Livestock Research for Rural Development 26 (10) 2014 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Cette étude réalisée au Burkina Faso (Ouest) avait pour but de caractériser les pratiques d’embouche ovine afin de dégager les forces et les faiblesses. Elle a consisté d’abord en une enquête formelle auprès de 21 emboucheurs d’ovins bénéficiant ou non d’appui financier, puis en suivis alimentaires et de performances animales au niveau de 6 ateliers pilotes.
Il ressort deux types d’embouche ovine dans la zone : semi-intensive dominant (57%) et intensive (43%). Les emboucheurs sont de diverses couches socioprofessionnelles avec un âge inférieur à 50 ans en majorité (67-78%). Trois principaux types d’aliments sont utilisés en plus des minéraux : des aliments grossiers, des concentrés conventionnels et divers aliments locaux. Les ateliers de type intensif investissent plus dans les infrastructures, l’alimentation et ont un nombre d’ovins par rotation plus élevé que les ateliers semi-intensifs. L’analyse du compte d’exploitation montre que l’activité est rentable dans les deux types, avec une marge plus importante dans les embouches intensives.
Le suivi a permis de déceler des insuffisances des pratiques d’alimentation surtout au niveau des petites unités où de faibles taux d’aliments concentrés sont utilisés dans les rations se traduisant par des faibles gains de poids ; tandis que dans les unités moyennes, des taux appréciables de concentrés (59%) permettent des GMQ similaires à ceux rapportés dans la littérature. Un encadrement soutenu des emboucheurs s’avère nécessaire pour améliorer leur capacité technique et les performances des animaux.
Mots clés: caractérisation, concentré, rentabilité, ressource alimentaire
This study
undertaken in Burkina Faso (west zone) aimed to characterize the sheep fattening
practices in order to identify strengths and weaknesses. It has consisted first
in formal surveys of twenty one sheep fattening farmers receiving or not
financial support, followed by monitoring of animal feeding and performances at
six fattening units.
The results showed two main types of sheep fattening in the area: semi-intensive dominant (57%) and intensive (43%). Sheep fattening farmers are of various social and professional groups with less than 50 years old in the majority (67-78%). Three main types of feeds are used in addition to minerals, namely forages, conventional concentrates and various local feeds. Intensive units invest more in infrastructure, feeding and have higher number of sheep per rotation compared to semi-intensive units. The analysis of the operating account shows that the activity is profitable in the two types, with a greater margin in intensive units.
The monitoring revealed weaknesses in feeding practices especially in small
units where low rates of concentrate feed were used in the diet, resulting in
low weight gain; while in the middle units, appreciable levels of concentrates
(59 %) allow similar ADG to those reported in the literature.
Sustained supervision of fattening farmers is necessary to improve their technical capacity and animals performances.
Keywords: characterization of farms, feed resources, performance, profitability
Les petits ruminants constituent une source importante d’accroissement de la production de viande et de réduction de la pauvreté de par leur prolificité et la facilité de leur élevage. L’élevage des ovins et des caprins au Burkina Faso représente une richesse nationale au regard de l’importance numérique du cheptel, le nombre de personnes impliquées à son élevage, et sa place dans la vie socio-économique des ménages de même que dans l’économie nationale. En effet, l’élevage des petits ruminants est la première forme de capitalisation des économies chez les paysans lorsque le bétail est retenu comme moyen pour y arriver. Les ovins et les caprins fournissent la proportion la plus élevée de viande consommée dans le pays ; les bovins abattus n’étant généralement que de vieux animaux de réforme ou accidentés (Traoré 2011). De plus, ces espèces jouent un rôle socioculturel très important marqué par les sollicitations lors des cérémonies de mariage, de baptême et les fêtes religieuses, notamment la Tabaski (fête qui commémore le sacrifice d’Abraham). En terme d’importance numérique, les caprins occupent le 1er rang (12,3 M) et les ovins le 3ème rang (8,2 M) après les bovins (8,4) (MRA 2011). Sur le plan économique, la part des ovins et caprins dans le commerce extérieur du Burkina Faso est très appréciable. L’évolution des exportations des ovins de 2003 à 2009 donne une tendance à la hausse de 111 123 têtes en 2003 à 486 517 têtes en 2009 avec pour destinations principales le Bénin, la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo (MRA 2009).
Le système d’élevage dominant est de type extensif sédentaire. Pourtant, l’embouche des ovins est une activité commune traditionnelle de longue date, en Afrique de l’Ouest, probablement découlant de la préparation des moutons pour la fête de Tabaski. Ce type de production, permet d’extérioriser les potentiels de croissance des animaux en leur apportant des soins particuliers. Bien que plusieurs producteurs s’intéressent à cette activité, on note une technicité faible, ce qui engendre des performances moindres de même que des pertes importantes. Aussi, la capacité de production des unités d’embouche est encore faible pour combler la demande sans cesse croissante. Diverses technologies ont été développées par la recherche pour la production de viande, sous forme de fiches techniques, mais leur application par les producteurs rencontre des difficultés dues à plusieurs facteurs, dont une insuffisance de formation/information et d’encadrement.
Dans le but de booster et d’améliorer la qualité de la production d’animaux de boucherie afin de rendre la filière plus compétitive, le Projet d’Appui aux filières Agro-sylvo-pastorales (PAFASP) a entrepris d’apporter un appui financier aux producteurs.
Cette étude a pour objectif d’apprécier le niveau technique en embouche ovine des producteurs afin de contribuer à l’amélioration la productivité et à la rentabilité des ateliers d’embouche pilotes.
L’étude s’est déroulée dans l’ouest du Burkina Faso, précisément dans les régions administratives des Cascades, des Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun. Le climat de la zone est de type soudanien, caractérisé par une saison sèche de 6-7 mois (novembre à mai) et une saison pluvieuse d’environ 5 mois (juin à septembre), avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 900 et 1200 mm. Les températures moyennes sont basses par rapport au reste du pays et varient entre 22°C et 34°C (INSD 2008).
La végétation est constituée de savanes boisées à arbustives, de forêts sèches et de galeries forestières le long des cours d’eau. Les espèces ligneuses les plus rencontrées sont : karité (Vitellaria paradoxa), néré (Parkia biglobosa), caïlcédra (Kaya senegalensis), baobab (Adansonia digitata), tamarinier (Tamarindus indica), faux kapokier (Bombax costatum), …. Le tapis herbacé est dense et diversifié avec comme principales espèces Andropogon sp. (A. gayanus, A. pseudapricus, A. ascinodis), Pennisetum pedicellatum, Loudetia sp, etc.
Cette zone Ouest du Burkina Faso regorge d’importantes potentialités agro-sylvo-pastorales et est considérée comme le grenier du pays. Les principales activités socio-économiques des populations sont l’agriculture et l’élevage. Le cheptel de la zone est estimé à 2 706 820 bovins, 1 594 034 d’ovins et 1 926 363 de caprins (MRA 2011). L’embouche bovine et ovine jadis pratiquée par les agro-pasteurs connaît de nos jours un véritable engouement par l’émergence de nouveaux acteurs (fonctionnaires, retraités, privés, commerçants, etc.).
L’étude a consisté en deux phases : une première phase portant sur l’enquête au niveau des pratiquants d’embouche ovine dans la zone et une deuxième phase qui a consisté à suivre les pratiques d’alimentation de quelques exploitations pilotes afin apprécier les performances de production.
Une liste des pratiquants d’embouche ovine connus et suivis par le service technique en charge des ressources animales, financés ou non par le PAFASP a été élaborée. Tous les emboucheurs bénéficiant d’un appui financier ont été retenus, et pour le reste, un tirage aléatoire de 50% du sous échantillon a été effectué. Au total un échantillon de 21 producteurs emboucheurs a été retenu pour l’enquête. Une fiche d’enquête a été élaborée en vue de collecter les informations portant sur les caractéristiques générales des exploitations ; la conduite de l’activité avec mention des critères de choix de animaux, l’alimentation, la santé, les aspects économiques et les contraintes rencontrées.
La fiche d’enquête a été testée afin de mieux affiner le contenu, puis le questionnaire définitif a été codifié avant la conduite de l’enquête proprement dite. Parallèlement des observations de terrain ont été effectuées pour compléter, vérifier ou rectifier certaines informations.
Afin d’approfondir les informations sur la conduite alimentaire et les performances animales dans les unités d’embouche, un suivi a été réalisé dans quelques ateliers pilotes de type intensif financés par le PAFASP. A partir des résultats de l’enquête, des exploitations ont été classées en deux groupes suivant la taille du troupeau en embouche : unités de petite taille (5 à 15 têtes) et unités de taille moyenne (16 à 30 têtes). Trois unités ont été retenues dans chaque type, avec comme principal critère de choix, la présence effective d’animaux en atelier d’embouche.
Les exploitations retenues dans le type « petite unité » sont celles des sites de Toussiana, Banzon et Karangasso-Sambla avec respectivement 10, 9 et 10 ovins ; celles du type « moyenne unité » concernent les sites Darsalami, Bonzan et Kounseni, peuplés de 16, 18 et 18 têtes d’ovins respectivement.
Les données sur les quantités d’aliments consommés et l’évolution pondérale des animaux ont été collectées. Pour la consommation alimentaire, la démarche a consisté dans un premier temps à observer la pratique de l’emboucheur et à peser les différents aliments distribués. Les refus d’aliments étaient rassemblés tous les matins et pesés afin de déterminer les quantités consommées. En cas de refus importants, des corrections ont été apportées afin d’éviter trop de gaspillage. Les emboucheurs ont été sollicités pour collecter les refus d’aliments qui étaient stockés dans des sacs en plastique et pesés lors du passage de l’équipe sur le terrain. De même, pour les quantités d’aliments à distribuer, des pesées étaient effectuées à l’avance et la distribution laissée à charge de l’emboucheur. L’équipe passait chaque semaine pour effectuer les pesées d’aliments, de refus et des animaux. Le suivi a duré en moyenne 30 jours entre juin et juillet 2011, période pendant laquelle les producteurs préparaient les ovins pour la fête de Tabaski.
Les données ont été codifiées, saisies sur Excel et analysées avec le programme SPSS. Des variables de structure, de conduite et de performance des élevages ont été sélectionnées pour les analyses de classification. Une analyse en composante principale a été appliquée pour décerner les relations entre les différentes variables. Les variables qui sont peu ou pas du tout corrélées à d’autres ont été choisies pour l’analyse factorielle discriminante.
Les statistiques descriptives (moyennes, écart-types, pourcentages) et des analyses de variance ont été réalisées permettant de caractériser les classes d’élevages d’embouche obtenues dans la zone. Les paramètres de production mesurés et les données économiques ont été soumis à une ANOVA suivant le modèle Yi = μ + αi + ei, (où Yi: variable dépendante, μ: la moyenne, αi: l’effet type d’embouche et ei le terme résiduel).
De même, une analyse de variance a été appliquée aux données sur la consommation alimentaire, le taux de concentrés dans la ration et l’évolution pondérale dans les différentes unités d’embouche. Les moyennes ont été comparées en utilisant les procédures de « Tukey-Kramers’s pairwise comparison ».
La Figure 1 montre le premier plan factoriel de l’AFD (analyse factorielle discriminante) dont le premier axe factoriel qui traduit 100% de la variance, présente la discrimination des producteurs en deux groupes (classes).
- Le 1er groupe est composé de 12 unités (57,1% des exploitations), situé du côté négatif de l’axe, il regroupe les pratiquants d’embouche de type semi-intensif ;
- Le 2e groupe constitué par 9 unités (42,9% des exploitations) est situé du coté positif de l’axe, rassemble les emboucheurs de type intensif.
Figure 1 : Représentation des classes d’embouche ovine dans le plan factoriel |
Cet axe constitue ainsi un gradient d’intensification croissant. Les variables les plus importantes ayant contribué à la discrimination des deux groupes sont : les recettes par rotation (88%), le coût des animaux par rotation (83%), les dépenses d’alimentation (71%) et le coût (amortissement) des investissements (68%).
L’embouche ovine est essentiellement pratiquée les hommes dans l’ouest du Burkina Faso qui constituent 67 à 89% de la population enquêtée suivant le type d’embouche (Tableau 1).
Tableau 1. Caractérisation des emboucheurs d’ovins (% des enquêtés) |
|||
Variables |
Semi-intensif |
Intensif |
Total échantillon |
Sexe Masculin Féminin |
66,7 33,3 |
88,9 11,1 |
76,2 23,8 |
Age 30 à 39 ans 40 à 49 ans 50 à 59 ans Plus de 60 ans |
41,7 25 16,7 16,7 |
44,4 33,3 0 22,2 |
42,9 28,6 9,5 19,1 |
Profession Eleveur de bétail Commerçant de étail Agriculteur Autres |
33,3 33,3 25 8,3 |
33,3 22,2 11,1 33,3 |
33,3 28,6 19,0 19,0 |
Niveau d’instruction Secondaire Primaire Alphabétisé Ecole franco-arabe Illettré |
16,7 25 25 16,7 16,7 |
44,4 0 0 22,2 33,3 |
28,6 14,3 14,3 19,0 23,8 |
Appartenance organisation Oui Non |
50 50 |
5 55,6 44,4 |
52,4 47,6 |
Bénéficiaire d’appuis Technique Financier Technique + financier |
50 16,7 33,3 |
33,3 55,6 11,1 |
42,9 33,3 23,8 |
Les femmes sont un peu plus représentées en embouche semi-intensive (33%). La plupart des emboucheurs sont âgés de moins de 50 ans (67% à 78%) et ceux de la tranche d’âge de 30 à 39 ans sont les plus représentés dans les deux types d’embouche (42 à 44%).
Les pratiquants d’embouche ovine sont de diverses couches socioprofessionnelles, on note par ordre d’importance numérique des éleveurs (33%), des commerçants de bétail (28%), des agriculteurs (19%) et d’autres professions (19%) comprenant des fonctionnaires, meuniers, tailleurs, artisans, etc.
Sur le plan instruction, globalement 43% des emboucheurs sont scolarisés de niveau primaire ou secondaire et 33% sont alphabétisés ou ont fait l’école franco-arabe. Les emboucheurs bénéficiant d’un appui technique et financier à la fois ne représentent que 24% de la population enquêtée.
Au plan organisationnel, la moitié des producteurs enquêtés sont affiliés à une organisation d’éleveurs / emboucheurs.
Le tableau 2 résume les principaux critères retenus par les emboucheurs pour choisir les animaux à emboucher. Dans l’ensemble dix critères ont été cités ; les trois plus importants notés par plus 60% des enquêtés sont la bonne conformation, la taille grande et le bon état sanitaire des animaux. Un critère non moins important, apprécié par 55% des producteurs est la couleur blanche de la robe (car les acheteurs de moutons pour la Tabaski préfèrent des mâles, grands, et de couleur blanche). Les races sahéliennes de grande taille sont aussi préférées (50%) aux Djallonké.
Tableau 2. Critères de choix des animaux embouchés (% des enquêtés) |
|
Critères |
% |
Bonne conformation |
68,2 |
Grande taille |
66,8 |
Bon état sanitaire |
61,9 |
Robe (blanche) |
55,5 |
Age (1 - 2,5) |
50 |
Race sahélienne ("Bali-Bali", mouton "Peul") ou métis |
50 |
Mâle entier |
36,4 |
Forte ossature |
31,8 |
Bon aplomb |
18,2 |
Autres (bonne prise alimentaire) |
13,8 |
Types d’aliments utilisés
Les aliments utilisés par les emboucheurs peuvent être répartis en quatre catégories qui sont : des fourragers grossiers, des aliments concentrés, d’autres aliments locaux (regroupant les gousses/fruits de ligneux fourragers, drèche de brasserie locale, …) et les minéraux. Parmi les aliments grossiers, les fanes de légumineuses (niébé et arachide) sont utilisées par la majorité des emboucheurs (90% dans l’ensemble) et tous les emboucheurs de type semi-intensif ; ensuite viennent les pailles de céréales (sorgho, maïs, riz) ; l’utilisation du foin de pâturage naturel est limitée compte tenu de la faible pratique de la fauche et conservation du fourrage (tableau 3).
Quant aux aliments concentrés, le son est le plus utilisé (95%) suivi par le tourteau de coton. La mélasse intervient seulement chez quelques emboucheurs de type intensif. Environ 42% des emboucheurs de types semi-intensif ont recours à d’autres aliments non conventionnels tels que les gousses de Piliostigma sp., et d’Acacia sp., la poudre de fruit de néré (Parkia biglobosa) et la drèche de dolo (bière de mil ou de sorgho).
Les minéraux font partie intégrante de la ration chez la majorité des emboucheurs.
Tableau 3. Les types d’aliments utilisés (% des enquêtés) |
|||
Variables |
Semi intensif |
Intensif |
Total échantillon |
Fourrages grossiers : paille de riz, sorgho, maïs fanes d’arachides, niébé foin |
100 75 100 42 |
100 55,6 77,8 22,0 |
100 66,7 90,5 33,3 |
Aliments concentrés tourteau son mélasse |
100 75 92 0 |
100 78 100 33 |
100 76,2 95,2 14,3 |
Autres aliments (drêche, poudre de néré, Piliostigma …) |
41,7 |
33,3 |
38,1 |
Minéraux |
83,3 |
88,9 |
85,7 |
Le tableau 4 illustre les mesures sanitaires prises par les emboucheurs. Deux types de pathologies sont rencontrés dans les ateliers d’embouche ; il s’agit la pasteurellose (33-50% suivant le type d’embouche) et des parasitoses internes et externes surtout au niveau des ateliers de type semi-intensif. L’attitude courante des producteurs en cas de maladies est l’appel au vétérinaire (60-71% des cas), quelquefois suivi de l’automédication. Une proportion non négligeable (30%) des emboucheurs de type semi-intensif pratiquent l’automédication. La prophylaxie médicale est bien connue chez tous les emboucheurs qui affirment la pratiquer. Cependant, la prophylaxie sanitaire est faiblement pratiquée dans les ateliers semi-intensifs (25% seulement contre 67% dans les ateliers intensifs).
Tableau 4. Mesures sanitaires (% des enquêtés) |
|||
Variables |
Semi-intensif |
Intensif |
Total échantillon |
Principales pathologies rencontrées |
|||
Pasteurellose |
50 |
33,3 |
41,7 |
Parasitoses interne et externe |
33,3 |
5 |
28,5 |
Attitudes en cas de pathologie |
|||
Appel au vétérinaire |
60 |
71,4 |
66,3 |
Automédication |
30 |
0 |
12,7 |
Appel au vétérinaire et automédication |
10 |
28,6 |
21,0 |
Pratique de la prophylaxie médicale |
|||
Oui |
100 |
100 |
100 |
Non |
0 |
0 |
0 |
Pratique de la prophylaxie sanitaire |
|||
Oui |
25 |
66,7 |
39,3 |
Non |
75 |
33,3 |
60,7 |
Les paramètres qui ont pu être appréciés sont le nombre moyen d’ovins par rotation, l’âge initial d’introduction des ovins en embouche, la durée moyenne d’une rotation et le nombre de rotations par an. Ces paramètres varient peu suivant le type d’embouche. Seul le nombre d’ovins en embouche diffère significativement suivant les deux types d’embouche avec respectivement 19 têtes en embouche intensive et 9 têtes en embouche semi-intensive (tableau 5). L’âge initial d’introduction d’environ un an est similaire dans les deux types. La durée moyenne d’une rotation est légèrement plus élevée en embouche semi-intensive et les ateliers d’embouche intensive semblent observer un nombre élevé de rotation par an.
A partir des données économiques obtenues, le compte d’exploitation a été établi par rotation suivant les types d’embouche (Tableau 5). Les investissements représentés par l’amortissement de l’habitat et des matériels sont significativement plus importants en embouche intensive ; il en est de même pour les coûts de production (achat d’animaux, alimentation, santé et frais divers). En dehors du coût d’achat des animaux les frais d’alimentation constituent la charge la plus importante. Globalement les charges sont les importantes en embouche intensive, qui présente aussi des recettes plus élevées, d’où un résultat d’exploitation également plus élevé. L’estimation du revenu moyen à partir de la marge bénéficiaire et du nombre d’animaux par rotation, donne par tête d’ovin des valeurs de 6 550 et 10 940 F CFA respectivement en embouches semi-intensive et intensive. L’activité est jugée rentable par tous les producteurs enquêtés.
Tableau 5. Paramètres de production et compte d’exploitation des ateliers enquêtés |
||
Type d’embouche |
Semi-intensif |
Intensif |
Nombre moyen d’animaux embouchés par rotation |
9 (1,7)b |
19 (3,2)a |
Age initial des animaux en embouche (mois) |
13 (1,9) |
12 (2,6) |
Durée moyenne de la rotation (mois) |
5,4 (0,5) |
4,7 (0,5) |
Nombre moyen de rotation/an |
1,7 (0,2) |
2,4 (0,3) |
Amortissement habitat (FCFA) |
12576 (2920)b |
29333 (3601)a |
Amortissement équipement et matériel (FCFA) |
6422 (981)b |
11928 (2402)a |
Achat animaux (FCFA) |
144167 (29625)b |
372389 (66821)a |
Frais aliments et eau (FCFA) |
85465 (12557)b |
208131 (39563)a |
Frais santé et hygiène (FCFA) |
8836 (2756)b |
19611 (3648)a |
Coût main-d’œuvre (FCFA) |
30944 (7800) |
63111 (17520) |
Coût transport et divers (FCFA) |
4479 (1714)b |
12917 (1994)a |
Charges totales (FCFA) |
292889 (46237) |
717420 (119661) |
Produits (FCFA) |
351833 (57152)b |
925278 (144530)a |
Résultat d’exploitation (FCFA) |
58944 (15944)b |
207858 (55393)a |
Revenu par tête (FCFA) |
6550b |
10940a |
a,b,c : les moyennes sur la même ligne portant des indices différents sont significativement différentes
|
Les contraintes de l’activité
Les principales contraintes relevées par les emboucheurs sont par ordre d’importance décroissante : le coût élevé des produits vétérinaires (57%), le manque de moyens financier et la difficulté d’accès au crédit (52%), l’indisponibilité et le coût élevé du tourteau de coton (48%), le coût d’achat élevé des animaux (29%), les difficultés d’écoulement des produits (20%) et le vol d’animaux (10%).
Deux races ovines sont rencontrées dans les 6 ateliers d’embouche suivis (Tableau 6); il s’agit de la race Djallonké et des métis issus du croisement entre le mouton Djallonké et le mouton Peul. La race Djallonké est la plus représentée (86% des animaux) dans l’ensemble des unités suivies. Tous les ovins mis en embouche ont un âge moyen d’environ 1 an. La durée du cycle observée est en moyenne de 4,5 mois, et le nombre moyen de cycles d’embouche est de 2 pour l’ensemble des ateliers.
Tableau 6. Caractéristiques des animaux d’embouche et cycle de production |
||||
Petites unités |
Moyennes unités |
Total |
||
Race |
||||
Djallonké |
87,5% |
86% |
86,8% |
|
Métis |
12,5% |
14% |
13,2% |
|
Age (an) |
≈ 1 |
≈ 1 |
≈ 1 |
|
Nombre d’ovins en embouche |
10,7 |
18,7 |
14,7 |
|
Nombre de cycle |
2,33 |
2 |
2,17 |
|
Durée du cycle (mois) |
4,33 |
4,67 |
4,5 |
Tous les animaux sont maintenus en stabulation durant la période d’embouche. Cependant, le suivi ayant coïncidé avec la saison des pluies, certains producteurs laissaient souvent les ovins autour de la bergerie pendant quelques heures pour profiter de l’herbe fraîche. Toutes les catégories de ressources alimentaires rencontrées lors du diagnostic sont utilisées par les emboucheurs, à savoir les aliments grossiers, les concentrés, les aliments locaux et les minéraux. Les différents types d’aliments utilisés ainsi que leur proportion dans les rations alimentaires varient d’une exploitation à l’autre (tableau 7). En moyenne quatre ressources entrent dans la composition des rations dans tous les types. Toutes les unités utilisent le son local en quantités très variables d’une unité à l’autre. Les fanes de légumineuses et le foin de pâturage sont des ressources essentielles utilisées par la majorité (83%). Le tourteau de coton est présent dans deux unités sur trois au niveau des unités moyennes, et une seule unité de petite taille. La poudre de néré (pulpe de fruit de Parkia biglobosa) et les épluchures de patates sont utilisées dans deux unités et constituent des sources d’énergie, intervenant ainsi comme aliment concentré. Dans l’ensemble, toutes les rations incluent deux composantes : aliments grossiers et aliments concentrés. Les minéraux sont offerts à volonté. La consommation volontaire totale varie de 828 à 1 256 g/kg de MS dans les petites unités et de 764 à 1 119 g/kg de MS dans les unités moyennes.
Tableau 7. Ration alimentaire (g/j) par atelier d’embouche suivie |
||||||
Ration |
Petites unités |
Moyennes unités |
||||
Banzon |
Karangasso |
Toussiana |
Bonzan |
Darsalami |
Kounséni |
|
Tourteaux de coton |
35 ± 15 |
- |
- |
253 ± 27 |
172 ± 14 |
- |
Graines de coton |
- |
- |
- |
- |
50 ± 10 |
- |
Son local |
37 ± 25 |
204 ± 15 |
503 ± 2 |
210 ± 54 |
254 ± 10 |
495 ± 0 |
Foin de graminées |
83 ± 32 |
177 ± 25 |
231 ± 40 |
- |
438 ± 30 |
39 ± 14 |
Fanes d’arachide |
1100 ± 103 |
244 ± 33 |
275 ± 70 |
136 ±41 |
- |
294 ± 27 |
Fanes de niébé |
- |
181 ± 29 |
- |
166 ±41 |
- |
- |
Fanes de voandzou |
- |
- |
109 ± 32 |
- |
- |
- |
Epluchures patate |
- |
11 ± 2 |
- |
- |
- |
- |
Poudre de néré |
- |
- |
- |
- |
- |
126 ± 0 |
CV totale (g/j) |
1256a ± 85 |
828b ± 45 |
1119ac ± 52 |
764b ± 55 |
914bc ± 37 |
954bc ± 30 |
CV : consommation volontaire |
En considérant les deux groupes d’ateliers, on note que les taux de concentrés dans la ration ainsi que la consommation volontaire sont significativement différents (tableau 8). Dans les petites unités, la consommation volontaire est plus élevée contre un faible pourcentage des concentrés dans la ration ; tandis que dans les unités moyennes, le taux de concentrés est plus élevé dans la ration comparé aux fourrages pour des consommations globales plus faibles. D’où des GMQ meilleurs obtenus au niveau des unités de taille moyenne.
Tableau 8. Consommation d’aliments et taux de concentré dans la ration entre unités de petite taille et de taille moyenne |
|||
Consommation volontaire totale |
% concentré dans la ration |
GMQ (g/j) |
|
Unité petite taille |
1076b |
28,3b |
40,54 |
Unité moyenne taille |
876a |
59,0a |
82,01 |
Erreur standard |
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Les deux types d’embouche rencontrés sont en conformité avec ceux rapportés dans la littérature (INERA/DPA 2011 ; PRODEX/INRAN/MAE 2011). Le mode de conduite des animaux, le nombre d’animaux et la durée de l’opération semblent être des paramètres déterminants pour les différencier. Dans cette étude, nous avons mis en évidence en plus du nombre d’animaux d’autres paramètres importants pour différencier les deux types d’embouche qui sont, les recettes d’exploitation, les dépenses pour l’achat des animaux et celles pour l’achat des aliments.
L’embouche de type semi-intensive est dominante chez les emboucheurs enquêtés. Ces derniers ont cependant une faible capacité de production, ce qui pose le problème de satisfaction des demandes de plus en plus croissantes de la population en produits carnés. Les emboucheurs sont dans l’ensemble de diverses couches socioprofessionnelles et mènent l’activité d’embouche en complément. Il se pose alors un problème de professionnalisme des acteurs qui limite leur capacité de production.
Les principaux critères de choix des animaux d’embouche évoqués sont en accord avec ceux cités par Sangaré et al (2005).
Au niveau de l’alimentation, la combinaison de trois types de ressources alimentaires (grossiers, concentrés et minéraux) est important pour l’obtention de meilleures performances de production. On note que les emboucheurs sont dans la majorité des cas conscients de ce principe. Le recours à des ressources alimentaires localement disponibles telles que les fruits de ligneux fourragers, les résidus de tubercules est fondamental car il permet de réduire le coût de l’alimentation et donc le coût de production, dans la mesure où l’alimentation constitue un poste de dépense élevé. Des auteurs ont aussi rapporté l’utilisation d’aliments locaux dans l’embouche des ruminants (Sanon et al 2008 ; Zoundi et al 2005 ; Fall-Touré et al 1997).
Au niveau sanitaire, malgré les mesures de prévention à l’entrée en embouche (vaccination et traitement antiparasitaire) quelques cas de pathologies sont relevés par les emboucheurs, notamment la pasteurellose et les parasitoses internes et externes. Ces pathologies plus fréquentes dans les ateliers semi-intensifs pourraient s’expliquer surtout par le mode de conduite en semi-liberté, où les animaux peuvent avoir des contacts avec les agents pathogènes ; mais aussi à l’absence de mesures prophylactiques, méconnues par 75% des promoteurs. Le recours au vétérinaire en cas de maladies est courant (60 à 71% des cas) ; mais on note aussi la pratique de l’automédication par la pharmacopée traditionnelle vétérinaire, plus fréquent dans les ateliers semi-intensifs. Cette pratique est d’ailleurs mise en évidence par Tamboura et al (1998) qui notent son exploitation en complément des prestations des services techniques classiques dans la région du plateau central au Burkina Faso.
L’âge des animaux en embouche (12-13 mois) observés est dans la fourchette de 12 à 18 mois, noté par INERA/DPA (2012), de même que la durée moyenne de l’embouche (4 à 6 mois).
L’activité d’embouche est rentable pour les deux types avec une marge bénéficiaire plus élevée en embouche intensive. Ce qui suppose que plus on investit dans l’activité, mieux le profit est. Le revenu moyen par tête est similaire à ceux rapportés par Nantoumé et al (2012) dans 2 villages au Mali (7565 et 9580F CFA).
L’analyse de la consommation volontaire montre des valeurs élevées dans les petites unités comparées à celles de taille moyenne. Les petites unités ont tendances à utiliser plus de fourrage surtout des fanes de légumineuses qui sont riches en azote et très bien consommées par les animaux. En effet, la teneur en protéine est connue être positivement corrélée avec la consommation volontaire (Fisher 2002). Les faibles performances enregistrées font penser à un faible niveau d’énergie dans la ration ne permettant pas de valoriser toutes les protéines présentes. L’équilibre entre les protéines et l’énergie dans la ration est fondamental pour l’obtention de bonnes performances de production (Chowdhury et Orskov 1997). On pourrait penser ainsi à un excès de protéines et une perte d’azote probablement due à un transit digestif rapide. Ces résultats dans les petites unités pourraient s’expliquer par une faible technicité des promoteurs liée à un niveau d’encadrement faible comme relevé lors des enquêtes. Les unités moyennes par contre avec des taux importants de concentrés dans la ration semblent assurer une utilisation efficiente des nutriments de la ration favorisant des performances meilleures.
Ces résultats du suivi, bien que limité sur une courte période peuvent être rapprochés de ceux des travaux antérieurs dans la région. Les valeurs de consommation volontaire obtenues au niveau des petites unités sont supérieures à celles (729 à 937 g) enregistrées par Zoundi et al (1996) sur la race de type « Mossi » au Burkina Faso. Les performances pondérales observées des unités moyennes sont comparables à celles rapportées par Gnanda et al (2005) qui ont obtenu des GMQ de 84 à 100 g/j pour des rations paysannes au Sahel Burkinabè et Alkoiret et al (2007) qui ont noté sur des Djallonké complémentés avec du tourteau de coton et/ou de l’aliment bétail SHB à des taux d’environ 25% de la ration, des GMQ de 82 à 90 g/j. Nos résultats dans les petites unités sont inférieurs à ceux (43 à 66 g/j) enregistrés par Pitala et al (2012) avec des moutons Djallonké au Togo.
Deux types d’embouche ovine sont pratiqués dans l’ouest du Burkina Faso et l’embouche semi-intensive domine l’intensive. Le suivi a permis de déceler des insuffisances des pratiques d’alimentation surtout au niveau des petites unités.
Les charges de production des ovins d’embouche sont plus élevées en embouche intensive de même que le résultat et la marge bénéficiaire comparés à l’embouche semi-intensive.
Les unités d’embouche de taille moyenne (19 ovins) utilisent des taux relativement élevés d’aliments concentrés, donnant des rations mieux équilibrées permettant des gains de poids similaires à ceux rapportés dans la littérature et plus important que les unités de petite taille (11 ovins en moyenne) qui ont des gains de poids plus faibles.
Un encadrement soutenu des emboucheurs s’avère nécessaire pour améliorer leur capacité technique et les performances des animaux.
Les auteurs adressent leurs remerciements au Programme d’Appui aux filières Agro-Sylvo-Pastoral (PAFASP) pour l’appui financier apporté à la réalisation de cette étude.
Alkoiret T I, Soule Manne A A, Gbangboche A B et E Y Attakpa, 2007 Performances d’embouche des ovins Djallonké complémentés avec les coques de graine de coton au Bénin. Livestock Research for Rural Development, Volume 19, 12 p; article #141, http://www.lrrd.org/lrrd19/10/alko19141.htm.
Chowdhury S A and Orskov E R 1997 Protein energy relationships with particular references to energy undernutrition: A review. Small Ruminant Research 26, 1-7.
Fall-Touré S, Traoré E, N'Diaye K, N'Diaya N S et Sèye B M 1997 Utilisation des fruits de Faidherbia albida pour l'alimentation des bovins d'embouche paysanne dans le bassin arachidier au Sénégal. Livestock Research for Rural development, volume 9 (5), 17 p; http://www.cipav.org.co/lrrd/lrrd9/5/fall95.htm.
Fisher D S 2002 A review of a few key factors regulating voluntary feed intake in ruminants. Crop Science 42, 1651-1655.
Gnanda B, Nianogo A J, Zoundi J S, Somda J et Koanda S 2005 Performances techniques et économiques de l'embouche ovine en exploitation traditionnelle de la région sahélienne au Burkina Faso. Revue CAMES - Série A, Sciences et Médecine, Vol 03, 2005.
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MRA (Ministère des Ressources Animales) 2011 Contribution de l’élevage à l’économie et à la lutte contre la pauvreté, les déterminants de son développement ; Ouagadougou, 80p.
Nantoumé H, Kouriba A, Diarra C H T et Coulibaly D 2012 L’embouche ovine: source de revenus des associations féminines à Kayes au Mali. Livestock Research for Rural Development, Volume 24, 7 p., Article #206, http://www.lrrd.org/lrrd24/11/nant24206.htm.
Pitala W, Yaokorin Y, Bonfoh B, Boly H et Gbeassor M 2012 Evaluation de la réponse du mouton Djallonké à l’embouche herbagère à Kolokopé au Togo. Livestock Research for Rural Development, Volume 24, 4 p., article #5, http://www.lrrd.org/lrrd24/1/pita24005.htm
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Sangaré M Thys E et Gouro A S 2005 Techniques d’embouche ovine, choix de l’animal et durée. Fiche technique n°13, Bobo-Dioulasso, CIRDES, http://www.cirdes.org/spip.php,article30, 8 p
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Zoundi J S Sawadogo L Nianogo A J 2005 Utilisation de blocs multi-nutritionnels en substitution partielle de concentré pour l’engraissement des ovins au sein des systèmes mixtes agriculture-élevage du plateau central du Burkina Faso - Journal des Sciences, Vol. 5, N°1 (2005) 15-27.
Received 30 July 2014; Accepted 13 August 2014; Published 3 October 2014