Livestock Research for Rural Development 26 (6) 2014 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
L’objet de la présente étude était d’établir un bilan de reproduction afin de quantifier les performances de reproduction des vaches laitières et particulièrement la durée de l’anœstrus postpartum, via le suivi de 40 exploitations du Nord-Est algérien.
Les résultats obtenus ont montré que les intervalles moyens entre le vêlage et la 1ère chaleur, le vêlage et la 1ère insémination, la 1ère insémination et l’insémination fécondante, le vêlage et l’insémination fécondante et entre vêlages étaient supérieurs aux normes admises (71,4 ± 32,6 jours vs <50 jours ; 72,3 ± 24,8 jours vs 60-70 jours ; 69 ± 50,4 jours vs 23-30 jours ; 148 ± 96,2 jours vs 85 jours ; 430 ± 75 jours vs 365 jours respectivement), que le taux de réussite en 1ère insémination était de 25 % et que le taux des vaches laitières inséminées plus de 2 fois était de 43,5 %. Le statut reproductif des troupeaux était trop bas et parfois même négatif ce qui témoignait d’une fécondité et fertilité très réduites. Une différence significative, entre les 8 grandes (≥ 50 vaches laitières) et les 32 petites (< 50 vaches laitières) exploitations, n’a été notée que pour l’intervalle entre le vêlage et la 1ère chaleur et l’intervalle entre la 1ère insémination et l’insémination fécondante (p < 0,05).
Mots clés: fécondité, fertilité, statut reproductif
The aim of this study was to establish a reproduction balance sheet so as to quantify reproductive performances and particularly the duration of postpartum anoestrus via the follow up of 40 dairy herds located in north-east Algeria.
The results obtained showed that the mean calving-1st heat interval, the mean calving-1st insemination interval, the mean 1st insemination-conception interval, the mean conception interval and the mean calving interval were significantly higher than the reference values (71.4 ± 32.6 days vs <50 days ; 72.3 ± 24.8 days vs 60-70 days ; 69 ± 50.4 days vs 23-30 days ; 148 ± 96.2 days vs 85 days; 430 ± 75 days vs 365 days respectively), that the first insemination conception rate was very low (25 %) and that 43.5 % of cows were inseminated more than twice. Moreover, the Herd Reproductive Status of all dairy herds involved was too low and sometimes even negative which revealed that fertility and fecundity were greatly affected. A significant difference between the 8 large (≥ 50 dairy cows) and the 32 small (< 50 dairy cows) dairy farms has only concerned the calving-1st heat interval and the conception interval (p < 0.05).
Keys words: fecundity, fertility, HRS
La fécondité est un facteur essentiel conditionnant la rentabilité économique de l’élevage bovin. L’idéal est qu’un veau par an et par vache soit obtenu ce qui signifie que l’intervalle entre le vêlage et la conception ne devrait pas dépasser 90 à 100 jours (Drion et al 2002). La reprise d’une activité ovarienne postpartum normale suivie de l’apparition des chaleurs est essentielle pour que l’intervalle entre vêlages moyen se rapproche le plus de l’optimum à savoir 365 jours (Bostedt et al 1985 ; McLeod et Williams 1991). L’anœstrus post-partum, défini comme la non apparition de signes œstraux au plus tard le 60ème jour après vêlage, représente le facteur majeur responsable de l’allongement de l’intervalle entre vêlages d’où une perte économique substantielle (Mwaanga et Janowski 2000 ; Opsomer et deKruif 1999).
La fertilité des vaches laitières a connu un déclin progressif ces dernières décennies (Royal et al 2000). En Angleterre elle représente 20% des causes d’abattage (Forbes 2000 ; Esslemont 2003) et en Amérique du Nord 21,57% (Ribeiro et al 2003). L’objectif de la présente étude a consisté à évaluer le niveau de fécondité et de fertilité de plusieurs élevages bovins laitiers dans le Nord-Est algérien afin de situer le niveau de performance de reproduction des vaches laitières par rapport aux normes « objectif ». Ceci servira de base d’étude pour identifier les éventuels facteurs de risque susceptibles d’être à l’origine d’une mise à la reproduction tardive à travers un allongement de la durée de l’anoestrus postpartum, préjudiciable à la rentabilité économique des exploitations laitières.
Quarante (40) exploitations de vaches laitières (VL), ont fait l’objet d’une étude descriptive quant à l’évaluation des paramètres de reproduction. Ce nombre reflète la proportion d’éleveurs ayant adhéré volontairement à l’étude. La plupart de ces élevages avaient au moins une fois eu recours à l’insémination artificielle (IA) de leurs VL. Les registres d’élevage, les fiches individuelles des VL, les plannings d’étable, les fiches d’identification des veaux, les bulletins d’IA et les bilans mensuels des inséminateurs ont été exploités.
L’étude s’est déroulée dans six wilayas du Nord-Est algérien (El-Tarf, Annaba, Guelma, Skikda, Souk-Ahras et Constantine). Ces derniers sont ceux où les éleveurs ont accepté de participer à l’étude. Un nombre de 1200 VL (9,5%, 12%, 15%, 15%, 10% et 38,5% respectivement) pour un nombre d’intervalles entre vêlages de 2300 a servi à mener une étude descriptive analytique de 2000 à 2010. L’âge des animaux variait entre 2 et 12 ans. La reproduction faisait appel à l’insémination artificielle et à la saillie naturelle, et la détection des chaleurs ne se faisait qu’occasionnellement. Les VL recevaient de l’aliment concentré, du foin et de la paille en général sans rationnement aucun. Certaines exploitations disposaient d’ensilage d’orge et le pâturage était pratiqué occasionnellement. De nombreuses ruptures de stocks alimentaires étaient signalées.
Les VL de robe pie noire (Prim Holstein, Holstein et croisées) représentaient 88% de l’effectif et celles de robe pie rouge (Montbéliarde et croisées) 12%.
Le nombre de VL était fort différent entre exploitations et afin de déterminer si ce nombre influait sur le bilan de reproduction, les exploitations suivies, numérotées de 1 à 40, ont été réparties en 2 grands groupes que nous avons désignés par petites exploitations au nombre de 32 (n < 50 VL) et grandes exploitations au nombre de 8 (n ≥ 50 VL).
Paramètres de fécondité: Les intervalles entre le vêlage et la 1ère chaleur (IV-1C) ou anoestrus postpartum (PP), le vêlage et la 1ère insémination (IV-1I) ou période d’attente (PA), la 1ère insémination et l’insémination fécondante (I1I-IF) ou période de reproduction (PR), le vêlage et l’insémination fécondante (IV-IF) et entre vêlages (IV-V) ont été calculés. L’IV-1C, 1er intervalle révélateur du niveau de fécondité, déterminant la durée de l’anœstrus PP, n’a été calculé que sur un nombre de 562 intervalles, soit 24,4% seulement des intervalles enregistrés, et ce au vu d’un important manque de données qui lui étaient relatives.
Paramètres de fertilité : Le taux de réussite en 1ère insémination (TR1I) et le pourcentage de VL inséminées plus de 2 fois ont été calculés.
Le HRS (Herd reproductive status ou statut reproductif du troupeau) a été calculé pour certaines exploitations où les données étaient disponibles. La formule suivante a été adoptée pour son calcul : HRS = 100 - (1,75 x a/b) (Hanzen 2009). Dans cette formule le numérateur a représente la somme des jours, depuis le dernier vêlage, des vaches qui le jour de l'évaluation ne sont pas confirmées gravides et se trouvent à plus de 100 jours PP et le dénominateur b le nombre de vaches gravides et non-gravides non réformées présentes dans le troupeau lors de la visite.
Le test de la variance à un critère de classification (AV1) modèle fixe avec effectifs inégaux a été utilisé au moyen du logiciel STATISTICA (1997) pour comparer et déterminer une éventuelle différence significative entre les moyennes des différents paramètres étudiés des troupeaux à faible effectif (petites exploitations), entre les moyennes des différents paramètres étudiés des troupeaux à fort effectif (grandes exploitations) et enfin entre les moyennes des différents paramètres des petites et grandes exploitations.
Au vu de la dimension des écart-types obtenus et du fait que l’on accorde souvent trop d’importance à la moyenne alors que c’est sa dispersion qui est pertinente en termes d’analyse ou d’évaluation de l’impact économique (Seegers et Malher 1996), un autre paramètre plus objectif, en l’occurrence la médiane, a été calculé. Ce dernier est plus réaliste dans le sens où il sépare 50% des valeurs au dessus de la médiane et 50% en dessous.
Les tableaux 1 et 2 ainsi que la figure1 donnent les différents paramètres de fécondité calculés sur l’ensemble des exploitations et les valeurs de références admises pour chaque intervalle.
Tableau 1. Paramètres de fécondité calculés |
||||||
Nombre d’intervalles |
Moyenne ± SD (jours) |
Médiane |
Minimum (jours) |
Maximum (jours) |
Norme (jours) |
Seuil d’alarme (jours) |
IV-1C |
|
|
|
|
|
|
562 |
71,4±32,6 |
63 |
25 |
168 |
<50 |
60 |
IV-1I (PA)1 |
|
|
|
|
|
|
1684 |
72,3±24,8 |
68 |
29 |
123 |
60-70 |
80 |
I1I-IF(PR)2 |
|
|
|
|
|
|
120 |
69±50,4 |
60 |
20 |
342 |
23-30 |
30 |
IV-IF |
|
|
|
|
|
|
2300 |
148±96,2 |
118 |
25 |
1170 |
85 |
100 |
IV-V |
|
|
|
|
|
|
2300 |
430±75 |
405 |
307 |
1452 |
365 |
380 |
1Période d’attente ; 2Période de reproduction |
Tableau 2. Répartition des intervalles de fécondité en classes |
||||||
Répartition (jours) |
Nombre d’intervalles |
% |
Objectifs (jours) |
Moyenne (jours) |
Seuil d’intervention (jours) |
% paramètres supérieurs à l’objectif |
IV-1C |
|
|
|
|
|
|
<40 |
55 |
9,7 |
|
|
|
|
[40 – 50] |
76 |
13,5 |
|
|
|
|
[51 – 60] |
132 |
23,5 |
|
|
|
|
[61 – 70] |
100 |
17,8 |
˂50 |
60 |
˃60 |
76,7 |
>70 |
199 |
35,4 |
|
|
|
|
Total |
562 |
100 |
|
|
|
|
IV-1I (PA)1 |
|
|
|
|
|
|
<40 |
170 |
10,1 |
|
|
|
|
[40 – 60] |
451 |
26,8 |
|
|
|
|
[61 – 80] |
280 |
16,6 |
60 |
70 |
80(60+20) |
63,1 |
>80 |
783 |
46,5 |
|
|
|
|
Total |
1684 |
100 |
|
|
|
|
I1I-IF (PR)2 |
|
|
|
|
|
|
0 |
300 |
25 |
|
|
|
|
[20 – 30] |
378 |
31,5 |
23 - 30 |
/ |
>30 |
43,5 |
>30 |
522 |
43,5 |
|
|
|
|
Total |
1200 |
100 |
|
|
|
|
IV-IF |
|
|
|
|
|
|
<40 |
47 |
2 |
|
|
|
|
[40 – 85] |
400 |
17,4 |
|
|
|
|
[86 – 110] |
477 |
20,7 |
85 |
110 |
100 |
80,6 |
>110 |
1379 |
59,9 |
|
|
|
|
Total |
2300 |
100 |
|
|
|
|
IV-V |
|
|
|
|
|
|
< 330 |
46 |
2 |
|
|
|
|
[330 –365] |
395 |
17,2 |
|
|
|
|
[366 –390] |
480 |
20,8 |
365 |
390 |
380 |
80,8 |
> 390 |
1379 |
59,9 |
|
|
|
|
Total |
2300 |
100 |
|
|
|
|
Figure 1. Paramètres de fécondité étudiés |
Le tableau 3 donne les paramètres de fertilité calculés à savoir le taux de réussite obtenu en première insémination des VL (TR1I) et le pourcentage (%) de VL inséminées plus de 2 fois.
Tableau 3. Taux de réussite en 1ère insémination et pourcentage de VL inséminées plus de 2 fois |
|||
|
Norme (%) |
Valeur obtenue (%) |
Nombre d’intervalles |
TRI1 |
>45 |
25 |
1200 |
% de VL |
< 20 |
43,5 |
1526 |
Le HRS a été calculé une seule fois dans 3 petites et 5 grandes exploitations. Les résultats sont donnés par numéro d’ordre d’exploitation où ce paramètre a été évalué (tableau 4).
Tableau 4. Le statut reproductif des petites et grandes exploitations |
||||
Type d’exploitation |
Nombre |
N° d’ordre de l’exploitation |
HRS |
Norme |
Grandes (n≥50VL) |
5 |
1 |
-47 |
˃ 65 |
2 |
-13 |
|||
4 |
20 |
|||
6 |
21 |
|||
8 |
23 |
|||
Petites (n˂50 VL) |
3 |
25 |
-66 |
|
26 |
-45 |
|||
30 |
12 |
Les données du tableau 5 illustrées par la figure 2 comparent les résultats obtenus entre grandes et petites exploitations.
Tableau 5. Comparaison des paramètres de fécondité entre grandes et petites exploitations |
|||
Grandes exploitations 8 (n≥50 VL) |
Petites exploitations 32 (n<50 VL) |
||
Moyenne ± SD (jours) |
Médiane |
Moyenne ± SD (jours) |
Médiane |
IV-1C |
|||
51 ± 9,8* |
52 |
71 ± 32,6* |
62 |
IV-1I(PA)1 |
|||
72,4 ± 25 |
69 |
72,3 ± 24,8 |
68 |
I1I-IF (PR)2 |
|||
36,8 ± 13,8* |
34 |
70,9 ± 46,9* |
86 |
IV-IF |
|||
133 ± 66,5 |
115 |
133 ± 63 |
116 |
IV-V |
|||
439 ± 74,8 |
405 |
430 ± 74,6 |
405 |
1Période d’attente ; 2Période de reproduction ; *p˂0,05 |
Figure 2. Comparaison des paramètres de reproduction entre grandes et petites exploitations |
Les résultats obtenus, ont fait ressortir que les différents intervalles composant l’IV-V, s’éloignaient significativement des valeurs « objectif » de référence (tableaux 1 et 2, figure 1).
Seuls 23,3% de l’ensemble des IV-1C (anoestrus PP) se situaient dans les limites des valeurs objectif (<40 à 60 jours) alors que 70% au moins auraient dû s’inscrire dans les 50 jours PP (Hanzen 2009). La moyenne calculée (71,4 ± 32,6 jours) dépassait de loin la valeur de référence constituant le seuil d’alarme (60 jours), au-delà duquel il est impératif d’intervenir (tableaux 1et 2). La médiane a montré que 50% des intervalles étaient supérieurs à 63 jours. Ceci témoignait d’un réel problème de détection des chaleurs. Dans la présente étude, la détection des chaleurs ne se faisait qu’occasionnellement alors qu’elle constitue un facteur de risque considérable dans l’allongement de la période d’attente et de là donc de l’IV-V (Macmillan 2002 ; Mwaanga et Janowski 2000 ; Opsomer et deKruif 1999). En outre, une insuffisance de la fréquence de détection des chaleurs (Spalding et al 1975 ; Foote et al 1979) ou de l’interprétation de leurs signes (Reimers et al 1985) peut conduire à l’insémination artificielle de vaches non en chaleurs (Claus et al 1983 ; Cavestany et Foote 1985; Reimers et al 1985; Eldon et Olafson 1986). Cette proportion d’élevages affectés par le problème de détection des chaleurs (3/4) est bien supérieure à celle rapportée par Coleman et al (1985) qui l’estiment aux 2/3 de l’effectif de VL qu’ils ont suivi. Les taux de détection (23,2 % < 50 jours et 47 % < 60 jours vs 70 % et 100 % respectivement) que nous avons enregistrés étaient très bas. Ceci affecte la rentabilité économique des exploitations, car l’importance économique du taux de détection des chaleurs a été maintes fois démontrée dans le cas de l’IA par exemple (Fulkerson et al 1983 ; Hackett et al 1984 ; 0’Farrel 1982). Ce faible pourcentage, témoignant d’une irrationalité de la conduite d’élevage dans les exploitations suivies, pouvait être dû, ne serait-ce que partiellement, à la méconnaissance des signes réels des chaleurs et de leur importance par les éleveurs du fait que la plupart d’entre eux n’avaient jamais bénéficié d’une quelconque formation agricole. En effet, Esslemont (1974), rapporte que ce taux peut varier de 67 à 97 % en fonction du niveau de formation des éleveurs dans ce domaine. De plus, certains travaux ont montré que 25% de VL sont inséminées artificiellement alors qu’elles ne sont pas en chaleurs (Hanzen et al 1996) et que 10 à 22 % le sont pendant la phase lutéale du cycle œstral (Hoffmann et al 1974 ; Appleyard et Cook 1976).
L’intervalle entre le vêlage et la 1ère insémination moyen (IV-1I), représentant la période d’attente, dépend quant à lui intimement de l’IV1-1C (anoestrus PP). L’IV-1I calculé a montré que 10,1 % des intervalles étaient de durée inférieure à 40 jours PP alors que la norme prévoit 0 % à cette période car l’utérus n’a pas encore terminé son involution utérine (Morrow et al 1966 ; Marion et al 1968) et que les inséminations avant 50 jours ne donnent que de faibles taux de réussite (Hery 1994 ; Paccard 1996). Cet état ne pouvait être le résultat que de l’utilisation à la fois de la saillie naturelle et de l’IA, ce qui, là aussi, témoignait d’une irrationalité dans la conduite d’élevage. L’IV-1I moyen (53,5 % ˂ 80 jours PP) est différent de celui rapporté par Ghoribi et al 2005 dans une étude menée sur 2 exploitations reprises dans notre travail. Ils ont trouvé que 88 à 91 % des VL ont été mises à la reproduction avant 90 jours PP. Il est aussi bien loin de ceux rapportés par Staples et al (1990) et Etherington et al (1991) qui estiment que 20 à 33 % des vaches suivies expriment un retard de reprise de l’activité ovarienne alors que nous avons estimé celui-ci à 63,2 %. Cette détection des chaleurs, insuffisante et parfois même totalement absente dans certaines exploitations, pouvait être considérée comme une cause partielle d’une mise à la reproduction tardive telle que montrée par un IV-1I moyen obtenu supérieur à la norme de référence (72,3 ± 24,8 jours vs 60 jours) et surtout à travers la médiane qui a révélé que 50 % des intervalles dépassaient 68 jours PP (tableaux 1 et 2).
L’intervalle entre la 1ère insémination et l’insémination fécondante moyen (I1I-IF), correspondant à la période de reproduction (PR), était estimé à 69 ± 50,4 jours (tableaux 1 et 2) ce qui correspondait à plus du double de la valeur « objectif » (23 – 30 jours). Sur les 1200 I1I-IF enregistrés, 25 % avaient une date de première insémination et d’insémination fécondante confondue (0 jour), seuls 31,5 % se sont inscrits dans les limites de la valeur « objectif » et 43,5 % bien au-delà de cette valeur.
L’intervalle entre le vêlage et l’insémination fécondante moyen (IV-IF), somme de la PA et de la PR a été estimé à 148,3 ± 96,2 jours (tableaux 1 et 2). C’est un paramètre de reproduction primaire qui détermine la durée de l’IV-V moyen. Ce dernier, qui n’est autre que la somme de l’IV-IF et de la durée de gestation, a été estimé à 430 ± 75 jours. Les facteurs de risque de son allongement sont les mêmes que ceux de l’IV-1C, l’IV-1I et de l’I1I-1F. Ce résultat est supérieur à celui rapporté par Raheja et al (1989) 118,87 jours, par Silva et al (1992) 123 jours et par Hayes et al (1992) 108,4 jours et est quelque peu semblable à celui rapporté par Ghoribi et al (2005) dans une étude menée dans une des régions de notre étude. Ces derniers ont estimé l’IV-IF moyen entre 115 ± 70 jours et 186 ± 132 jours durant deux campagnes successives mais leur étude n’a porté que sur deux élevages seulement.
L’intervalle entre vêlages moyen (IV-V) obtenu (430 ± 75 jours) est supérieur (tableaux 1 et 2) à celui enregistré en Angleterre par Peters et Ball 1987 (395 jours) et à celui rapporté par Silva et al 1992 aux USA (400 jours). Cet intervalle, cependant, peut varier d’une parité à une autre et d’une année à une autre (Nieuwhof et al 1989).
Le taux de réussite en 1ère insémination moyen (TR1I), estimé à 25 % (tableau 3), était inférieur à celui des normes actuelles qui visent un taux > 45 %. Ce faible TRA1I traduisait une très mauvaise fertilité inhérente aux causes responsables de l’allongement de la période d’attente et de la période de reproduction. Ainsi, la mise à la reproduction avant 40 jours PP des VL (10,9 %) s’est traduite par un très faible taux de réussite (2,04 %). Un taux de fécondation très faible, variant entre 2 et 12 %, de VL inséminées avant 50 jours PP a été rapporté par Ghoribi et al (2005). Espinasse et al (1997) rapportent un effet défavorable des IA trop précoces (< 50 jours PP) sur l’IV-V. En outre, le TR1I diminue à mesure que l’IV-1I diminue en dessous de 60 jours (Chevallier et Champion 1996 ; Hery 1994).
Le pourcentage de VL ayant nécessité plus de 2 inséminations (tableau 3) était de 43,5 % ce qui est très loin de la norme (< 20 %). Ce résultat était prévisible étant donné le faible TR1I. Ce paramètre est cependant, beaucoup plus à prendre en considération pour juger de la fertilité individuelle des VL (Cosson 1998).
Le statut reproductif du troupeau (HRS), moyen simple et rapide pour évaluer mensuellement le niveau de reproduction du troupeau des VL, calculé uniquement dans les grandes et petites exploitations dont les données ont été consignées, était trop loin de la norme admise et même de celle du seuil d’alarme (tableau 4). Ceci a montré que ces exploitations comptaient un grand nombre de VL en retard de fécondation (non inséminées ou non diagnostiquées gravides au-delà de 100 jours PP). Ces valeurs dépendaient de l’IV-1I (PA), de la fertilité des animaux et donc de la PR, de la précocité du diagnostic de gestation et de la décision de réforme des VL.
Des différences significatives (P < 0,05) ont été observées pour ce qui est de l’anœstrus postpartum (IV-1C) et de la période de reproduction (I1I-IF) uniquement entre petites et grandes exploitations (tableau 5, figure 2). L’explication pouvait se trouver dans le fait que les grandes exploitations avaient moins de problèmes avec la détection des chaleurs car ce sont elles qui pouvaient se permettre d’utiliser le plus les taureaux reproducteurs et qui avaient moins de problèmes alimentaires et sanitaires. Ces explications sont renforcées par la durée de la période de reproduction dans les grandes exploitations qui est inférieure de près de 2 cycles à celle des petites exploitations (36,8 ± 13,8 jours vs 70,9 ± 46,9 jours). Nos résultats sont quelque peu conformes à ceux rapportés par certains auteurs qui ont trouvé que la fertilité des troupeaux diminue quand leur taille diminue (MacMillan et Watson 1971).
Au vu des paramètres de fécondité et de fertilité calculés, le bilan de reproduction des exploitations bovines laitières suivies dans le Nord-Est algérien était très insuffisant. Si la conduite d’élevage appliquée actuellement continue à être pratiquée, il est peu probable que les performances animales connaissent une quelconque amélioration.
A cet effet un suivi rationnel de la reproduction et une formation adéquate des éleveurs devraient être entrepris pour une meilleure rentabilité des élevages.
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Received 24 February 2014; Accepted 26 April 2014; Published 1 June 2014