Livestock Research for Rural Development 27 (6) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage bovin à viande dans le Département du Noun, Région de l’Ouest-Cameroun

O Boukar, P R Fotso Kenmogne, M Yaya1 et Y Manjeli

Département des Productions Animales, FASA, Université de Dschang B.P. 222 Dschang;
fotpat@yahoo.fr
1 Délégué Départemental, MINEPIA-Noun

Résumé

Les caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage des bovins à viande ont été étudiées dans 106 élevages du Département du Noun (Région de l’Ouest Cameroun) choisis au hasard parmi 1060. Les éleveurs enquêtés sont en général des Foulbés ou Mbororos (72,6%), suivis de Bamouns (23,6%), Bansos (2,8%), Haoussas (0,9%) et Bamilékés (0,9%) récents dans l’activité. Ce sont à 98,1% des hommes, âgés de 20 à plus de 60 ans, mariés (98,1%) et ayant un nombre d’enfants et de personnes à charges élevé (1 à plus de 20) pouvant constituer la main-d’œuvre. Ils sont à 95,0% musulmans et 81,1% sont alphabétisés parmi lesquels 57,5% ont fait l’école coranique mais 92,0% n’ont aucune expérience professionnelle en élevage. Les bovins sont élevés principalement pour la vente (71,2%). La contribution de l’élevage bovin dans le revenu annuel des ménages est importante (200 000 à plus de 2 000 000 FCFA). Les autres espèces animales élevées sont les ovins (35,3% des élevages), la volaille (28,9%), les caprins (23,5%), et les équins (3,7%). Les principaux types génétiques bovins sont les zébus Djafoun (40,5%), Aku (18,0%), Gudali (13,5%)et les tout venants (28,0%). Les troupeaux ont 62 bovins en moyenne (de 30 à plus de 180), ont 51,5% de femelles adultes (sex ratio mâle/femelles de 1/15). Des enclos ou parcs de nuit existent chez 58,0% des éleveurs. Le parcours naturel (94,3%) est la principale source d’alimentation et le système est souvent transhumant (67,0%). Le taux moyen de fertilité voisine 63,48% et celui de la fécondité 52,0%. L’intervalle entre vêlages est assez long (18-24 mois) suite à un sevrage tardif (18 mois). La production laitière est faible (0,5 à 2,5 litres par jour). La traite manuelle, une à deux fois par jour est faite par les femmes. Le taux d’exploitation est faible (17,3%). Les contraintes majeures citées sont, les conflits agropastoraux (82,1%), le vol (70,8%) et le manque de pâturage (67,9%). Malgré cela 96,2% des éleveurs envisagent de continuer élevage bovins avec pour objectif principal, d’augmenter la taille du troupeau afin d’accroître leurs revenus.

Mots-clés: contrainte, performance, perspective



Socio-economic and technical characteristics of beef cattle husbandry in the Noun department, West province in Cameroon

Abstract

The socio-economic and technical characteristics of beef cattle husbandry were carried out in 106 cattle breeders in Noun Division (Western Highlands of Cameroon). Cattle are bred mainly by Foulbes or Mbororos (72.6%), Bamouns (23.6%), Bansos (2.8%) Haoussas (0.9%) and Bamilekes (0.90%). Cattle breeders are mainly men, (98.10%) aged between 20 to 60 years old and more, married (98.1%) with large families which constitute the main labor force (64.0%). Most cattle breeders are Muslims (95.0%), of which more than 81.1% had never been to school and 92.0% have no professional training in livestock. Cattle is herded mostly for commercialization (71.2%) and thus contribute considerably to household revenue (200000 to more than 2000000 FCFA/an). Other animal species reared are sheep (35.3%), poultry (28.9%), and goats (23.5%), horses (3.7 %°) etc. Breeds exploited are mainly Zebu: Djafun (40.5%), Aku (18.0%), Gudali (13.5%) and others (28.1%). The average herd size is 62 (varies from 30 to more than 180 heads) and herds are composed of adult cows (51.5%) with a male/female ratio of 1/15. Fences or parks are constructed only by 58.0% of the cattle breeders with wood and barb wires. Natural forages represent the main (94.3%) source of animal feed in a transhumant system (66.9%). The average fertility rate is about 63.4% and that of fecundity is 52.0%. Calving interval varies between 18 and 24 months due to late weaning (18 months). Milk production is low (0.5 to 2.5 liters per day). Milking is done manually by women. The exploitation rate of the herd is low (17.2%). Despite the fact that some constraints are being reported, almost all the breeders (96.2%) intend to continue with cattle rearing and many of them aspire to increase the size of their herd in order to improve the revenue.

Keywords: constraint, performance, perspective


Introduction

Le Cameroun est un pays agricole et occupe une position de choix dans la sous région Afrique Centrale. Le secteur agricole contribue pour 30% à la croissance du PIB, emploie 6% de la population active et se présente comme un pilier du secteur primaire de l’économie nationale (DSCE, 2009). Cependant, 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, situation plus prononcée en zone rurale où vit environ 50% de la population totale du pays (FAO, 1995). Toutefois, l’accroissement de la production agricole estimé à 2,2% par an est inférieur à l’expansion démographique annuelle qui est de l’ordre de 2,9% (FAO, 2005). Ce déséquilibre entre la croissance agricole et celle de la population, responsable de l’insécurité alimentaire, a entraîné le pays à devenir de plus en plus dépendant de l’importation de certains produits agricoles en général et en particulier des produits d’origine animale. La consommation de viande estimée au Cameroun à 13,1 kg /habitant/an est très faible par rapport à la norme de 42 kg /habitant/an recommandée par l’OMS (FAO, 2000). Ce déficit protéique est une cause de la malnutrition qui tend à devenir endémique dans certaines régions du Cameroun.

Les bovins contribuent pour 54% de l’ensemble des produits carnés produits localement et consommés par les populations. L’élevage bovin fournit annuellement 110 000 tonnes de viande et 174 000 tonnes de lait entièrement consommés localement. Il contribue à environ 950 milliards FCFA au PIB en capital (MINEPIA, 2011). De part ses nombreux avantages (source de protéine animale, source de revenu, source d’énergie), l’élevage bovin constitue un moyen important pouvant permettre d’accroitre rapidement la production de viande.

Cependant, les informations sur l’élevage bovin dans le Département du Noun sont encore limitées. Or, tout plan de son développement doit s’appuyer sur une meilleure connaissance de ce secteur. C’est pourquoi le présent travail se propose de caractériser la production de l’élevage bovin à viande dans le Département du Noun en vue d’évaluer ses contraintes et d’envisager des perspectives d’amélioration. Des études ont déjà été menées dans d’autres zones du Cameroun (Yendji 2000, Mouotié 2006, Ngono 2006 et Wamba 2012).

L’objectif global de cette étude est de contribuer à une meilleure connaissance de l’élevage bovin dans le Département du Noun en vue d’améliorer sa productivité et plus spécifiquement:


Matériel et méthodes

Zone d’étude

Le Département du Noun est situé dans la Région de l’Ouest Cameroun (Figure 1). Il s’étend sur une superficie de 7 687 km², couvre 55,35% de la superficie totale de la Région. Le Département du Noun est géographiquement situé entre 5 et 6° de latitude Nord d’une part et d’autre part entre 10° 30 et 11° de longitude Est. Il jouit d’un climat de type tropical soudano-guinéen. Ce climat est influencé par la présence des montagnes de l’Ouest. La température moyenne annuelle oscille autour de 21°C et l’hygrométrie moyenne est en général supérieure à 80% avec un minimum se situant à 23% en Janvier et Février.

Figure 1. Localisation de la zone d’étude (a, b)
Source: adapté de Fotso et al (2014)


Méthodologie

Prise de contact avec les services techniques

L’étude sur les caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage bovin à viande a commencé le 15 avril 2014 par une prise de contact avec les services techniques de la délégation Départementale de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (DDEPIA) et la délégation Départementale de l’Agriculture et du Développement Rural (DDADER) du Noun. Cette prise de contact a permis d’expliquer aux responsables en charge du secteur agropastoral les objectifs du travail dans le Département.

Choix des éleveurs à enquêter et conduite de l’enquête

Les données statistiques obtenues à la Délégation Départementale de l’élevage, des pêches et des industries animales du Noun sur la dernière campagne de vaccination des bovins de l’année 2013, ont permis de dénombrer 1060 éleveurs détenant 100970 bovins à viande. Parmi les 1060 éleveurs recensés, il a été procédé par tirage au sort au choix de 10% d’éleveurs de chaque arrondissement. A l’issue du tirage au sort, 106 éleveurs de bovins à viande ont été retenus (Tableau 1). Après ce choix, une trame d’enquête a été élaborée pour recueillir des informations sur les caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage bovin à viande. Cependant, certaines informations telles que la taille du troupeau ou la contribution de l’élevage au revenu du ménage étaient données avec beaucoup d’hésitation.

Tableau 1. Répartition des éleveurs bovins recensés par arrondissement en fonction du cheptel
Arrondissement Nombre éleveurs Cheptel
Bangourain 180 19080
Foumban 180 16200
Koutaba 80 15045
Njimon 140 14000
Magba 140 12742
Massangam 120 11480
Kouoptamo 80 5030
Foumbot 80 4702
Malantouen 60 2692
Total 1060 100971
Source: DDEPIA (2013)
Collecte des données

Les données relatives aux facteurs socio-économiques (âge, sexe, croyances religieuses, nombre d’enfants et personnes à charge, situation matrimoniale, ethnie, niveau d’éducation, expérience, formation professionnelle, activités annexes, main d’œuvre utilisée, contribution annuelle de l’élevage) et techniques (types génétiques, logement, alimentation, performances de reproduction et croissance, statut sanitaire) de l’élevage des bovins à viande ont été obtenues d’avril à août 2014.

Analyses statistiques

Les données collectées ont été analysées à l’aide de la statistique descriptive grâce au logiciel Statistical Package for Social Sciences (SPSS) version 20.


Résultats et discussion

Caractéristiques socio-économiques des éleveurs de bovins à viande dans le Département du Noun

Les caractéristiques socio-économiques de l’élevage bovin à viande dans le Département du Noun, révélées par l’enquête sont résumées dans les Figures et Tableaux suivants:

La majorité des éleveurs enquêtés sont des hommes (98,1%). Habituellement, les hommes s’occupent de la conduite du troupeau au pâturage pour leur alimentation et abreuvement tandis que les femmes s’occupent de la traite, de l’hygiène de l’étable et de la vente du lait entier et/ou produits laitiers (kindirmou en langue locale). Ces résultats sont semblables à ceux de Yendji (2000) dans la Menoua qui observait que 97% des éleveurs sont des hommes et 3% des femmes.

La répartition des éleveurs en fonction de l’âge est résumée par la Figure 2:

Figure 2. Répartition des éleveurs en fonction de l’âge (ans)

Il ressort de la Figure 2 que 6,6% des éleveurs ont un âge compris entre 20 et 30 ans, entre 31 et 40 ans (26,4%), entre 41 et 50 ans (26,4%), entre 51 et 60 ans (24,5% ) et 60 ans et plus (16,0%). La majorité (52,8%) des éleveurs se situe entre 31 et 50 ans. Ceci montre que l’élevage est devenu une activité où les personnes de tout âge commencent à investir ou épargner.

La répartition des éleveurs par ethnie est résumée par la Figure 3:

Figure 3. Répartition des éleveurs par ethnie

La majorité (69,8%) des éleveurs (Figure 3) sont les Mbororos suivis des Bamouns (23,6%), des Foulbés (2,8%), des Bansos (2,8%), des Haoussas (0,9%) et des Bamilékés (0,9%).

La répartition des éleveurs par nombre d’enfants et/ou personnes à charges est résumée par la Figure 4:

Figure 4. Répartition des éleveurs par nombre d’enfants et/ou personnes à charges

Le nombre d’enfants et/ou de personnes à charges (Figure 4) varie de 0 (zéro) à plus de 20. La majorité des éleveurs (64,2%) a entre 1 à 9 enfants et/ou personnes à charges, 34,0% ont plus de 10 enfants et/ou personnes à charges et 1,9% n’ont pas d’enfant et/ou personne à charge. Selon la tradition Mbororo, une vêle est attribuée à un enfant dès sa naissance. Ceci constitue non seulement la base de sa richesse mais aussi une manière d’apprendre à cet enfant qui grandit que l’élevage bovin est indispensable pour cette ethnie.

Figure 5. Répartition des éleveurs en fonction du niveau d’étude

La majeure partie des éleveurs (57,5%) a fait des études coranique (Figure 5), suivie de ceux n’ayant pas été à l’école (18,9%), ensuite de ceux ayant un niveau primaire (17,9%), de ceux ayant un niveau secondaire (4,7%) et enfin un niveau universitaire (0,9%).

Environ 80,0% des éleveurs sont alphabétisés. La proportion des illettrés (18,9%) observée est faible par rapport aux résultats de Yendji (2000) dans la Menoua et Ngono (2006) dans le Nord-Ouest qui observaient que la proportion des éleveurs illettrés était respectivement de 81,2% et 28,8%. Le taux d’alphabétisation coranique élevé (57,5%) témoigne que beaucoup de Mbororos sont musulmans et apprennent la lecture coranique dès le bas âge tout en accordant peu d’importance à l’école occidentale. Cependant il faudrait signaler qu’un taux d’analphabétisme élevé peut influencer l’acceptation des nouvelles techniques pastorales.

Les Figures 6 et 7 montrent respectivement l’expérience et le niveau de formation professionnelle des éleveurs

Figure 6. Répartition des effectifs d’éleveurs en fonction de l’expérience professionnelle.

Il ressort de la Figure 6 que l’expérience professionnelle varie de 0 (zéro) à plus de 20 ans. La grande majorité (39,6%) des éleveurs a une expérience professionnelle de plus de vingt ans, suivie de ceux ayant une expérience respectivement 6 à 10 ans et 11 à 15ans (17,0%), des éleveurs ayant une expérience professionnelle entre 6 à 10 ans (15,1%) et enfin ceux ayant une expérience de 0 à 5 ans (11,3%).

Figure 7. Répartition des éleveurs en fonction de la formation professionnelle

La majorité des éleveurs (Figure 7) n’a reçu aucune formation professionnelle (92,0%) en élevage bovin. Seuls 8,0% des éleveurs ont reçu une formation professionnelle en alimentation. Comme conséquence, les éleveurs sont réticents lorsque nous avons besoin des données statistiques et s’adonnent peu aux nouvelles techniques pastorales qui constituent un frein pour le développement de cette activité d’élevage bovin. Ces résultats sont semblables à ceux de Mouotie (2006), Yendji (2000), Njoya et al (1999) qui observaient que plus de 90% des éleveurs n’avait pas reçu une formation professionnelle en élevage.

La répartition des éleveurs en fonction des activités annexes et fonctionnaire est résumée par la Figure 8:

Figure 8. Répartition des éleveurs en fonction des activités annexes et fonctionnaire

En dehors de l’élevage bovin (Figure 8), 41,5% des éleveurs sont des agriculteurs suivis de 16,0% des commerçants, 3,8% des aquaculteurs, 3,8% des bouchers, 2,8% des ménagères, 1,9% des fonctionnaires.

Les autres espèces élevées

La répartition des éleveurs en fonction des autres espèces élevées est résumée par la Figure 9:

Figure 9. Répartition des éleveurs en fonction des autres espèces élevées

Il ressort de la Figure 9 qu’en dehors des bovins, les principales autres espèces animales élevées par les éleveurs sont: les ovins, les caprins, les équins, la volaille. Parmi ces espèces, les ovins (35,3%) sont les plus rencontrés suivis de la volaille (28,9%), des caprins (23,5%) et enfin les équins (3,7%). Parmi les éleveurs enquêtés, 8,5% n’élèvent aucune autre espèce en dehors de l’activité de l’élevage bovin.

Le Tableau 2 présente le taux d’exploitation des troupeaux bovins dans le Département du Noun.

Tableau 2. Répartition des animaux en fonction des objectifs d’exploitation
Objectifs d’exploitation Animaux exploités % cheptel total
Cheptel %
Ventes 879 71,29 12,33
Autoconsommation 135 10,95 1,89
Autres charges 219 17,76 3,07

Il ressort du Tableau 2 que les formes d’exploitation des troupeaux bovins dans le Département du Noun sont nombreuses: ventes, autoconsommation (sacrifices, fêtes, baptême) et autres charges (salaires des bergers, frais de vaccination, traitement…).

Le taux d’exploitation globale est de 17,3%. Les ventes (12,3%) sont la principale forme d’exploitation des bovins vendus par an, suivies des autres charges (3,1%) et enfin de l’autoconsommation (1,9%).

La répartition des éleveurs bovins à viande en fonction des formes d’acquisition des animaux est présentée dans le Tableau 3.

Tableau 3. Répartition des éleveurs bovins à viande en fonction des formes d’acquisition des animaux
Formes d’acquisition Eleveurs
Nombre Total (%)
Achat 22 20,7
Héritage 16 15,1
Héritage + don + achat 68 64,2

Il ressort de ce Tableau que les formes d’acquisitions des animaux sont multiples: achat, héritage et dons. Les sources de financement proviennent essentiellement des tontines, des revenus agricoles et de la vente des animaux reformés. Les mêmes observations ont été rapportées par Wamba (2012) dans la Momo, Agbede (1989) à Bafou.

Caractéristiques techniques de l’élevage bovin dans le Département du Noun

La répartition du cheptel bovin dans le Département du Noun par types génétiques est présentée dans le Tableau 4.

Tableau 4. Répartition du cheptel par types génétiques dans le Département du Noun
Types génétiques Cheptel bovins
Nombre Total (%)
Djafoun (Red fulani) 2885 40,5
Aku (White fulani) 1282 18,0
Gudali 961 13,5
Tous-venants 1998 28,0
Total 7126 100,0

Le cheptel bovin (Tableau4) est constitué en majorité des zébus Mbororo (58,5%) dont 40,5% Red Fulani et 18,0% White Fulani. Les zébus Gudali sont représentés à 13,5% et les tous venants (28,0%). La prédominance des zébus Djafoun et Aku s’expliquerait par le fait qu’ils sont bon marcheurs et s’adaptent bien au système d’élevage extensif pratiqué dans les zones de hauts plateaux de l’Ouest.

Le Tableau 5 présente la répartition des troupeaux en fonction de la taille du troupeau.

Tableau 5. Répartition des troupeaux en fonction de la taille du troupeau
Taille du troupeau Eleveurs
Nombre (%)
< 30 25 23,6
30-60 37 34,9
60-90 18 17,0
90-120 14 13,2
120-150 9 8,5
150-180 2 1,9
180 et plus 1 0,9

Il ressort de ce tableau que la taille des troupeaux varie de moins 30 à plus de 180 têtes de bovin avec une moyenne de 62 têtes. Certains éleveurs ont individuellement plusieurs troupeaux (2 à 4) alors que d’autres ont des troupeaux communs ou collectifs. L’existence des troupeaux collectifs rendrait difficile leur gestion, car les prises de décision ne dépendent pas seulement du chef de groupe mais de tous les membres.

Le Tableau 6 présente la structure du cheptel en fonction du sexe et des catégories d’animaux.

Tableau 6. Structure du cheptel en fonction du sexe et des catégories d’animaux
Catégorie d’animaux Mâles Femelles Mâles + Femelles
Nombres % Nombre % Nombre %
Jeunes non sevrés (<1 an) 600 8,4 1181 16,6 1781 25,0
Jeunes sevrés (1 à 3 ans) 446 6,3 992 13,9 1438 20,2
Total jeunes 1046 14,7 2173 30,5 3219 45,2
Adultes (>3 ans) 235 3,3 3672 51,5 3907 54,9
Total 1281 18,0 5845 82,0 7126 100,0

Il ressort de ce Tableau que les animaux adultes (54,8%) sont majoritaires. Les jeunes (45,2%) dénombrés sont repartis à 25,0% pour les non sevrés c’est-à-dire moins d’un an et 20,2% pour les sevrés ayant un âge compris entre 1 et 3 ans. Le pourcentage élevé des femelles adultes (51,5%) contre 3,3% des mâles adultes confirme l’observation selon laquelle, les mâles sont les plus vendus en jeune âge. Le sex-ratio est de 1/15

Logement

Les différents types de logement rencontrés dans les élevages du Département du Noun sont représentés par la Figure 10.

Figure 10. Répartition des éleveurs en fonction du type de logement

Il ressort de cette Figure que plus de la moitié des éleveurs enquêtés (58,0%) dispose d’un parc de nuit ou enclos. Ces parcs de nuit (logement) sont construits en planches, piquets, bambous, lianes et fils de fer barbelés.

La répartition des éleveurs bovins à viande en fonction des systèmes d’élevage est présentée dans le Tableau 7.

Tableau 7. La répartition des éleveurs de bovins en fonction des systèmes d’élevage
Systèmes d’élevage Eleveurs
Nombre (%)
Extensif transhumant 71 67,0
Extensif sédentaire 35 33,0
Total 106 100,0

Il ressort de ce Tableau que le système extensif transhumant est prédominant (67,0%) contre 33,0% des éleveurs pratiquant le système extensif sédentaire. Les mêmes résultats ont été observés par Mouotie (2007) dans les Bamboutos, Ngono (2006) au Nord-Ouest et Yendji (2000) dans la Menoua.

La source de l’alimentation des bovins (Tableau 8) reste le pâturage naturel et quelques cultures fourragères (Pennisetum clandestinum, Bracharia ruziziensis, Trypsacum laxum).

Tableau 8. Répartition des éleveurs en fonction des sources d’alimentation
Source d’alimentation Eleveurs
Nombre Total (%)
Pâturage naturels 100 94,3
Pâturage naturel et culture fourragère 6 5,7

Il ressort de ce Tableau que la majorité des éleveurs enquêtés (94,3%) dépende uniquement des pâturages naturels, alors que 5,7% des éleveurs associent en plus de l’exploitation du pâturage naturel, les cultures fourragères (Pennisetum clandestinum, Bracharia ruziziensis, Trypsacum laxum). Les jachères, les résidus des plantes agricoles et les pâturages de transhumance constituent d’autres sources supplémentaires d’aliment pendant la saison sèche.

La supplémentassions des animaux avec des sous-produits agro-industriels se limite à certaines catégories d’animaux telles que les veaux, les femelles en lactation et les animaux maigres. Elle est irrégulière et dépend plus des possibilités financières de l’éleveur. Généralement, elle est l’apanage des éleveurs ayant reçu une formation professionnelle.

Les ressources naturelles permanentes ou saisonnières (marigot, source, rivière) constituent les principales sources d’abreuvement des animaux dont la plupart tarissent en saison sèche, obligeant les éleveurs à se déplacer plus loin à la recherche de l’eau.

Principales maladies et causes de mortalité

La répartition des élevages en fonction des maladies prédominantes est résumée dans le Tableau 9.

Tableau 9. Répartition des élevages en fonction des maladies prédominantes
Maladies Nombre (*) Pourcentage
Fièvre aphteuse 36 16,4
Dermatose nodulaire 22 10,0
Trypanosomiase 15 6,9
Diarrhée des veaux 12 5,5
Tuberculose 19 8,9
Brucellose 14 6,4
PPCB 17 7,8
Parasitoses internes et externes 39 17,8
Causes indéterminées 45 20,5
(*) Un éleveur pouvait signaler plusieurs maladies à la fois.

Il ressort de ce Tableau que les causes déterminées des mortalités bovines classées par ordre d’importances sont: Parasitoses internes et externes (17,8%), Fièvre aphteuse (16,4%), Dermatose nodulaire (10,0%), Tuberculose (8,7%), PPCB (7,8%), Trypanosomiase (6,9%), Brucellose (6,4%) et Diarrhées des veaux (5,5%). Quant aux causes indéterminées, elles sont dues aux accidents, aux intoxications, aux morsures de serpent, etc

Productivité des bovins

Poids moyen à la naissance

Le poids moyen à la naissance des veaux est résumé dans le Tableau 12.

Tableau 10. Poids moyen des veaux en fonction du sexe et de la race
Races Mâles Femelles Mâles et femelles
N P (kg) N P (kg) N P (kg)
Mbororos:
Aku 4 18,15 4 17,8 08 17,97
Djafoun 6 19,4 8 18,9 14 19,15
Gudali 7 19,7 7 19,15 14 19,42
Tous venants 17 18,55 14 17,70 31 18,12
Moyen 34 18,95 33 18,39 67 18,67
N = nombre de veaux pesés; P= poids moyen à la naissance (kg)

Il ressort du Tableau 12 que le poids varie en fonction de la race et du sexe. Par ailleurs, quelle que soit la race, les mâles sont plus lourds à la naissance que les femelles. Poids adulte des animaux bovins.

Selon les éleveurs, le poids adulte des zébus Aku et Djafoun varie de 220 à 400 kg pour les mâles et de 200 à 350 kg pour les femelles. Par contre, celui les zébus Gudali peut varier de 300 à plus de 450 kg avec une moyenne de 350 kg chez les croisés ayant un ascendant mâle Gudali.

Age au premier vêlage

Le tableau 11 présente la répartition des élevages enquêtés en fonction des âges au premier vêlage.

Tableau 11. Répartition des élevages en fonction de l’âge au premier vêlage
Age (années) Elevages
Nombre Pourcentage
3 - 4 63 59,8
4 - 5 39 36,9
5 et plus 4 3,3

Il ressort de ce Tableau que la majorité (59,8%) des vaches vêle pour la première fois entre 3 et 4 ans tandis que certaines vaches vêlent entre 4 et 5 ans (36,9%) et d’autres au delà de 5 ans (3,3%). La même observation a été faite par Wamba (2012) dans la Momo et Mouotié (2007) dans les Bamboutos où respectivement 51,02% et 55,0% des vaches vêlent pour la première fois entre 3 et 4 ans.

Taux de fertilité, de fécondité et d’avortement

Les taux de fécondité, de fertilité et d’avortement sont repartis dans le Tableau 12.

Tableau 12. Taux de fécondité, de fertilité et d’avortemen
Paramètres Taux (%)
Fécondité 52,0
Fertilité 63,5
Taux d’avortement 2,9

Le tableau 12 présente le taux de fécondité (52,0%), fertilité (63,5%) et avortement (2,9%). Ces observations sont comparables à celles de Mouotie (2006) dans les Bamboutos (52%) et Njoya et al (1987) au Nord-Cameroun qui observait des taux de fécondité variant de 49,8% à 53,7 ± 17,7%.

Quantité de lait produite et par types génétiques

Le Tableau 13 présente la répartition des élevages en fonction de la qualité de lait produite par jour et par types génétiques.

Tableau 13. Répartition des élevages en fonction de la quantité de lait produite par jour et par types génétiques
Quantité lait (l/j) Types génétiques Nombre d’élevage Pourcentage
0,5-1,5 Gudali 29 27,4
1,5-2,0 Tout venant (croisés) 32 30,2
2-2,50 Aku et Djafoun 45 42,4

Les quantités de lait produit varient de 0,5 à plus de 2,5 litres/vache/jour. Les zébus Aku et Djafoun sont les plus productrices de lait (42,4%), suivies des croisés (30,2%) et enfin les Gudali (27,4%).

Les principales causes de ventes sont présentées dans le tableau 13. Les causes de vente des animaux avancées par les éleveurs sont multiples. Nous pouvons citer par ordre d’importance: besoins familiaux, fêtes diverses, scolarités des enfants, maladies et accidents, renouvellement du cheptel, etc.

Tableau 14. Causes de vente des animaux
Causes de vente* Eleveurs
Nombre Pourcentage
Besoins familiaux 92 86,8
Fêtes diverses 84 79,2
Scolarité des enfants 72 67,9
Maladies et accidents 70 66,0
Renouvellement du cheptel 48 45,3
(*): Un même éleveur pouvait avancer plusieurs motifs ou causes de vente

Le Tableau 15 présente les prix de vente des animaux sur pied en fonction de l’âge et du sexe.

Tableau 15. Prix de vente moyen des animaux sur pied en fonction de l’âge et du sexe
Age (ans) Prix unitaire (FCFA)
Femelle Mâle
1-2 100000 150000
2-3 150000 250000
3-4 200000 350000
> 4 350000 400000

Il ressort de ce Tableau que le prix des animaux varie en fonction de l’âge et du sexe. Les animaux mâles sont en général plus chers que les femelles à âge égal. En dehors de ces critères, il convient de signaler que l’état de santé, la couleur de la robe et l’embonpoint constituent des éléments de choix dans la vente des animaux.

Contraintes et perspectives de l’élevage bovin

D’après les éleveurs, les principales contraintes répertoriées sont résumées dans le Tableau 16.

Tableau 16. Répartition des éleveurs en fonction des contraintes d’élevage bovin dans le Département du Noun
Contraintes (*) Eleveurs
Nombre Pourcentage
Conflits agro-pastoraux 86 81,1
Vol 75 70,8
Insuffisance du pâturage 72 67,9
Alimentation 56 52,8
Santé animale 49 46,2
Logement 48 45,3
Reproduction 45 42,5
Faible productivité des races locales 53 50,0
Encadrement des éleveurs 42 39,6
Manque de moyen financier 67 63,2
Accidents 35 33,0
(*): Un même éleveur pouvait évoquer plusieurs contraintes

Il ressort de ce tableau que des contraintes majeures entravent le développement de l’élevage bovin dans le Département du Noun.

Le Tableau 16 présente la répartition des éleveurs du Département du Noun en fonction des perspectives de l’élevage bovin à viande.

Tableau 17. Répartition des éleveurs en fonction des perspectives de l’élevage bovin à viande dans le Département du Noun
Perspectives Eleveurs
Nombre Pourcentage
Augmentation du cheptel 99 93,4
Maintenir le cheptel 3 2,8
Réduction du cheptel 0 0,0
Abandonner 4 3,8

Il ressort de ce tableau que la majorité des éleveurs (96,2%) veut continuer l’élevage bovin à viande parmi lesquels 93,4% veulent augmenter le cheptel tandis que 2,8% préfèrent maintenir la taille de leur cheptel.


Conclusion


Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier, les éleveurs pour leur franche collaboration, le personnel du Ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries Animales (MINEPIA) du Noun pour avoir facilité la collecte des données sur le terrain, enfinMube Kuieche Herve pour sa contribution dans l’encodage des données.


Références

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DDEPIA Noun 2013 Divisional Delegation of Livestock, Fisheries and Animal Industries. Rapports annuels. 32p

DSCE 2009 Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi. République du Cameroun. 167p

FAO 2005 Evaluation du Marché de la viande

FAO 2000 Marché mondial de la viande: situation en 1999 et perspectives pour 2000. 20p

FAO 1995 Annuaire de production. 30p.

Fotso Kenmogne P R, Meutchieye F, Andriamanalina S I, Youbissi A, Tchoumboué J, Pinta J Y et Zango P 2014 Caractéristiques socio-économiques et techniques de l’apiculture dans les Départements de Bamboutos, Mifi et Menoua (Région de l’Ouest-Cameroun). Livestock Research for Rural Development. Volume 26, Article #221. Retrieved April 2, 2015, from http://www.lrrd.org/lrrd26/12/fots26221.htm

MINEPIA 2011 Document de Stratégie du Sous Secteur de l’Elevage, des pêches et des industries animales, Division des Etudes, des Statistiques et de la Coopération. Cameroun. 125p.

Mouotié 2006 Caractéristiques socio-économiques et technique de l’élevage bovin à viande dans le Département des Bamboutos. Mémoire d’ingénieur agronome. Université de Dschang (FASA). 75p

Njoya A, Bouchel D, Ngo et Tama A C 1997 Système d’élevage et productivité des bovins en milieu paysan. Agriculture des savanes d’Afrique centrale. CIRAD. PP 109-121

Ngono D 2006 Caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage bovin à viande dans le Nord-Ouest Cameroun. Mémoire d’ingénieur agronome. Université de Dschang (FASA). 42p

Wamba B S 2012 Caractéristiques socio-économiques et techniques de l’élevage bovin à viande dans le Département de la Momo (Région du Nord-Ouest Cameroun). Mémoire d’ingénieur agronome. Université de Dschang (FASA). 95p

Yendji B 2000 Caractéristiques socio-économiques des éleveurs et techniques de l’élevage bovin sur les hautes terres de l’Ouest Cameroun: cas du Département de la Menoua.102p


Received 7 April 2015; Accepted 19 April 2015; Published 3 June 2015

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