Livestock Research for Rural Development 31 (7) 2019 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Etude des systèmes d'élevage ovins en milieu montagneux du Nord-Ouest tunisien

I Mekki1,2, D Malouche3, S Smeti1, H Hajji1, M Mahouachi4, M Elloumi1 et N Atti1

1 Université de Carthage, INRA-Tunisie, rue Hédi Karray, 2049 Ariana, Tunisia
2 Université de Carthage, INAT, 43 Av Charles Nicole, Tunis, Tunisie
3 Université de Carthage, ESSAI, Charguia 2, Ariana, Tunisie
4 Université de Jendouba, ESA Kef, Le Kek, Tunis, Tunisie
Correspondance: Ilyes Mekki University of Carthage INRAT 2049, Ariana, Tunisia Fax: + 216 71 231 59 Tf: + 216 97 034 151
Email: ilyesyassinemekki@gmail.com

Résumé

La production ovine revêt une place importante parmi les activités des zones montagneuses du Nord-Ouest tunisien. Les systèmes d’élevage dans ces zones dont la population décroit sont peu valorisés et les enjeux de durabilité et de compétitivité sont devenus prégnants. Un préalable indispensable est la caractérisation de la diversité des activités d'élevage afin de mieux comprendre les choix des agro-éleveurs et de cerner les contraintes à la valorisation de la viande d'agneaux de montagne. Une enquête sur les systèmes d'élevage ovin dans les régions d'Ain Draham (AD), Fernana (F), Joumine (J) et Amdoun (AM) a été menée auprès de 91 agro-éleveurs. Quatre types de systèmes d'élevage ont été distingués: i) 20 agro-pasteurs cherchant un équilibre avec les ressources forestières, ii) 17 agro-éleveurs dont le cheptel est intégré à l'exploitation agricole; iii) 35 éleveurs sans terre, dont l'élevage est basé sur l'engraissement, et en situation précaire, iv) 19 éleveurs sans terre, dont le cheptel a un rôle de réserve financière. Ainsi, la production va de la subsistance des familles paysannes jusqu'à la mise en marché d’agneaux pour l’engraissement, la reproduction, ou la boucherie. En zone forestière, les ovins pourraient rajouter de la valeur aux parcours ligneux. Un système prenant en compte la traçabilité pour une rémunération à la qualité permettrait d’améliorer la rentabilité moyennant une rémunération suffisante de ce service prodigué par les éleveurs, comme par exemple un label 'viande pastorale'.

Mots-clés: mouton, production ovine, système d'alimentation, zone montagneuse, Tunisie


Study of the breeding systems of sheeps in the montagnous area of North-Western Tunisia

Abstract

The sheep livestock farming systems of the mountainous zones (altitude exceeding 500 m) of the northwestern Tunisia play an important part in the socioeconomic activities. It goes from the subsistence of peasant families to the marketing of lambs for fattening, breeding, and slaughtering. Livestock farming systems in these areas are poorly valued and the challenges of sustainability and competitiveness have become significant. In this context, it is essential to take into account the traceability of production, for quality remuneration. An essential prerequisite is the characterization of the diversity of the livestock activities in order to better understand the choices of agro-pastoralists and to identify the constraints to the valorization of the meat of mountain lambs. This is the aim of this work on sheep rearing systems in the regions of Ain Draham (AD), Fernana (F), Joumine (J) and Amdoun (AM). The study is based on surveys of 91 agro-pastoralists. Four types of livestock systems were distinguished according to a set of structural variables: (i) livestock seeking a balance with forest resources, (ii) livestock integrated to farming, (iii) livestock without grazing with low profitability; and (iv) livestock without grazing used as a financial reserve. In forest areas, sheep could add value to woody pastures. Only a social system that takes this into account would make it possible to recover this shortfall and improve profitability by paying for this service provided by the pastoralists in the rangelands, such as a 'pastoral meat' label.

Keywords: livestock system, sheep production, feeding management, mountainous area, Tunisia


Introduction

Parce qu'ils évoluent dans des conditions de milieu difficiles (climat, relief, …) limitant le recours à l'intensification et parce qu'ils sont souvent basés essentiellement sur la consommation d'herbe, les systèmes d'élevage de montagne apparaissent particulièrement exposés à plusieurs contraintes (Bebe et al 2003, Kahi et Nitter 2004, Lasseur 2005, Lemaire et Pflimlin 2007, Séré et al 2008, Udo et al 2011, Garde et al 2014). Dans les pays du Maghreb, le secteur de l'élevage ovin connaît des transformations liées à des changements qui portent à la fois sur les aléas météorologiques, la démographie, l’organisation socioéconomique, les modifications dans les comportements de consommation et de l'usage des sols (Abaab et al 1995, Alary et Boutonnet 2006, Bourbouze 2000, Bourbouze 2006, Ben Salem 2011, Sraïri 2011, Jemaa et al 2016). En Tunisie, l’évolution de la plupart des espaces montagnards a montré qu’il existait en effet une situation fort préoccupante due à la dégradation et à la dévitalisation de l’ensemble des systèmes économiques et sociaux de ces régions et, donc, des systèmes de production agricole familiaux proprement dits (Sahli 1997, Brahmi et al 2001, Kayouli and Buldgen 2001). En effet, la forte charge animale, l'absence de réglementation en matière de mise en culture au sein de l'espace pastoral et les difficultés de gestion des espaces collectifs ont été déterminants dans la dégradation des ressources pastorales tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Les systèmes d’élevage dans ces zones sont peu valorisés et les enjeux de durabilité et de compétitivité sont devenus prégnants. Dans ce contexte, prendre en compte la traçabilité des productions, pour une éventuelle rémunération à la qualité, s’avère nécessaire. Les travaux sur cette thématique sont encore peu nombreux. Un préalable indispensable est la caractérisation de la diversité des activités d'élevage afin de mieux comprendre les choix des agro-éleveurs et de cerner les contraintes à la valorisation de la viande d'agneaux de djebel (montagne). En partant de l’hypothèse que les systèmes d’élevage ovin dans les régions montagneuses de Mogods et la Kroumirie sont susceptibles de fonctionner différemment selon leur mode de conduite, nous visons leur caractérisation afin de permettre la valorisation des ressources pastorales locales.


Méthodologie

Localisation et présentation de la région d'étude

L’étude a été réalisée dans la zone montagneuse (plus de 500 m d'altitude) de Kroumirie-Mogods dans le nord-ouest de la Tunisie. Cette région a connu dès les années 1960, comme le reste du pays, une pression socio-économique liée à la démographie, aux politiques agricoles réalisées dans le cadre de programmes de développement régionaux (Ben Saad et Bourbouze 2010) mais surtout aux aléas météorologiques. Aujourd' hui, c'est une région en pleine déprise démographique. L’élevage extensif ovin sur parcours naturels, constitue une importante activité pour les revenus des familles. Dans la région d'étude, le cheptel ovin est principalement constitué par 3 races à vocation viande qui sont la Barbarine (64,5 %), la Queue Fine de l’Ouest "QFO" (31,9%) et la Noire de Thibar "NT" (1,8%) (Hajji et al 2014). La productivité moyenne de ces races n’a pas dépassé depuis plusieurs années 0,8 agneau/femelle/an (Smeti et al 2012). Le rendement en carcasse est similaire pour ces trois races à viande (Atti et Khaldi 1987). La viande des agneaux de race NT a la caractéristique d’être moins grasse et bien appréciée par le consommateur même pour l’Aïd Adha (Smeti et al 2012).

Les régions concernées par l'étude sont: i) Ain Draham (AD) et Fernana (F) dans le gouvernorat de Jendouba et à dominante montagneuse, ii) Joumine (J) dans le gouvernorat de Bizerte et iii) Amdoun (AM) dans le gouvernorat de Béja à dominante de terres agricoles en moyenne montagne. Ces sites sont hétérogènes tant par la diversité des précipitations, des altitudes (de 300 à 800 m), les proximités de la mer, les occupations des sols et le couvert végétal (Figure 1). La plus grande partie appartient à l’étage bioclimatique humide avec un gradient croissant d’est en ouest et de bas (du niveau de la mer) en haut à Ain Drahem (Ennajeh 2010) et subit l'influence méditerranéenne ainsi que le continentalisme qui apparaît dès qu'on s'éloigne de la côte. Pour donner un aperçu sur le climat de la zone d'étude, nous avons pris comme référence les données climatiques relatives à la station de Tabarka (zone côtière entre Ain Drahem et Joumine; 36°58, 21 N, 8°53, 41 E, Alt = 50 m) qui encadrent bien la série et qui dispose d'observations sur une période assez longue. Le climat y est caractérisé par une pluviométrie annuelle de 907±171 mm variant entre 650 et 1 200 mm (Figure 2). La figure 3 montre que la période sèche s'étale sur 5 mois (de mi-mai à mi-septembre).

La lithologie, caractérisée par une superposition de grès et d’argiles, discrimine différentes unités écologiques dont le couvert végétal est fortement marqué par l'action de l'homme (mise en culture et élevage). Nous distinguons: i) les moyennes montagnes, ii) un glacis de piémont étroit, et iii) la forêt de Kroumirie-Mogods principalement constituée de chênes zeens (Quercus canariensis), chênes-lièges, maquis, strate herbacée et systèmes de culture à jachère avec terres de parcours valorisées par l’élevage (Stahl 2006, Stambouli et al 2007, INF 2010).

Il convient de souligner que les espaces sylvo-pastoraux assurent l'entretien des troupeaux appartenant aux usagers des milieux naturels et les surfaces fourragères principales pour les ovins sont faibles à absentes et relativement importantes dans les zones de plaine. L’utilisation des aliments concentrés a lieu durant toute l’année en quantités variables selon l'exploitation. Les troupeaux sont majoritairement conduits en système extensif avec complémentation par des rations constituées de foin, chaumes, parcours naturels, résidus de récolte et de verdure. Pour la zone de plaine, l'occupation des sols correspond généralement aux grandes cultures (céréales, légumineuses, fourrages). Les céréales (blé, orge, avoine, triticale) ont une double finalité: i) les grains pour la vente, la consommation humaine ou la complémentation des rations de bétail, ii) l'orge, l’avoine et le triticale pâturés en vert et utilisés en foin. La paille est primordiale pour complémenter les rations en période sèche. Les cultures sont majoritairement conduites en pluvial; nous trouvons également des fourrages irrigués (le sulla, Hedysarum coronarium et le bersim, Trifolium alexandrinum).

Figure 1. Situation des zones d’étude
P: précipitation, Alt. altitude, D mer: distance par rapport à la mer


Figure 2. Variabilité de la pluie annuelle à la station de Tabarka représentant la zone d’étude


Figure 3. Diagramme ombrothermique pour la station climatique de Tabarka
Choix des exploitations et recueil des données

Nous avons réalisé une enquête auprès de 91 exploitants. Les exploitations visitées, ont été choisies d'une part à l'aide de listes des éleveurs obtenues auprès des directions régionales de l’Office de Développement Sylvo-Pastoral du Nord-Ouest (ODESYPANO), et d'autre part en se basant sur un certain nombre de critères qui sont: la disponibilité d'informations fiables, l'accord de l'éleveur. L’échantillon a été constitué en veillant à couvrir une diversité de taille d’exploitation et à répartir les éleveurs enquêtés sur l’ensemble du territoire étudié. Les données ont été obtenues par le biais d’un questionnaire fermé. Les questions ont été orientées essentiellement sur les caractéristiques des exploitants (âge, autres activités, etc.), et des variables visant une description succincte des systèmes d'élevage: les caractéristiques structurelles des exploitations (foncier, main-d’œuvre), les productions végétales et leurs surfaces, les effectifs d’élevage, l’alimentation des animaux, l'achat de concentrés, la vente des agneaux (prix et échelonnement) et l'engraissement des agneaux.

Traitements et analyses statistiques des données

Le traitement des données a été réalisé en deux étapes. Dans un premier temps, une description des données recueillies a été réalisée à l’aide de statistiques descriptives classiques où la région est un facteur de variation. Dans un deuxième temps, nous avons utilisé des traitements statistiques multivariés pour réaliser une typologie des systèmes d'élevage. La typologie a été basée sur 11 variables qualitatives transformées en modalités à partir des données quantitatives (Tableau 1). Une analyse des correspondances multiples (ACM) suivie d’une classification ascendante hiérarchique (CAH) a été utilisée pour classer les types d'exploitations. L'algorithme CAH est classiquement utilisé pour classer des individus dans les classes les plus homogènes possibles à partir d'un ensemble de données sur des variables décrivant les individus. Ces analyses statistiques ont été réalisées avec l'environnement d'analyse statistique R. Nous avons vérifié que pour chacune des variables, la distribution des élevages selon les modalités de la variable n’était pas indépendante du type de système d’élevage, en utilisant le test du chi2 de Pearson.

Tableau 1. Les variables retenues et leurs modalités pour l’ACM
Variables Modalités
Age de l’éleveur Jeune (< 35), Adulte (35 à 65 ), Vieux (> 65 ans)
Taille de la surface agricole Réduite (<5 ha), Importante (5 à 20 ha), Très importante (>20 ha)
Revenu de l’élevage Faible (contribution 20%), Elevé (contribution 70%), Très élevé (contribution 100%)
Participation familiale Réduite (intervention à 20%), Grande (intervention à 70%) Très grande (intervention à 100%)
Taille du troupeau bovin Faible (<5), Moyenne (5<10), Grande (>10 bêtes)
Taille du troupeau ovin Réduite (<10), Moyenne (10 à 50), Elevée (<50 brebis)
Répartition des éleveurs selon les surfaces en céréaliculture (%) Elevé (>50%), Moyen (<50%)
Répartition des éleveurs selon l'achat d'aliment concentré Elevé (>4 mois), Moyen (<4 mois)
Durée d’utilisation parcours Elevée (>6 mois), Faible (<6 mois)
Effectif engraissé Important (>10 agneaux), Réduit (<10 agneaux)
Prix de vente d’agneaux Bas (200 à 300 DT), Moyen (300 à 400 DT), Elevé (400 à 500 DT), Très élevé (>500 DT)


Résultats

Caractéristiques générales des systèmes étudiés

L'élevage dans la zone montagneuse de Kroumirie-Mogods dans le Nord-Ouest de la Tunisie est pratiqué surtout par de vieux agriculteurs se basant beaucoup plus sur leur savoir-faire transmis: i) par les anciens; ii) par la dynamique et la construction d’une culture technique commune. Mais on observe aussi de jeunes agriculteurs qui assurent la succession; ainsi, 25 % des éleveurs de la région de AM ont moins de 35 ans. Dans les quatre régions, l'illettrisme touche la majorité des exploitants enquêtés, particulièrement dans les deux zones à dominante montagneuse F et AD, avec respectivement 85 et 62 %. Par contre, au moins la moitié des exploitants a un certain niveau d’instruction dans les deux zones à dominante de terres agricoles en montagne (50 et 91 % respectivement pour AM et J).

La majorité des exploitations étudiées sont en mode d'accès privatif à la terre. Les locations des terres sont majoritairement observées à AM. La taille des exploitations est très variable (Tableau 2). La médiane de la superficie totale cultivée dans les exploitations AM et J s’établit autour de six hectares, avec un minimum à 0,7 ha et un maximum à 30 et 50 ha respectivement. La surface agricole (SA) est la plus grande à AM avec une moyenne de 7,5 ± 8 ha ce qui montre la grande variabilité de ce paramètre. La SA varie de 3 à 4 ha pour les 2 autres régions avec des écart-types égaux ou supérieurs à la moyenne.

Tableau 2. Variabilité des tailles d'exploitation
Zone Taille de la
surface agricole (ha)
Amdoun 7,5 ± 8,0
Joumine 6,3± 10,8
Ain Draham 3,7 ± 3,6
Fernana 4,2 ± 3,3
Moyenne 5,4± 6,4

La répartition des différentes cultures dans les exploitations des quatre régions est rapportée dans le Tableau 3. On remarque que la céréaliculture est présente dans la quasi-totalité des exploitations enquêtées, mais à des surfaces différentes entre les exploitations de chaque zone (de 0 à 39 ha avec une médiane de 2 ha). L’irrigation est pratiquée par quelques agriculteurs de la zone AM. Pour l’alimentation du bétail, les cultures fourragères représentent la culture essentielle dans l'activité agricole des exploitations identifiées après la céréaliculture pour la production de grains. Les surfaces réservées aux fourrages sont variables (de 0 à 6 ha avec une médiane de 0,5 ha). On note différentes cultures fourragères emblavées dans les 4 zones (Tableau 3). Nous observons que plus que 60 % des exploitants des zones AM, AD et J pratiquent, et à des degrés différents, la culture de l'avoine destinée à l'utilisation en foin. Les exploitants de F constituent leur stock de foin pour l’alimentation des cheptels à partir de l’herbe spontanée. Le sulla (Hedysarum coronarium) n’est cultivé que par 25 % des agriculteurs de la région F avec des surfaces ne dépassant pas le 1 ha. Comme autres cultures, la féverole est cultivée par 75 % des agriculteurs d’AM à des superficies qui ne dépassent pas 1 ha en moyenne, mais seul 10 exploitants des autres régions cultivent cette espèce. Le triticale est essentiellement cultivé dans la zone de J (66,7 %) et timidement à AM (29,2 %) avec des superficies faibles. Par ailleurs, on note que presque tous les éleveurs des 4 zones exploitent des parcours naturels qui couvrent plus 60 % des exploitations enquêtées.

Tableau 3. Principales cultures fourragères et parcours (% des exploitants)
Zone Effectif (91) Céréaliculture Jachère Avoine foin Triticale Féverole Parcours
Amdoun 24 95,4 25,0 95,8 29,2 75 62,5
Joumine 17 94,5 38,9 61,1 66,7 39 83,3
Ain Draham 29 96,6 38,9 69,0 0 38 82,8
Fernana 21 100 70,0 0 0 40 85,0

Les exploitations enquêtées possèdent un effectif ovin de 57± 33 têtes, variant entre 7 et 50 têtes. On note 19 ± 11 brebis pour AM, et 14 ±9 brebis en moyenne par exploitation, pour les exploitants de AD et de J. Les exploitations de F comptent seulement 10 ±4 brebis en moyenne. Pour les quatre zones, le nombre de reproducteurs est en moyenne inférieur à 1 bélier par exploitation avec un écart-type qui varie de 0,57 à 0,70. D’après les données du Tableau 4, on note que les exploitations d’AM sont composées de la race Barbarine dont la moyenne est de 10 têtes par élevage et NT avec une moyenne de 4 brebis, avec des cas isolés de brebis Sicilo-Sarde, une brebis de la race QFO et 5 brebis croisées (QFO et Barbarine). Les troupeaux de la région J sont essentiellement composés par la Barbarine, puis la race croisée et la NT avec un effectif moindre. Par contre, la majorité des effectifs dans les exploitations d’AD et F est représentée par la présence de la Barbarine, la QFO ou croisée.

L'effectif total des bovins est caractérisé par une variabilité inter et intra-exploitations. On dénombre une moyenne de 7,9 ± 8,2 têtes dont 4,9 vaches en production dans la région AM. Pour J, le total est en moyenne de 5 ± 6, 3 têtes par exploitation dont 2,9 femelles en production. Les exploitations de F et AD possèdent respectivement 2 et une vaches avec un jeune bovin en moyenne dans les deux zones.

La majorité de l'effectif caprin est localisée dans les zones montagneuses de la zone AD et quelques exploitants de la zone J. Généralement, les caprins sont élevés en association avec le cheptel ovin. L’effectif caprin moyen de la zone AD ne dépasse pas 3 chèvres par exploitation avec 2,27±2 chèvres pour la race locale et 0,65±1,02 chèvres pour la race Alpine. Alors que cette moyenne est de l’ordre de 0,11 ±0,3 chèvres de race locale pour la zone J.

Tableau 4. Race ovine par exploitation par zone
Barbarine Noire de Tibar Queue Fine Total
Amdoun 10 ± 6 4 ± 3 5 ± 2 19 ± 11
Joumine 8 ± 5 4± 2 2 ± 2 14 ±9
Fernana 5 ±2 0 5±2 10 ±4
Ain Draham 11 ± 7 0 3 ± 2 14 ±9
Moyenne 8,5 ± 5,0 2,0 ± 1,3 3,8 ± 2,0 14,3 ± 8,3

L’engraissement des agneaux nés dans les exploitations est pratiqué. Le Tableau 5 représente les effectifs des agneaux réservés à l’engraissement par zone et leurs prix de vente. Nous notons un nombre moyen similaire (6 à 8) pour les différentes régions mais très variable entre les exploitations au sein de la même région (ET: 5 à 11). L'engraissement d'une durée de 5 à 6 mois repose principalement sur le pâturage avec des ressources alimentaires achetées (concentré, orge, foin). Selon les années, les agneaux ont un poids vif initial moyen de 20 kg et sont vendus après engraissement à un poids vif moyen de 40 kg pendant le mois de Ramadan et au cours de l’Aïd El Adha (fête du sacrifice). Ils sont vendus principalement dans les marchés aux bestiaux qui représentent le lieu des rencontres de la majorité des acteurs de la filière, producteurs, maquignons, bouchers et commerçants. Par contre les prix de vente varient considérablement entre les régions. Ils sont plus élevés dans les régions en plaine (AM et J) que dans les zones montagneuses (AD et F). Ainsi, le prix minimum à AM (203 DT) est supérieur au maximum de AD (175 DT).

Tableau 5. Production de la viande, nombre des agneaux destinés au marchés et prix par région
Nombre Prix minimal Prix maximal
Amdoun 7± 9 203± 101 279± 130
Joumine 7± 5 178± 27 304± 51
Fernana 8± 11 158± 57 234± 75
Ain Draham 6± 6 151± 63 175± 60

Les tâches relatives à l’élevage sont en général, la traite, le gardiennage au pâturage, le soin des troupeaux, le nettoyage de la bergerie et la distribution des aliments au cheptel. Au sein des exploitations enquêtées, les membres de la famille jouent un rôle important et principal dans l'activité agricole. De ce fait, pour 100 % des exploitations des deux régions F et AD, les tâches sont assurées par les membres de la famille. Elles sont de 91,7 et 77,8 % respectivement pour les régions d’AM et J. Plus de la moitié des éleveurs de F et AM (respectivement 65 et 58 %) pratiquent l’élevage comme seule activité rémunératrice. Cependant, seuls 41,4 % des éleveurs de AD et 38,9 % de J ont les revenus basés uniquement sur l’élevage, alors que respectivement 58,6 et 66,7 % des éleveurs de ces régions tirent profit aussi d’autres activités agricoles.

Les surfaces agricoles sont majoritairement réduites (68,1 % avec des surfaces < 2 ha), 20 % des surfaces agricoles sont de l’ordre de 10 ha (importante) et seulement 9,9 ont des surfaces qui dépassent les 35 hectares (très importante). La présence d’élevage bovin et ovin est une autre caractéristique forte des exploitations. Cependant, les effectifs de bovins sont très variables entre exploitations et restent majoritairement faibles (la taille de troupeau ne dépasse pas les 2 bêtes pour 68,1% des cas) et 7 têtes (taille moyenne) pour 29,1 % des exploitants. On peut néanmoins noter la présence de gros troupeaux ovins dans quelques exploitations (> 50 têtes), 12,1 % de taille moyenne et 4,6 % de taille réduite. Par ailleurs, l’engraissement des agneaux est pratiqué, mais reste avec des effectifs réduits dans 77 % des exploitations et importants pour le reste. En ce qui concerne le revenu d’élevage, il reste faible pour 46,1 % des éleveurs et moyennement élevé pour 13,2 % des exploitants et très élevés pour le reste des exploitants. Le recours à la complémentation avec des concentrés est systématique, au moins quatre mois par an.

Les types d’exploitations

La projection des individus (exploitations) sur l'espace des deux premiers axes de l’ACM (PC1 et PC2) sur la base des données recueillies a permis de discriminer 4 systèmes-types (G1, G2, G3, G4) (Figure 4). L’axe 1 oppose d’une part les éleveurs qui possèdent des terres agricoles et pratiquent un élevage intégré à l'agriculture à d’autre part les éleveurs qui n’élèvent que des brebis sur parcours naturels et vendent leurs agneaux après le sevrage. L’axe 2 oppose d’une part des éleveurs qui engraissent des agneaux et d’autre part des éleveurs qui ont accès à des chaumes. Pour chacune des variables la répartition des élevages selon les modalités n’est pas indépendante du type, ce qui confirme la pertinence des groupes réalisés (Tableau 6).

Figure 4. Projection des exploitations sur les plans formés par les axes F1 (horizontal) et F2 (vertical) et délimitation des groupes


Tableau 6. Caractéristiques des 4 types de systèmes d’élevage
Types de systèmes agro-
pasteurs
agro-
éleveurs
éleveurs sans
terre, engraisseurs
éleveurs sans terre,
l'élevage source de ésorerie
Nombre d'exploitations 20 17 35 19
Surface agricole moyenne (ha) 4 ± 2,5 25 ± 11 3 ±2 2 ± 4
Nombre moyen d’ovins 10 ± 12 20 ± 8 30 ±14 15 ± 10
Nombre moyen de bovins 2 ±3 10 ±5 4 ±7 4 ± 3
Répartition des éleveurs selon la contribution de la famille aux travaux (%) 100 10 80 100
Répartition des éleveurs selon l'effectif d'agneaux engraissés (%) 15 30 45 10
Répartition des éleveurs selon les prix de vente des agneaux (%) 10 25 50 15
Répartition des éleveurs selon les surfaces en céréaliculture (%) 15 70 10 5
Répartition des éleveurs selon l'achat d'aliment concentré (%) 10 40 40 10
Durée d’utilisation parcours (mois) 12 9 2 12
Durée d’utilisation des forêts (mois) 4 0 5 8
Répartition des éleveurs selon les activités extra-agricoles (%) 10 5 30 10

G1, Agro-pasteurs: Ce sont des populations forestières typiques qui recherchent un certain équilibre avec les ressources de la forêt en diversifiant la production (céréaliculture, élevage, arboriculture). L'essentiel de l'alimentation est prélevé sur l'espace pastoral (parcours de maquis et de glands de chêne) sur toute l'année. Les cultures de céréales sont autoconsommées par l'élevage et fournissent de la paille pour l'hiver/printemps et des chaumes pour l'été. Ces exploitations allient un petit élevage d'ovins, avec un petit troupeau bovin utilisant une surface agricole réduite avec une contribution importante de la famille (60 %) à l'activité agricole. Ce groupe est composé de 20 exploitations dont 80 % ayant une surface agricole réduite ne dépassant pas les 5 hectares. 75 % des exploitations ont des troupeaux bovins et ovins de faibles tailles. 95 % engraissent les agneaux pour la production de la viande avec un effectif réduit. 50 % vendent leurs agneaux avec des prix entre 300-400 DT (environ 150 euros).

G2, Agro-éleveurs: Ce type d'élevage est intégré à l’exploitation agricole et disposant d’une superficie plus importante en céréales employant des méthodes modernes (mécanisation, irrigation, etc.) et largement ouverts sur l'extérieur (activités extra-agricoles, commercialisation de la production, etc.). Ce groupe ne dispose pas d'espace pastoral. L'assolement est classique des zones de grandes cultures (céréales grains: blé, orge) -légumineuses alimentaires ou fourragères (féverole) -céréales foins (avoine, triticale) et ou jachère. De la même manière que le groupe G1, les cultures de céréales sont autoconsommées par l'élevage (orge, grains ou foin) et fournissent de la paille pour l'hiver/printemps et des chaumes pour l'été. Ces exploitations ont une bonne sécurité fourragère. Ce type regroupe 17 éleveurs jeunes disposant de surface agricole de grande taille, des troupeaux bovins de taille moyenne et des prix de vente des agneaux élevés, d’où le revenu important issu de l’activité d’élevage et d’autre activité. La participation de la famille à l’activité de l’élevage est moyenne pour 58,8 %. La majorité des éleveurs ont des troupeaux bovins de taille moyenne (70,6 %) et des troupeaux ovins de taille réduite (76,5 %). Ainsi, 70,6 % pratiquent l’engraissement des agneaux avec un nombre réduit et 47,1 % vendent les agneaux avec des prix entre 300-400 DT (environ 150 euros).

G3, Les éleveurs sans terre en situation précaire: Ce type de groupe contient 35 exploitations qui ont des troupeaux bovins de taille réduite. Les exploitations (94,3 %) possèdent des surfaces agricoles réduites (SA< 5 ha). L'élevage est diversifié avec une utilisation importante des parcours naturels. La plupart de l'activité est basée principalement sur l'exploitation de l'espace sylvo-pastoral. Pour 91,4 % des exploitants, la part de la famille est très importante. La majorité des exploitations (97,1 %) possèdent des troupeaux bovins de faible taille. Alors que 85,7 % possèdent des troupeaux ovins de taille réduite (< 10 têtes). On note que 80 % des exploitants pratiquent l’engraissement des agneaux avec un effectif réduit (< 10 têtes). Dans ce groupe, 71,4 % des exploitants vendent les agneaux avec un prix bas variant entre 200-300 DT (environ 100 euros).

G4, Les éleveurs sans terre, le cheptel ayant un rôle de réserve financière: Ce type de groupe renferme 19 exploitations dont 84,2 % ont une surface agricole de dimension réduite (SA < 5 ha). L’alimentation est basée sur l’exploitation des parcours souvent dégradés. Dans toutes les exploitations, la famille a une participation très importante. Pratiquement, la majorité des éleveurs (94,7 %) ont des troupeaux bovins de faible taille. Dans ce groupe, 100 % des éleveurs ont des troupeaux ovins de taille réduite (< 10 têtes). Ils ne séparent pas les différentes catégories d’animaux et les ventes se font au fur et à mesure selon les besoins de la famille. On note que 73,7 % des éleveurs vendent les agneaux avec des prix moyennement élevés variant entre 400-500 DT (environ 200 euros).

Le déficit d’alimentation produite sur l’exploitation est trop long (période hivernale) pouvant être compensé par l’achat d’aliments (concentré, foin) et/ou l’utilisation de parcours (Figure 5). Ce résultat est conforté par les déclarations des exploitants qui affirment dans leur majorité systématiquement ont recours aux aliments de complémentation pour les animaux. Ils associent son de blé, orge, féverole. Les groupes G1 et G2 sont constitués d’éleveurs qui disposent de surface agricole, peuvent constituer des stocks pour l'alimentation hivernale par la production de foin ou le parcours à base de maquis et des glands de chêne. Quelques exploitants du G2 recourent à l’irrigation. Les systèmes associant foin (avoine et féverole) et pâturage sont toujours majoritaires chez les agro-éleveurs. Ils allongent la saison de pâturage des animaux, souvent à l’automne et au printemps. Ceci constitue une stratégie permettant essentiellement aux éleveurs de réduire leurs besoins en stocks de fourrages et de paille et d’améliorer leur autonomie fourragère. G1 et G2 sont moins fragilisés car le pâturage reste possible sur le maquis méditerranéen et les résidus de cultures après les fauches de foin ou les récoltes des légumineuses et les céréales grains. Ils ont également des cultures diversifiées et les activités liées à l'irrigation ou la diversité d'espaces de parcours. La reprise de l'exploitation est plus au moins assurée par les fils. Les éleveurs ayant directement la charge des troupeaux ont un niveau d’instruction moyennement satisfaisant permettant d’adopter de nouvelles techniques. Les systèmes montagnards G3 et G4 sont les plus précaires basés essentiellement sur des fourrages conservés, l'amélioration des parcours est coûteuse et les éleveurs mentionnent qu'ils n'ont pas d'actions qui permettent de faire face aux contraintes climatiques et ou coûts élevés des compléments alimentaires. Ces achats peuvent en effet entraîner une dégradation de la trésorerie et augmenter la précarité du système. Une minorité reçoit de l'argent de l'extérieur ou sont des ouvriers agricoles; la succession est difficilement assurée. Par contre nous notons l'existence d’un potentiel humain motivé pour une démarche collective de valorisation des agneaux. La plupart des exploitants ont évoqué des problèmes de productivité, le manque de visibilité dans le statut de l’éleveur et dans la qualité du produit et souhaitent valoriser sur le marché les caractéristiques spécifiques de leur produit (agneaux de djebel).

Figure 5. Le calendrier fourrager des différents systèmes d'élevage de la zone d'étude durant l'année
cc: Complément alimentaire avec du concentré.


Discussion

Cette première analyse permet d'approcher la complexité et la diversité des exploitations des zones montagneuses du nord-ouest (Mogods et la Kroumirie) de la Tunisie. Des caractéristiques de différenciation des élevages ont été mises en évidence. Cela permet de comprendre les caractéristiques de leur situation permettant de spécifier des leviers d'actions à mettre en œuvre pour valoriser ces systèmes. Nous distinguons 4 types d'exploitations d’éleveurs qui se discriminent par: les possibilités alimentaires (parcours, jachère, fourrage), la diversification des activités (engraissement, céréaliculture), la taille de l'exploitation, et l'aspect financier. Deux systèmes s’opposent: l'un localisé sur les piémonts, agro-sylvo-pastoral, est caractérisé par le recours complémentaire aux ressources de la montagne et à l'agriculture de glacis; l'autre, est confiné dans la plaine et n'a pas de relation avec la forêt. Cette disparité est liée à l'historique de ces exploitations, aux contraintes du milieu, à l'environnement socioéconomique et à la taille des exploitations agricoles et de l’élevage. Les groupes distingués sont: i) G1, agro-pasteurs cherchant un équilibre avec les ressources forestières, ii) G2, agro-éleveurs, le cheptel est intégré à l'exploitation agricole, iii) G3, éleveurs sans terre; l'élevage est basé sur l'engraissement, et en situation précaire et iv) G4, éleveurs sans terre, et le cheptel a un rôle de réserve financière.

L’élevage en zone de montagne présente des risques du fait de sa situation géographique et d'un certain nombre de contraintes physiques: i) taille réduite des troupeaux où les éleveurs possèdent à côté des ovins un effectif de bovins et de caprins, ii) périodes prolongées de sécheresse estivale et automnale mais également de grosses fluctuations entre années, liées à la persistance du froid, qui conditionne le démarrage de la végétation au printemps, iii) l'accroissement des charges, notamment les prix élevés des compléments ainsi que des fourrages verts de printemps et du foin.

La diversification des activités pour les groupes G1 et G2 (les systèmes pastoraux montagnards ou les systèmes de grandes cultures avec irrigation) peut contribuer à sécuriser le revenu et donc atténuer les conséquences des aléas climatiques. Cela implique généralement des investissements; cette diversité peut permettre d’améliorer la résistance du système d’exploitation. Ces investissements peuvent poser un problème de précarité si les périodes de sécheresse deviennent récurrentes. Si le maintien des résultats fragilise le système (par exemple, dégradation de la trésorerie de l'exploitation ou dégradation du milieu et de la ressource), alors la précarité du système augmente, pouvant remettre en cause sa viabilité et aboutir à une rupture (arrêt de l'activité ou forte transformation du système d'exploitation agricole).

Les types G3 et G4 font face à des contraintes foncières, la taille des exploitations élevant des ovins pour ces groupes étant généralement réduite. Les exploitations ayant une superficie de 2 ha pratiquant de l’élevage représentent 62,6% des éleveurs. Cela risque d’influer d’une manière décisive sur la nature des écosystèmes, sur le mode d’évolution des systèmes de production et sur les stratégies familiales quant à la résolution de leurs problèmes de survie (Sahli 1997). Les animaux ne sont pas valorisés; les éleveurs sont généralement obligés de vendre les agneaux plus jeunes et à un prix non avantageux. L'éleveur ovin pour ces groupes, de par son cantonnement en zones défavorisées et d'accès difficiles, et son faible niveau d'instruction, reste à l'écart de toute innovation ou forme d'organisation à même de lui permettre de bénéficier d'un appui technique et professionnel approprié. Tout ceci appelle à plus d’accompagnement et de conseil aux éleveurs car tous doivent réduire leurs charges d’alimentation (complémentation concentré). Les élevages sont ainsi fortement dépendants des fluctuations de prix sur le marché national de l’orge et du son de blé (Srairi 2011, Elloumi et al 2011, Jemaa et al 2016). L'accès à des surfaces de parcours est un plus dans ce système car cela peut limiter les achats de fourrages. Or, l'exploitation des parcours ne sera maintenue que si les éleveurs ovins ont une rémunération suffisante de leur production. Une réflexion approfondie doit être menée pour la valorisation de la viande ovine d’autant plus qu'elle se vend au kg indépendamment de tout critère de classification.


Conclusion

Cette étude a permis d’identifier et caractériser des groupes d’éleveurs dans la zone montagneuse de Kroumirie-Mogods dans le nord-ouest de la Tunisie. La typologie des exploitations montre 4 types d'exploitations d’éleveurs qui se discriminent par: les possibilités alimentaires (parcours, jachère, fourrage), la diversification des activités (engraissement, céréaliculture), la taille et la composition du troupeau. Les groupes distingués sont: i) G1, agro-pasteurs cherchant un équilibre avec les ressources forestières, ii) G2, agro-éleveurs, dont le cheptel est intégré à l'exploitation agricole, iii) G3, éleveurs sans terre, dont l'élevage est basé sur l'engraissement, et en situation précaire et iv) G4, éleveurs sans terre, et dont le cheptel a un rôle de réserve financière.

L'élevage ovin des zones de la Kroumirie Mogods au stade actuel reste un secteur peu productif, malgré certaines potentialités et la vocation naturelle de cette zone. La question que nous poserons en guise de conclusion, et dans une perspective d'action à long terme serait alors: peut-on s'orienter vers une activité économique rentable, induisant l'émergence de groupements professionnels (producteurs, transformateurs, ...) capables de prendre en charge une filière viande agneau de djebel (montagne) spécialisée et performante ? Pour la promotion de cette filière des actions concrètes, se dégagent:


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Received 24 April 2019; Accepted 16 June 2019; Published 2 July 2019

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