Livestock Research for Rural Development 24 (8) 2012 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Impact de l’alimentation péri- et post-partum sur la variation de la note d’état corporel de vaches laitières

M K Ghozlane, M Bouamra et S Temim

Ecole Nationale Supérieure Vétérinaire, 16200 El-Harrach Alger Algérie
gkm87@hotmail.com

Résumé

Cette étude a été réalisée  dans la station ruminant de l’Institut Technique des Elevages  de Baba-Ali sur une période de 7 mois, allant de décembre 2010 à juin 2011. Elle a porté sur la conduite alimentaire de 41 vaches laitières de race Prim’Holstein (de 2 mois avant le vêlage et durant les cinq premiers mois de lactation), et son impact sur la variation de la note d’état corporel. Les apports nutritifs des 9 différentes rations ont été mesurés à partir des quantités de MS ingérées estimées durant notre essai et des valeurs nutritives des aliments calculées selon les résultats de l’analyse fourragère. En parallèle, le statut du troupeau a été apprécié à travers une évaluation mensuelle de la note d’état corporel. Cette dernière a été estimée en moyenne à 3,79 ± 0,50 au vêlage et 60 jours après le part à 3,04 ± 0,45,  soit une perte de 0,75 point au cours des deux premiers mois de lactation.

L’étude de corrélations a révélé que l’impact de l’alimentation sur la note d’état corporel était différé dans le temps ; il est surtout important durant la période de vêlage. Il s’avère également que la part du concentré dans la ration durant cette période accentue le degré de la mobilisation des réserves corporelles. Ce travail a permis d’apporter un constat quant à l’influence de la conduite alimentaire au péri et post-partum sur la variation de la note d’état corporel.

Mots clés: Algérie, apport azoté, apport énergétique, bovin laitier, état de chair, statut nutritionnel



Impact of feeding peri- and post-partum on the body condition score of dairy cows

Abstract

This study has been realized in the ruminant station of technical institute of Baba-Ali, Algiers. On a period of seven months, between December 2010 and June 2011. It focused on the eating behavior of 41 Prim’Holstein dairy cows, two months before calving and during the first five months of lactation, and its impact on the change in body condition score. The nutrient intakes of nine different diets were measured from the estimated amounts of dry matter ingested during our test, and nutritional value of foods calculated using the results of feed analysis. In parallel, the herd status has been appreciated through a monthly assessment of body condition score. The latter was estimated on average to 3.79 ± 0.50 at calving and 60 days after parturition to 3.04 ± 0.45, a loss of 0.75 points over the first two months of lactation.

The study of correlations revealed that the impact of the feeding on the body condition score was delayed in time, and it was especially important at calving. Moreover, it appears that the proportion of concentrate in the diet during this period increases the degree of mobilization of body reserves. This work, however, allowed to bring over a report concerning the influence of feeding management in the peri and postpartum on the body condition score variation.

Key words: Algeria, body condition, energy intake, nitrogen supply, nutritional status


Introduction

L’appréciation de la variation de la note d’état corporel s’avère un excellent outil d’estimation de l’efficacité d’une ration alimentaire. Une simple évaluation de l’état corporel permet d’avoir une idée sur le statut nutritionnel d’un troupeau et d’apprécier le bilan énergétique des vaches laitières, notamment en début de lactation, une période où le déficit énergétique est systématique en raison de la faible capacité d’ingestion et de la forte demande en énergie pour la production laitière. La perte d’état corporel est donc inévitable, son intensité est fonction de plusieurs facteurs, en revanche, elle est étroitement liée à l’état d’engraissement au vêlage mais aussi à la qualité et la quantité des apports alimentaires qui conditionnent la dynamique de la mobilisation des réserves corporelles.

Ce  travail  a pour objectif l’étude de l’influence des niveaux d’apports nutritifs de différentes rations en période de vêlage et au post-partum sur la variation de la note d’état corporel en début de lactation. 


Methods

Cette étude a été menée sous forme d’une expérimentation non dirigée au niveau de la station ruminant de l’Institut Technique des Elevages (ITELV) de Baba-Ali, située dans la plaine de la Mitidja, considérée comme l’un des plus importants bassins laitiers d’Algérie. Elle a porté sur la conduite alimentaire de 41 vaches laitières de race Prim Holstein à différents stades du post-partum, sur une durée de 7 mois, allant de décembre 2010 à juin 2011. Elle s’est intéressée au suivi de la conduite alimentaire et du rationnement des vaches laitières au cours du post-partum (Tableau 1) ainsi qu’à l’évaluation du statut énergétique des animaux à travers la notation de l’état corporel.

Table 1. Les apports alimentaires permis par les différentes rations

Type de ration

kg MS ingérée/jour

Apports nutritifs

UFL

PDIN

PDIE

R1

17,5

14,2

1427

1476

R2

20,6

16,6

1715

1657

R3

12,6

11,7

1314

1307

R4

15,4

13,6

1472

1497

R5

13,1

11,9

1212

1258

R6

13,9

12,5

1277

1379

R7

15,6

13,3

1354

1442

R8

22,8

19,5

2513

2242

R9

17,1

15,1

1739

1681

Moyenne

16,5

14,3

1558

1549

L’étude alimentaire était basée sur le calcul des apports nutritifs des différentes rations : Quantité de matière sèche ingérée (MSI), apport énergétique (App_UFL), apport azoté (App_PDI) et apports d’énergie et d’azote permis par le concentré (UFL_C et PDI_C), et ceci à 2 stades : au vêlage et aux 2 premiers mois de lactation.

En ce qui concerne la note d’état corporel (NEC) des animaux, elle a été évaluée chaque mois, selon la méthode élaborée par EDMONSON et al (1989) avec des notations variant sur une échelle de 1 (vache émaciée) à 5 (vache grasse). Nous avons également incorporé le système des ½ et ¼ point dans la grille de notation afin d’affiner l’évaluation. 

Le traitement des données a été effectué avec Microsoft office Excel 2007 pour le calcul des moyennes et écart-types et avec STATISTICA V.6 pour la recherche de corrélations entre le niveau d’apport alimentaire et la note d’état corporel.


Results and discussion

Analyse descriptive

La variation de la note d’état corporel moyenne du troupeau, enregistrée lors de la période d’étude est illustrée dans le Tableau 2.

Table 2. Évolution de la note d'état corporel (NEC) moyenne du troupeau selon le stade physiologique des vaches

Mois par rapport au vêlage

nb

NEC

MIN

NEC

(Moyenne ± Ecart-type)

NEC

MAX

Tarissement

V-2

12

2,5

3,52 ± 0,43

4

V-1

24

2,75

3,63 ± 0,46

4,5

Vêlage

V

20

3

3,79 ± 0,50

4,5

Mois de lactation

V+1

18

2

3,36 ± 0,63

4,5

V+2

19

2

3,04 ± 0,45

3,75

V+3

20

1,75

2,98 ± 0,48

3,75

V+4

26

1,75

3,00 ± 0,50

4

V+5

28

2

3,05 ± 0,54

4

V+6

26

2,25

3,15 ± 0,46

4

V+7

20

2,5

3,08 ± 0,48

4

V+8

15

2,5

3,21 ± 0,42

4

V+9

11

2,75

3,43 ± 0,46

4

nb : nombre de vache ;  NEC MIN : note d’état corporel minimale ; NEC MAX : note d’état corporel maximale

L’estimation de l’état corporel au tarissement permet d’évaluer l’efficacité de la gestion alimentaire pendant cette période. Nous constatons d’après les résultats du Tableau 2 que la note moyenne de l’état corporel des vaches laitières était de 3,52 ± 0,43  deux mois avant le part et de 3,63 ± 0,46 à 1 mois avant vêlage. Cette moyenne correspond aux normes de la littérature qui préconisent des notes d’état corporel situées entre 3,5 et 4 (KELLOGG 2010). Néanmoins, nous constatons qu’il y a un gain durant cette période variant de 0,25 à 0,5 point  de note d’état corporel. En parallèle, les notes supérieures à 4 enregistrées pour certaines vaches pourraient être le reflet d’un excès d’apport énergétique.

Au vêlage, la note moyenne attribuée aux vaches laitières est de 3,79 ± 0,50, une moyenne qui correspond aux recommandations décrites par ENJALBERT (2003) à savoir des notes comprises entre 3 et 4. Cependant, 20 % des bovins présentaient un état corporel au dessus de 4, cet état d’engraissement considéré comme excessif pourrait être un facteur de risque de rétention placentaire (PEDRON et al 1992 ; MARKUSFELD et al 1997).

La perte d’état corporel au cours du postpartum

En début de lactation, et en raison de l’augmentation des besoins de la production laitière, et de la diminution des apports nutritionnels suite à la baisse de la capacité d’ingestion, les vaches laitières puisent sur leurs réserves pour combler ce déficit alimentaire et faire face à la forte demande d’énergie. La perte d’état corporel pendant cette période est donc inévitable et systématique surtout pour des fortes laitières, en revanche, elle est  significativement proportionnelle à l’état d’engraissement au vêlage (RUEGG, 1991).

Figure 1: Variation de la note d’état corporel au cours du péri et post-partum selon l’état d’engraissement au vêlage

La note d’état corporel moyenne du troupeau enregistrée à 60 jours post-partum est de  3,04 ± 0,45, ce qui signifie une perte de 0,75 point par rapport au vêlage (Tableau 2). Cette chute d’état corporel est acceptable tant qu’elle ne dépasse pas le seuil de 1 point en moyenne à l’échelle du troupeau (ENJALBERT, 1998).

Figure 2: Relation entre l'état corporel au vêlage et la perte d'état en début de lactation

Il ressort de la Figure 1 que la chute de l’état corporel dans les 2 mois suivant le part est d’autant plus importante et d’autant plus accentuée que les vaches sont grasses au vêlage. Cette  perte s’élève à 0,81 point pour les vaches vêlant avec une note supérieure à 4, alors qu’elle est de 0,47 point pour les vaches qui vêlent avec un état corporel inférieur à 3,5 (Figure 2). Ce constat correspond  aux observations notées par MEISSONNIER (1994).

La reprise de l’état corporel

Après le premier tiers de lactation, l’état corporel commence à se rétablir progressivement pour atteindre une note de 3,43 ± 0,46 en fin de lactation, se rapprochant ainsi des recommandations de la littérature à savoir une note comprise entre 3 et 3,5. Cependant, la reprise de l’état corporel enregistrée chez les vaches vêlant avec une note supérieure ou égale à 3,5 est plus précoce (vers le 2ème  mois post-partum) et progresse plus rapidement que chez les vaches mettant-bas avec une note inférieure à 3,5 (Figure 1). Cette différence pourrait être en rapport avec le niveau de production laitière qui pourrait être plus important chez les vaches du 2ème groupe.

Le rétablissement de l’état corporel observé dans la 2ème moitié de lactation est la conséquence d’une reprise de la capacité d’ingestion et de la diminution progressive de la production laitière. La reconstitution  des réserves corporelles pendant cette période devient donc une priorité. 

D’une façon générale, la courbe de variation de l’état corporel du troupeau s’inscrit dans la grille de profils idéals de notes d’état corporel recommandée par RODENBURG (2004) et ENJALBERT (1998).

Etude d’impact
Impact de l’alimentation au vêlage sur la note d’état corporel

Table 3. Matrice de corrélation entre l’apport alimentaire au vêlage et la note d'état corporel

 

MSI

App_UFL

App_PDI

UFL_C

PDI_C

NEC_ V

NEC_V+2

Perte d'état à J60

MSI

1,00

 

 

 

 

 

 

 

App_UFL

1,00

1,00

 

 

 

 

 

 

App_PDI

0,97

0,98

1,00

 

 

 

 

 

UFL_C

-1,00

-0,99

-0,95

1,00

 

 

 

 

PDI_C

-0,94

-0,95

-0,99

0,90

1,00

 

 

 

NEC_ V

-0,74

-0,76

-0,88

0,70

0,93

1,00

 

 

NEC_V+2

1,00

1,00

0,96

-1,00

-0,92

-0,71

1,00

 

Perte d'état à J60

-0,90

-0,91

-0,98

0,90

1,00

0,96

-0,88

1,00

Les corrélations en rouge sont significatives à p< 0,05

MSI, matière sèche ingérée ; App_UFL, apport énergétique de la ration ; App_PDI, apport azoté de la ration ; UFL_C, apport énergétique permis par le concentré ; PDI_C, apport azoté permis par le concentré ; NEC_V, note d’état corporel au vêlage ; NEC_V+2, note d’état corporel au 2e mois de vêlage.

La matrice de corrélation représentée au Tableau 3 ne montre aucune corrélation statistiquement significative entre la matière sèche ingérée et les apports permis par le concentré, en revanche, nous constatons que ces deux paramètres sont toujours corrélés négativement, ce qui veut dire que la part du concentré dans la ration joue un rôle important dans l’ingestion de la matière sèche.

Dans notre étude, l’alimentation au vêlage a eu un impact différé dans le temps sur la note d’état corporel : cet effet a été surtout observé au 2ème mois après le part comme le montre la matrice de corrélation (Tableau 3).

Une corrélation positive et très significative a été enregistrée entre la matière sèche ingérée au vêlage et la note d’état corporel au 2e mois post-partum ; cela permet d’affirmer que, plus l’ingestion de la matière sèche au part est insuffisante, plus la note d’état corporel à 2 mois après vêlage est basse.

Le niveau énergétique du concentré a été également corrélé significativement mais de manière négative avec la note d’état corporel au 2e mois post-partum ; ceci peut être expliqué par la corrélation négative entre la matière sèche ingérée et l’apport énergétique du concentré ; ce dernier, en diminuant l’ingestion de la MS, contribue à la baisse de la note d’état corporel suite à la forte mobilisation des réserves corporelles pour faire face à la forte demande d’énergie en début de lactation.

D’après les données bibliographiques, la perte d’état corporel après vêlage est fonction de la note au vêlage. Ainsi, plus la note d’état au vêlage est élevée, plus la perte d’état post-partum sera intense et prolongée (BROSTER et BROSTER, 1998). On constate dans notre étude que la perte d’état corporel à 2 mois post-partum est positivement corrélée avec la note d’état corporel au part, de même qu’avec l’apport du concentré durant la période de vêlage ; en revanche ces corrélations ne sont pas statistiquement significatives en raison du nombre réduit de l’échantillon étudié.

 
Impact de l’alimentation des deux  premiers mois de lactation sur la note d’état corporel

Les relations entre le niveau d’apport alimentaire en début de lactation et  la note d’état corporel sont représentées par la matrice de corrélation illustrée au Tableau  4. 

Table 4. Matrice de corrélation entre l’apport alimentaire en début de lactation et la note d’état corporel

 

MSI

App_UFL

App_PDI

UFL_C

PDI_C

NEC_V+2

Perte d'état à J60

MSI

1,00

 

 

 

 

 

 

App_UFL

0,99

1,00

 

 

 

 

 

App_PDI

0,92

0,96

1,00

 

 

 

 

UFL_C

-0,46

-0,34

-0,07

1,00

 

 

 

PDI_C

-0,56

-0,45

-0,19

0,99

1,00

 

 

NEC_V+2

0,87

0,93

0,99

0,04

-0,07

1,00

 

Perte d'état à J60

-0,52

-0,63

-0,82

-0,51

-0,41

-0,88

1,00

Les corrélations en rouge sont significatives à p< 0,05

MSI, matière sèche ingérée ; App_UFL, apport énergétique de la ration ; App_PDI, apport azoté de la ration ; UFL_C, apport énergétique permis par le concentré ; PDI_C, apport azoté permis par le concentré ; NEC_V+2, note d’état corporel au 2e mois de vêlage. 

La matrice de corrélation (Tableau 4) montre l’absence d’effet significatif de l’alimentation sur la variation de l’état corporel. Toutefois, les corrélations observées entre l’apport alimentaire et la perte d’état corporel en début de lactation sont toujours négatives, ce qui indique que la note d’état corporel est inversement proportionnelle aux niveaux d’apports alimentaires. Selon BRISSON (2003), l’intensité de la mobilisation des réserves en début de lactation est en étroite relation avec les niveaux d’entrées d’énergie qui eux mêmes dépendent fortement de la quantité mais aussi  la qualité des apports nutritifs.


Conclusion


References

Brisson J 2003 Nutrition, alimentation et reproduction. Symposium sur les bovins laitiers, 30 octobre 2003, Centre de référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec, 66 p. http://www.agrireseau.qc.ca/bovinslaitiers/Documents/Brisson_Jean.pdf  

Broster W H and Broster V J 1998 Body score of dairy cows. J Dairy Res. 65: pp 155-173.

Edmonson A J, Lean I J, Weaver L D, Farver T and Webster G 1989 A body condition scoring chart for Holstein dairy cows. J Dairy Sci, 72: p. 68-78.

Enjalbert F 1998 Alimentation et reproduction chez la vache laitière SNDF, ENV Toulouse. www.luzernes.org/docs/Fertilité%20ENJALBERT.doc

Enjalbert F 2003 Les déséquilibres alimentaires à l’origine de mortalité embryonnaire chez la vache. Bulletin Technique G.T.V. 21: pp 53-56.

Kellogg W 2010 Body Condition Scoring With Dairy Cattle. Agriculture and Natural Resources University of Arkansas, United States Department of Agriculture, and County Governments Cooperating. 6 p. http://www.uaex.edu/other_Areas/Publications/PDF/FSA-4008.pdf

Markusfeld O, Galon N and Ezra E 1997 Body condition score, health, yield and fertility in dairy cows. Vet Rec, 141: pp 67-72.

Meissonnier E 1994 Tarissement modulé, conséquence sur la production, la reproduction et la santé des vaches laitières. Point Vétérinaire, 26: pp 69-75.

Pedron O, Cheli F, Senatore E, Baroli D and Rizzi R 1992 Effects of body condition score at calving on performance, some blood parameters, and milk fatty acid composition in dairy cows. Journal of Dairy Science.76: pp 2528-2535.

Rodenburg J 2004 Body condition scoring of dairy cattle – Site internet de L’Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs, page consultée le 22 Mars 2012. http://www.omafra.gov.on.ca/english/livestock/dairy/facts/00-109.htm

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Received 5 May 2012; Accepted 13 July 2012; Published 1 August 2012

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