif du traitement à l'urée ou à l'ammoniac a été aussi signalé par plusieurs auteurs (SundstÝl et al 1978; Ibrahim et al 1986; Abdouli et al 1988; Chermiti et al 1989; Colucci et al 1991; Kraiem et al 1991).
Par ailleurs, nous avons constaté pour le traitement à l'urée que la dégradabilité augmente avec la dose d'eau (Tableau 2). Ces résultats confirment les observations d'autres auteurs. C'est ainsi que Chermiti et al (1989) ont obtenu des dégradabilités de la matière organique de la paille de 47,9 et 55,4% respectivement avec des taux d'eau de 25 et 50%. De même, Sahnoune et al (1989) rapportent une amélioration de la digestibilité in vitro de la paille traitée à l'urée avec l'augmentation de la quantité d'eau ajoutée: 54,8 contre 48,2% avec des niveaux d'eau de 30 et 18 litres/100 kg de paille respectivement. Ces observations corroborent aussi les résultats de Kayouli (1988) sur des pailles de riz traitées à l'urée en zone sud saharienne.
Il convient de signaler que la qualité de la paille initiale influence aussi l'efficacité du traitement. Il est généralement admis que l'amélioration de la dégradabilité de la paille est d'autant plus élevée que la paille initiale est de mauvaise qualité (Kernan et al 1979; Tuah et al 1986; Derycke et al 1986). Ces observations sont confirmés par Nyarko-Badohu (1991) qui a constaté après traitement à l'urée une amélioration de la dégradabilité de 10 points pour la paille de Panicum maximum (dont la dégradabilité initiale était de 37,4%) et seulement de 3 points pour le foin de Panicum maximum (dont la dégradabilité initiale était de 51,2%). Aussi, Nakashima et Orskov (1990) ont montré un effet plus remarquable des traitements à l'ammoniac ou à la cellulase sur les feuilles de riz que sur les autres fractions botaniques de la plante qui sont généralement plus digestibles.
Ingestion de paille
Les quantités de matière sèche de paille ingérées (Tableau 3) ont été améliorées d'environ 30% après traitement à l'urée (PTU45) ou à l'ammoniac (PTNH3). Ces résultats confirment les observations de Saadullah et al (1981) qui ont effectué des traitements de la paille de riz à 5% d'urée. Des effets positifs sur l'ingestion de paille ont été aussi signalés par Birkelo et al (1986), Derycke et al (1986) et Djadjanegara et Doyle (1989) pour un traitement à l'urée et par Ayona et Orskov (1988) pour un traitement à l'ammoniac. L'augmentation des quantités de paille ingérées pourrait s'expliquer par l'amélioration de la digestibilité qui entraînerait un temps de retention plus court des aliments dans le rumen.
Variation de poids
Les résultats de performances (Tableau 3) montrent que les pailles non traitées engendrent une diminution significative (P<0,05) du poids des animaux; ils confirment les observations de Sansoucy et al (1982) selon lesquelles les pailles ne peuvent pas couvrir les besoins d'entretien des ruminants vu leur valeur alimentaire médiocre.
Tableau 3: Résultats d'Ingestion et de variation de poids après quatre mois | ||
Régime | Ingestion (gMS/kgP^0,75) | Variation de poids(kg) |
PNT | 43a ± 5 | - 2,8a ± 1 |
PTU45 | 56b ± 7 | 4,0b ± 1,7 |
PTNH3 | 58b,c ± 3 | 5,7c ± 2,5 |
PNTBLOC | 60c ± 5 | 6,4c ± 1,8 |
BLOCS | 12 ± 2 | |
Les traitements à l'urée (PTU45) ou à l'ammoniac (PTNH3) ont par contre permis d'entretenir les animaux et ont en plus engendré une variation positive du poids qui est supérieure dans le cas du traitement à l'ammoniac, ceci a été également observé par Reid et al (1988). C'est ainsi qu'après 120 jours la variation totale de poids observée était de 4 kg contre 5,7 kg (soit 33,3 et 47,5 g/j) respectivement pour PTU45 et PTNH3.
Les moyennes de la même colonnes affectées des mêmes lettres ne diffèrent pas significativement (P>0,05).
La possibilité d'entretenir les animaux avec les pailles traitées a été aussi étudiée par Cordesse et al (1989) sur des ovins. Au cours d'un essai de 100 jours, ils ont rapporté que la paille traitée à l'ammoniac complémentée avec 70 g/j d'orge a permis de maintenir le poids des brebis taries. Ces mêmes auteurs ont signalé que l'utilisation de la paille traitée à l'ammoniac pendant de longues périodes (8 cycles de reproduction) est sans effet néfaste sur la santé des animaux.
Les blocs melasse-uree
La composition chimique (Tableau 4) montre que les blocs mélasse- urée présentent une valeur nutritive assez intéressante, 32% de matières azotées totales, 37% de cendres dont 11% de calcium et 1% de phosphore. Ainsi, les blocs peuvent servir de complément pour les pailles, l'avantage de leur distribution réside dans le fait qu'ils apportent des compléments catalytiques pour un approvisionnement de l'écosystème ruminal en énergie, en minéraux, et en azote.
Les résultats de mesures montrent une amélioration importante de l'ingestion des pailles (+40%) avec l'introduction des blocs dont la consommation moyenne par brebis est de 180 g/j de MS (Tableau 3).
TABLEAU 4. Composition chimique du bloc mélasse-urée et de ses composants
Tableau 4. Composition chimique du bloc mélasse-urée et de ses composants | ||||
%MS | ||||
Produit | MS | MM | N*6,25 | ADF |
Bloc | 72 | 37 | 32 | 14 |
Litière | 85 | 17 | 27 | 27 |
Son | 88 | 9 | 9 | 15 |
Gr. Olive | 42 | 10 | 10 | 51 |
Mélasse | 77 | 9 | 3 | 0 |
Nos résultats sont concordants avec les observations d'autres auteurs. C'est ainsi que Sansoucy et al (1988) ont souligné que l'augmentation de la quantité de paille ingérée due à l'apport de blocs est comprise entre 25 et 30 %.
Kunju (1986) a aussi signalé une amélioration de l'ingestion de paille de 29,5% en remplaçant 1 kg/j de concentré par les blocs mélasse-urée chez des bovins (consommation 560 g/j/animal). Tiwari et al (1990) rapportent sur des troupeaux de buffles une consommation supplémentaire de la paille lorsque les animaux reçoivent des blocs mélasse-urée soit 3,38 kg contre 2,86 kg chez les témoins bien que les deux types de lots recevaient 1 kg/j de concentré par animal.
Les résultats de mesure de l'ingestion des blocs montrent que celle-ci est variable selon les auteurs. Exprimée en g/100 kg de poids vif chez les petits ruminants, elle est de 530 g dans nos essais, 400 g (Sansoucy et al 1988) et 121 g (Hadjipanayiotou et al 1989). Ces derniers auteurs ont travaillé sur des caprins. Cette variabilité pourrait s'expliquer principalement par les différentes matières premières incorporées et leurs proportions qui influencent la dureté des blocs.
Par ailleurs, il semble que la teneur d'urée incorporée influence l'ingestion des blocs. Ainsi, El Fouly et Leng (1986) rapportent des valeurs d'ingestion de blocs variables selon le niveau d'urée incorporé. La consommation est d'autant plus faible que le niveau d'urée est élevé.
Aussi, l'ingestion de blocs varie avec l'espèce animale (Sansoucy et al 1988).
La consommation des blocs et leurs effets positifs sur l'amélioration de l'ingestion de paille se sont traduits par une amélioration des performances zootechniques de l'animal. Dans notre expérimentation, les brebis nourries à base de paille et de blocs ont enregistré les meilleurs gains de poids comparés à celles nourries à base de pailles traitées. La variation moyenne de poids étant de 6,4 kg.
Il a été également observé dans d'autres essais, un effet positif de la distribution des blocs mélasse-urée sur des performances zootechniques de l'animal. Ainsi, Sudana et Leng (1986) rapportent une variation positive de poids de 10 g/j chez des moutons nourris à base de paille non traitée et de blocs mélasse- urée alors que des animaux non complémentés aux blocs perdaient 53 g/j. De même, Tiwari et al (1990) trouvent un gain moyen quotidien de poids vif de 288 g/j chez des buffles complémentés par des blocs alors que les témoins n'en recevant pas enregistrent seulement un gain de 90 g/j.
Conclusion
Le présent travail montre que le traitement à l'ammoniac ou à l'urée ainsi que sa complémentation par les blocs mélasse-urée améliorent la valeur alimentaire des pailles abondantes dans le nord de la Tunisie. Le traitement à l'urée avec 30 à 50% d'eau est aussi efficace que celui à l'ammoniac et peut par conséquent être appliqué dans les petites et moyennes exploitations.
Les pailles traitées ou complémentées ont permis d'entretenir les animaux et peuvent même satisfaire des besoins de production modestes telles les brebis en début de gestation.
Les traitements des pailles et/ou leur complémentation par les blocs mélasse-urée est un moyen pour minimiser les dépenses en matière d'alimentation en occurrence le recours aux céréales et aux aliments composés coûteux et faisant souvent l'objet d'une spéculation durant cette période de soudure.
Par ailleurs, les blocs de fabrication simple pourraient être transportés facilement et distribués dans les lieux de parcours (cas des éleveurs transhumants).
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(Received 12 March 1993)