Livestock Research for Rural Development 28 (4) 2016 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’objectif de cette étude était d’évaluer les paramètres de reproduction des vaches laitières et d’identifier certains facteurs de variation (parité, saison de vêlage, race, numéro de lactation, teneur de la ration en concentré (% MS) en début de lactation et maladies). Elle a été menée sur un troupeau laitier au niveau de la ferme démonstrative de l’Institut Technique des Élevages (I.T.ELV) à Baba-Ali (wilaya d’Alger) sur 83 lactations dont 54 pour la race Prim’Holstein, 21 pour la Montbéliarde, et 8 pour la Brune des Alpes.
Le délai de mise à la reproduction (IV-IA1) a été de 132,6 ± 71,5 jours, l’intervalle vêlage - insémination fécondante (IV-IAF) de 176,1± 98,5 jours et l’IVV de 422,4 ± 88,7 jours. La parité, la saison de vêlage, la race et le numéro de lactation ne semblaient pas affecter les paramètres de reproduction (p > 0,05). Par contre les paramètres de reproduction se sont détériorés avec l’augmentation du pourcentage de concentré et les pathologies infectieuses.
Mots-clés: alimentation, Brune des Alpes, Montbéliarde, niveau énergétique, numéro de lactation, parité, pathologie, Prim’Holstein, production laitière, saison de vêlage
The aims of this study were to assess the reproductive parameters in dairy cows and to identify some factors of variation (parity, calving season, breed, lactation number, content of the ration concentrate (% DM) in early lactation and diseases). This study was conducted on a dairy herd at the demonstration farm of the Technical Institute of breeding. There were 83 lactations of which 54 lactations for the Prim’Holstein, 21 lactations for Montbéliarde, and 8 lactations for the Brune des Alpes.
Results showed that calving to first insemination was132,6± 71,5 days, calving to conception was 176,1± 98,5 days and calving to calving intervals was 422,4 ± 88,7 days. Parity, calving season, breed, and lactation number did not seem to affect the reproductive performances p> 0.05). However, the reproductive performances were affected by the increase in the percentage of concentrate and infection diseases.
Keywords: Brune des Alpes, calving season, dairy, feeding, lactation number, milk production, Montbéliarde, parity, Prim’Holstein
L’efficacité de la reproduction dans les troupeaux laitiers a diminué au cours des deux dernières décennies en Algérie. Que toutes les vaches donnent naissance chaque année à un veau est particulièrement difficile à obtenir. Malgré l’amélioration dans les connaissances du déroulement du cycle œstral bovin et les applications qui en découlent (protocoles de synchronisation des chaleurs notamment), et en dépit de progrès zootechniques nombreux (en particulier dans l’alimentation des animaux), les résultats des paramètres de reproduction se sont éloignés des objectifs standards définis pour une gestion efficace de la reproduction et compromettent aujourd'hui les résultats économiques des exploitations. Or, la réussite de la reproduction est primordiale et cruciale pour la rentabilité économique de l’élevage ; elle constitue un préalable indispensable à toute production. Elle est imputée à plusieurs facteurs, qui interfèrent entre eux, et sont parfois interdépendants et pas évidents à identifier.
Dans ce contexte en Algérie, l’objectif de ce travail est d’évaluer les paramètres de reproduction des vaches laitières et d’identifier certains facteurs de variation.
L’étude a été réalisée au niveau de la ferme démonstrative de l’Institut Technique des Élevages (I.T.ELV) à Baba-Ali (wilaya d’Alger). Cette ferme est située dans une région caractérisée par un climat de type méditerranéen, très frais et humide en hiver, chaud et sec en été. Le choix de cette exploitation a été motivé essentiellement par les raisons suivantes:
Les vaches sont conduites en stabulation libre, avec un type de rationnement collectif sans respect de la capacité d’ingestion et des performances de production des vaches. Les vaches sont alimentées par une ration de base qui est variable selon les périodes et est constituée par de l’avoine, de l’orge, de la luzerne, du bersim et du sorgho. Le cheptel reçoit aussi du concentré pour la vache laitière VLB17 à base d’un mélange de maïs, de tourteau de soja, d’issues de meunerie, de phosphates, de vitamines et d’oligo-éléments, riche en énergie (0,99 UFL/kg MS) et en protéines (17% de protéines brutes).
La détection des chaleurs est faite par surveillance des vaches au niveau de l’étable et au pâturage, une demi-heure le matin vers 8 h, et une demi-heure l’après midi vers 16 h. Cette surveillance se base sur l’acceptation du chevauchement. La reproduction des vaches se fait par insémination artificielle, entre 8 et 12 h après la détection des chaleurs.
Notre étude a porté sur l’analyse des données relatives aux paramètres de reproduction. Les données analysées concernent 83 lactations. Il s’agit de 54 lactations pour la Prim’Holstein, 21 lactations pour la Montbéliarde et 8 lactations pour la Brune des Alpes. Pour l’ensemble des races, les primipares constituent 29 lactations et les multipares 54 lactations.
Pour chaque animal, les données collectées à partir des fiches individuelles ont été : le numéro d’identification de la vache, le rang de lactation et la race de la vache.
La collecte des données sur la reproduction a été réalisée à partir d’une consultation des fiches appropriées des vaches laitières qui contiennent les enregistrements concernant les dates des vêlages, des premières chaleurs observées, des inséminations et de la confirmation de gestation. Ces dates nous ont permis de calculer les paramètres de reproduction classiquement décrits dans la littérature à savoir :
Paramètres de fécondité : Les différents intervalles calculés ont été : intervalle vêlage- première insémination (IV-IA1), intervalle vêlage-insémination fécondante (IV-IAF), intervalle première insémination- insémination fécondante (IA1-IAF) et intervalle vêlage-vêlage (IV-V).
Paramètres de fertilité : Les paramètres de fertilité retenus ont été : le taux de réussite en première insémination (TR1), le nombre d’inséminations pour une insémination fécondante (IA/IAF), le pourcentage de vaches à trois inséminations et plus (% VL à 3 IA et +) et les retards dus aux retours décalés (R).
Le traitement statistique des données a été effectué avec les logiciels « SPSS » version 10 et Microsoft Office Excel 2007.
Une analyse de la variance à un facteur a été effectuée pour chacun des paramètres de reproduction (IV-IA1, IA1-IAF, IV-IAF, IV-V, TR1, IA/IAF et le %VL à 3 IA et +) en fonction des facteurs étudiés (la parité, le numéro de lactation, la race, la saison de vêlage et la fréquence des maladies). En cas de différence significative, l’analyse a été suivie d’un test LSD de Fisher.
Tableau 1. Performances de reproduction |
|||
N |
Moyenne |
Écart-type |
|
Les paramètres de fécondité |
|||
Intervalle vêlage 1re insémination (jours) |
83 |
132,6 |
71,5 |
Intervalle vêlage-insémination fécondante (jours) |
83 |
176,1 |
98,5 |
Intervalle vêlage- vêlage (jours) |
44 |
422,4 |
88,7 |
|
|||
Taux de réussite en première insémination (%) |
56 |
67,4 |
9,1 |
Pourcentage de vaches à trois inséminations et plus (%) |
83 |
9,4 |
2,9 |
Retards dus aux retours décalés (jours) |
8 |
34,8 |
7,5 |
Nombre d’inséminations pour une insémination fécondante |
83 |
1,41 |
1,2 |
Les résultats du tableau 1 montrent que les paramètres de fécondité moyens des vaches sont faibles et sont largement supérieurs aux normes recommandées par Vallet (1995), avec un délai de mise à la reproduction (IV-IA1) de 132,6 jours, un intervalle vêlage insémination fécondante (IV-IAF) de 176,1 jours et un IVV aux alentours de 422,4 jours. Ces résultats sont largement supérieurs à ceux rapportés par Ghozlane et al (2003) en Algérie, et Kiers et al (2006) en France.
A la lumière des résultats obtenus, on note que 67,4% des vaches ont été gravides après la première insémination. Le résultat obtenu est supérieur à l’objectif. Il est proche de ceux trouvés par Ghozlane et al (2003) en Algérie et par Kiers et al (2006) en France, et il est supérieur à ceux trouvés par Bouzebda et al (2006) en Algérie.
Pour ce critère, le résultat est conforme à la norme. L’indice coïtal est de 1,41. Nos résultats sont proches de ceux trouvés à Sétif par Mouffok et Sayoud (2003) ; ils sont inférieurs à ceux rapportés par Bouzebda et al (2006) dans l’Est algérien, et par Kiers et al (2006) en France.
D’après le tableau 1, le résultat pour ce critère est supérieur à la norme admise. Il devrait être inférieur à 5 jours. Ce retard exprime d’une manière générale, le temps perdu pour non observation des retours en chaleur et la mortalité embryonnaire précoce et tardive. Dans notre étude, ce retard est élevé, il est en moyenne de 34,8± 7,5 jours, ce qui allonge considérablement l’intervalle entre la première insémination et l’insémination fécondante. Ce résultat est supérieur à celui de Kiers et al (2006) en France.
Tableau 2. Variation des paramètres de reproduction selon la parité |
||||||||
Parité |
Effectifs |
IV-IA1 (J) |
IA1-IAF (J) |
IV-IAF (J) |
IV-V (J) |
TR1 |
IA/IAF |
VL À 3 et+ |
Primipares |
n= 29 |
156,0±73,1a |
30,9±6,8a |
187,6±88,5a |
447,0±102,1a |
72,4%a |
1,3a |
3,4 %a |
Multipares |
n= 54 |
128,0±75,9a |
46,3±8,8a |
174,3±115,9a |
411,3±72,8a |
68,5%a |
1,4a |
12,9%a |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05 |
Les résultats du Tableau 2 montrent que:
Malgré les intervalles plus longs observés chez les primipares, statistiquement aucune différence significative n’a été enregistrée au seuil P< 0,05 entre primipares et multipares.
Les résultats de notre étude concordent avec ceux rapportés par Reksen et al (1999) en Norvège, Coutard et al (2007) en France et Nava-Trujilloa et al (2010) au Venezuela ; ils peuvent s’expliquer par une fréquence plus grande des mise bas difficiles, une maîtrise insuffisante de l’alimentation des vaches primipares, et par une concurrence plus élevée entre les différentes fonctions physiologiques (reproduction, production laitière et croissance). Goshen et Shpigel (2006) précisent que cela peut être partiellement expliqué par l’incidence plus élevée de maladies postpartum chez les vaches primipares, qui peuvent retarder la reprise de l'activité ovarienne. L’intervalle vêlage - première ovulation est plus long chez les primipares (31,8±8,3 jours) que chez les vaches multipares (17,3±6,3 jours) (Tanaka et al 2008).
Pour les paramètres de fertilité, les primipares présentent une meilleure fertilité mais sans différence significative. Certaines études rapportent des résultats similaires (Grimard et al 2006, Santos et al 2009, Nava-Trujilloa et al 2010). Grimard et al (2006) ont mesuré un TR1 de 50,3 % et 43,6 % chez les primipares et les multipares respectivement. En plus, Seegers et al (2005) dans une étude portant sur les performances de reproduction aux inséminations de rangs 1 et 2 dans les troupeaux Prim’Holstein ont trouvé une meilleure fertilité chez les primipares que chez les multipares. Ces résultats peuvent s’expliquer par le fait que les multipares on une production laitière au pic plus élevée que les primipares. En plus, la durée et l’intensité des manifestations de l’œstrus étaient plus élevées chez les primipares que chez les multipares. Ainsi donc, la détection des chaleurs est plus difficile chez les vaches primipares que chez les vaches multipares (Lopez et al 2004).
Tableau 3. Variation des paramètres de reproduction le numéro de lactation |
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N° de lactation |
Effectifs |
IV-IA1 (j) |
IA1-IAF(j) |
IV-IAF (j) |
IV-V (j) |
TR1 |
IA/IAF |
VL à 3 IA et + |
1ère |
n= 29 |
156,0±73,1a |
30,9±6,8a |
187,6±88,5a |
447,0±102,1a |
72,4%a |
1,3a |
3,4 %a |
2ème |
n=20 |
142,7±88,7a |
58,3±9,1a |
201,0±122,2a |
410,3±65,9a |
60,0 %a |
1,6a |
20,0 %a |
3 ème et + |
n= 34 |
119,3±43,3a |
39,2±7 ,5a |
158,0±106,8a |
406,5±86,0a |
72,2 %a |
1,4a |
16,7%a |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05 |
D’après le Tableau 3, on observe que:
Les intervalles vêlage-première insémination les plus courts sont observés chez les vaches en 3ème lactation et plus. Néanmoins aucune différence significative n’a été enregistrée au seuil P< 0,05.
L’analyse de la variance n’indique aucun effet significatif du facteur numéro de lactation sur l’intervalle IA1-IAF.
Pour l’intervalle vêlage insémination fécondante, le plus long est enregistré chez les vaches en 2ème lactation avec 201,0 j suivies par les vaches en 1ère, 3ème et + lactation avec respectivement 187,6 j et 158,0 j. Néanmoins l’analyse statistique n’a révélé aucune différence significative au seuil P< 0,05.
Des observations sont toutefois contradictoires sur la diminution ou non de l’intervalle de vêlage en fonction du numéro de lactation. Stevenson et al (1983) et Walters et al (2002) ont rapporté que l’intervalle A1-AF augmente avec le numéro de lactation. À l’inverse Dohoo et al (1983), ont enregistré une diminution de l’intervalle entre vêlages ou entre le vêlage et l’insémination fécondante avec l’augmentation du numéro de lactation. D’autres auteurs n’ont remarqué aucune influence (Lucy et al 1992, Bagnato et Oltenacu1994). L’augmentation du numéro de lactation est favorable à l’apparition de nombreuses entités pathologiques, rétentions placentaires et kystes ovariens, retards d’involution utérine et métrites, lesquelles contribuent à justifier l’augmentation de l’intervalle entre les vêlages après un certain rang de lactation (Curtis et al 1985).
Pour les critères de fertilité, une bonne fertilité est enregistrée chez les vaches en 1ere lactation un TR1 de 72,4 % et 3,4 % de VL à 3 IA et plus, mais sans différence significative.
Tableau 4. Variation des paramètres de reproduction selon la race |
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Race |
Effectifs |
IV-IA1 (j) |
IIA1-IAF (j) |
IV-IAF (j) |
IV-V (j) |
TR1 |
IA/IAF |
%VL à 3 IA et+ |
BA |
8 |
98,8±39,5a |
68,6±12,0a |
167,5±149,2a |
373,6±31,5a |
62,7%a |
1,6a |
25,0 % |
PH |
54 |
151,9±116,2a |
40,0±8,1a |
192,4±102,2a |
436,4±89,3a |
72,2%a |
1,3a |
7,4 % |
MB |
21 |
116,2±67,0a |
21,0±3,3a |
148,9±98,2a |
409,7±79,2a |
66,6%a |
1,4a |
9,5 % |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05 |
L’effet de la race sur les paramètres de reproduction est représenté dans le Tableau 4. Les résultats obtenus ont montré que les performances reproductives moyennes des vaches sont faibles par rapport aux objectifs fixés. Malgré les allongements observés chez les vaches de la race Prim’Holstein, pour les différents intervalles, l’analyse de la variance n’a montré aucune différence significative au seuil P<0,05 entre les trois races à la fois pour les critères de fécondité et pour ceux de la fertilité.
Concernant la Prim’Holstein, on observe que les intervalles IV-IA1, IV-IAF et IV-V sont plus longs par rapport aux deux autres races et sont évalués respectivement à 151,9 j, 192,4 j et 436,4 j contre 116,2 j, 148,9 j et 409,7 j pour les Montbéliardes et 98,8 j, 167,5 et 373,6 j pour les Brunes des Alpes.
Pour les paramètres de fécondité, les résultats obtenus pour la race Prim’Holstein sont beaucoup moins bons que ceux obtenus en Tunisie par Ben Salem et al (2007) (l’IV-IA1 = 89 j , l’IV-IAF =149 j et l’ IV-V=422 j), et pour la race Montbéliarde ; ils sont également moins bons que ceux rapportés par Mouffok et al 2007 (l’IV-IA1 =98 j , l’IV-IAF =125 j et l’ IV-V=413 j). Enfin, l’intervalle vêlage –vêlage obtenu pour la race Brune des Alpes est inférieur à celui obtenu par Coutard et al (2007) (IV-V=394 j).
Contrairement aux paramètres de fécondité, la race Prim’Holstein présente la meilleure fertilité avec 1,3 d’IA/IAF, un TR1 de 72,2 % et un pourcentage de vaches nécessitant trois inséminations et plus de 7,41 %, contrairement à Ben Salem et al (2007), qui observe une dégradation de la fertilité de cette race où le TR1 n’est qu’en moyenne de 40 % et le pourcentage des vaches nécessitant trois inséminations et plus est de 31,5 %. Par ailleurs, le nombre moyen d’inséminations pour féconder une vache est de 2,1.
La race Brune des Alpes a présenté une fertilité très médiocre avec un pourcentage élevé de vaches nécessitant 3 IA et plus qui est de 25 % et un nombre moyen d’inséminations pour féconder une vache de 1,6.
L’effectif des lactations de Brunes des Alpes était faible (8). La différence qui existe entre les races peut être due en grande partie à l’effet génétique, puisque les vaches ont été conduites de la même façon et ont reçu les mêmes rations alimentaires. De même, cette différence peut être expliquée par les problèmes de reproduction qui ont lieu après des vêlages difficiles ou par le niveau de production laitière.
Tableau 5. Variation des paramètres de reproduction selon la saison du vêlage |
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SAISON |
Effectifs |
IV-IA1 (j) |
IA1-IAF (j) |
IV-IAF (j) |
IV-V (j) |
TR1 |
IA/IF |
% VL à 3 IA et + |
Hiver |
n=28 |
135,1±90,2a |
44,0±8,7a |
180,0±123,0a |
394,7±70,7a |
67,8 %a |
1,4a |
14,2 %a |
Printemps |
n=19 |
149,4±94,1a |
36,8±7,8a |
186,3±105,4a |
442,5±124,2a |
68,4 %a |
1,3a |
5,2 %a |
Été |
n=13 |
167,1±50,1a |
11,0±3,6a |
168,1±51,2a |
449,0±56,0a |
92,3 %a |
1,0a |
0,0 %a |
Automne |
n=23 |
114,8±39,8a |
63,0±9,5a |
177,8±114,8a |
441,1±70,0a |
60,8 %a |
1,5a |
13,0 %a |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05 |
Le Tableau 5 illustre la variabilité inter saisons des performances de reproduction.
L’analyse de la variance n’indique aucun effet significatif du facteur saison sur ces intervalles.
Les allongements des intervalles IV-IA1 et IV-V pour les vaches vêlant en été peuvent s’expliquer par les conditions climatiques défavorables que rencontrent ces vaches après le vêlage, qui sont marquées par les fortes températures estivales. Ces dernières agissent négativement sur la reproduction par une diminution des signes de chaleurs (Ponsart et al 2004). Les fortes températures perturbent la fonction de nutrition, en entraînant une augmentation de l'abreuvement, une diminution de l’ingestion et de la digestibilité des fourrages. Cette diminution de l'ingestion associée à une diminution de la valeur énergétique des fourrages peut conduire à augmenter le déficit énergétique chez la vache ; en plus la plupart des vaches qui ont vêlé en été, sont mises à la reproduction à l’automne ou en hiver moment où les vaches sont le plus souvent à l’intérieur des bâtiments. Or, l’expression des chaleurs peut être limitée dans le bâtiment (Disenhaus et al 2005).
Nos résultats concordent avec ceux obtenus en Tunisie par Ben Salem et al (2007) qui ont remarqué des intervalles IV-IA1et IV-V plus longs avec les vêlages d’été et diffèrent avec les résultats obtenus par de Vries et al (2005) aux USA qui observent un IV-IA1 plus long avec les vêlages de printemps ; et avec les résultats rapportés par Coutard et al (2007) en France, qui remarquent que les intervalles les plus courts sont obtenus pour des vêlages de printemps alors que les vêlages d’hiver sont les plus pénalisants.
Pour les paramètres de fertilité, la plus mauvaise fertilité est marquée chez les vaches qui ont mis bas en automne avec un taux de réussite en première insémination de 60,8 % et le pourcentage de vaches nécessitant trois inséminations et plus est de 13,0 % ; par contre les vaches vêlant en été présentent une meilleure fertilité avec un TR1 de 92,3 % et aucune vache n’a été inséminée trois fois. Ceci s’explique par l’effectif réduit pour cette catégorie de vaches et la bonne maîtrise de l’insémination et la mise à la reproduction tardive de ces vaches.
Tableau 6. Variation des paramètres de reproduction selon la teneur de la ration en concentré (%MS) en début de lactation . |
||||||||
% concentré/ ration |
Effectifs |
IV-IA1 (j) |
IA1-IAF (j) |
IV-IAF (j) |
IV-V (j) |
TR1 |
IA/IF |
% VL à 3 IA et + |
<40 % |
n=14 |
108±72,1a |
68,7±9,8a |
178±112a |
435±95,7a |
42,8 %a |
1,79a |
21,4 %a |
40 - 50 % |
n=42 |
142±80,7a |
39,3±7,7a |
182±118a |
423±84,4a |
66,6%a |
1,43a |
9,5 %a |
>50 % |
n=27 |
1145±79,9a |
28,8±5,8a |
173±107a |
382± 11,6a |
85,0%b |
1,40a |
10,0%a |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05 |
L’effectif de la teneur en concentrés < 40% est faible. Toutefois, l’IV-IA1 est plus court soit de 108 jours chez les vaches recevant une ration contenant moins de 40 % de concentré (Tableau 6). Néanmoins, l’analyse de la variance n’indique aucun effet significatif du pourcentage de concentré de la ration sur l’IV-IA1.
L’intervalle vêlage insémination fécondante est dépendant des intervalles précédant ; ainsi le plus long est enregistré chez les vaches recevant une ration contenant entre 40 et 50 % de concentré avec 182 jours. Néanmoins aucune différence significative n’a été enregistrée au seuil P< 0,05.
Statistiquement, l’IV-V n’a montré aucune différence significative entre le pourcentage de concentré de la ration. Nos résultats concordent avec ceux obtenus par Poncet (2002) sur l’allongement uniquement, par contre son étude révèle un effet significatif du pourcentage de concentré sur les paramètres de fécondité.
Pour les paramètres de fertilité, l’analyse de la variance montre un effet significatif du pourcentage de concentré de la ration sur le taux de réussite en première insémination (p=0,005), et sur le rapport IA/IAF (p=0,009).
La meilleure fertilité est observée chez les vaches recevant une ration contenant plus de 50 % de concentré, qui ont un TR1 (85 %) significativement plus élevé par rapport aux vaches recevant une ration contenant moins de 40 % ou entre 40 et 50 % de concentré avec respectivement (TR1=42,8 % , TR1=66,6 % ).
Le pourcentage de vaches nécessitant 3 IA et plus est plus élevé avec une ration contenant moins de 40 % de concentré avec 21,4 %, Néanmoins aucune différence significative n’a été enregistrée au seuil P< 0,05.
Contrairement aux paramètres de fécondité, nos résultats diffèrent de ceux obtenus par Poncet (2002) qui remarque une dégradation de la fertilité en fonction du pourcentage de concentré de la ration.
Nos constatations ne sont pas en accord avec les recommandations de Wolter (1997) qui préconise une ration contenant au maximum 40 % de glucides fermentescibles pour une reproduction efficace ; au-delà, le risque d’acidose est important. Or, l’acidose favorise les endométrites, à l’origine de mortalité embryonnaire.
Tableau 7. Variation des paramètres de reproduction selon le nombre de maladies |
|||||||
Nb maladies |
IV-IA1(j) |
IA1-IAF(j) |
IV-IAF(j) |
IV-V(j) |
TR1 |
IA/IAF |
%VL3IA |
Aucune maladie |
124±79,1a |
34,4±7,6a |
159±106a |
408±57,5ab |
73,3 %a |
1,3a |
6,6 % |
1 maladie |
135±82,2a |
28,1±7,3a |
166±108a |
399±80,3a |
71,8 %a |
1,3a |
9,3 % |
2 maladies et plus |
147±61,6a |
76,4±10,5b |
224±104b |
472±96,1b |
59,0 %a |
1,5a |
13,6 % |
Sur une même colonne, les valeurs qui diffèrent entre elles par au moins une lettre sont statistiquement significatives P< 0,05. |
L’effet de la fréquence des maladies apparaît par l’allongement des intervalles (Tableau 7). En effet, les vaches n’ayant pas souffert de pathologie enregistrent l’IV-IA1 le plus court, 124 j, par contre celles présentant une maladie et celles avec deux maladies ou plus enregistrent respectivement 135 j et 147 j, mais statistiquement cette différence n’est pas significative avec P>0,05.
Les IA1-IAF et IV-IAF moyens sont significativement plus élevés chez les vaches qui présentent deux maladies ou plus (76,4 j et 224 j) que celles présentant une maladie (28,1 j et 166 j) ou celles ne présentant aucune maladie (34,4 j et 159 j).
Le prolongement des deux intervalles (IV-IA1et IV-IAF) conduit automatiquement à l’allongement de l’IV-V, où il est en moyenne de 472 j pour les vaches atteintes par deux maladies et plus ; cet intervalle varie significativement de ceux obtenus pour les vaches atteintes par une seule maladie.
Pour la fertilité, nous remarquons que les vaches ayant la plus mauvaise fertilité sont celles présentant deux maladies ou plus, avec un TR1 de 59,0 %, un pourcentage de vaches nécessitant 3 IA et plus de 13,6 %, et un rapport IA/IAF de 1,5, suivies de celles présentant une maladie. Les meilleurs résultats de fertilité sont enregistrés chez les vaches saines avec un TR1 de 73,3%.
L’association de plusieurs maladies et la présence de douleur diminuent la consommation d’aliments. Le déficit énergétique en début de lactation s’accentue avec un effet négatif sur la reproduction.
Le présent travail mené dans la ferme démonstrative I.T.ELV. (Baba – Ali) avait pour objectifs d’analyser l’évolution des paramètres de reproduction du troupeau laitier et de mettre en relief l’influence de quelques facteurs de conduite sur les paramètres de reproduction du troupeau.
Les paramètres de fécondité observés au niveau de la ferme sont assez loin des objectifs standards habituellement retenus dans le cadre d’une gestion efficace de la reproduction, avec un intervalle vêlage-première insémination allongé, ce qui entraîne l’allongement de l’intervalle vêlage - insémination fécondante. Il en résulte un allongement des intervalles entre vêlages dépassant la durée d’une année.
Contrairement aux paramètres de fécondité, les paramètres de fertilité sont proches des objectifs.
Les résultats médiocres de la fécondité peuvent s’expliquer par :
Une mauvaise détection des chaleurs ; plusieurs chaleurs sont ratées surtout durant les weekends où la surveillance des vaches n’est pas à 100 % assurée.
Le mauvais état corporel des vaches après le vêlage ce qui oblige à reporter leur reproduction jusqu’à la reprise d’un état corporel jugé suffisant.
Le stress lié aux troubles métaboliques comme la cétose, l’acidose, ainsi que les pathologies infectieuses (métrites, boiteries, mammites) qui affaiblissent les vaches et altèrent les performances de reproduction.
Le déficit énergétique en début de lactation résultant d’une alimentation inadaptée aux performances laitières car les vaches reçoivent une ration indépendamment de leur stade physiologique ou de leur niveau de production tout le long de l’année, et les fortes laitières n’ont pas de suralimentation au tarissement.
L’analyse de la variance, bien que réalisée sur un faible échantillon fait apparaître que les paramètres de reproduction se détériorent avec l’augmentation du pourcentage de concentré et les pathologies infectieuses.
Pour faire face à ces problèmes, nous proposons les recommandations suivantes :
Un rationnement rigoureux pendant les premières semaines de lactation car c’est une période durant laquelle la fonction de reproduction est particulièrement sensible aux déséquilibres nutritionnels et aux troubles métaboliques ;
Améliorer le rationnement énergétique des vaches laitières au cours des premières semaines de lactation afin d’éviter une mobilisation excessive des réserves corporelles ;
Pratiquer une suralimentation au tarissement, surtout pour les fortes laitières ;
Limiter les déséquilibres azotés (excès ou déficit) surtout au cours des premières semaines de lactation en adaptant la distribution des aliments concentrés azotés à la nature et à la composition de la ration fourragère ;
Adapter la distribution du concentré en tenant compte des processus digestifs et métaboliques des ruminants. A cet effet il faut incorporer les concentrés dans les rations des vaches pour faire face aux faibles disponibilités du fourrage et à leurs carences en nutriments : azote et/ou énergie ;
Améliorer la détection des chaleurs et ce en utilisant aussi des techniques de détection des chaleurs autres que celles se basant sur la surveillance visuelle ;
Respecter les conditions d’hygiène, de prophylaxie et de soins afin de réduire la fréquence des maladies et la lutte précoce contre toutes les pathologies qui diminuent la fertilité et par conséquent limitent la réussite de la reproduction au sein de l’élevage.
Les auteurs remercient vivement la direction de l’Institut Technique des Élevages de Baba-Ali d’avoir permis le déroulement de l’essai au sein de leur structure.
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Received 8 January 2016; Accepted 1 March 2016; Published 1 April 2016