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Effet de la farine d’épluchures de manioc sur les performances zootechniques et économiques du poulet de chair en finition

K E Kouadio, G S Kouadja, K L Bamba et K Kreman

Centre National de Recherche Agronomique (CNRA), Station Elevage DRég Bouaké, 01 BP 633 Bouaké 01 (Côte d’Ivoire)
kouadiobakan77@yahoo.fr

Résumé

Une étude a été réalisée pour évaluer l’effet de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment sur les performances zootechniques et économiques du poulet de chair en phase croissance-finition. Elle a porté sur 240 poussins chair, de souche "Cobb 500" de 21 jours d’âge, répartis dans 12 unités expérimentales suivant un dispositif complètement randomisé comportant 4 traitements et 3 répétitions chacun. Il s’agit d’un aliment témoin (EM0) contenant du maïs comme principale source d’énergie et trois aliments expérimentaux comportant respectivement 15 % (EM15), 30 % (EM30) et 45 % (EM45) de la farine d’épluchures de manioc. Après 28 jours d’élevage, il a été observé que les performances de croissance (le poids vif final, le gain de poids et le GMQ) des poulets nourris avec l’aliment EM45 sont inférieures comparées à celles de ceux nourris avec les aliments EM0, EM15 et EM30 (p < 0,05). La consommation alimentaire et l’indice de consommation sont identiques pour les traitements EM0, EM15 et EM30. Par contre, ils augmentent avec 45 % d’inclusion. Les aliments EM15 et EM30 ont eu les coûts de production du kilogramme de poids vifs les plus bas avec respectivement une valeur de 504,2 FCFA/kgPv et de 508,9 FCFA/kgPv. Concernant les caractéristiques de la carcasse des poulets, la farine d’épluchures de manioc n’a pas eu d’effet sur les rendements carcasses des animaux nourris avec les différents types d’aliment (p > 0,05). Seul le rendement en abats des poulets nourris avec l’aliment EM45 est supérieur comparé à ceux des autres traitements (p < 0,05). L’aliment EM45 a permis de produire le plus faible indice de gras (1,58 %) et l’indice de gras le plus élevé a été obtenu avec l’aliment EM0 (2,09 %).

Dans les conditions de la présente étude, il a été conclu qu’en phase croissance finition, un taux d’inclusion de 30 % de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment permet de produire des poussins de performances zootechniques comparables à la ration contenant exclusivement du maïs comme principale source d’énergie.

Mots clés: caractéristiques de la carcasse, Côte d’Ivoire, coût du kilogramme de poids vif, indice de consommation, performances de croissance


Effect of cassava peel meal on the zootechnical and economic performance of broiler chicken

Abstract

A study was carried out to evaluate the effect of cassava peel meal in feed on the zootechnical and economic performance of broiler finishing. It involved 240 21 day old broiler chicks of "Cobb 500" strain, distributed in 12 experimental units following a completely randomized design with 4 treatments and 3 replicates each. This consisted of a control feed (EM0) containing maize as the main energy source and three experimental feeds containing 15 (EM15), 30 (EM30) and 45% (EM45) of cassava peel meal respectively. After 28 days of rearing, it was observed that the growth performance (final live weight, weight gain and ADG) of chickens fed with the EM45 feed was lower than those fed the EM0, EM15 and EM30 feeds (p < 0.05). Feed intake and feed conversion ratio are identical for the EM0, EM15 and EM30 treatments. However, they increase with 45% inclusion. Food EM15 and EM30 had the lowest production costs per kilogram of live weight with a value of 504.2 FCFA/kgPv and 508.9 FCFA/kgPv respectively. Concerning the characteristics of the chicken carcass, there is no difference between the carcass yields of animals fed with the different types of feed (p > 0.05). Only the offal yield of chickens fed with feed EM45 is higher compared to the other treatments (p < 0.05). Feed EM45 produced the lowest fat index (1.58 %) and the highest fat index was obtained with feed EM0 (2.09 %).

Under the conditions of the present study, it was concluded that in the finishing growth phase, a 30 % inclusion rate of cassava peel meal in the feed produces chicks with comparable zootechnical performance as on a diet  containing exclusively maize as the main energy source.

Keywords: cacarcass characteristics, feedcost, feed conversion, growth performance, Ivory Coast


Introduction

L’intensification des productions animales en Côte d’Ivoire est incontournable si l’on veut garantir l’autosuffisance en protéines animales et assurer la sécurité alimentaire des populations (Ducroquet et al 2017).

L’élevage de volaille représente l’un des moyens les plus efficaces pour accroître la production et la consommation des produits d’origine animale car en comparaison avec les autres animaux d’élevage, les volailles transforment très efficacement les protéines végétales en protéines animales (Manjeli et al 1995 ; Zaman et al 2004). Particulièrement l’élevage du poulet de chair est un élevage à cycle court qui peut donner en 45 jours de la protéine de bonne qualité et à moindre coût. Mais le prix de l’alimentation est une contrainte qu’il faudra lever car il représente 60 à 70 % du coût de production en élevage avicole.

Le taux d’incorporation du maïs dans les rations des poulets de chair, comme principale source d’énergie, est généralement compris entre 50 et 70 % (Salami et Odunsi 2003 ; Teguia et al 2004 ; Ukachukwu 2005). Cet ingrédient est par ailleurs très sollicité dans l’alimentation humaine. La fluctuation de son prix est liée à sa disponibilité qui varie en fonction des lieux et du temps.

Pour réduire le coût de production de l’aliment, aujourd’hui de plus en plus, d’autres produits notamment les tubercules (manioc et patate douce) sont utilisés en substitution au maïs (Kreman 2011 ; Kana et al 2015). Cependant ces tubercules constituent une importante ressource alimentaire pour l’homme. La valorisation de leurs sous-produits, particulièrement les épluchures, s’avère nécessaire pour limiter la concurrence alimentaire avec l’homme (Kouadio et al 2019), surtout que ces épluchures ont des valeurs alimentaires assez proches des tubercules (Bindelle et André 2004). C’est dans ce cadre que cette étude a été entreprise.

La présente étude vise à valoriser la farine d’épluchures de manioc en substitution du maïs dans l’alimentation afin de réduire la compétition entre l’homme, les animaux et les industries pour cette céréale. Plus spécifiquement, elle vise à évaluer la réponse du poulet de chair en croissance finition à un aliment contenant différents taux d’incorporation de la farine d’épluchures de manioc.


Méthodologie

Préparation de la farine d’épluchures de manioc et formulation des aliments

L’essai s’est déroulé à la station de recherche sur les cultures vivrières du CNRA de Bouaké d’août à septembre 2017.

Les épluchures de manioc fraîches ont été collectées dans une unité de transformation de manioc d’un village environnant. Elles ont été ensuite conditionnées et transportées en Station pour séchage sur claie. Après 5 jours de séchage, elles ont été broyées dans un moulin. La farine obtenue a été incorporée dans les différents aliments expérimentaux à des taux variables.

Quatre formules alimentaires, respectant les besoins nutritionnels de la phase croissance finition des poulets de chair, ont été utilisées pour l’essai. Il s’agit des aliments contenant respectivement 0, 15, 30 et 45 % de farine d’épluchures de manioc. Ces aliments ont été désignés par EM0, EM15, EM30 et EM45 respectivement pour les aliments contenant 0 %, 15 %, 30 % et 45 % d’épluchures de manioc. Ils ont été formulés à l’aide du tableur Excel 2017.

La composition de ces aliments iso-protéiques et iso-énergétiques est indiquée dans le tableau 1. Les compositions nutritionnelles ont été calculées à partir de la valeur de matières premières.

Tableau 1. Compositions centésimale et nutritonnelle des aliments

Matières premières

EM0

EM15

EM30

EM455

Mais

60,0

45,0

30,0

15,0

Epluchure de manioc

0,00

15,0

30,0

45,0

Son Blé

7,30

7,20

4,80

1,75

Tourteau de coton

8,00

8,00

8,00

8,00

Tourteau de soja

13,7

14,0

16,0

17,0

Farine de poisson

5,20

6,20

6,40

7,70

Coquillage

2,00

0,50

0,00

0,00

Lysine

0,12

0,07

0,05

0,05

Méthionine

0,08

0,08

0,1

0,08

CMV

0,25

0,25

0,25

0,25

Huile

3,00

3,40

4,10

4,90

Sel iodé

0,30

0,30

0,30

0,30

TOTAL

100

100

100

100

Composition chimique calculée

EM (kcal /kgMS)

3102

3101

3102

3105

MG (%)

6,46

6,43

6,54

6,77

PB (%)

20,1

20,1

20,0

20,0

Calcium (%)

0,99

1,09

1,44

2,01

Phosphore (%)

0,46

0,53

0,56

0,62

Lysine

1,14

1,12

1,14

1,19

Méthionine

0,42

0,42

0,43

0,42

Dispositif expérimental

Un total de 240 poussins de chair, de souche « Cobb 500 » de 21 jours d’âge, a été réparti en 12 lots de 20 sujets. A chaque traitement a été attribué au hasard dans un dispositif complètement randomisé 3 lots de 20 oiseaux. Ils ont été élevés sur une litière faite de balles de riz à une densité de 10 sujets au m2 pendant 4 semaines. L’aliment a été pesé avant distribution et l’eau leur a été servie ad libitum. Tous les sujets ont bénéficié du même programme de prophylaxie.

Collecte des données et calcul des variables zootechniques

La quantité journalière d’aliment a été déterminée par pesée pour chaque lot de poussins et les restes d’aliment par pesées hebdomadaires.

Les animaux ont été pesés individuellement tous les 7 jours à jeun, à la même heure à l’aide d’une balance électronique de portée 5 kg et de précision 1 g.

Ces données collectées ont permis de calculer de différentes variables zootechniques. Ainsi, la consommation alimentaire (CA), le gain total de poids (GT), le gain moyen quotidien (GMQ), l’indice de consommation (IC) ont été calculés selon les expressions ci-dessous :

A 49 jours d’âge, 12 poulets par traitement (6 mâles et 6 femelles) ont été pris au hasard et soumis à une diète de 24 heures, puis pesés, saignés, plumés et éviscérés tel que préconisé par Jourdain (1980). Le poids relatif de chaque organe (gésier, foie, cœur et pancréas) par rapport au poids vif a été calculé. La longueur de l’intestin a été mesurée de la loupe duodénale au cloaque à l’aide d’un mètre ruban et la densité de l’intestin (poids de l’intestin/ longueur de l’intestin) a été calculée (Kana et al 2015).

Evaluation des paramètres économiques des aliments

Au niveau du coût de production, seul le coût de l’aliment a été pris en compte, les autres coûts étant les mêmes. Les prix du kilogramme des aliments ont été évalués sur la base du prix des ingrédients au moment de l’étude. Le coût de production du kilogramme du poids vif de poulet a été calculé, en multipliant le coût du kilogramme de l’aliment par l’indice de consommation.

Analyse statistique des données

Les données collectées ont concerné le coût de production des aliments, la consommation alimentaire, le poids vif et le gain de poids, l’indice de consommation, le coût de production d’un kg de poids vif, les rendements carcasses et le poids relatif de chaque organe. Ces données ont été soumises à une analyse de variance à un facteur à l’aide de STATISTICA 7.1. En cas de différence, la séparation des moyennes a été faite à l’aide du test de Duncan au seuil de 5 %.


Résultats

Performances de croissance

A la fin de la phase de croissance-finition (49 jours d’âge), les poids finaux sont respectivement de 2,36 kg, 2,34 kg, 2,32 kg, et de 2,19 kg pour les traitements EM0, EM15, EM30 et EM45 (tableau 2). L’analyse statistique montre que les poids des animaux nourris avec les aliments EM0, EM15 et EM30 sont supérieurs aux poids de ceux nourris avec l’aliment EM45 (p < 0,05). Les animaux des traitements EM0, EM15 et EM30 ont des poids identiques. La figure 1 indique l’évolution du gain moyen quotidien (GMQ) en fonction du taux de farine d’épluchures de manioc dans l’aliment et l’équation quadratique correspondante (y = -0,0048x² +0,084x +65,0 avec R² = 0,97).

Tableau 2. Poids et gain moyen quotidien des poussins en fonction du type d’aliment

Paramètres

Traitements

SE

p

EM0

EM15

EM30

EM45

Poids initial (kg)

0,54

0,53

0,53

0,54

Poids final (kg)

2,36a

2,34a

2,32a

2,19b

0,056

0,006

Gain de poids (kg)

1,83a

1,81a

1,79a

1,65b

0,058

0,005

GMQ (g/j)

65,2a

64,6a

63,8a

58,9b

74,4

0,005

Sur la même ligne les moyennes indexées par la même lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5 % selon le test de Duncan



Figure 1. Evolution du GMQ des poulets en fonction du taux de farine d’épluchures de manioc dans l’aliment
Coût de production des aliments

Les coûts de production sont respectivement de 228 FCFA, 216 FCFA, 212 FCFA et de 203 FCFA pour les aliments EM0, EM15, EM30 et EM45. L’aliment EM0 a le coût le plus élevé (tableau 3). Le prix du kilogramme d’aliment diminue avec l’augmentation du taux d’inclusion de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment.

Tableau 3. Indice de consommation et coût de production du kg de poids vif (kgPv)

Paramètres

Traitements

SE

p

EM0

EM15

EM30

EM45

Prix du Kg d’aliment (F CFA)

228

216

212

203

Consommation alimentaire (kg)

4,16a

4,22a

4,29ab

4,43b

0,12

0,002

IC

2,28a

2,33a

2,40a

2,69b

0,29

0,001

Coût de production /kgPv (FCFA)

522ab

504a

509a

546b

3069

0,041

Sur la même ligne les moyennes indexées par la même lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5 % selon le test de Duncan
1USD = 549,346 FCFA (Cours moyen septembre 2017)

Consommation alimentaire et Coût de production du Kg de poids vif

Les consommations alimentaires sont respectivement de 4,16 kg, 4,22 kg, 4,29 kg et 4,43 kg pour les traitements EM0, EM15, EM30 et EM45 (tableau 3). La consommation alimentaire augmente avec l’inclusion de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment (p < 0,05). Les indices de consommation correspondants varient de 2,28 à 2,69. L’indice de consommation le plus élevé a été obtenu avec l’aliment EM45 (2,69). Les meilleurs indices sont à la faveur des traitements EM0 (2,28), EM15 (2,33) et EM15 (2,40). Quant aux coûts de production du kg de poids vif, ils sont respectivement de 522 FCFA, 504 FCFA, 508 FCFA et de 546 FCFA pour les traitements EM0, EM15, EM30 et EM45. On note un coût plus faible avec les aliments EM15 et EM30 comparé à ceux des autres aliments (p < 0,05). Le coût le plus élevé a été obtenu avec l’aliment EM45.

Caractéristiques de la carcasse

Les rendements carcasses varient de 73,2 % (traitement EM45) à 75,3 % (traitement EM0). Selon l’analyse statistique au seuil de 5 %, la farine d’épluchures de manioc n’a pas eu d’effet sur les rendements carcasses des animaux nourris avec les différents types d’aliment (p > 0,05). Le rendement carcasse diminue légèrement avec l’augmentation du taux d’inclusion de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment. Les rendements en abats varient 13,1 % (traitement EM0) à 14 % (traitement EM45) (tableau 4). Il n’existe pas de différence entre les rendements en abats de poulets nourris avec les aliments EM0, EM15 et EM30. Seul le rendement en abats des poulets nourris avec l’aliment EM45 est supérieur comparé à ceux des autres traitements (p < 0,05). L’aliment EM45 a permis de produire le plus faible indice de gras (1,58 ± 0,23 %) et l’indice de gras le plus élevé a été obtenu avec l’aliment EM0 (2,09 %). Le taux de graisse abdominale des poulets diminue avec l’augmentation du taux d’incorporation de la farine d’épluchures de manioc. Le poids relatif des organes de digestion (foie, gésier, pancréas et intestin) augmente avec le taux d’inclusion de la farine d’épluchures de manioc dans l’aliment.

Tableau 4. Poids relatifs (PR) des organes des poulets en fonction du type d’aliment

Paramètres

Traitements

SE

p

EM0

EM15

EM30

EM45

Poids vif vide (kg)

2,22a

2,22a

2,27a

2,06b

235

0,048

Rdt carcasse (%)

75,8a

74,8a

74,6a

73,2a

30,0

0,082

Rdt abat (%)

13,1a

13,0a

13,6ab

14,0b

8,41

0,016

PR du foie (%)

1,44a

1,45a

1,62a

1,65a

0,31

0,206

PR du gésier (%)

2,04a

2,13ab

2,34bc

2,40c

1,07

0,006

PR pancréas (%)

0,15a

0,16a

0,16a

0,17a

0,003

0,574

PR intestin (%)

2,10a

2,28ab

2,36bc

2,55c

1,29

0,003

L. intestin (cm)

186a

201ab

214b

218b

7464

0,003

Densité intestin

0,25a

0,25a

0,25a

0,24a

0,001

0,847

Indice du gras (%)

2,09a

1,97a

1,87a

1,58a

1,67

0,296

Sur la même ligne les moyennes indexées par la même lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil de 5% selon le test de Duncan ; Rdt = Rendement ; PR = Poids relatif ; L = Longueur


Discussion

La farine d’épluchures de manioc n’a pas eu d’effet dépressif sur les performances de croissance (le poids vif, le gain de poids et le GMQ) jusqu’à 30 % d’inclusion dans l’aliment. A 45 % de taux d’inclusion d’épluchures de manioc, correspondant à 75 % de substitution du maïs, une régression des performances de croissance des poulets a été constatée. Ce niveau de substitution est inférieur à ceux obtenus par plusieurs auteurs (Ravindran et al 1986 ; Brum et al 1990 ; Ukachukwu 2008) qui ont utilisé les cossettes de manioc. Ceci pourrait être dû au fait que les épluchures, plus riches en cellulose et en acide cyanhydrique que les semoules, seraient moins digérées par les poulets de chair en croissance finition. En effet, selon Esonu et Udedibie (1993) et Chauynarong et al (2009), les taux élevés de cyanure et de cellulose brute dans la ration affectent négativement la digestibilité et l’utilisation des nutriments chez les poulets de chair.

La consommation alimentaire est statistiquement identique à des taux d’inclusion de 0 et 30 % de farine d’épluchures de manioc dans la ration. Par contre, elle augmente avec 45 % d’inclusion. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Ukachukwu (2008), selon lesquels l’augmentation du niveau d’incorporation de la farine de manioc (racine, tige et feuilles) entraîne une augmentation de l’ingestion alimentaire.

L’indice moyen de consommation alimentaire a augmenté avec le taux croissant de la farine d’épluchures de manioc dans la ration. Cette augmentation est plus perceptible à 45 % d’inclusion d’épluchures dans l’aliment. Ces résultats concordent avec ceux de Ghaffari et al (2007), Anyanwu et al (2008) et Mafouo Ngandjou et al (2011) qui ont indiqué une légère augmentation de l’indice de consommation avec les taux croissants de farine de manioc dans la ration des poulets de chair.

Le coût de production du kilogramme des aliments diminue avec l’augmentation du taux d’inclusion d’épluchures de manioc, cela est dû au faible coût de la farine d’épluchures de manioc par rapport au maïs. Nos résultats sont semblables à ceux de Abasse et al (2017) qui ont utilisé les feuilles de Moringa dans l’alimentation des poulets de chair.

Il n’existe pas de différence entre les rendements carcasses des animaux nourris avec les différents types d’aliment. Cependant il y’a une légère diminution de ce paramètre avec l’augmentation du taux d’épluchures de manioc dans l’aliment. La tendance inverse est observée avec les rendements en abats. Ces résultats confirment ceux d’Awah-Ndukum et al (2008) qui après substitution du maïs par la farine d’épluchures de manioc à des taux croissants ont enregistré une baisse du rendement carcasse.

L’augmentation du niveau d’incorporation de la farine d’épluchures de manioc dans la ration tend à augmenter le poids relatif des organes de digestion (foie, gésier et pancréas) chez les poulets. Ce résultat concorde avec celui de Mafouo Ngandjou et al (2011) qui ont rapporté que le poids relatif de ces mêmes organes augmente avec des taux croissants de farine de manioc dans l’aliment. Selon ces auteurs, l’augmentation du poids relatif du foie serait probablement due à une intense activité de cet organe qui intervient dans la détoxification de l’acide cyanhydrique.

La substitution du maïs par la farine d’épluchures de manioc tend à augmenter le poids relatif et la longueur de l’intestin. Cela serait dû au fait que les épluchures de manioc ont un taux de cellulose brute relativement plus élevé que celui du maïs. Selon Aderemi et Nworgu (2007), chez les monogastriques, un taux élevé de cellulose stimulerait la croissance et l’épaississement des parois du tractus digestif. Dans le même sens, Teguia et al. (2004) avaient déjà émis l’hypothèse selon laquelle l’ingestion d’une teneur élevée en cellulose augmenterait le poids du tractus digestif. Ce résultat entre aussi en droite ligne avec ceux de Viveros et al (2001) qui ont rapporté que l'augmentation du poids des organes digestifs des oiseaux peut être attribuée, dans une certaine mesure, à la présence d'une haute concentration de matières indigestes dans l'intestin de ces oiseaux.


Conclusion


Références bibliographiques

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Received 9 January 2020; Accepted 24 January 2020; Published 2 March 2020

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