Livestock Research for Rural Development 31 (8) 2019 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Qualités reproductives des brebis D’Man en oasis algériennes

A Boubekeur, M T Benyoucef 1, M Benidir 2, A Slimani, A Maaref et M Lounassi

Institut National de la Recherche Agronomique INRAA, Station d’Adrar, Adrar, Algérie
ma.boubekeur@gmail.com
1 Ecole Nationale Supérieure Agronomique ENSA, El Harrach, Alger, Algérie
2 Institut National de la Recherche Agronomique INRAA, Station de Sétif, Sétif, Algérie

Résumé

Cette étude présente le bilan des performances de reproduction de 49 brebis D’Man soumises à un système d'agnelage accéléré avec trois agnelages tous les 2 ans (167 agnelages). Elle précise l’effet respectif de l’âge et du poids des brebis avant la lutte et de la saison de lutte sur les performances de reproduction. Les brebis ont eu un taux de fertilité de 95,2 ± 21,4%, des tailles de portée à la naissance de nés vivants (TPN) et au sevrage (90 j) (TPS) élevées, respectivement de 1,88± 0,78 et 1,68± 1,49, et des poids de portée à la naissance de nés vivants (PPN) et au sevrage (PPS) respectivement de 4,78± 1,49 kg et 29,8 ± 10,4 kg. Cela représente une TPS de 2,52 ± 2,24 et un PPS de 44,7 ± 15,6 kg par brebis et par an. L’analyse a montré que l’âge et le poids de la brebis exercent des effets significatifs sur tous les caractères étudiés sauf la fertilité. Ici, les brebis étaient encore jeunes, avec un âge moyen de 34,1 ± 17,4 mois pendant l’étude. Or, pour un âge supérieur à 34,0 mois (n = 67 mises bas), les résultats ont été encore meilleurs avec une fertilité de 97,0 ± 17,1%, une TPN de 2,23 ± 0,84, une TPS de 1,97 ± 0,75, un PPN de 5,51 ± 1,38 kg et un PPS de 33,5± 10,6 kg soit un TPS de 2,95 ± 1,14 et un PPS de 50,2 ± 15,4 kg par brebis et par an. Par contre, la saison de lutte n’a eu aucun effet sur ces paramètres. De plus, la brebis D’Man peut se reproduire toute l’année et elle est précoce. En conclusion, la race D’Man a des potentialités reproductives très prometteuses qu’il est possible d’exploiter en race pure et en croisement pour l’augmentation de la production de viande dans le contexte local.

Mots-clés : fertilité, ovin, palmeraie, précocité, productivité, prolificité, reproduction, saison, taille de portée


Reproductive qualities of D'Man ewes in Algerian oases

Abstract

This study presents the assessment of the reproductive performance of 49 ewes D’Man subjected to an accelerated lambing system with three lambing every 2 years (167 lambing). It specifies the respective effect of the age and weight of ewes before mating and the season of mating on reproductive performance. The ewes had a fertility rate of 95.2 ± 21.4%, live litter size at birth (LSB) and weaning (90 days) (LSW) respectively 1.88 ± 0.78 and 1.68 ± 1.49, and litter weights at live birth (LWB) and weaning (LWW) of 4.78 ± 1.49 kg and 29.8 ± 10.4 kg, respectively. This represents a LSW of 2.52 ± 2.24 and a LWW of 44.7 ± 15.6 kg per ewe per year. The analysis showed that the ewe’s age and weight exerted significant effects on all traits studied except fertility. Here, the ewes were still young, with an average age of 34.1 ± 17.4 months. However, for an age greater than 34.0 months (n = 67 births), the results were even better with a fertility of 97.0 ± 17.1%, a LSB of 2.23 ± 0.84, a LSW of 1.97 ± 0.75, a LWB of 5.51 ± 1.38 kg and a LWW of 33.5 ± 10.6 kg, either a LSW of 2.95 ± 1.14 and a LWW of 50.2 ± 15.4 kg per ewe per year. Though, the season of mating had no effect on these parameters. In addition, the D’Man sheep can breed all year and is precocious. In conclusion, the D'Man breed has very promising reproductive potential that can be exploited in purebred and crossbreeding to increase the meat production in the local context.

Keywords: fertility, litter size, palm grove, precocity, prolificacy, reproduction, season, sheep


Introduction

La rentabilité d'un élevage ovin se mesure par la productivité de son troupeau. Celle-ci est la résultante de plusieurs composantes, en l'occurrence, la prolificité des brebis et le nombre d'agnelages par an (Large 1970). Ces composantes sont très marquées chez la race ovine D'Man qui est caractérisée par sa prolificité exceptionnelle et la possibilité d'être saillie à toute période de l'année (Boujenane 2003) avec des résultats meilleurs certains mois de l’année : de décembre à mars. C’est une race locale des oasis du Sud marocain et du Sud-Ouest algérien (Bouix et Kadiri 1975). Elle est élevée en troupeaux de petite taille (6 têtes en moyenne) et maintenue en stabulation pendant toute l'année. Les poids vifs moyens des animaux D’Man à l’âge adulte sont de 33,6 ± 0,23 kg pour la brebis et de 41,6 ± 1,05 kg pour le bélier (Boubekeur et al 2015). Dans des bonnes conditions d’élevage, l’agneau D’Man au sevrage (3 mois) atteint 40 à 45% de son poids vifs adulte (Boubekeur 2017). Les performances des animaux de cette race en dehors des stations expérimentales restent très faibles surtout en raison d’une mauvaise conduite d’élevage et d’une sous-alimentation chronique (Boubekeur 2010).

En plus de l’amélioration des conditions d’élevage, plusieurs auteurs ont conclu que l’amélioration génétique du poids total de la portée au sevrage par brebis est possible à travers l’élevage de brebis ayant une prolificité élevée comme la D’Man (Abdulkhaliq et al 1989, Elfadili 2005, Dekhili 2010). Cependant, l’exploitation de cette race chez les éleveurs en dehors de son milieu traditionnel en Algérie, que ce soit en race pure ou dans des schémas de croisements structurés en vue d’augmenter la productivité des troupeaux, est très rare suite à une mauvaise connaissance des performances réelles de la race.

Cette étude menée en station expérimentale vise donc à faire le point sur les potentialités reproductives de brebis D'Man et à déterminer les facteurs non génétiques qui influencent ses potentialités pour avoir une bonne appréciation du niveau de performances des ovins de cette race en Algérie.


Matériel et méthodes

Animaux et conduite

Cette étude a été effectuée dans la station expérimentale d’Adrar de l’Institut National de la Recherche Agronomique d’Algérie, située à environ 5 km au sud-ouest du chef-lieu de cette wilaya à la latitude 27° 49 N et la longitude 0°11 E, et à l’altitude de 279 m. Elle est localisée dans l’étage bioclimatique hyperaride avec une pluviométrie négligeable de moins de 50 mm par an.

Les données analysées sont issues du troupeau de race D’Man qui a été constitué en 2011 par l’acquisition de 15 brebis et 2 béliers auprès des éleveurs du berceau de la race D’Man. Avec l’introduction des agnelles nées en station à la lutte, le nombre de brebis étudiées a atteint 49 femelles. Les animaux ont été exploités dans un système d’agnelage accéléré, avec une mise à la reproduction de tout le troupeau tous les 8 mois (3 agnelages en 2 ans).

Le troupeau était en stabulation permanente. L’alimentation était essentiellement basée sur la luzerne et l’avoine en hiver, le mil et le sorgho en été, plus des palmes broyées toute l’année. Les brebis ont été nourries à raison de 500 g par jour d’un concentré composé de dattes concassées, de son de blé et principalement d’orge en grains au cours de la dernière phase de la gestation. La quantité de concentré a été portée jusqu’à 1 kg par jour après la naissance en fonction du nombre d’agneaux allaités. Les agneaux ont été nourris avec 250 à 300 g de concentré contenant principalement de l'orge grains et des dattes par jour, ainsi que du foin à volonté à partir de l’âge d’un mois jusqu’au sevrage.

La conduite sanitaire du troupeau était basée sur diverses interventions prophylactiques. Les brebis ont été vaccinées au quatrième mois de gestation contre l’entérotoxémie et traitées contre les maladies parasitaires.

Les variables de reproduction analysées ont été la fertilité (Fert) (en %) ou taux d'agnelage (0 à 1), la taille (TPN) et le poids de la portée à la naissance (PPN) et la taille (TPS) et le poids de la portée au sevrage à 90 jours (PPS) des brebis ayant agnelé.

Analyses statistiques

L’analyse a concerné les données de performances de 49 brebis D’Man, collectées entre 2012 et 2018 : 167 agnelages ont été concernés par l’étude. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS. Les statistiques descriptives pour les variables étudiées ont été calculées.

Une analyse de la variance des effets fixes a été faite pour identifier les sources importantes de variation, en utilisant la procédure du modèle linéaire généralisé de SPSS. Les effets fixes ont inclus la saison de lutte avec 4 niveaux (printemps, été, automne et hiver), l’âge de la brebis à la lutte avec 6 niveaux (âge≤18 mois, 18<âge≤ 26, 26<âge≤34, 34<âge≤42, 42<âge≤50 et âge>50 mois) et le poids de la brebis à la lutte avec 3 niveaux (poids < 35 kg, 35≤poids<40 et poids≥40 kg).


Résultats et discussion

Paramètres de reproduction

Les moyennes arithmétiques, les écarts-types et les coefficients de variation des performances de reproduction des brebis D’Man sont récapitulés dans le Tableau 1. Les coefficients de variation sont élevés ce qui peut inférer des perspectives de progrès.

Les brebis du troupeau étudié avaient un rang d’agnelage qui variait de 1 à 7 avec une moyenne de 3, un âge à la lutte de 34,1 ± 17,4 mois et un poids à la lutte de 37,0 ± 5,1 kg. La répartition des résultats selon l'âge des brebis montre une fréquence maximale de 40,9% pour les brebis âgées de moins de 24 mois.

Tableau 1 : Paramètres statistiques de performances de reproduction des brebis D’Man

Variables

Effectif
d’agnelages

Moyenne

Ecart-
type

CV
%

Min

Max

Fertilité (%)

167

95,2

21,4

22,5

50,0

100

Taux de mortalité à la naissance

167

2,40

0,17

7,10

0,00

100

Taille de la portée à la naissance (nés vivants)

159

1,88

0,78

41,6

1,00

4,00

Poids de la portée à la naissance (nés vivants) (kg)

159

4,78

1,49

31,3

2,00

8,20

Taille de la portée à 90 jours

158

1,68

0,69

40,8

1,00

4,00

Poids de la portée à 90 jours (kg)

158

29,8

10,4

35,0

14,0

58,5

CV : coefficient de variation

Le taux moyen de fertilité des brebis de race D’Man est de 95,2%. Ce taux semble similaire à celui obtenu chez les brebis de cette race au Maroc (Lahlou-Kassi et al 1989, Kerfal et al 2005, Ibnelbachyr et al 2007 et Boujenane et al 2013). En revanche, ce taux domine les taux enregistrés chez les brebis de races Ouled-Djellal, Taâdmit, Rembi et Hamra, qui ont varié en moyenne de 75 à 93% (Benyounes et al 2013, Khiati 2013 et Dekhili 2014).

Les tailles de portée à la naissance (nés vivants) et au sevrage des brebis de race D’Man dans cette étude ont été respectivement de 1,88 et 1,68 agneaux. La taille de portée à la naissance variait de 1 à 4 agneaux nés vivants. Les fréquences des portées ont représenté 33,3% pour les simples, 49,1% pour les doubles, 13,8% pour les triples et seulement 3,8% pour les quadruples. Kerfal et al (2005) ont rapporté que cet intervalle de taille de portée à la naissance (nés vivants) est très faible comparé à celui obtenu chez cette race au Sud marocain (1 à 7 agneaux). Ainsi, cette moyenne de taille de portée à la naissance est nettement inférieure à la taille de portée à la naissance (nés vivants) des brebis D’Man au Maroc variant de 2 à 2,4 (Lahlou-Kassi et al 1988, Kerfal et al 2005, Ibnelbachyr et al 2007, El-Fadili et al 2009,  Boujenane et al 2013).

Cependant, elle est supérieure à la moyenne réalisée sur cette race en Tunisie de 1,76 (Rekik et al 2005) et aux résultats obtenus chez les brebis de races locales Ouled-Djellal (1,13 agneaux nés vivants), Taâdmit (1,02 agneaux), Hamra (1,06 agneaux) et Rembi (1,10 agneaux) en Algérie (Benyounes et al 2013, Abdelhadi et al 2013, Khiati 2013, Dekhili 2014).

Quant à la taille de portée des brebis D’Man au sevrage, elle a été aussi inférieure aux moyennes enregistrées chez cette brebis au Maroc qui a varié de 2 à 2,2 agneaux (Kerfal et al 2005, Ibnelbachyr et al 2007 et Boujenane et al 2013). Les brebis de races Ouled-Djellal, Hamra et Rembi n’ont sevré que la moitié des agneaux sevrés par les brebis D’Man étudiées (0,8 à 1,0 agneau) à l’âge de 3 mois (Dekhili et Aggoun 2007, Abdelgurfi et Laouar 1999, Khiati 2013, Lafri et al 2014).

Les moyennes des poids de portée à la naissance (nés vivants) et au sevrage des brebis D’Man étudiées ont été respectivement de 4,8 kg et 29,8 kg. Le poids de la portée à la naissance (nés vivants) enregistré reste au-dessous de celui obtenu chez les races D’Man (6,14 à 6,23 kg) et Boujaâd (5,03 kg) au Maroc, mais il est supérieur aux poids obtenus chez les brebis de races locales Hamra et Rembi qui ont été de 3,91 kg et 4,71 kg respectivement (Kerfal et al 2005, Ibnelbachyr et al 2007, Boujenane et al 2013, Abdelhadi et al 2013 et Khiati 2013). Ainsi, à l’âge de trois mois, les brebis D’Man ont sevré des portées dont le poids était inférieur aux poids obtenus chez cette race au Maroc oscillant entre 37,6 et 43,4 kg (Kerfal et al 2005, Ibnelbachyr et al 2007 et Boujenane et al 2013).

Les poids moyens à la naissance et au sevrage enregistrés par portée selon la taille de portée sont rapportés dans le Tableau 2. Le poids moyen des agneaux à la naissance (nés vivants) est de 3,33 kg pour ceux issus de portée simple, 2,54 kg pour les doubles, 2,20 kg pour les triples et seulement 1,80 kg chez les agneaux de portée quadruple (Figure 1). La même tendance a été remarquée pour le poids moyen à l’âge de 90 jours. Nos résultats concordent avec ceux de Donald et Russel (1970) qui ont rapporté que toute augmentation de la taille de la portée s’accompagne d’une diminution du poids à la naissance (nés vivants) mais sans conséquence sur la croissance des agneaux dans de bonnes conditions d’élevage.

Tableau 2 : Poids moyen des agneaux D’Man à la naissance (nés vivants) et
à 90 jours selon la taille de portée

Type de portée

Simple

Double

Triple

Quadruple

Total

Effectif

53

78

22

6

159

PN (kg)

3,33

2,54

2,20

1,80

2,62

P90J (kg)

20,1

16,0

13,6

11,3

17,7

PN : poids moyen à la naissance, P90J : poids moyen à 90 jours



Figure 1 : Variation du poids à la naissance (PN) des agneaux (nés vivants) selon le type de portée

Les faibles performances de reproduction obtenues des brebis D’Man dans la présente étude et celles enregistrées par les différents auteurs sur les brebis de cette race au Maroc peuvent être expliquées par le nombre élevé de jeunes brebis dans le troupeau étudié, bien entendu, mais également par le mode de conduite et des conditions climatiques et alimentaires dans chaque étude. Selon Kerfal et al (2005), les performances les plus élevées ont été enregistrées chez les brebis D’Man âgées de plus de 3 ans. Dans cette étude, l’âge moyen des brebis a été inférieur à cet âge (34,? ± 17,4 mois). Par contre, les brebis étudiées ont enregistré des performances de reproduction supérieures en comparaison avec les autres races ovines en Algérie. Cette supériorité peut être expliquée par des différences raciales car les potentialités reproductives de cette race sont très marquées (Kerfal 2006).

Facteurs de variation des performances de reproduction

Les valeurs moyennes de la fertilité, de poids et de tailles de portée à la naissance et au sevrage des brebis de race D’Man par facteur de variation sont résumées dans le Tableau 3.

Tableau 3 : Effet de l’âge, du poids et de la saison de lutte des brebis D’Man sur ses performances de reproduction (moyennes)

Facteurs

N

Fertilité

TPN

TPS

PPN

PPS

F

3,87

2,32

2,41

2,59

2,43

Age à la lutte

Signification

**

*

*

*

*

Age ≤ 18 mois

34

91,2

1,52

1,42

3,79

24,1

18 < âge ≤ 26 mois

38

92,1

1,71

1,56

4,54

29,3

26 < âge ≤ 34 mois

28

100

1,68

1,46

4,47

27,8

34 < âge ≤ 42 mois

22

100

2,09

1,82

5,55

32,0

42 < âge ≤ 50 mois

18

88,9

2,44

2,06

5,25

34,1

Age > 50 mois

27

100

2,22

2,04

5,63

34,3

Age à la lutte

Age ≤ 34 mois

100

94

1,64

1,50

4,27

27,2

Age > 34 mois

67

97

2,23

1,97

5,51

33,5

Poids à la lutte

F

5,56

6,01

6,82

2,39

4,73

Signification

**

**

**

*

*

Poids < 35 kg

86

0,95

1,67

1,48

4,47

26,5

35 ≤ poids < 40 kg

52

0,98

2,06

1,86

5,04

32,4

Poids ≥ 40 kg

29

0,90

2,19

1,96

5,22

34,6

Saison de la lutte

F

3,75

0,74

1,13

0,41

2,31

Signification

*

ns

ns

ns

ns

Printemps

47

95,7

1,93

1,75

4,92

29,3

Eté

29

89,4

1,81

1,65

4,81

32,4

Automne

55

96,4

1,83

1,64

4,68

28,1

Hiver

36

97,2

1,94

1,69

4,72

30,9

*p<0,05 ; **p<0,01 ; ***p< 0,001, ns : non significatif ; N : effectif ; TPN : taille de la portée à la naissance (nés vivants) ; PPN : poids de la portée à la naissance (nés vivants) (kg) ; TPS : taille de la portée au sevrage à 90 jours ; PPS : poids de la portée au sevrage à 90 jours (kg)

L’âge de la brebis à la lutte a exercé un effet significatif sur toutes les performances de reproduction étudiées. Les plus faibles performances ont été réalisées par les jeunes brebis de moins de 18 mois alors que les performances les plus élevées ont été enregistrées chez les brebis adultes âgées de plus de 34 mois. Les différences ont été de 9,0% pour la fertilité, 0,6 agneau pour la taille de portée à la naissance, 0,4 agneau pour celle au sevrage et de 1,8 et 8,0 kg respectivement pour les poids de portées à la naissance et au sevrage. Cette supériorité est due d’une part, à l'accroissement de la production laitière avec l'âge affectant positivement la croissance des agneaux. Boujenane et Kerfal (1992) ont trouvé que la production laitière augmente avec l'âge de la brebis et que les brebis adultes ont donné 30% de lait de plus que les jeunes brebis. D’autre part, elle est aussi liée à l'atteinte de la maturité physiologique des brebis adultes ; l'énergie emmagasinée serait alors vraisemblablement utilisée préférentiellement pour la fonction de reproduction chez ces brebis (Niaré, 1996). De même, Analla et al (1997) ont conclu que les agneaux issus de mères de moins de deux ans ont eu des poids plus faibles, du fait que leurs mères n’étaient pas encore arrivées à leur pleine maturité. Quant à Duguma et al (2002) ils ont signalé que les jeunes brebis sont encore en croissance, de sorte que la concurrence entre la croissance fœtale et maternelle pourrait être une explication pour donner naissance à des agneaux plus petits.

Cette constatation relative à l'effet significatif de l’âge de brebis sur ses performances de reproduction va en parallèle avec celles obtenues par Lahlou-Kassi et al (1988), El Fadili (2005), Kerfal et al (2005) et Boujenane el al (2013). Ces auteurs ont conclu que les potentialités reproductives de la brebis augmentent avec l'âge, atteignent un optimum vers l'âge de 4 ans et décroissent par la suite. A titre indicatif, Kerfal et al (2005) ont rapporté une différence de 0,33 agneau, 0,27 agneau, 1,41 kg et 8,0 kg respectivement pour les tailles et les poids de portées à la naissance et au sevrage entre les brebis D’Man primipares (âgées de moins de 18 mois) et les brebis adultes âgées de plus de 36 mois. Ainsi, Deghnouche et al (2017) ont démontré que les brebis âgées de 3 ans sont plus prolifiques (+0,2 %), plus fécondes (+0,22 %), plus productives numériquement (+0,26 %) et produisent plus de viande (+0,94 kg) que les jeunes brebis âgées de 1à 2 ans.

Tous les traits étudiés sont influencés par le poids des brebis à la lutte (Tableau 3). Les résultats de ce facteur sur les caractères de reproduction indiquent que l'augmentation de 1 kg du poids des brebis à la lutte s'accompagne d'une amélioration de la taille de portée à la naissance et au sevrage de 0,05 agneau et de poids de portée à la naissance et au sevrage de 68 g et 812 g respectivement. Ces résultats confirment ceux de Prud'hon et al (1968), Boujenane et Chikhi (2006) et Arbouche et al (2013) qui ont rapporté que le poids des brebis à la lutte affecte significativement les performances de reproduction. Ainsi, Kerfal et al (2005) ont constaté que chaque accroissement moyen de 1 kg du poids des brebis à la lutte engendre une amélioration de la taille de portée à la naissance et au sevrage de 0,02 agneau, de poids de portée à la naissance de 50 g et au sevrage de 170 g quel que soit l’âge des brebis.

En conclusion, pour que la brebis D’Man donne de meilleures performances de reproduction, elle ne doit pas être maigre (< 30 kg) ni trop lourde (> 45 kg) pendant la lutte. Le surpoids ainsi que le poids trop faible sont néfastes sur les performances de reproduction des brebis mises à la lutte.

Les résultats selon la saison de la lutte ont été non significatifs pour toutes les variables étudiées, à l’exception de la fertilité. Le taux de fertilité le plus faible a été enregistré en été (89,7%). Plusieurs causes sont à l'origine de ces fluctuations, entre autres, les conditions climatiques, la qualité des fourrages distribués… qui se sont répercutées sur le taux d'ovulation et sur la mortalité embryonnaire des brebis ainsi que sur la viabilité et la croissance des agneaux. Plusieurs auteurs (Prud'hon et al 1968, Boujenane et al 2013, Dekhili 2014) ont cité l'absence d'effets significatifs de la saison de lutte, alors que d'autres ont trouvé des différences significatives (Kerfal et al 2005, Dekhili et Benkhlif 2005, Dekhili et Aggoun 2006).

La convergence des moyennes entre les quatre saisons montre que la période de lutte n’a pas eu d’influence sur les capacités reproductives de la brebis D’Man ici, et confirme l’absence de l’anoestrus saisonnier chez cette race et sa possibilité d’être saillie en toute saison (Lahlou-Kassi et al 1988, Lahlou-Kassi et al 1989).

Les performances de reproduction des brebis D’Man aux différentes saisons dépendent simultanément de leur âge et de leur poids à la lutte : à poids égal, la prolificité augmente avec l’âge, à âge égal elle augmente avec le poids, l’augmentation étant elle-même plus rapide lorsque les brebis sont plus âgées.


Conclusion


Références bibliographiques

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Received 4 July 2019; Accepted 21 July 2019; Published 1 August 2019

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