Livestock Research for Rural Development 26 (3) 2014 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
La saison sexuelle habituelle des brebis Ouled Djellel s’étale de la fin juin à la fin janvier au Nord-est de l’Algérie (36° latitude Nord ; 7° longitude Est). Dans deux troupeaux de brebis adultes de cette race (T1 : 85 brebis et T2 : 148 brebis) élevés en semi-intensif, les mâles ont été séparés des femelles pendant 30 jours. Les béliers ont été introduits le 2 avril et le 3 mai, et retirés en juin et juillet, respectivement au niveau de T1 et de T2.
La proportion de femelles ayant ovulé entre le 2 et le 17 avril et entre le 3 et le 18 mai est plus élevée dans T2 (25% vs 37%, respectivement pour T1 et T2). La durée moyenne du cycle court a été de 3 jours pour T1 et de 6 jours pour T2. Pour les brebis dont l’ovulation a été induite, la fertilité entre J15 et J31 a été de : 83% vs 85 %, respectivement pour T1 et T2. La fertilité a été moyenne lors du premier cycle (52% vs 46%, respectivement pour T1 et T2). La proportion de brebis ayant développé des cycles ovulatoires de courte durée est aussi remarquable (33% vs 39%, respectivement pour T1 et T2). Ces résultats s’expliquent par l’état corporel relativement moyen au niveau des deux troupeaux. Les brebis dont la note d’état corporel était acceptable se sont trouvées au niveau du groupe de femelles cycliques (2,4 vs 2,5 ; respectivement pour T1 et T2), par contre les brebis en mauvais état corporel ont été dans les groupes ayant développé au moins un cycle court, avant d’être fécondées (2,0 et 1,9 vs 2,1 et 2,2), respectivement pour T1 et T2.
Mots-clés: effet mâle, reproduction, ovin
The usual sexual season of the ewes Ouled Djellel is of the end of June with at the end of January in the North-East of Algeria (36° latitude Northern; 7° longitude East). In two flocks of Ouled Djellel ewes, (T1: 85 ewes and T2: 148 ewes) in semi intensive pasture condition, the rams were simply separated for 30 days, and introduced on 2 April and 3 May, and removed in June and July, respectively in T1 and T2. The proportion of females that have ovules during the first 14 days was 25% vs 37 %, respectively, for T1 and T2. Average duration of the short cycle was 3 days for T1 and 6 days for T2. The fertility for ewes whose ovulation was induced between days 15 and 31 has increased with the progress of the season: 83% vs 85 %, respectively for T1 to T2. However in note a medium fertility during the first cycle (52% vs 46 %, respectively, for T1 and T2) by a proportion of ewes bred after a normal cycle. The proportion of ewes which have developed ovulating cycles of short duration is also remarkable (33% vs 39 %, respectively, for T1 and T2). These results are explained by the physical state relatively means at the level of the two flocks. In effect the sheep which the NEC is acceptable are found at the level of the group of cyclic ewes (2.4 vs 2.5; respectively for T1 and T2), by against the ewes in poor condition are in the groups who have developed at least a short cycle, before being fertilized (2.0 and 1.9 vs 2.1 and 2.2), respectively, for T1 and T2.
Keywords: ram effect, reproduction, sheep
En Algérie, dans le milieu pastoral, l’achat des mâles, traditionnellement s’effectue juste avant la période de reproduction (en automne ou au printemps). Certains pasteurs ont recours à l’emprunt, d’autres opèrent un échange avec un voisin. Ces pratiques dénotent l’intérêt du mâle dans la conduite de la reproduction et l’amélioration des performances.
L’introduction de béliers dans un lot de brebis en anoestrus saisonnier, après une séparation d’au moins 1 mois, provoque chez une bonne proportion des femelles, des ovulations silencieuses non associées à un comportement de chaleur, et ce au cours des 2 à 4 jours (ovulation induite). Cette première ovulation peut être suivie soit par un cycle ovulatoire de durée «normale» (de 17 jours en moyenne) terminé par une nouvelle ovulation associée à un comportement de chaleur, soit par un cycle ovulatoire de durée courte mais constante (6 jours) (Lassouad et al, 1997 ; Lassouad et al, 1998),terminé par une nouvelle ovulation silencieuse puis, après un cycle ovulatoire de durée normale, par une nouvelle ovulation associée à un comportement d’œstrus (Lassoued et al, 1995 ; Thimonier, 2000 ; Tournadre et al, 2002, Tournadre et al 2009). Il en résulte que les premières chaleurs apparaissent très tardivement chez les femelles dont l’activité sexuelle est induite par l’introduction des béliers, ce qui se traduit par deux pics d’activité sexuelle situés environ 18 à 20 jours et 24 à 26 jours après l’introduction des béliers (Thimonier, 2000). Selon Tournadre et al, (2009), sur le plan pratique, l’efficacité de l’effet mâle peut s’apprécier selon deux critères principaux : la fertilité des brebis et le regroupement des inséminations. Sur le plan expérimental, il est utile de déterminer la proportion de brebis dont l’activité ovulatoire a été induite par l’effet mâle (rapport entre le nombre de brebis induites et le nombre de brebis en inactivité ovulatoire avant l’introduction des béliers), pour apprécier l’effet de regroupement des ovulations. De même, il est utile de déterminer, chez les brebis exprimant une réponse ovulatoire, la fertilité observée durant la deuxième quinzaine (15ème au 30ème jour) après l’entrée des mâles dans le lot de femelles. Les brebis qui sont spontanément cycliques à cette période restent sur leurs rythmes de cyclicité et peuvent être saillies dès l’introduction du mâle et, théoriquement, pendant les 17 jours qui suivent (Thimonier et al, 2000). Ce même auteur mentionne que l’anoestrus est le moins intense lorsqu’il touche à son terme ce qui permet d’avancer la date de lutte quelle que soit la race. Pour les races du pourtour méditerranéen, la période d’efficacité est beaucoup plus large et peut être favorable dès la mi-avril.
Dans leur revue, Meyer et Djoko (2010) rapportent qu’en Afrique du Nord, certaines races ovines se reproduisent toute l'année (D'man au Maroc, Ossimi en Egypte) et d'autres ont un saisonnement de leur activité sexuelle (Barbarine en Tunisie, Rahmani en Egypte) (Baril et al 1993). Les races Sardi, Beni-Guil et Timahdite du Maroc présentent un maximum d’oestrus et d’activité ovulatoire de juin à janvier (Glatzel 1987). Au Maroc, la chèvre D'man est moins fertile en février, mars et avril (Glatzel 1987). Ses activités oestrales et ovariennes (ovulation) diminuent alors (Derquaoui et El Khaledi 1994).
En Algérie, la chèvre Bédouine est en activité ovarienne de la fin de l'été à la fin de l'hiver (Charallah et al 2000). Chez la brebis Ouled Djellel l’activité sexuelle est observée de la fin juin (Benyounes et Lamrani, 2013), à la fin janvier. Dans l’ensemble, elle correspond à la saison de reproduction des races Méditerranéennes ; son repos sexuel réduit, est analogue à celui de la Barbarine (Khaldi 1984).
L’objectif de ce travail est d’étudier l’importance de la date d’introduction des béliers et celle de la condition corporelle sur le taux de brebis dont l’activité ovulatoire est induite suite à l’effet mâle, la fertilité de ces brebis et le type de réponse ovulatoire.
Dans deux troupeaux de brebis adultes de la race Ouled Djellel, (T1 : 85 brebis et T2 : 148 brebis) élevés en semi-intensif, les mâles ont étés séparés des femelles pendant 30 jours. Des appréciations de la note d’état corporelle (NEC) ont été effectuées avant l’introduction des béliers. Les béliers au nombre de 4 pour T1 et de 8 pour T2), ont été introduits le 2 avril et le 3 mai, et retirés en juin et juillet, respectivement au niveau de T1 et de T2. L’intervalle entre les dates choisies et les dernières mises bas enregistrées, est supérieure à 60 jours. L’enregistrement des naissances a été rigoureusement assuré. Les dates d’ovulations fécondantes ont été déduites à partir des dates d’agnelage, en comptant une durée de gestation égale à 150 jours. Dans ce travail, après une lutte contrôlée, l’historique ovulatoire des brebis a été tracé à partir de la répartition temporelle des naissances, au lieu des méthodes onéreuses de dosages hormonaux. Les résultats des deux troupeaux ont été comparés par le test chi deux.
Les agnelages enregistrés au cours des mois de septembre pour T1 et d’octobre pour T2, (Figure 1) ont été répartis de manière non uniforme. Pour les deux troupeaux, les résultats montrent une répartition temporelle non uniforme, ce qui reflète l’existence d’une réponse à l’effet mâle différente pour les deux dates d’introduction des béliers (Thimonier et al, 2000). Seules les naissances, réparties sur 31 jours à partir de 150 jours après l’introduction des béliers au niveau des deux troupeaux, ont été prises en considération dans cette figure, à savoir septembre pour T1 et octobre pour T2.
Figure 1. Répartition temporelle des agnelages chez la brebis Ouled Djellel pour deux dates d’introduction des béliers (T1: 2 avril et T2: 3 mai) |
L’analyse de la répartition temporelle des agnelages nous a permis de préciser l’intensité de l’anoestrus pour les deux dates d’introduction des mâles. La date de la saillie fécondante a été calculée en considérant un intervalle de 150 jours, comme durée moyenne de la gestation. Pour chaque brebis de T1 et T2, seuls les résultats de fécondation compris dans les 31 jours successifs aux deux dates d’introduction des mâles (avril pour T1 et mai pour T2) ont été pris en considération, les résultats sont reportés dans la figure 2.
Figure 2. Répartition temporelle des ovulations fécondantes chez la brebis Ouled Djellel pour deux dates d’introduction des béliers (T1: 2 avril et T2: 3 mai) |
Ces résultats révèlent pour les deux troupeaux 3 niveaux d’ovulation. Entre 0 et 14 jours, l’activité ovulatoire correspond aux femelles qui étaient cycliques avant l’introduction des béliers. Cette activité est plus homogène durant les 14 jours successifs à l’introduction des mâles, après le 3 mai au niveau du troupeau T2, en comparaison avec la même durée suite à l’introduction du 2 avril au niveau de T1.
Le premier pic à 20 jours correspond aux femelles qui étaient en anoestrus faible et ayant répondu à l’effet mâle avec un cycle induit de durée normale. Le deuxième pic à 24 jours, après le 3 mai pour T2 et à 26 jours pour T1, regroupe les brebis ayant répondu à l’effet mâle avec un cycle induit de courte durée suivi d’un cycle normal.
La proportion de femelles ayant ovulé durant les 14 premiers jours (25% vs 37%, respectivement pour T1 et T2), c’est-à-dire entre le 2 et le 17 avril et entre le 3 et le 18 mai, est plus élevée dans T2, ce qui s’explique par l’avancement de la date d’introduction du bélier par rapport à la reprise de l’activité sexuelle fin juin, selon Benyounes et Lamrani (2013). Aucune ovulation fécondante n’a été constatée entre 7 et 15 jours pour T1.
Pour les brebis dont l’ovulation a été induite, la fertilité entre J15 et J31 a légèrement augmenté avec l’avancement de la saison : 83% vs 85 %, respectivement pour T1 à T2 (tableau 1), la comparaison des résultats obtenus dans T1 et T2 à relevé une différence significative (P≤0,03). Cependant on remarque une fertilité moyenne lors du premier cycle (52% vs 46%, respectivement pour T1 et T2) par une proportion de brebis fécondées après un cycle normal. La proportion de brebis ayant développé des cycles ovulatoires de courte durée est aussi remarquable (33% vs 39%, respectivement pour T1 et T2). Les taux de prolificités obtenues sont acceptables en comparaison avec les taux habituels (119 et 125 vs 127 et 135, respectivement pour T1 et T2).
La durée moyenne du cycle court a été de 3 jours pour T1 et de 6 jours pour T2. Benyounès et Lamrani (2013) ont constatés chez cette race que, quel que soit l’état corporel des brebis, des ovulations silencieuses ont été observées au début comme au milieu et la fin de l’anoestrus. L’origine de l’existence de ces cycles courts a été déterminée (Lassoued et al, 1997 ; Lassoued, 1998 ; Chemineau et al, 2006). Dans leur revue, Meyer et Djoko (2010), rapportent que pour expliquer la présence du cycle court de 5 à 6 jours qui suit la première ovulation après l’effet mâle, avec un corps jaune à vie courte, Chemineau et al (2006) ont proposé une hypothèse de travail. Comme l’activité gonadotrope pendant l’anoestrus est suspendue, les premiers follicules qui ovulent sont de qualité insuffisante, en particulier au niveau des cellules de granulosa. Ces follicules se transforment en corps jaunes anormaux aussi, avec en particulier une proportion insuffisante de grandes cellules lutéales. Ces corps jaunes sécrètent une quantité de progestérone inférieure à la normale. La concentration plasmatique de progestérone serait insuffisante pour bloquer l’activité gonadotrope. Une nouvelle vague de follicules se développerait à partir du 3ème – 4ème jour du cycle, follicules qui secréteraient des oestrogènes. Ces oestrogènes stimuleraient la sécrétion de prostaglandines par l’utérus et d’ocytocine par le corps jaune, d’où une lutéolyse précoce permettant le démarrage d’un nouveau cycle.
Ces résultats s’expliquent par l’état corporel relativement moyen au niveau des deux troupeaux (Abecia et al, 1991). En effet les brebis dont la note d’état corporel (NEC) est acceptable se retrouvent au niveau du groupe de brebis cycliques (2,4 vs 2,5 ; respectivement pour T1 et T2), par contre les brebis en mauvais état sont dans les groupes ayant développé au moins un cycle court, avant d’être fécondées (2,0 et 1,9 vs 2,1 et 2,2), respectivement pour T1 et T2. Sur cette race et dans la même zone, Benyounès et Lamrani (2013), rapportent que les meilleurs résultats ont été obtenus avec des brebis en bonne condition (NEC ≥ 3), un anoestrus court (82 jours) et une saison sexuelle plus longue (283 jours).
L’état corporel étant le reflet des apports alimentaires réduits dans les deux troupeaux (Chemmam et al, 2010), bien qu’en cette période de l’année, l’offre pastorale est maximale. L’apport de supplément a été insuffisant pours améliorer l’état des réserves corporelles des brebis (Chemmam et al, 2009).
Tableau 1. Réponse à l’effet mâle en fonction de la date d’introduction des béliers dans le troupeau chez la brebis de race Ouled Djellel |
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Type d’ovulation |
T1 (n=85) |
T2 (n=148) |
Total (n=233) |
% de femelles ovulatoires avant introduction des mâles |
25 |
37 |
31 |
Nombre de femelles non ovulatoires avant introduction des mâles |
63 |
94 |
157 |
% de femelles non ovulatoires ovulant après introduction des mâles |
83 |
85 |
84 |
% de ces femelles ayant un cycle ovulatoire normal |
52 |
46 |
49 |
% de ces femelles ayant au moins un cycle ovulatoire de courte durée |
33 |
39 |
36 |
Prolificité en% |
119 |
125 |
122 |
Poids moyen à la naissance en kg |
3.9 |
4.6 |
4.3 |
Aujourd’hui cette technique est largement étudiée, son utilisation repose sur la connaissance des fluctuations saisonnières de l’activité sexuelle des femelles comme des mâles. Dans les conditions particulières du milieu pastoral en Algérie, cette méthode peu coûteuse est naturellement très bien acceptée par les éleveurs. Cependant elle demande une organisation et un suivi ponctuel et rigoureux.
Les durées moyennes des cycles cours sont de 3 jours en avril et 6 jours en mai. Ces dates correspondent au milieu et à la fin de l’anoestrus.
Pour la mise bas d'automne (septembre-octobre), les brebis ont théoriquement reconstitué leurs réserves sur le pâturage de printemps et les chaumes de céréales en été. Elles arrivent en meilleures conditions corporelles à la mise bas. Cependant les périodes d'allaitement et de sevrage ont lieu durant une période (octobre-novembre-décembre) où la mobilisation des réserves est importante pour couvrir les besoins de lactation, vu que durant cette période, l'apport alimentaire est généralement insuffisant. L'apport de supplément peut réduire relativement ces pertes.
Aussi la production d’agneaux à contre saison permet une prolificité acceptable mais elle devra prendre en compte la conduite alimentaire aussi bien des brebis allaitantes que celles de finition des agneaux avant l’abattage. le suivi des performances de production est d’un intérêt certain.
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Received 31 January 2014; Accepted 8 February 2014; Published 1 March 2014