Livestock Research for Rural Development 27 (8) 2015 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Dans le but de déterminer la durée de claustration des poussins dans une poussinière sur leur croissance et leur viabilité et sur la productivité de la poule, une étude a été menée avec 15 poules et 2 coqs de race locale à la ferme de l’Ecole Inter Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar. A l’éclosion, deux alternatives ont été adoptées: claustration du couple mère-poussins pendant deux semaines et sevrage à 4 semaines d’âge (M1) et claustration des poussins pendant 4 semaines alors que le sevrage a eu lieu à 2 semaines d’âge (M2). Les oiseaux étaient nourris à base de provende commerciale. Les résultats ont montré que la claustration des poussins pendant 4 semaines a permis de diminuer la mortalité des poussins de 40,86% sur toute la période expérimentale et que le coût alimentaire qui est nécessaire au maintien d’un poussin en claustration pendant deux semaines supplémentaires après le sevrage est de 63 FCFA . La durée du cycle de reproduction est passée de 67 jours (M1) à 61 jours (M2) avec une augmentation du nombre de cycles de reproduction de la poule (5,45 contre 5,98) et des œufs pondus par an. L’évolution du poids vif a été importante chez les poussins confinés pendant 4 semaines (279,08 g contre 244,6 g). Il ressort de cette étude que l’alternative M2 est celle qui optimise la productivité du couple mère/poussins.
Mots clés: aviculture familiale, claustration, croissance, poussins, productivité de la poule, Sénégal
To investigate the confinement time of the chicks in a brooder on production traits, an experiment was conducted with 15 hens and two cocks of local breed at the Inter-State School of Veterinary Sciences and Medicine of Dakar, farm. At hatching, two alternatives were adopted: confinement of the mother- chicks for two weeks and weaning at 4 weeks (1) or confinement of chicks weaned at 2 weeks for 4 weeks (2). The birds were fed on commercial feed. The results showed that the confinement of the chicks for 4 weeks reduced the mortality rate of chicks (40.86 %) over the entire experimental period and it took 63 CFA to maintain even a chick two weeks after weaning. The mean cycle length decreased from 67 days (M1) to 61 days (M2) and an improvement of the average number of production cycles (5.45 vs 5.98) and eggs laid per year in the same way. The evolution of the chick weight was significant in alternative 2 (279.08 g vs 244.6 g). It appears from this study that the alternative 2 is the one that optimises productivity for hens and chicks.
Keywords: chicks, confinement, growth, hen productivity, indigenous hen, Senegal, family poultry
Au Sénégal, comme partout dans les pays en voie de développement, l’aviculture familiale occupe une place importante dans la vie des populations du point de vue nutritionnelle, socioculturelle et socioéconomique. Elle représente une source capitale de protéines de grande valeur nutritive et permet d’améliorer qualitativement et quantitativement le régime alimentaire des populations. Elle permet aux familles rurales de couvrir certains besoins matériels et de faire face à des dépenses ponctuelles à travers la vente des produits avicoles (Missohou et al 2002).
Néanmoins, l’aviculture familiale est confrontée à plusieurs contraintes d’ordre zootechnique, sanitaire, alimentaire dont la principale conséquence est une forte mortalité des poussins. Selon Missohou et al (2010), Sarkar et Bell (2006), Traoré (1985) et Kondombo et al (2003), la mortalité des poussins peut atteindre 60-85%. Elle constitue un important manque à gagner pour les éleveurs, en particulier, les femmes et limite la contribution de l’aviculture familiale à la réduction de la pauvreté. Les causes d’une telle vulnérabilité seraient infectieuses (maladies de Newcastle, pullorose) (Saiidou et Abdou 1994; Bonfoh et al 1997; Mourad et al 1997) et non infectieuses (inadéquation du matériel d’élevage, prédation) (Rigault 1989; Aklobessi et al 1992; Buldgen et al 1992; Talaki 2000). Par ailleurs, selon Roberts (1999), les poussins sont trop faibles pour pouvoir compétir avec les adultes en matière d’alimentation dans le système de conduite familiale. Une solution à ce problème de vulnérabilité des poussins, en partie mise en œuvre par les éleveurs eux-mêmes (Aklobessi et al 1992) et suggérée par Farrell (2000) et Talaki (2000) est de les élever en claustration pendant un certain temps. Selon Lwesya et al (2004), l’élevage des poussins jusqu’à 1 mois d’âge dans une poussinière, permet d’améliorer leur survie et d’augmenter le nombre de couvées/poule/an. C’est dans ce contexte qu’un premier modèle de poussinière a été mis au point au Service de Zootechnie-Alimentation de l’EISMV et qui s’est traduit par une amélioration intéressante de la survie des poussins (Missohou et al 2010). Pour améliorer son efficacité, des modifications ont été apportées au modèle initial, en particulier au niveau du matériel d’élevage.
C’est à ce titre que la présente étude a été menée pour évaluer l’efficacité technico-économique de cette poussinière améliorée dans deux systèmes de conduite du couple mère-poussins.
L’étude a été menée de janvier à avril à la ferme de l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar située à Keur N’diaye Lô (35 km de Dakar au Sénégal) dans la zone des Niayes caractérisée par une température moyenne de 24,9°C, une hygrométrie de 55% et une pluviométrie annuelle moyenne de 620 mm.
L’étude a porté sur 15 poules et deux coqs achetés auprès d’éleveurs et vaccinés contre la maladie de Newcastle. Ces oiseaux ont été entretenus dans un poulailler à une densité d’un sujet par 4 m2 équipé de quatre mangeoires, de deux abreuvoirs, de quatre perchoirs et de dix nids aménagés pour servir de pondoirs. Au poulailler, l’eau a été servie ad libitum et les oiseaux ont été nourris à base de provende pondeuse à raison de 65 grammes/oiseau/jour.
À l’éclosion, les poussins ont été comptés, pesés et vaccinés contre la maladie de Newcastle. Le rappel de la vaccination a été faite à 45 jours d’âge. Les couples mère-poussins ont été placés chacun dans une poussinière de 100 cm x 60 cm x 50 cm (figure 1). Dans le but d’évaluer l’effet de la durée de la claustration des couples mère-poussins sur la mortalité des poussins, deux modalités ont été choisies. Dans la première modalité (M1), les couples mère-poussins ont été gardés dans la poussinière pendant deux semaines avant d’être libérés et laissés en divagation. Ces poussins ont été sevrés à 4 semaines d’âge et la mère remise à la reproduction. La seconde modalité (M2) a consisté à sevrer les poussins à deux semaines d’âge et à les garder dans la poussinière jusqu’à un mois d’âge avant leur libération. La présence de la poule-mère dans la poussinière avait pour objectif d’assurer aux poussins pendant les premiers jours de vie où l’homéothermie n’est pas encore installée, le confort thermique. La répartition du couple mère-poussins dans chacune des deux modalités (M1 ou M2) a tenu compte du nombre de poussins et de leur poids à l’éclosion. Chaque poussinière a été équipée d’un abreuvoir, de deux mangeoires (une pour les poussins et l’autre pour la mère) et d’un thermomètre. La litière a été constituée par du sable. Les poussins ont été nourris à base d’une provende commerciale de type démarrage et la mère de provende commerciale de type poule pondeuse. L’aliment a été distribué quotidiennement à 7 heures 30 minutes. L’eau de boisson quant à elle a été servie ad libitum. Les abreuvoirs ont été lavés et l’eau de boisson renouvelée régulièrement chaque jour. Le nettoyage des mangeoires a également été quotidien.
Figure 1. Modèle de poussinière utilisé dans l’essai |
La température, les dates de début de ponte, de couvaison et d’éclosion pour chaque poule ont été relevées et enregistrées. Le nombre d’œufs pondus, couvés, de poussins à l’éclosion a été relevé. Sur les poussins, la pesée a été effectuée à l’éclosion et toutes les deux semaines jusqu’à 12 semaines d’âge. Leur mortalité a été enregistrée tout au long de l’essai. Les quantités d’aliment distribuées (QAD) et refusées (QAR) ont été pesées et enregistrées.
Les différentes données collectées et enregistrées ont été traitées avec le tableur Excel de Microsoft office 2007 et ont permis de calculer les paramètres zootechniques suivants:
- Consommation alimentaire individuelle, CAI (g/sujet) = [QAD
– QAR]/nombre de sujets
- Gain moyen quotidien (GMQ) = Gain de poids (g) pendant une
période/durée de la période (j)
- Indice de consommation (IC) = CAI pendant une période
(g)/Gain de poids durant la même période (g)
- Taux d’éclosion (%) = 100* (nombre d’œufs éclos/nombre
d’œufs couvés)
- Nombre de cycles de reproduction (NCR)= 365 jours/durée
moyenne du cycle de reproduction
- Nombre d’œufs/poule/an = Nombre d’œufs/cycle x Nombre de
cycles de reproduction
- Taux de mortalité des poussins (%) = 100* (Nombre de
poussins morts pendant une période/Nombre de poussins éclos)
La charge alimentaire relative au maintien des poussins dans la poussinière a été déterminée sur la base de la consommation alimentaire des sujets et du prix des aliments consommés (250 FCFA/kg d’aliment). L’analyse statistique des données a été faite avec le logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS) [version 16.0] et les moyennes des lots ont été comparées par le test de t de Student.
Les paramètres de productivité de la poule-mère partiellement élevée en claustration dans les deux modalités sont consignés dans le tableau 1. Le nombre d’œufs pondus par poule a varié de 9 à 13 avec une moyenne de 11±2. L’intervalle entre pontes (p=0,001) a été de 67 et 61 jours, respectivement, pour les modalités I et II soit une amélioration de 9,06% de ce paramètre dans la M2. Le nombre de cycles de reproduction a été de 5,45 pour la première modalité et de 5,98 pour la seconde avec une production annuelle d’œufs par poule correspondante de 58,59 et de 65,78. Le poids moyen de l’œuf (p=0,043) a été de 39,37 g (M1) et de 42,93 g (M2). Le taux moyen d’éclosion a été de 82,75% et le poids moyen du poussin d’un jour de 28,04 g avec 26,94 g pour la modalité I contre 29,14 g pour la seconde. Le taux de mortalité de 62,07% pour les sujets de M1 a été plus élevé (p=0,015) que celui enregistré (21,21%) chez les sujets de M2.
Tableau 1. Productivité de la poule-mère partiellement élevée en poussinière | |||
Paramètres | M1 | M2 | Signification |
Nombre d’œufs pondus/poule | 10,75±1,25a | 11±2a | 0,742 |
Poids de l’œuf (g) | 39,37±2,99a | 42,93±2,74b | 0,043 |
Nombre de poussins éclos | 8,75±1,75a | 9,25±3,75a | 0,380 |
Taux d’éclosion (%) | 81,40±11,4a | 84,09±15,91a | 0,547 |
Poids du poussin d’un jour, g | 26,94±2,28a | 29,14±3,14a | 0,123 |
Taux de mortalité (%) | 62,07a | 21,21b | 0,015 |
Intervalle de ponte (j) | 67±3a | 61±1b | 0,001 |
Nombre de cycles de reproduction/an | 5,45a | 5,98b | 0,000 |
Nombre d’œufs/poule/an | 58,59±6,81 | 65,78±11,96 | 0,160 |
ab: des exposants différents sur une même ligne indiquent des différences significatives (p<0,05) |
Les températures enregistrées dans la poussinière ont varié de 13°C à 27°C, soit une moyenne de 20°C. Durant les 12 semaines d’expérimentation, les poids vifs des poussins ont augmenté passant de 26,94 g à 244,6 g et de 29,14 g à 279,08 g, respectivement, pour les sujets gardés en poussinière pendant 2 semaines (M1) et pendant 4 semaines (M2). Exceptés les poids vifs moyens à la naissance, à 2 et à 6 semaines d’âge, les poids vifs moyens ont été plus élevés (p<0,05) chez les sujets de M2 par rapport à ceux de M1, notamment à la 4ème semaine (p=0,001), à la 8ème (p=0,015), à la 10ème (p=0,013) et à la 12ème (p=0,008) semaine d’âge (figure 2).
Figure 2. Croissance pondérale des poussins |
La Consommation Alimentaire Individuelle (CAI) durant la période de confinement a été de 94,5 g (M1) et de 95,5 g (M2) pour les deux premières semaines et de 250 g durant les deux dernières semaines de claustration pour la M2. Dans cette dernière modalité, la CAI a donc été de 345,5 g en 4 semaines de claustration. Le Gain Moyen Quotidien (GMQ) a été de 2 g/jour (M1) et de 1,91 g/jour (M2) pendant les deux premières semaines de claustration et de 6,63 g/j/poussin pendant les deux dernières semaines de claustration des sujets en M2. Ainsi, l’Indice de Consommation (IC) a été de 3,4 (M1) et de 3,61 (M2) au cours de la première phase et de 2,67 (M2) au cours de la 2ième phase (tableau 2).
Tableau 2. Performance de croissance et consommation alimentaire des poussins élevés en claustration | ||||||||
Ages (jours) |
PV (g/sujet) |
GMQ (g/j/sujet) |
CAI (g/sujet/période) |
IC | ||||
M1 | M2 | M1 | M2 | M1 | M2 | M1 | M2 | |
1-14 | 54,7±8,6 | 55,6±9,1 | 1,99±0,6 | 1,91±0,6 | 94,5±3,4 | 95,5±2,6 | 3,4±1,1 | 3,61±1,2 |
15-28 | - | 92,86±10,2 | - | 6,63±0,7 | - | 250±8,6 | - | 2,67±0,4 |
1-28 | - | 148,43±5,1 | - | 4,26±0,2 | - | 345,5±8,2 | - | 2,90±0,2 |
Les taux de mortalité (tableau 3) enregistrés au cours de l’expérimentation ont été de 62,07% et de 21,21%, respectivement, pour la première et la seconde modalité. Le taux de mortalité est de 40,86% plus faible dans la M2 en comparaison à la M1. Par période, la mortalité est plus élevée (27,59% pour la M1 et 9,09% pour la M2) entre la 5ème et la 6ème semaine correspondant au début de la période au cours de laquelle les poussins sont laissés à eux-mêmes sans aucune protection. Pendant les 4 semaines, la mortalité en M1 où les poussins étaient avec leur mère est de 13,79% contre 9,09% en M2 où les poussins étaient gardés en poussinière.
Aucune perte n’a été observée à partir de la 9ème semaine (M2) et de la 11ème semaine (M1).
Tableau 3. Mortalité des poussins durant l’expérimentation en fonction des modalités et des périodes | ||||
Période | Effectif initial des poussins | |||
M1 (N1= 29) | M2 (N2=33) | |||
Mortalité (n1) | Mortalité (%) | Mortalité (n2) | Mortalité (%) | |
1ère et 2ème semaine | 1 | 3,45 | 1 | 3,03 |
3ème et 4ème semaine | 3 | 10,34 | 2 | 6,06 |
5ème et 6ème semaine | 8 | 27,59 | 3 | 9,09 |
7ème et 8ème semaine | 3 | 10,34 | 1 | 3,03 |
9ème et10ème semaine | 3 | 10,34 | 0 | 0 |
11ème et 12ème semaine | 0 | 0 | 0 | 0 |
De 1-12 semaines d’âge | 18/29 | 62,07 | 7/33 | 21,21 |
L’analyse économique (tableau 4) montre qu’il faut une charge alimentaire de 24 FCFA pour maintenir un poussin en confinement pendant les deux premières semaines et de 63 FCFA pendant deux semaines de plus dans la M2, soit 87 FCFA/poussin pour une période de confinement de 4 semaines. La charge alimentaire par poule-mère gardée avec ses poussins en poussinière pendant les deux premières semaines a été de 175 FCFA, soit une charge alimentaire de 20 FCFA/poussin élevé. Ainsi, la charge alimentaire totale pour élever et maintenir un poussin en claustration pendant 4 semaines dans la poussinière a été de 107 FCFA.
Tableau 4. Charge alimentaire pour le maintien des poussins en poussinière | ||||
Période (jours) | CAI/poussin/période | CAI/poule-mère pour élever | ||
M1 | M2 | 9 poussins | 1 poussin | |
1-14 | 95,5 | 94,5 | 700 | 78 |
15-28 | - | 250 | - | - |
Total (1-28) | 95,5 | 345,5 | 700 | 78 |
Charges alimentaires (FCFA) | 24 | 87 | 175 | 20 |
Le poids de l’œuf (39,37 g à 44,1g) se situe dans la limite supérieure de poids (30,74 g et 44,1 g) rapportée dans certains pays d’Afrique (tableau 5) et ne semble donc pas être affecté par le retour rapide des femelles à la reproduction lorsque les conditions d’alimentation sont satisfaisantes. Cette différence de poids des œufs entre nos résultats et ceux de certains auteurs serait due, en accord avec Mwalusanya et al (2002), non seulement à des différences génétiques entre les races de poulet des différents pays africains mais aussi aux conditions particulières d’élevage dans la présente étude.
Le nombre annuel moyen d’œufs pondus (58,59 à 65,78) est supérieur à la plupart des résultats bibliographiques (tableau 5) du fait des raisons évoquées précédemment. Il dépend de l’intervalle entre pontes qui lui-même se décompose en temps consacré à la ponte et celui d’élevage des poussins. Le raccourcissement de cette dernière période dans la M2 pourrait expliquer l’augmentation du nombre de cycles et par conséquent du nombre annuel d’œufs dans cette modalité (Huque et al 1990; Sonaiya et Swan 2004; Amin et al 2009). Par ailleurs, selon Kouadio et al (2013), la mise à la disposition de la poule d’un aliment équilibré lui permet de compenser rapidement la perte de poids pendant la couvaison et de reprendre rapidement la ponte.
Le retour rapide en ponte des poules dans la présente étude est en accord avec les résultats de plusieurs auteurs (Huque et al 1990; Asifo et Guèye 2004; Traoré 2005; Sarkar et Bell 2006; Amin et al 2009; Hossen 2010 et Kouadio et al 2013) selon lesquels le sevrage précoce des poussins influe positivement le cycle de reproduction à travers la réduction de l’intervalle entre pontes. La durée du cycle de reproduction obtenue dans la M2 est presque la même (60 j) que celle rapportée par Lwesya et al (2004) au Bangladesh. Néanmoins, elle est inférieure aux résultats rapportés par Soumboundou (2010) au Sénégal (65,26 jours), par Sarkar et Bell (2006) au Nigeria (66 jours) et par Hossen (2010) au Bangladesh (68 jours) qui ont aussi libéré les poussins sevrés à 2 semaines après 4 semaines de confinement. En effet, chez ces différents auteurs, la poule a été élevée dans un système traditionnel avec complémentation après le sevrage de ses poussins, ce qui n’est pas le cas dans la M2 de la présente étude. De même, pour la M1, le cycle de reproduction obtenu est inférieur aux 72,8 jours et 87,7 jours rapportés par Huque et al (1990) après le sevrage respectif à 7 jours et à 21 jours et dans un système de conduite extensif de la poule avec complémentation. Face à ces différents constats et en accord avec l’observation faite par Lwesya et al (2004), la période de claustration des poussins et le mode de conduite de la poule mère sont déterminants dans la réduction de l’intervalle entre pontes.
Tableau 5. Performances de reproduction de la poule locale | ||||||
Auteurs | Pays | Œufs /poule/an |
Œufs /couvée |
Couvées /an |
Taux éclosion |
Poidsœ uf |
Fotsa 2008 | Cameroun | 49-54 | 12,7-14 | 4 | 80-90 | 43-44 |
Mourad et al 1997 | Guinée | 40-50 | 10,15 | 3-4 | 42-80 | 30,74 |
Kitalyi et Mayer 1998 | Tanzanie | 36 | 15 | 2,6 | 78 | - |
Mwalusanya et al 2002 | Tanzanie | 35 | 11,8 | 3 | 83,6 | 44,1 |
Missohou et al 2002 | Sénégal | 36,1 | 9,2±2,4 | 3,96 | 77 | 33,6 |
Buldgen et al 1992 | Sénégal | 40-100 | 8-10 | 3-4 | 77-80 | 40-44 |
Fulbert et al 2004 | Congo | - | 11,8-13,44 | - | 62,7-83,5 | 34,7-35,9 |
Bourzat et Saunders 1990 | Burkina Faso | 35-54 | 12-18 | 3 | 60-90 | - |
Tadelle et Ogle 2001 | Ethiopie | 45-80 | 13 | 3-4 | 80,9 | 38,1 |
Moussa et al 2010 | Niger | 44-75 | 12 | 4,4 | 87-92 | - |
Kugonza et al 2008 | Ouganda | 40 | 9-19 | 3-4 | 90 | - |
Wilson 1979 | Soudan | 50 | 10,9 | 4,5 | 90 | 40,6 |
Halima 2007 | Ethiopie | 18-57 | 9-19 | 2-3 | 50-82 | 38,7 |
Akouango et al 2010 | Congo | - | 13,44 | - | 71,7 | 41,91 |
Le taux moyen d’éclosion de 82,75% obtenu dans notre étude se situe dans l’intervalle observé dans les régions tropicales par Bourzat et Saunders (1990), Gawande et al (2007) et par Fotsa (2008). Toutefois, il est supérieur à la plupart de ceux trouvés dans quelques pays en voie de développement (tableau 6). Par ailleurs, d’après Sonaiya et Swan (2004), une éclosabilité de 75 à 80% est considérée comme satisfaisante en couvaison naturelle. Ce taux élevé d’éclosion pourrait être dû non seulement au sex ratio élevé appliqué dans cette étude, mais aussi au mode d’alimentation rationnelle mis en œuvre qui permet à la poule de consacrer plus de temps à la couvaison des œufs. En effet, French et Ritter (1981) ont recommandé un sex ratio d’un coq pour dix poules en claustration. Le sex ratio de 2: 15 (1/7,5) que nous avons adopté semble donc adéquat pour un maximum de fertilité. De même, selon Sonaiya et Swan (2004) ainsi que Kouadio et al (2013), la disponibilité de l’aliment et d’eau à tout moment permet à la poule en couvaison de passer peu de temps en dehors du nid à la recherche de nourriture et d’assurer un réchauffement permanent des œufs afin d’éviter la mortalité embryonnaire liée au refroidissement des œufs. Par ailleurs, selon Sonaiya et Swan (2004), un accès facile à l’eau permet à la poule de maintenir les œufs à un degré d’humidité satisfaisant (60 à 80%).
Les températures relativement basses enregistrées dans la poussinière (13-27°C) sont à mettre en relation avec la période de réalisation de l’essai qui, dans la zone périurbaine des Niayes de Dakar, est en général fraiche. Elles sont inférieures à celles (19-27°C) recommandées par Rekhis (2002) dans le jeune âge chez les poussins. L’impact réduit de ces basses températures sur la mortalité des poussins pendant les deux premières semaines de confinement pourrait s’expliquer par une meilleure tolérance des poussins de race locale au stress de froid (Guèye 2003; Kouadio et al 2010) et à l’efficacité du rôle de source de chaleur joué par la poule mère (Kouadio et al 2010).
La croissance pondérale observée au cours de cette expérimentation est semblable à celle (28,3 g à l’éclosion à 282 g à la douzième semaine d’âge) rapportée par Halima (2007) en Ethiopie. De même, le GMQ de 4,3 g est proche de celui trouvé par Buldgen et al (1992) au Sénégal (4,7) et se situe également dans l’intervalle de 4-10,85 g rapporté par Ali (2001) dans ce même pays pendant une période de 0 à 12 semaines. Toutefois, le poids vif à la 12ième semaine observé dans la présente étude reste inférieur à celui enregistré en station par certains auteurs en Afrique (tableau 6). Ces différences pourraient s’expliquer par la diversité génétique des poulets indigènes africains.
La consommation alimentaire individuelle (CAI) enregistrée dans cette étude est proche de 352±9 g observée par Gnakari et al (2007) en Côte d’Ivoire. Quant à l’indice de consommation, il se situe dans l’intervalle (2,3-3,4) obtenu par Halima en Ethiopie, mais reste supérieur au 2,2 trouvé par Gnakari et al (2007) en Côte d’Ivoire.
Tableau 6. Poids vif (g) de poussins locaux à âge type rapportés par différents auteurs en fonction des pays | ||||||||
Auteurs | Halima 2007 | Buldgen et al 1992 | Akouango et al 2010 | Fotsa 2008 | Adedokun et Sonaiya 2001 | Ali 2001 | Msoffe et al 2004 | |
Pays | Ethiopie | Sénégal | Congo | Cameroun | Nigéria | Sénégal | Tanzanie | |
Poids vif (g) | J1 | 28,3 | 37 | 28,38 | 26,4-28 | 24,3 | 26-30,6 | 25,7 |
2S | - | - | 76,48 | - | - | - | - | |
4S | - | 90 | 119,3 | 160-198 | 104 | 171,85 | 89 | |
8S | 218 | 230-260 | 406,6 | 384-479 | 242-262 | 569,35 | 242 | |
12S | 282 | - | 563,9 | 523,35 | 533-605 | 782,71 | 381 |
La baisse de la mortalité des poussins dans la M2 s’explique, en accord avec Soumboundou (2010), par le fait que les poussins libérés à la quatrième semaine avaient un poids corporel plus important et par conséquent peuvent mieux résister aux prédateurs et aux facteurs du milieu (froid et courant d’air). Le même constat a été fait par Lwesya et al (2004) au Malawi et par Kouadio et al (2010) en Côte d’Ivoire. Le taux de mortalité observé chez les sujets de la M2 (24,14%) est inférieur à ceux (39,6% et 33,9%) rapportés par Amin et al (2009) et à 40,7% constaté par Huque et al (1990) après le sevrage respectif des poussins à 5 et 10 jours et à 7 jours. Ces mortalités élevées comparativement à nos résultats en M2 seraient probablement dues, en accord avec Kouadio et al (2010), au stress après le sevrage mal supporté par les poussins encore fragiles. Il en est de même pour les mortalités observées dans la poussinière juste après le sevrage des poussins dans cette étude.
La dépense alimentaire de 63 FCFA par poussin maintenu en claustration pendant 2 semaines supplémentaires dans la M2 pourrait être plus faible avec un aliment formulé à partir de sous-produits disponibles localement. Cette dépense confirme ainsi l’efficience économique de cette modalité qui semble être un moyen rentable d’amélioration de la productivité en aviculture familiale.
Il ressort de cette étude que la productivité du couple mère-poussins est la plus élevée dans la modalité consistant à sevrer les poussins à 2 semaines et à les garder dans la poussinière jusqu’à un mois d’âge. Elle entraîne une amélioration de la survie des poussins et de leur croissance en même temps un raccourcissement de l’intervalle entre pontes. Le coût relativement faible de maintien d’un poussin dans la poussinière pourrait faire de cet outil le fer de lance d’une stratégie de développement de l’aviculture familiale.
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Received 14 March 2015; Accepted 8 June 2015; Published 1 August 2015