Livestock Research for Rural Development 26 (12) 2014 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Les parcours steppiques algériens sont caractérisés par une dégradation de leurs ressources naturelles, les conduisant à une chute drastique de leur productivité fourragère marquée par une grande variabilité inter-saisonnière et interannuelle. Notre étude a eu pour objectif d’évaluer la productivité pastorale (PP) exprimée en UF/ha/ saison et la valeur pastorale (VP) qui a été exprimée sous forme d’une note ou un score, corrigé par un indice spécifique, basé sur un ensemble d’informations (qualité bromatologique, appréciation des éleveurs, bibliographie). Ainsi PP n’était alors plus empirique et sa valeur a été calculée sur la base des volumes des touffes pour avoir un outil de gestion simple.
L’hypothèse que la matière sèche et le volume des touffes sont fortement corrélés a été vérifiée (r=0,74).La charge par hectare possible du parcours a varié de 0,68±0,03 à 1,16±0,2 unités ovines au printemps.
Mots clés: charge par hectare, productivité pastorale, tebessa, valeur pastorale
Algerian steppe rangelands under the influence of anthropogenic and environmental conditions are characterized by a deterioration of their natural resources, leading to a drastic fall in their forage productivity marked by a large inter- seasonal and inter-annual variability. It is in this perspective that fits our study aimed to assess the pastoral productivity (PP ) expressed in UF / ha / season and pastoral value (PV ), expressed in the form of a note or score, corrected by a specific index , with a wide range of information available (nutritive quality assessment breeders, bibliography). The latter will be more empirical and its value will be calculated based on the volume of clumps with the assumption that the dry matter and volume of tufts are highly correlated, this e in order to have a simple management tool for exploitation of steppe rangelands timely with respect to the stocking rate per hectare.
Keywords: steppe rangelands, pastoral value, pastoral productivity, stocking rate
La steppe algérienne occupe une étendue de l’ordre de 20 millions d’hectares. Ces espaces naturels supportent un cheptel de 20 millions de têtes ovines MADR(2011) .Toute fois ces parcours naturels qui jouent un rôle fondamental dans le système de production agricole sont soumis à une pression croissante engendrant une régression aggravante de ces systèmes fragiles, mais aussi des conditions écologiques défavorables conduisant ainsi à une chute drastique de leur productivité fourragère marquée par une grande variabilité inter saisonnière et inter annuelle (Slimani 1998).
A cela s’ajoute une pression anthropique due essentiellement à une exploitation intense ne répondant à aucun plan de gestion rationnel.
Tous ces éléments de dégradation réunis ont abouti à une fragilisation de cette zone allant jusqu’à la désertification sur d’immenses superficies. Ce phénomène a atteint un niveau préoccupant dans la région steppique au point où la connaissance ainsi que la lutte contre ce phénomène sont devenus des axes de recherche prioritaires. Les autorités ainsi que la communauté scientifique ont pris conscience de cette situation au point où ils se sont focalisés sur des projets nationaux de recherche ayant comme contexte « l’étude de modèle de gestion des parcours steppiques, pâturages naturels, plantations d’arbustes fourragers, …
C’est dans cette optique que s’insère notre étude ayant pour objectif d’évaluer la productivité pastorale (PP) exprimée en UF/ha/ saison et la valeur pastorale (VP) exprimée sous forme d’une note ou un score, corrigé par un indice spécifique ayant pour échelle un ensemble d’informations disponibles (qualité bromatologique, appréciation des éleveurs, bibliographie). Ce dernier ne sera plus empirique et sa valeur sera calculée sur la base des volumes des touffes avec l’hypothèse que la matière sèche et le volume des touffes sont fortement corrélés, et ce dans le but d’avoir un outil de gestion simple pour l’exploitation des parcours steppiques au moment opportun avec le respect de la charge par hectare possible.
Cette approche résulte des travaux d’Aidoud (1983) et Nadjraoui (1981) sur la détermination de la production fourragère et la valeur nutritive des principales espèces physionomiquement dominantes dans les hautes plaines steppiques du sud oranais. Ces travaux se résument en la détermination de la valeur énergétique des espèces végétales et de la phytomasse traduite par la productivité pastorale (PP) exprimée en UF/ha/an. Il apparaît que la productivité pastorale est une notion complexe qui nécessite un protocole de mesures fastidieux; la notion de la productivité pastorale des ressources exprimées en équivalent énergétique montre ses limites même si elle garde l’avantage de permettre le calcul de la charge. La seconde, représentée par la valeur pastorale (VP), repose essentiellement sur le recouvrement global, la contribution spécifique ainsi que l’indice spécifique de qualité qui est une expression synthétique, déterminé empiriquement suivant une échelle numérique établi par Aidoud (1983) reposant sur l’ensemble des informations disponibles (qualité bromatologique, appréciations des éleveurs, bibliographie,…) permettant d’obtenir une valeur pastorale (VP) exprimée sous une forme de score ou d’une note. Le travail est très concluant sauf que nous nous proposons d’améliorer l’efficacité dans le calcul de la valeur pastorale (VP) en ce qui concerne l’indice spécifique qui ne sera plus empirique et tirera sa note à partir des volumes des touffes avec l’hypothèse que ce dernier a une forte corrélation avec la matière sèche qui correspondra à une valeur dans le concept du calcul de la valeur pastorale établi par Aidoud (1983) où cette dernière indiquera la charge adéquate pour l’exploitation d’un parcours au moment opportun.
La zone d’étude est composée essentiellement d’un parcours steppique à dominance de soude vermiculée ( Salsola vermiculata L.) situé dans la région de Tébessa. La superficie occupée par cette espèce est de l’ordre de 900 ha et les parcours steppiques qu’elle compose n’ont pas fait l’objet d’investigation assez poussée de la valeur et la productivité pastorale de l’espèce. Signalons par ailleurs que cette chénopodiacée tolère bien la salinité (Irguna et al. 2010) elle est considérée comme espèce peu productive toute fois ses graines restent très énergétiques et appréciées par les ruminants (Ignacio 2010).
Le dispositif est composé de 5 stations de 100m2 chacune disposées selon un transect nord sud; l’éloignement entre les deux stations est supérieur à 500 mètres.
Dans chaque station 3 coupes sévères de 1m2 ont été effectuées pendant 4 années successives et ont fait l’objet d’analyses chimiques au laboratoire.
Le bornage des stations fut très bien réalisé par des jalons très élevés pour assurer la bonne visibilité des limites des stations (en plus d’un gardiennage réalisé par des agents du HCDS).Ces mêmes coupes permettent la détermination des productivités consommables.
Chaque station échantillonnée, comporte un nombre n d’espèces se présentant avec une abondance donnée pouvant être exprimée soit par une densité, une fréquence, ou dans le meilleur des cas par une phytomasse. Nous avons retenu de façon générale, la fréquence spécifique comme expression quantitative. Le site retenu pour l’étude est considéré comme un parcours plus ou moins homogène (dominance d’espèce Salsola vermiculata L.). Cette fréquence a été relevée par lecture de point le long d’une ligne. Ce relevé linéaire s’inspire des techniques développées dans les prairies (Confield et Anderson, 1942 in Gonot 1960), (Daget et Poissonnet1971). Cette technique parmi d’autres testées s’est avérée comme la plus simple et la plus efficace (Aidoud 1983).
Description du dispositif linéaire pour la lecture des données :
L’indice de la valeur pastorale est un coefficient global de qualité affecté à un pâturage .Cet indice a été utilisé à l’origine dans les prairies permanentes (Daget et Poissonnet 1969).L’indice de la valeur pastorale est donné par la formule : VP=Σ [CS(i) Xi(i)], chaque espèce(i) de la station est caractérisée par : IS(i)=indice spécifique variant entre 0et 10.
CS(i)=FS(i)/ΣFS(i) (contribution spécifique au tapis végétale en %).
Cette formule a été utilisé dans de nombreux travaux, portant sur la steppe algérienne (CRBT, 1978 ;Aidoud ,1989 ; Hirche, et al 1999).
Cette formule utilise la contribution spécifique indépendante du recouvrement global du tapis végétale, or celui-ci est plus faible en steppe, ce qui surestime la valeur de la VP. Ainsi pour palier à cet inconvénient Aidoud (1989) et Daget et Poissonnet (1972) cités par Hirche (1995) ont utilisé une pondération pour le couvert végétal (RG).La formule applicable à la végétation steppique devient alors :
VP=RGx0.1x Σ [CS(i) Is(i)].
RG : recouvrement global ou couvert végétal est égal au rapport du nombre total de points de végétations à celui des points échantillonnés. (NB : A chaque point de végétation, plusieurs espèces peuvent être notées, la somme des fréquences est au moins égale au recouvrement végétal).
0,1 : terme correctif (recouvrement global du tapis végétal ; or celui-ci est nettement plus faible en steppe ce qui surestime le score de la VP ce qui nécessite sa multiplication par 0,1)
CS(i) : contribution spécifique de l’espèce définie comme le rapport de fréquence spécifique FS(i) (absolue) à la somme des fréquences spécifiques de toutes les espèces recensées sur 100 points échantillonnés.
Is(i) : indice spécifique variant entre 0 et 10, qui n’est plus empirique car nous proposons lors de cette étude de le calculer à partir des volumes des touffes.
La productivité pastorale (PP) ou productivité fourragère est l’expression en unité fourragère (UF) de la productivité utile qui se calcule à partir de la productivité primaire nette ou la quantité consommable.
Pour chaque espèce (i) composant la communauté considérée est calculée la productivité énergétique égale au produit de la productivité primaire représentée par la quantité consommable corrigé par l’indice d’efficacité biotique (IEB) et par sa valeur énergétique (UF) calculé au laboratoire. PP=ΣR(i) xV(i) où PP est la productivité pastorale exprimée en UF Breirem /ha, R(i) le rendement réel (relatif au % du recouvrement global) exprimé en kg MS /ha et V(i) la valeur nutritive de l’espèce (i) calculée au laboratoire, exprimée en UF Breirem.
La seule productivité qui nous intéresse est la fraction consommable, donc il s’agira de la partie verte et des rameaux tendres de la plante. Donc ce coefficient exprime la productivité consommable relative par rapport à la phytomasse, autrement dit c’est la quantité fourragère consommée par rapport à la masse totale de la touffe considérée. Cet indice permettra donc de corriger le rendement utilisé pour le calcul de la PP c'est-à-dire la quantité fourragère réelle pouvant être utilisée par l’animal. IEB=poids de la partie consommable ou verte/poids total de la touffe.
Calcul de l’indice spécifique IS(i) :
Comme il a été déjà mentionné, l’indice spécifique a été évalué à partir des calculs des volumes des touffes .La forme a été assimilée à un tronc de cône où le volume = (3,14/3) (a2=+ab+b2) H.
a=L/2(cm) ; b=l/2(cm) ; H : hauteur de la touffe (cm) ; L : grande base ; l : petite base.
A l’aide des volumes calculés une note a été attribuée à chaque volume. Cette note a été calculée comme suit : les volumes calculés sur la ligne et hors de la ligne pour élargir la fourchette, ont été organisées en 10 classes, sachant que la note supérieure est de 10 et les classés par ordre de pas. Chaque catégorie a été représentée par un nombre de touffe multiplié par la note correspondante. L’indice spécifique a été calculé sur la base de la somme des 10 notes concernant chaque catégorie sur le nombre total des touffes mesurées. On obtient ainsi un indice spécifique moyen pour les cinq stations, voir tableau N°6.
De tout temps les troupeaux ovins ont exploité les prairies naturelles, parcours steppiques, piémont et alpages en zones méditerranéenne. Cependant, lorsque l’on cherche à évaluer les ressources fourragères instantanées, on se heurte à une série de difficultés : hétérogénéité, variation saisonnière, diversité de la flore, préférence alimentaire, effets climatiques,…
Suite à ces difficultés un important travail de normalisation des modes d’évaluation des charges ovines au pâturage a été réalisé par «PHILOETIOS: nom collectif d’un groupe de recherches sur l’évaluation du matériel ovin méditerranéen dans le cadre des programmes CEE-AGRIMED, du groupe ovin au CIHEAM et du réseau coopératif FAO ovin caprin». Dans un premier temps ils ont défini une unité commune de mesure de charge : l’unité ovine méditerranéenne ou UOM (Prud’hon et al 1989) ; où beaucoup de travaux de recherche ont été mené en vue d’évaluer sa commodité à travers beaucoup de pays méditerranéen tel que la France, l’Italie et l’Espagne.
Par définition une unité ovine (UO) correspond aux besoins en énergie nette d’une brebis standard : brebis adulte de 45 kg en état moyen, note d’état corporel 3 à l’entretient et vivant la majeur partie de l’année au pâturage. Sur les bases INRA (1978) et en majorant de 30% les besoins d’entretien pour tenir compte de la vie en plein air, une unité ovine nécessite environ 0,84 unité fourragère (UF).D’une manière générale les brebis sur parcours sont accompagnées d’agneaux où le besoin d’entretien de ces derniers est évalué à 0,36 UF par tête.
L’unité ovine établie à partir des besoins d’entretien d’une brebis et sa suite s’élève donc à 1,20 UF/j. La charge global d’un parcours s’exprime en UO/ha /saison. Elle correspond au nombre de têtes ovines (exprimé en unité ovine) qu’ parcours peut supporter durant une saison estimé à 120 jours. Charge saisonnière ═ Productivité pastorale (UF) / Besoin saisonnier(UF) d’une brebis et sa suite.
Il ressort à travers cette synthèse climatique, pour la période de notre étude et de par sa situation géographique, que la région de THLIDJENE est soumise à un climat de type semi-aride qui est une forme particulière du climat méditerranéen, caractérisée par un hiver froid et rigoureux et un été chaud et sec. Il est à signaler que durant la deuxième année d’étude c’est-à-dire durant l’année 2009, on a enregistré une pluviométrie plus au moins importante par rapport à la moyenne générale de la période (2008-2011) où nous avons enregistré une pluviométrie de 283,60±10,29 mm qui s’est traduite sur le terrain par une apparition des plantes annuelles durant le printemps, améliorant la richesse et la diversité des parcours. Selon la position de la région, elle a un climat caractérisé par deux saisons plus pluvieuses dans l’année (automne et printemps).
L’analyse des données climatiques concernant les précipitations annuelle (2008‐2011), nous permet de tirer les constatations suivantes :
Avant l’analyse, les échantillons des différentes stations ont fait l’objet de pesée à l’état frais pour déterminer la matière sèche. Une fois au laboratoire ils ont été séchés, broyés et conservés dans des boîtes hermétiques, en vue de déterminer la matière organique, la matière minérale, la matière grasse, les matières azotées totales ainsi que la cellulose brute de la partie consommable. Conformément aux méthodes officielles d’analyses appliquées en nutrition animale et en alimentation, approuvées par l’AOAC (Association of Official Analytical Chemist) ainsi que par AFNOR (Association Française de Normalisation).
Tableau 1 : Composition chimique de Salsola vermiculata L |
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Composition Stations |
MS (%) |
MO (g/kg MS) |
MM (g/kg MS) |
MG (g/kg MS) |
MAT (g/kg MS) |
CB (g/kg MS) |
Printemps 2008 |
52,6 ±2,10 |
828 ±14,90 |
173 ±14,90 |
15 ±1,58 |
90,4 ±6,64 |
625 ±7,07 |
Printemps 2009 |
55,80 ±2,41 |
767 ±33,20 |
234 ±33,20 |
16,70 ±1,37 |
46,7 ±1,86 |
335,9 ±38,83 |
Printemps 2010 |
67,0 ±2,39 |
841,0 ±16,19 |
159 ±16,19 |
34,2 ±2,74 |
153 ±9,87 |
555 ±41,65 |
Printemps 2011 |
59,4 ±0,63 |
814 ±6,63 |
186,2 ±6,63 |
22,9 ±1,00 |
96,7 ±1,56 |
532,30 ±1,39 |
Moyenne |
58,7 ±4,5 |
812,5 ±22,7 |
188,9 ±22,70 |
22,2 ±6,4 |
97,7 ±28,15 |
512,5 ±88,0 |
MS: matière sèche; MO: matière organique; MM: matière minérale; MG: matière grasse; MAT: matière azotée totale; CB: cellulose brute. |
Globalement la composition chimique de Salsola vermiculata L a fait ressortir des résultats qui restent dans les normes de l’analyse végétale, avec des matières sèches qui oscillent entre 52,56 et 67, 03 %, les matières organiques entre 766,5 et 841,2 g/kg MS, les matières minérales 158,7 et 233,5 g/kg MS, les matières grasses 15 et 34,2 g/kg MS les matières azotées totales 46,7 et 153 g/kg MS enfin les celluloses brutes entre 335,9 et 625 g/kg MS et ce durant les quatre années de l’étude. Cette oscillation est attribuée surtout aux facteurs du milieu, climatique surtout, sachant que pour l’année 2010 par rapport aux trois autres années, elle a été marquée par une pluviométrie plus abondante. Il en est de même pour les autres composants tel que l’azote ayant enregistré des résultats meilleurs que les trois autres années (Tableau 1) comparativement aux résultats rapporté par Boussaid et al. (2004) : matières sèches 68,4%; matières organiques 752 g/kg MS; matières minérales 208 g/kg MS; matières grasses 37 g/kg MS; matières azotées totales 109 g/kg MS et la cellulose brute 344,6 g/kg MS. Ainsi que les résultats rapportés par Yakoub(2006) : matières sèches 67,50 %; matières organiques 776,7 g/kg MS; matières minérales 258,7 g/kg MS ; matières grasses 15,6 g/kg MS; matières azotées totales 127,8 g/kg MS et la cellulose brute 679 g/kg MS. Nos résultats corroborent ceux des deux auteurs sus mentionnés mis à part le taux de cellulose brute rapporté par Boussaid et al (2004) qui s’avère plus faible 344,6 g/kg MS contre 505,3g/kg MS; cette différence peut être attribuée à plusieurs facteurs : stade phénologique, effet du milieu etc.
Tableau 2: Digestibilité enzymatique de la MS et la MO Salsola vermiculata L. |
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Digestibilité Espèce |
D. cell. MS (%) |
D. cell. MO (%) |
DMS (%) |
DMO (%) |
MOD (g/kg MS) |
MOND (g/kg MS) |
Printemps 2008 |
38,2 |
31,2 |
41,7 |
44,8 |
364,1 |
463,4 |
Printemps 2009 |
43,30 |
41,6 |
51,0 |
45,0 |
395,7 |
464,68 |
Printemps 2010 |
34,9 |
31,2 |
31,0 |
51,6 |
376,3 |
370,84 |
Printemps 2011 |
38,8 |
34,7 |
41,2 |
47,1 |
382,4 |
429,3 |
Moyenne |
38,81±2,2 |
34,67±3,4 |
41,2±5.12 |
47,12±3,18 |
379,62±9,42 |
432,05±31,8 |
D.cell : digestibilité cellulasique ; D.MS : digestibilité de la matière sèche ; DMO : digestibilité de la matière organique ; MOD : matière organique digestible ; MOND : matière organique non digestible |
En ce qui concerne la digestibilité de la matière organique on a enregistré un taux plus intéressant durant l’année 2010 (51,62 %) ; par contre pour les autres années elle est inférieure à 50 %, ce qui reste un taux très acceptable pour des plantes steppiques. Comparativement aux résultats rapportée par Yakoub (2006) ayant enregistré une DMO de l’ordre 56,9%, relativement élevé par rapport à notre résultat ceci peut être attribué à l’effet stade phénologique ainsi qu’a l’effet milieu.
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Tableau 3: Valeur nutritive de Salsola vermiculata L |
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Valeur nutritive Espèce |
UF / kg MS |
MAD (g/kg MS) |
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Printemps 2008 |
0,20±0,06 |
45,9±1,17 |
|
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Printemps 2009 |
0,23±0,08 |
106,3±17,40 |
|
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Printemps 2010 |
0,20±0,05 |
58±1,39 |
|
|
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Printemps 2011 |
0,22±0,06 |
78,7±1,56 |
|
|
|
Moyenne |
0,21±0,02 |
72,2±26,53 |
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UF : unité fourragère ; MAD : matière azotée digestible. |
La valeur fourragère de Salsola vermiculata L. n’est pas tellement élevé malgré sa richesse en cellulose, dans notre cas on a enregistré seulement 0,22UF.les seuls résultats cités en bibliographie rapportée par Nadjraoui (1981), sont de l’ordre de 0,42 UF/kg MS
Tableau 4 : Recouvrement global ,richesse et diversité |
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Saisons |
R.G (%) |
Richesse totale |
Diversité |
Printemps 2008 |
82,1 |
8 |
1,14 |
Printemps 2009 |
88,8 |
21 |
2,99 |
Printemps 2010 |
83,4 |
14 |
1,99 |
Printemps 2011 |
85,9 |
10 |
1,42 |
Moyenne |
85,05±2,3 |
13,25±4,25 |
1,88±0,60 |
En ce qui concerne la richesse et la diversité des parcours étudiés, les résultats enregistrés indiquent une diversité de l’ordre de 1,14 à 2, 99 comparé à des réserves situées dans le nord de la Jordanie, ce qui représente un pâturage de gamme aride continue. Les analyses de diversité rapportées par Noor (2006) se sont avérées très supérieures à notre région, de l’ordre de 4,3 ; cette différence s’expliquerait par une influence climatique. En revanche la richesse est plus intéressante pour les années 2009 et 2010 avec des richesses respectives de l’ordre de 21 et 14, traduisant des conditions climatiques favorables mises en évidence par une présence très significatives des plantes annuelles.
Tableau 5: Rendement en matière sèche (MS), indice d’efficacité biotique (IEB) et productivité consommable de Salsola vermiculata L. |
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Saison |
Rendement (kg MS/ha) |
IEB |
Productivité consommable (kg MS/ha) |
Printemps 2008 |
815,4±63,89 |
0,59±0,05 |
487,5±39,42 |
Printemps 2009 |
798,1±119,52 |
0,64±0,09 |
508,1±11,58 |
Printemps 2010 |
904±88,5 |
0,68±0,04 |
625,7±32,57 |
Printemps 2011 |
517,1±56,14 |
0,69±0,05 |
356,8±37,14 |
Moyenne |
758,6±96,62 |
0.65±0,04 |
494,5±79,9 |
En ce qui concerne les rendements, leurs fluctuations de 517,10 kg MS /ha à 903,92 kg MS/ha durant les quatre années d’études s’expliquent encore une fois par les effets climatiques La synthèse climatique relative aux précipitations montre une valeur de 264±…. Mm, permettant ainsi une productivité consommable pour l’année 2010 de l’ordre de 625,64 kg MS/ha. Osman et al (2006) pour un parcours de Salsola vermiculata L, avec une pluviométrie annuelle de 134 mm ont enregistré des rendements de l’ordre de 103kg de MS/ha alors que pour une pluviométrie de 254 mm ils ont enregistré un rendement de 494 kg MS/ha.
Sur la base de l’hypothèse avancée que le volume de la touffe est corrélé avec la matière sèche(MS), nous avons jugé utile de calculer l’indice spécifique (Is) à partir des volumes des
touffes. Pour cela nous avons ordonné les volumes par classes et les avons regroupés par ordre de grandeur. La note de 10 a été attribuée au plus grand volume, la note de 09 au volume inferieur et ainsi de suite jusqu’au plus petit des volumes qui a eu la note de 1.Vu la forte hétérogénéité entre les touffes vis-à-vis des volumes, on a eu des classes vides sans touffes.
L’indice spécifique a été calculé à partir de la somme de toutes les notes divisée par le nombre total des touffes (voir annexe 1, 2, 3,4).
Tableau 6 : Indices spécifiques en fonction des volumes |
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Saisons |
Nombre de touffes global |
Note global des touffes |
Indice spécifique |
Printemps 2008 |
80 |
130 |
1,68 |
Printemps 2009 |
80 |
141 |
1,76 |
Printemps 2010 |
80 |
182 |
2,28 |
Printemps 2011 |
80 |
135 |
1,08 |
Les notes obtenues concernant l’indice spécifique (IS) de qualité calculé sur la base des volumes des touffes (tableau 6) varient de 1,08(2011) à 2,28(2010).ceci implique que plus le volume est important plus l’indice spécifique est important.
Tableau 7: Valeur pastorale de Salsola vermiculata L |
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Saison |
Recouvrement |
Csi |
Is |
K = 0,1 |
Vpi |
Printemps 2008 |
0,82±0,04 |
49,3±1,83 |
1,68±0,04 |
0,1 |
6,8±0,31 |
Printemps 2009 |
0,88±0,016 |
44,9±0,69 |
1,76±0,03 |
0,1 |
6,9±0,05 |
Printemps 2010 |
0,83±0,04 |
50,0±3,25 |
2,28±0,04 |
0,1 |
9,4±0,35 |
Printemps 2011 |
0,86±0,03 |
42,6±3,25 |
1,08±0,04 |
0,1 |
3,9±0,25 |
Moyenne |
0,84±0,02 |
46,7±3,57 |
1,7±0,49 |
0,1 |
6,7±2,26 |
Les lectures effectuées afin de déterminer la contribution spécifique pour le calcul de la valeur pastorale sont au nombre de 1 000 lectures pour les cinq stations pour chaque année. Les valeurs pastorales calculées à partir des contributions spécifiques, des taux de recouvrements ainsi d’indices spécifiques qui vont être représentées par des notes ou scores qu’on utilisera pour une exploitation directe d’un parcours donné. Comparativement aux résultats rapportés par Outat (2004) où il enregistre sur une moyenne de deux ans une VP de l’ordre de 5,3, considérée comme proche de nos résultats par contre les résultats, établis par le rapport final de l’observatoire des hautes plaines steppiques (2005) sur les potentialités des parcours à Naâma rapportent une VP de l’ordre de 11; cette supériorité étant attribuée surtout aux conditions climatiques.
Tableau 8: Productivité pastorale de Salsola vermiculata L |
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Stations |
Productivité consommable (Kg/ha) |
UF g/Kg MS |
Productivité pastorale (UF/ha) |
Printemps 2008 |
487,4±39,42 |
0,21 |
102,4±8,28 |
Printemps 2009 |
508,0±11,46 |
0,21 |
106,7±2,40 |
Printemps 2010 |
625,6±32,57 |
0,21 |
128,4±12,11 |
Printemps 2011 |
359,0±37,14 |
0,21 |
75,4±7,79 |
Moyenne |
495,0±57,44 |
0,21 |
103,0±11,46 |
la Productivité pastorale est calculée sur la base des rendements et de la valeur fourragère où nous avons enregistré des productivités pastorales fluctuant entre 128,35 UF /ha et 75,38 UF/ha (Tableau 8). Comparativement, les résultats d’Outat (2004) enregistrant une PP moyenne de l’ordre de 95 UF/ha sont considérés comme proches de nos résultats. La productivité pastorale indique ainsi une charge de l’ordre de 1,16 unité ovine par hectare et par saison pour l’année 2010 et 0,68 unité ovine par hectare par saison pour l’année 2011.
Comme il a été démontré que le volume et la matière sèche sont corrélés avec r₌0,71(pour l’année 2008) fig 1, r₌0,76 (pour l’année 2009) fig 2, r₌0,89 (pour l’année 2010) fig 3 et r₌0,73 (pour l’année 2011) fig 4. L’hypothèse de la corrélation entre le volume et la matière sèche a été confirmée aussi par Abdulaziz (1996) qui rapporte que la biomasse végétale était significativement corrélée à la hauteur ainsi qu’au diamètre de la plante représentée dans notre cas par le volume de touffes.
Figure 1 : corrélation Volume / Matière sèche printemps (2008) |
Figure 2 : corrélation Volume / Matière sèche printemps (2009) |
Ces corrélations permettent d’avancer que les valeurs pastorales (VP) sont en relation avec les volumes des touffes si ces derniers sont importants. La VP à son tour enregistrera un bon score, qui est tributaire de la pluviométrie de l’année. C’est ainsi que durant l’année 2010 la corrélation entre le volume de la touffe et la MS a été très significative, (r = 0,89) confirmant ainsi l’hypothèse avancée en introduction.
Il a été aussi démontré qu’il existe une très forte corrélation entre la VP et la productivité pastorale (PP) (Figure 5; R2 0, 99), et une très forte corrélation entre la valeur pastorale et la charge à l’hectare (R2 0,99 ; Figure 6).
Figure 3 : corrélation Volume / Matière sèche printemps (2010) |
Figure 4 : corrélation Volume / Matière sèche printemps (2011) |
Figure 5 : corrélation valeur pastorale (VP) en fonction de la productivité pastorale(PP) |
Figure 6 : Corrélation charge à l’hectare en fonction de la valeur pastorale(PP) |
A partir de ces deux corrélations très fortes il est possible de confirmer qu’il existe une logique de correspondance entre la VP et la PP ainsi que la charge à l’hectare (Tableau 9)
Tableau 9 : Résultats de la valeur pastorale, de la productivité pastorale charge par hectare dans la région de Tébessa |
|||
Année |
Valeur |
Productivité |
Charge |
2008 |
6,8±0,31 |
102,5±8,28 |
0,93±0,01 |
2009 |
6,9±0,05 |
106,7±2,40 |
0,96±0,01 |
2010 |
9,5±0,35 |
128,4±12,11 |
1,16±0,02 |
2011 |
3,9±0,25 |
75,4±7,79 |
0,68±0,03 |
Moyenne |
6,77±1,4 |
103,25±14,3 |
0,93±0,12 |
UO :unité ovine |
Si on établit une relation de correspondance entre ces valeurs telle que la règle de trois on peut constater que la différence entre ces valeurs n’a pas dépassé 0,48 unité ovine, ce qui est considéré comme une valeur très acceptable vis-à-vis de l’objectif de notre travail ainsi que l’hétérogénéité du milieu. Les différentes études réalisées sur les steppes dégradées (CRBT, 1978 ; Nadjraoui, 1981 ; Le Houerou, 1985 ; Aidoud, 1989 ; Kacimi, 1996) ont montré que les parcours sont fortement dégradés et que la charge effective oscille entre 0,78 UO/ha et 0, 76 UO/ha qui reste légèrement inférieur à la moyenne , cette différence pourrait être attribuée à l’effet du milieu (climat, sol) et au degré de dégradation moins accentuée des parcours de la région de Tébessa.
Nous avons essayé de rendre la méthode de l’évaluation des parcours pastoraux plus simple et plus rapide tout en sachant que cette technique perd en matière de précision, mais au contraire gagne en matière de temps et de coût, deux facteurs majeurs pour l’exploitation rationnelle d’un parcours, sachant que le temps conditionne le stade phénologique opportun à l’exploitation et que le coût d’une analyse au laboratoire ou d’une photo satellitaire à traiter n’est pas à la portée des structures qui gèrent cet espace (les DSA et le HCDS) .La méthode reste souple, réalisable et facile à pratiquer pour des techniciens du terrain à l’échelle communale ayant subi une courte formation pour l’application de cette technique.
Les résultats obtenus au cours de plusieurs années d’expérimentation montrent qu’il serait possible de déterminer la charge animale par unité de superficie sans passer par le calcul de la Productivité Pastorale (PP) qui reste une méthode d’une précision appréciable dans l’évaluation de cette charge. Ceci affranchi le pastoraliste, ou tout autre intervenant, de la lourdeur et le coût élevé des analyses à réaliser au laboratoire. La détermination et l’utilisation de la VP représente, par conséquent, un outil simple et rapide dans la gestion des ressources pastorales des parcours steppiques permettant à la fois de répondre aux besoins de l’éleveur et à la protection de cet écosystème fragile.
Le présent travail ne pouvait avoir lieu sans le concours d’un nombre de personnes qu’ils trouvent ici mes sentiments de reconnaissances et de gratitude sans omettre le staff Lrrd. Toutes personnes désirant consulter les données de bases du présent travail peuvent le faire à travers l’URL de l’université Hadj Lakhdar Batna http:/inst-va.univ-batna.dz inst_agro@univ-batna.dz ou bien mon email rekiknazo@yahoo.fr
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Aidoud A 1983 Contribution à l’étude des écosystèmes steppiques du sud oranais. Phytomasse, productivité et applications pastorales. Thèse 3e cycle, USTHB, Alger.255p.
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Received 28 October 2014; Accepted 17 November 2014; Published 1 December 2014