Livestock Research for Rural Development 25 (8) 2013 | Guide for preparation of papers | LRRD Newsletter | Citation of this paper |
Une étude portant sur l’ingestion et la digestibilité in vivo des feuilles de Tithonia diversifolia non traitées et traitées à 5 et à 10% de mélasse associés aux chaumes de maïs chez la brebis Djallonké, a été menée entre octobre 2012 et janvier 2013. Neuf brebis Djallonké ont été réparties en trois lots de trois animaux chacun et logées dans des cages métaboliques individuelles. Les périodes d’adaptation et de collecte de données (urines et fèces) étaient respectivement de 10 et 5 jours. Chaque brebis recevait par jour, une ration de 700 g de chaumes de maïs hachés et de 1200 g de feuilles hachées de T. diversifolia non traitées pour le lot 1 (ration TM0), traitées à 5% de mélasse pour le lot 2 (ration TM5) et traitées à 10% de mélasse pour le lot 3 (ration TM10).
Le traitement à la mélasse a significativement amélioré l’appétibilité et l’ingestion des feuilles de T. diversifolia traitées à la mélasse. De même, l’ingestion des feuilles de T. diversifolia traitées à la mélasse a amélioré l’ingestion des chaumes de maïs et les digestibilités de la MS, de la MO, de la CB et de l’azote de la ration. En effet, les digestibilités de l’azote des rations TM5 (56,7%) et TM10 (55,4%) ont été comparables et significativement plus élevées que celle de la ration TM0 (48,4%). L’utilisation de la mélasse et des chaumes de maïs a permis de réduire les pertes d’azote dans les fèces et dans les urines des brebis.
Mots clés: appétibilité, asteraceae, petits ruminants, résidus de récolte, valeur nutritive
A study on intake and in vivo digestibility of untreated and treated leaves of Tithonia diversifolia with 5 and 10% of molasses associated with maize stover in Djallonké sheep was conducted between october 2012 and january 2013. Nine West African dwarf sheep were divided into three groups with three animals per group and housed in individual metabolic cages. The adaptation and data collection (urine and feces) periods were 10 and 5 days respectively. Each sheep received a daily ration of 700 g chopped maize stover and 1200 g of chopped untreated T. diversifolia leaves for group 1 (ration TM0), treated with 5% of molasses for group 2 (ration TM5) and treated with 10% of molasses for group 3 (ration TM10). Samples of maize stover and T. diversifolia leaves of each treatment were collected and taken to the laboratory for analysis of chemical composition. Every morning, the refusals of each ration were weighed. Similarly, the amounts of feces and urine from each sheep were assessed, collected, weighed and samples were taken to the laboratory.
The treatment of T. diversifolia leaves with molasses significantly increased its palatability. The molasses treatment improved the intake of the T. diversifolia leaves. The intake of the T. diversifolia leaves treated with molasses significantly improved the intake and digestibility of DM, OM, CF and nitrogen. The nitrogen digestibility of ration TM5 (56.7%) and TM10 (54.4%) was comparable and significantly higher than that the untreated ration (48.4%). The utilization of molasses and maize stover decreased nitrogen loss in feces and urine of sheep.
Key words: asteraceae, crop residues, nutritive value, palatability, small ruminants
Les petits ruminants s’adaptent facilement à divers systèmes d’élevages (extensif, semi-intensif ou intensif) et présentent une résistance particulière à des conditions environnementales difficiles (Silanikove 2000). En plus d’être une source de protéines animales considérable, ils jouent un rôle socio-économique et culturel bien reconnu au Cameroun (Pamo et al 2006). Malgré cette importance, les performances des petits ruminants dans les régions tropicales sont limitées, par une faible disponibilité fourragère et une faible digestibilité de l'aliment de base (Premaratne et al 1998). Selon Abdulrazak et al (1997), la protéine est le nutriment le plus limitant. En effet, Lhoste et al (1993) et Roberge et Toutain (1999), affirment que les graminées tropicales sont des fourrages ayant moins de 7% de protéines (niveau minimum requis pour une croissance microbienne optimale) dans la matière sèche et une digestibilité inférieure à 50% en saison sèche. S’ils sont la seule composante de la ration offerte au bétail, celui-ci ne pourra probablement pas en consommer suffisamment pour combler ses besoins nutritifs (Tolera et al 2000).
D’après Skerman (1988), certains ligneux et autres plantes herbacées peuvent être valorisés et utilisés pour améliorer quantitativement et ou qualitativement des rations à base de fourrages secs. Dans ce contexte, l’utilisation de certaines plantes comme Tithonia diversifolia peut être envisagée. T. diversifolia est une plante herbacée de la famille des Astéracées (Composées) originaire d'Amérique centrale (Wanjau et al 1998). Au Cameroun, elle se retrouve partout dans la partie sud du pays. Certains travaux ont montré qu’avec une teneur en protéines pouvant atteindre les 28% MS (Premaratne et al 1998), ce végétal a le potentiel nécessaire, pour être utilisé comme fourrage dans l’alimentation des ruminants et autres animaux d’élevage, en complémentation des résidus de récolte (Pérez et al 2009), comme les chaumes de maïs. Cependant, la faible teneur en tanins signalé dans les feuilles de Tithonia soutient l'idée que sa protéine peut se révéler hautement soluble (Wambui et al 2006). Pour Rosales (1996 cité par Wanjau et al 1998), la protéine dégradable dans le rumen (in Sacco) est très élevée (environ 90% en 48h). Cette forte dégradabilité produirait de grandes quantités d’ammoniac, responsables de pertes élevées d'azote dans les urines (Wambui et al 2006).
Il est alors établi que le facteur limitant à l'utilisation efficace de T. diversifolia comme seul aliment dans les régimes des ruminants, est la grande solubilité de sa protéine, qui limite considérablement la quantité d’azote retenu par l’organisme animal (Pathoummalangsy et Preston 2008). Aussi, pour améliorer la valeur alimentaire des feuilles de T. diversifolia un apport en glucides rapidement fermentescibles ou une complémentation avec un fourrage contenant des protéines non dégradables peuvent être envisagés.
Evaluer l’ingestion et la digestibilité in vivo des feuilles de T. diversifolia traitées à différents niveaux de mélasse, associés aux chaumes de maïs, chez la brebis Djallonké.
L’essai a été conduit entre octobre 2012 et janvier 2013 à la Ferme d’Application et de Recherche (FAR) de l’Université de Dschang, situé à 5º26 de Latitude Nord à 10º26 de Longitude Est et à une altitude d’environ 1420 m dans la région de l’Ouest Cameroun. Le climat de la localité est équatorial de type camérounien d’altitude. Les précipitations varient entre 1500 et 2000 mm et les températures oscillent entre 10 et 25ºC. La saison sèche va de mi-novembre à mi-mars et la saison des pluies de mi-mars à mi-novembre (Tendonkeng et al 2011).
Douze brebis Djallonké achetées dans les marchés à la périphérie de Dschang, ont servi dans cette étude. Leur âge déterminé à partir de leur dentition variait de 12 à 24 mois (Corcy 1991).
Le matériel végétal était constitué, de chaumes de maïs (Zea mays) récoltés dans les parcelles de production de la FAR deux mois après la récolte des grains. Ils ont été ensuite hachés en morceaux de 2-3 cm environ, séchés au soleil et conservés dans des sacs. Des feuilles de T. diversifolia en préfloraison étaient récoltées chaque matin aux alentours de la FAR et hachées en pièces de 2-3 cm.
Trois rations ont été utilisées dans cette étude :
TM0 : 700 g de chaumes de maïs + 1,2 kg de feuilles de T.
diversifolia non traitées ;
TM5 : 700 g de chaumes de maïs + 1,2 kg de feuilles de T. diversifolia
traitées à 5% de mélasse ;
TM10 : 700 g de chaumes de maïs + 1,2 kg de feuilles de T. diversifolia
traitées à 10% de mélasse.
La quantité de mélasse à utiliser a été estimée en prenant respectivement 5 et 10% du poids de la quantité de feuilles de T. diversifolia. La mélasse était ensuite dissoute dans de l’eau (250 ml pour 600 g de feuilles). La solution obtenue a été ensuite mélangée (pendant 3 à 5 minutes) avec les feuilles hachées jusqu'à leur imprégnation complète par la mélasse. La quantité à servir était alors pesée à l’aide d’une balance électronique de sensibilité 1 g et de précision 5000 g.
Trois (3) brebis Djallonké ont été réparties dans un dispositif factoriel en carré latin (3x3) de trois animaux avec les trois rations. Leur poids moyen initial était respectivement de 18,0±0,74, 17,8±1,35 et 17,8±1,35 kg. Chaque animal a été placé dans une loge individuelle équipée d’une mangeoire et d’un abreuvoir. L’eau était disponible ad libitum. Les feuilles de T. diversifolia étaient servies 2 fois par jour (600 g le matin et 600 g le soir). Après une période d’adaptation de dix (10) jours, chaque animal a été soumis à chacune des trois (3) rations pendant quinze (15) jours. Tous les matins, les restes de la veille étaient pesés avant de servir la ration du jour.
Neuf brebis ont été réparties dans un dispositif complètement randomisé avec trois rations. Leur poids moyen initial était respectivement de 16,7±2,04, 16,3±1,52 et 17,0±1,64 kg. L’eau était disponible à volonté. Chaque lot a été soumis pendant 15 jours (10 jours d’adaptation et 5 jours de collecte des données) à l’une des trois rations. Les chaumes de maïs étaient distribués trois fois par jour (200 g le matin, 200 g à midi et 300 g le soir), tandis que les feuilles de T. diversifolia étaient offertes deux fois par jour (600g le matin et 600g le soir).
Les refus de chaque ration étaient pesés. Les échantillons de chaumes de maïs, de feuilles de T. diversifolia de chaque traitement ainsi que les quantités de fèces et d’urine de chaque brebis étaient mesurés, collectés et conduits au laboratoire. Après séchage dans une étuve ventilée à 60°C, les fèces et les échantillons d’aliments étaient ensuite broyés et conservés dans des sachets plastiques avant l’analyse bromatologique. 100 ml d’urines étaient également prélevés et mélangés avec 10 ml d’acide sulfurique concentré à 10 % et conservé au réfrigérateur à 4°C avant l’analyse de l’azote.
La matière sèche (MS), la matière organique (MO), les cendres, les lipides et les matières azotées totales (MAT) ont été déterminées selon la méthode de l'AOAC (2000). La cellulose brute (CB) a été déterminée selon la méthode de Sheerer. Les glucides totaux ont été calculés à l’aide de la formule ci-après :
Glucides totaux (GT) = Matière Organique – (Lipides + Protéines Brutes)
Les données ont été soumises à l’analyse de la variance (ANOVA) en utilisant le logiciel SPSS 17.0 et lorsque les différences existaient entre les traitements, les moyennes étaient séparées par le test de Duncan au seuil de 5%.
Les teneurs en MS, en MO, en CB et en glucides totaux des chaumes de maïs ont été plus élevées que celles des feuilles de T. diversifolia (Tableau 1). Par contre, les chaumes ont présenté les teneurs en cendres, en MAT et en lipides, les plus faibles. Les teneurs en MS, en MO, en CB, en MAT et en lipides des feuilles de T. diversifolia ont diminué avec l’augmentation de la quantité de mélasse. La teneur en MAT la plus élevée a été obtenue dans les feuilles de T. diversifolia sans mélasse. Inversement les teneurs en cendres et en glucides totaux ont augmenté avec les niveaux croissants de mélasse.
Tableau 1. Composition chimique des chaumes de maïs et des feuilles de Tithonia diversifolia sans mélasse et avec 5 et 10 % de mélasse |
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Composition |
CM |
TD0 |
TD5 |
TD10 |
MS, % |
96,3 |
95,8 |
94,5 |
90,6 |
% de MS |
|
|
|
|
MO |
96,4 |
86,7 |
85,8 |
84,5 |
Cendres |
3,6 |
13,3 |
14,2 |
15,4 |
CB |
40,9 |
16,5 |
14,2 |
12,9 |
GT |
91,5 |
58,6 |
60,9 |
61,8 |
MAT |
4,08 |
25,3 |
22,7 |
20,9 |
Lipides |
0,74 |
2,81 |
2,10 |
1,73 |
CM : chaumes de maïs, TD0 : feuilles de T. diversifolia non traitées, TD5 : feuilles de T. diversifolia traitées à 5% de mélasse, TD10 : feuilles de T. diversifolia traitées à 10% de mélasse, MS : matière sèche, MO :matière organique, CB :cellulose brute, GT : glucides totaux, MAT :matières azotées totales |
Les feuilles fraîches de T. diversifolia ont été très appétées, quelques soit le traitement (Tableau 2). Cependant, la quantité des feuilles ingérées dans le traitement TD0 a été plus élevée que celles consommées dans les traitements TD5 et TD10, qui ont été comparables, bien que la quantité de mélasse ingérée dans le traitement TD5 ait été plus faible que celle obtenue avec le traitement TD10. Dans l’ensemble, l’appétibilité a augmenté avec le niveau de traitement à la mélasse.
Tableau 2. Ingestion (g/j) de feuilles fraîches de T. diversifolia et de mélasse diluée |
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|
TD0 |
TD5 |
TD10 |
SEM |
P |
Feuilles fraîches T. diversifolia |
1065a |
790b |
776b |
48,04 |
0,00 |
Mélasse |
0 |
369b |
401a |
64,29 |
0,00 |
Total |
1065b |
1158a |
1176a |
19,74 |
0,013 |
a, b, c : les moyennes portant la même lettre sur la même ligne sont significativement comparables au seuil de 5%. TD0 : feuilles de T. diversifolia non traitées, TD5 : feuilles de T. diversifolia traitées à 5% de mélasse, TD10 : feuilles de T. diversifolia traitées à 10% de mélasse, SEM : standard errors of means, P : probabilités |
L’incorporation de la mélasse dans la ration a influencé l’ingestion de la MS des chaumes de maïs (Figure 1). En effet, les chaumes dans la ration TM10, ont été mieux consommés que dans les autres rations. L’ingestion des chaumes dans la ration TM5 (257 gMS/j) a été supérieure à celle obtenue avec la ration TM0 (199 gMS/j) et inférieure à celle observée avec la ration TM10 (314 gMS/j). Le traitement à la mélasse a influencé l’ingestion de MS des feuilles de T. diversifolia dans la ration. En effet, les ingestions de MS des feuilles de T. diversifolia traitées à 5% et traitées à 10% de mélasse (respectivement 529 et 510 gMS/j) ont été comparables et significativement inférieures à celle des feuilles non traitées (579 gMS/j).
Figure 1. Ingestion des chaumes de maïs et des feuilles de Tithonia diversifolia traitées à la mélasse chez les brebis Djallonké TM0 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia non traitées, TM5 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 5% de mélasse, TM10 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 10% de mélasse |
Par contre, l’ajout de mélasse dans les feuilles de T. diversifolia n’a pas influencé l’ingestion totale de la MS de la ration. En effet, bien qu’elles aient augmenté avec les niveaux croissants de mélasse, aucune différence significative n’a été observée entre les ingestions des différentes rations.
Le traitement à la mélasse des feuilles de T. diversifolia a influencé les digestibilités de la MS, de la MO et de la CB et de l’azote de la ration (Tableau 3). D’une part, les coefficients d’utilisation digestive apparents (CUDa) de la MS, de la CB et de l’azote des rations TM5 et TM10 ont été comparables et plus élevés que ceux obtenus avec la ration sans mélasse. D’autre part, la digestibilité de la MO de la ration, a augmenté significativement avec l’augmentation du niveau de mélasse dans les feuilles de T. diversifolia.
Tableau 3. Digestibilités apparentes de la matière sèche, de la matière organique, de la cellulose brute et de l’azote par les brebis Djallonké |
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TM0 |
TM5 |
TM10 |
SEM |
P |
Digestibilité (%) |
|
|
|
|
|
Matière sèche |
52,1b |
63,2a |
66,9a |
2,31 |
<0,000 |
Matière organique |
49,7c |
61,3b |
65,8a |
2,47 |
<0,000 |
Cellulose brute |
34,6b |
53,2a |
60,0a |
4,37 |
0,015 |
Azote |
48,4b |
56,7a |
54,4a |
1,37 |
0,047 |
a, b, c : les moyennes portant la même lettre sur la même ligne sont significativement comparables au seuil de 5%. TM0 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia non traitées, TM5 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 5% de mélasse, TM10 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 10% de mélasse, SEM : standard errors of means ; P : probabilités |
Les teneurs les plus élevées en azote ingéré, en azote fécal et en azote urinaire ont été obtenues avec la ration sans mélasse (Tableau 4). Elles ont baissé avec les niveaux croissants d’incorporation de la mélasse dans les feuilles de T. diversifolia. En effet, les teneurs en azote ingéré et en azote urinaire obtenues avec les rations TM5 et TM10 ont été comparables et plus élevées que celle obtenue avec la ration sans mélasse.
La quantité d’azote retenu dans l’organisme animal a été influencée par le traitement des feuilles de T. diversifolia à la mélasse. En effet, la meilleure retenue d’azote a été observée chez les brebis nourries avec la ration TM5, qui a été significativement plus élevée que celle obtenue avec la ration TM0. Cependant, aucune différence significative n’a été observée entre les quantités d’azote retenu avec les rations contenant de la mélasse.
Tableau 4. Utilisation digestive de l’azote chez la brebis Djallonké |
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Bilan azoté (g/j) |
TM0 |
TM5 |
TM10 |
SEM |
P |
Ingéré |
24,7a |
20,9b |
19,2b |
0,95 |
0,017 |
Fécal |
12,7a |
9,07b |
8,63c |
0,65 |
<0,001 |
Urinaire |
8,71a |
6,46b |
6,02b |
0,46 |
0,005 |
Retenu |
3,25b |
5,42a |
4,50a |
0,53 |
0,042 |
a, b : les moyennes portant la même lettre sur la même ligne sont significativement comparables au seuil de 5%. TM0 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia non traitées, TM5 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 5% de mélasse, TM10 : chaumes de maïs + feuilles de T. diversifolia traitées à 10% de mélasse, SEM : Standard errors of means, P: Probabilité |
Les valeurs de la composition chimique des chaumes de maïs dans cette étude sont proches de celles rencontrées dans la littérature (Aregheore 2005 ; Boukila et al 2005 ; Juma et al 2006 ; Faftine et Zanetti 2010). Les teneurs en constituants organiques excepté en glucides totaux ont diminué avec l’augmentation du niveau d’incorporation de la mélasse. Ces résultats suggèrent que l’ajout de mélasse a un effet dilution sur la composition bromatologique de la plante. Car lors des traitements, une partie des feuilles est substituée par la mélasse et de l’eau. Les teneurs en glucides totaux et en cendres ont augmenté avec les niveaux croissants de mélasse. Cette observation, peut s’expliquer par les fortes teneurs en sucres et en minéraux apportées par la mélasse (Nhan et al 2007). La teneur en MAT (25,26%MS) des feuilles de T. diversifolia non traitées ont été plus élevées que les valeurs rapportées par Sao et al (2010), Fasuyi et al (2010), Chin et Hue (2012) et Hong et Preston (2013) qui ont été respectivement de 23,9, 20,6, 23,9 et 17,8% MS. Elle a été par contre plus faible que les 28,3%MS obtenues par Premaratne et al (1998). En outre, les teneurs en Cendres et en CB sont semblables à celles publiées par Fasuyi et al (2010) et Ekeocha (2012). Les quelques variations relevées sont probablement liées au stade de développement des plantes au moment de la récolte (Mahecha et Rosales 2005) et la qualité chimique des sols sur lesquels T. diversifolia a été prélevé (Hong et Preston, 2013).
Les feuilles de T. diversifolia ont été considérablement appétées quelque soit le traitement. Néanmoins, il a été observé que les traitements contenant la mélasse ont été significativement plus appétés que le traitement sans mélasse. Ce résultat confirme l’assertion selon laquelle, la mélasse augmente l’appétence des fourrages (Chesworth 1996) ; il corrobore aussi les observations de Nhan et al (2007) qui ont rapporté que les rations qui contiennent la mélasse sont plus appétées que celles qui n’en contiennent pas.
L’amélioration de l’ingestion des chaumes de maïs, corrobore les observations de certains auteurs. Selon eux, l’ingestion des fourrages de mauvaise qualité peut être améliorée par une supplémentation avec de fourrages riches en protéines tels que Tithonia, Sesbania et Calliandra (Wambui et al 2006 ; Ramirez-Rivera et al 2010). De plus, l’ajout de mélasse dans la ration a probablement induit une augmentation de l’activité microbienne du rumen, permettant ainsi une meilleure dégradation des chaumes (Van Soest 1994).
Le traitement à la mélasse des feuilles de T. diversifolia n’a pas influencé l’ingestion moyenne de la MS de la ration. Cette observation est probablement liée à la forte ingestion de la MS des feuilles de T. diversifolia sans mélasse et aux consommations élevées de la MS des chaumes de maïs dans les rations TM5 et TM10.
Par ailleurs, les digestibilités apparentes de la MS, de la MO, de la CB et de l’azote de la ration ont été influencées par le traitement à la mélasse des feuilles de T. diversifolia. Ce résultat peut s’expliquer par la présence dans le rumen des animaux nourris avec les rations TM5 et TM10, d’une importante quantité d’hydrates de carbone rapidement fermentescibles, qui stimulent la croissance de la population microbienne et augmente sa capacité à dégrader les fourrages grossiers (Swanson et al 2004). Par ailleurs la digestibilité de la MO obtenue avec la ration TM0, est proche de celle rapportée par Premaratne et al (1998) avec des chaumes de riz complémentés aux feuilles de T. diversifolia. La faible digestibilité de la CB de la ration TM0 peut être le résultat d’un déficit énergétique dans la ration, limitant ainsi, la digestibilité des fibres (Heldt et al 1999).
Les CUDa de l’azote, ont été plus faibles que les 89,9% rapportés par Pathoummalangsy et Preston (2008), obtenus avec des feuilles de T. diversifolia sans complément. De plus, les teneurs en azote fécal et en azote urinaire de la ration ont diminué avec l’augmentation du niveau de traitement à la mélasse des feuilles de T. diversifolia. Aussi, la rétention d’azote a été plus élevée avec les rations contenant de la mélasse. Ces résultats semblent attester que, l’association des feuilles de T. diversifolia traitées à la mélasse avec les chaumes de maïs, limite la digestibilité de l’azote. Ce phénomène serait responsable d’une baisse de la production d’ammoniac dans le rumen, qui améliorerait la rétention d’azote par l’organisme animal (Wambui et al 2006). Ces observations confirment que, l’incorporation des sources d’hydrates de carbone fermentescibles et d’un fourrage grossiers dans des rations à base de T. diversifolia améliore sa valeur alimentaire (Pathoummalangsy et Preston 2008).
Traiter les
feuilles de T. diversifolia à la mélasse, augmente son appétence et
améliore l’ingestion des fourrages grossiers et la digestibilité de la
ration.
T. diversifolia pourrait
constituer une bonne plante fourragère pour les petits ruminants en général
et les moutons Djallonké en particulier, en complément de fourrages pauvres.
Toutefois, un traitement à 5% de mélasse pourrait être envisagé afin
d’améliorer la rétention de l’azote.
Les auteurs adressent leurs sincères remerciements à l’Université de Dschang au Cameroun et au Programme d’Appui Institutionnel- Développement des Ressources humaines (PAI-DRH) du Ministère du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction Publique de la République Gabonaise pour les moyens financiers consentis à la réalisation de cette étude.
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Received 23 April 2013; Accepted 2 June 2013; Published 1 August 2013