Caractérisation morphobiométrique des ressources génétiques de poules locales des hautes terres de l'ouest Cameroun

T C Keambou, Y Manjeli, J Tchoumboue, A Teguia et R N Iroume

Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, B.P. 222 Dschang-Cameroun
christike2002@yahoo.fr

Resumé

Une étude visant à décrire les caractéristiques morphobiométriques de la poule des hautes terres de l'Ouest Cameroun a été effectuée sur 419 oiseaux locaux adultes (190 coqs et 229 poules) des marchés et des zones urbaines, péri-urbaines et rurales. Chaque poule a fait l'objet d'une description complète par observation directe, pesée et mensurations corporelles suivant les normes de la FAO (1981).

Il ressort cette étude que la coloration du plumage de la poule des hautes terres de l'Ouest Cameroun est très variée, mais les principales dominantes sont le noir (17,2%), le blanc (15,3%) et le doré (12,9%). Le plumage est de deux types: le lisse (69,9%) et soyeux superficiel (30,1%). L'emplumement normal est largement représenté (64,2%), mais on rencontre également les phénotypes huppés (10,7%), tarses emplumés (22,4%), une minorité de cou-nus et pas de type frisé. Les crêtes à prédominance de type simple (81,1%) ont une coloration essentiellement rouge, comme les barbillons (87,8%). Les oreillons quant à eux sont à 40,3% rouges et à 35,6% blancs. Le bec est soit courbe (66,1%) soit droit (33,9%) avec des colorations allant du vert (0,48%) au corne (48,7%). Le développement du bréchet est considéré comme supérieur à la moyenne chez 15,7% d'individus. La peau et les pattes sont essentiellement blanches mais peuvent aussi être rose, jaune, pigmentées noir ou bleu acier (pattes). La coloration des yeux est surtout orangée (58,2%) et la face majoritairement rouge (75,9%).

Le poids moyen des poulets adultes est de 1458 ± 342 g avec un coefficient de variation de 23,5%. Les mâles sont en moyenne 31,1% plus lourds que les femelles. Toutes les mensurations corporelles considérées sont significativement (p< 0,01) plus élevées chez les coqs. Ces mensurations varient également avec le type phénotypique et sont plus élevées chez les types à tarses emplumés.

La grande variabilité des caractères permet d'envisager de grandes possibilités de sélection de souches rustiques plus productives dans les hautes terres de l'Ouest Cameroun

Mots clés: caractéristiques morphobiométriques, Ouest Cameroun, poules locales

Morphobiometrical characteristics of local chicken genetic resources from the Western Highlands of Cameroon

Abstract

A study of morphobiometrical characters of local chicken of the western highlands of Cameroon was carried out on 419 local adult birds (190 roosters and 229 hens) collected from markets, urban, peri-urban and rural areas. Each chicken was completely described by direct observation, weighing and body measurements according to FAO (1981) recommendations.

The main results show that feather colour of local poultry of the western highlands of Cameroon is variable, but black (17.2%), white (15.3%) and gold (12.9%) are dominant. There are two types of feathers: soft (69.9%) and superficial silky (30.1%). Normal feathering is largely represented (64.2%), while crested (10.7%), feathered legs (22.4%), a minority of naked-neck phenotypes are also encountered. The comb is predominantly of simple type (81.1%) and essentially red, same as the wattles (87.8%). The ear lobes are red (40.3%) or white (48.7%). The breast development is considered to be greater than the mean in 15.7% of chickens. The skin and legs are essentially white but can also be pink, yellow, dark pigmented or steel blue (legs). The eyes are mostly orange (58.2%) and the face red (75.9%).

The mean live weight of adult chicken is 1458 ± 342 g with a variation coefficient of 23.5%. Roosters are 31.1% heavier than hens. All the body measurement considered are significantly higher in roosters. The values of these measurements also varied according to the phenotypes and are highest in feathered leg types.

The variability of characters offers possibilities for selection of rustic and more productive breeds in the western highlands of Cameroon.

Keys words: local chicken, morphobiometrical characteristics, west Cameroon

Introduction

Dans les pays en développement, la production avicole en milieu rural revêt une importance très significative en tant que première source d'approvisionnement des populations en protéines animales et comme source de revenu, particulièrement chez les femmes (Zaman et al 2004). La promotion de l'aviculture villageoise et l'amélioration graduelle des performances zootechniques des volailles peuvent être à la fois source de développement économique et de sauvegarde de la biodiversité (FAO 1998 ; Bouchardeau et Calet 1970).

Au Cameroun, l'élevage de la poule locale telle que rencontrée dans tous les villages est essentiellement du type extensif. Malgré toutes les faiblesses que peut présenter ce système et les contraintes de sa production telles que décrites par Sonaiya (1990) et Msoffe et al (2002), la poule locale constitue près de 80% du cheptel avicole national au Cameroun et elle est élevée dans près de 70% des ménages ruraux (Ngou Ngoupayou 1990; Tchoumboue et al 2000). Cependant, la poule locale du Cameroun en général n'est pas suffisamment connue de la communauté scientifique, car elle n'est presque pas caractérisée. Il est par ailleurs admis que la pression des métissages avec les races exotiques fait régner en permanence un risque d'érosion génétique. Cette poule n'a jusqu'ici été soumise qu'à la sélection naturelle, ce qui explique la grande variabilité et adaptabilité qui lui sont communément accordées.

Le défaut de connaissance des différents types génétiques de poules locales et des contraintes liées à leur production rend extrêmement difficile l'exploitation rationnelle de ces gènes et la mise sur pied d'un programme de développement qui puisse bénéficier aux populations locales. Il y'a donc nécessité de procéder à l'inventaire, caractérisation et catalogage de la population de poules locales.

L'objectif de cette étude est de contribuer à la connaissance de la diversité avicole locale du Cameroun. Plus spécifiquement, elle s'est proposée de décrire la diversité morphobiométrique de la population de poules locales dans les hautes terres de l'Ouest Cameroun.
 

Materiel et méthodes

Présentation de la zone de l'étude

Les hautes terres de l'Ouest Cameroun sont situées entre les 05°20' et 7°00' de latitude Nord et les 10°03' et 12°00' de longitude Est. Elles sont caractérisées par un relief très diversifié dont l'altitude varie de 800 à 2740 m . La température varie de 16 à 27°C et l'humidité relative oscille entre 40 et 100%. La pluviométrie moyenne, répartie sur une seule saison allant de mars à novembre est de 1900 mm/an, avec un minimum de 1179 et un maximum de 2630 mm. Le climat est du type Soudano-guinéen modifié par l'altitude. L'agriculture et l'élevage sont fortement pratiqués par la quasi-totalité des populations de cette région. Sa population avicole est la plus élevée du pays, avec 40% de l'effectif national de volaille tous secteurs confondus (Djoukam et Téguia 1991).

Caractérisation morphobiométrique

Collecte des données

Les animaux utilisés pour la caractérisation morphobiométrique ont été des poules indigènes adultes provenant des élevages et des marchés urbains, péri-urbains et ruraux des hautes terres de l'Ouest Cameroun. L'enquête a porté sur 419 poules locales adultes. La collecte des données quantitatives a été faite à l'aide d'une balance digitale, d'un pied à coulisse de précision 0,02mm et d'un mètre ruban. Les caractères qualitatifs ont été décrits à l'aide des observations visuelles.

Les données ont porté sur le sexe et le poids de l'animal, les caractéristiques de l'emplumement ( type, couleur, répartition sur le corps, etc.), de la crête (type, nombre de crétillons, hauteur, longueur et couleur), les dimensions et la couleur du barbillon et des oreillons, la couleur des yeux, la couleur et la forme du bec, les caractéristiques des pattes (couleur, développement du pilon, longueur et diamètre du tarse, nombre de doigts, longueur de l'éperon), la couleur de la peau. Pour chaque animal, nous avons également mesuré la longueur du corps et de l'aile et le périmètre thoracique, et apprécié l'état de développement du bréchet par la méthode de palpation.

Les différentes mesures corporelles individuelles (enregistrées sur une fiche de description préparée suivant les recommandations de la FAO (1981)) ont été effectuées sur les bases suivantes:

• Longueur corporelle: distance entre le bout de la mandibule supérieure et celui de la queue (sans plume) ;

• Périmètre thoracique: circonférence de la poitrine prise en dessous des ailes et au niveau de la région saillante du bréchet ;

• Longueur de l'aile: longueur de l'aile étendue depuis la jonction de l'humérus à la colonne vertébrale jusqu'au bout de l'aile (sans plume) ;

• Longueur du bec: distance entre le bout de la mandibule supérieure et la commissure des deux mandibules ;

• Longueur du tarse: distance entre le calcanéum et la cheville.

Les paramètres étudiés

• Caractéristiques morphologiques des caractères qualitatifs (type, forme, coloration etc.),

• Caractéristiques biométriques (poids, mensuration des différentes parties du corps) exprimés en fonction du sexe et du type phénotypique,

Analyse statistique

La statistique descriptive a été utilisée pour évaluer la dispersion des données qualitatives, les données quantitatives ont été soumises à l'ANOVA, suivie des analyses de corrélation et de régression. Les analyses ont été faites à l'aide du logiciel SPSS version 11.0

Résultats

Caractères qualitatifs

Couleur du plumage

Chez la poule des hautes terres de l'Ouest Cameroun, le plumage est très varié ( tableau 1), mais les colorations les plus fréquentes sont le noir (17,2%) plus fréquent chez les femelles et le blanc (15,3%) plus présent chez les mâles.

Les autres couleurs rencontrées sont rouge, brune, acajou, sauvage, barré, perdrix, herminé, bleu, caillouté, jaune, gris, mille-fleurs, fauve, marronne, argentée, avec des fréquences allant de 9,78 à 0,48 %.

Type et distribution du plumage

Ainsi que le montre le tableau 2, le plumage est de deux types: le type lisse qui constitue 69,9% de la population totale est très majoritaire chez les femelles (96,9%) et le type soyeux superficiel (30,1%) plutôt prédominant chez les mâles.

S'agissant de la répartition des plumes, l'emplumement normal est largement représenté au sein de la population de poules locales (64,4%), la huppe est présente chez 10,7% des individus, 22,4% d'entre eux ont le tarse et le métatarse emplumés, alors que seulement 1,90% ont le cou nu. Les animaux combinant les caractères huppe + tarses emplumés et huppe + cou nu constituent 0,24% de la population pour chaque groupe respectif. Il a également été constaté que 50,5% des joues sont emplumées et que 15,7% des queues sont touffues.

Type et coloration de la crête

La crête simple est très fortement représentée (81,1%) au sein des populations de poules locales des hautes terres de l'Ouest Cameroun, suivie des formes en rose hérissée et rose lisse qui représentent respectivement 10,7 et 4,06% des individus (tableau 3). La coloration de ces crêtes est essentiellement rouge (87,8%), mais aussi pigmentée noire (4,53%) et rose (7,64%).

Forme et coloration des barbillons et des oreillons

Le tableau 4 montre que les barbillons épousent généralement la coloration de la crête, avec approximativement les mêmes pourcentages, soit 87,8%; 7,64% et 4,53% respectivement pour les couleurs rouge, rose et pigmentée noire.

82,58% des oreillons ont la forme ovale, particulièrement chez les coqs (97,4%). Les oreillons rouges et blancs sont les plus rencontrés, avec respectivement 40,3% et 35,6%. Cependant, le rouge domine chez les mâles (66,8%) alors que le blanc est plus rencontré chez les femelles (48,9%). Le blanc centré (13,4%), le rose (5,25%), le jaune (3,10%) et le pigmenté et le pigmenté noir (2,39%) sont également présents dans la population étudiée.

Forme et coloration du bec

Comme le présente le tableau 5, la forme du bec est soit courbe (66,1% du total) en majorité chez les coqs (88,4%), soit droite (33,9%), les femelles étant les plus nombreuses (52,4%). La coloration de ce bec varie du vert (0,48%) au corne (48,7%), avec d'autres couleurs comme le blanc (8,83%), le jaune (17,2%) et le noir (24,8%).

Développement du bréchet

Au sein de la population de poules locales étudiée, le développement du bréchet est variable (tableau 6). Si plus de la moitié des individus (55,8%) ont un bréchet moyennement développé, le développement est faible chez 28,4% et supérieur à la moyenne chez 15,7% des sujets.

Le développement du bréchet varie également entre et à l'intérieur des sexes. Le pourcentage d'individus à bréchet faiblement développé est double chez les femelles par rapport aux mâles, alors que le contraire est observé pour les bréchets fortement développés. Ceci nous permet de supposer qu'une sélection basée sur l'état de développement serait deux fois plus rapide chez les mâles que chez les femelles.

Coloration de la peau et des pattes

La peau est blanche (39,4%), rose (21,9%), jaune (37,9%) ou pigmentée noire (0,71%) ainsi que le présente le tableau 7. Les mêmes couleurs se retrouvent au niveau des pattes (39,6 ; 2,15 ; 39,1 et 6,20% respectivement) qui peuvent en plus être verte (12,4%) ou bleu acier (0,48%).

Coloration des yeux et de la face

Le tableau 8 présente la coloration des yeux et de la face dans les populations de poules locales.

La principale coloration des yeux est l'orangée (58,2%) suivi du jaune (30,8%). Cependant, d'autres colorations comme le rouge (6,52%), le pigmenté noir (3,58%) et le blanc (0,48%) sont également présentes. La face quant à elle est soit rouge (75,9%) particulièrement chez les mâles (96,8%), rose (19,0%) ou pigmentée (5,01%).

Caractères quantitatifs

Poids vif et mensurations corporelles en fonction du sexe

Le poids vif et les mensurations des différentes parties du corps chez les coqs et les poules sont résumés dans le tableau 9. Le poids moyen de la poule locale des hautes terres de l'Ouest Cameroun est de 1458 ± 342 g, soit un coefficient de variation de 23,5%.

Ce poids varie en fait de 975 à 2900 g chez les mâles et de 825 à 2350 g chez les femelles adultes. En considérant toute la population de poules adultes, les mâles sont 31,10% plus lourds que les femelles. Comme le poids, toutes les autres mensurations corporelles sont significativement plus élevées (p< 0,01) chez les mâles comparés aux femelles.

La distribution des poids se caractérise par une grande variabilité aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Plus de 40% des femelles ont un poids compris entre 1200 et 1350 g (figure 1).

En plus, deux sous populations se dégagent dont l'une avec des poids inférieurs à 1950 g et la seconde constituée des animaux de poids variant entre 2200 et 2400 g.

Au sein de la population des mâles, 30% des individus ont un poids compris entre 1500 et 1600g (figure 2).

Ici, on observe l'existence de trois sous populations dont la première constituée des sujets de poids inférieur ou égal à 2300 g est normalement distribuée, la seconde est constituée des coqs de poids compris entre 2400 et 2700 g, alors que la dernière est celle des individus de poids supérieurs à 2800g.

Variation des mensurations corporelles en fonction du type morphologique chez la poule locale des hautes terres de l'Ouest Cameroun

Les caractéristiques biométriques de la poule locale étudiée varient avec le type morphologique (tableau 10). On observe des différences significatives (p<0,01) entre les différents types pour tous les caractères considérés, exception faite de la longueur de l'aile.

On constate également que, tout comme le poids, tous les autres caractères quantifiés sont plus élevés chez le type à tarse emplumé, et significativement(p<0,01) plus faibles chez le type huppé.
 

Discussion

La grande distribution des couleurs de plumage au sein des populations de poules locales des hautes terres de l'Ouest Cameroun indique probablement l'existence d'une variabilité génétique. Ces couleurs sont certainement dues à la présence des gènes à effets majeurs et à des interactions entre plusieurs d'entre eux (Périquet 1997). Les multiples croisements non contrôlés depuis plusieurs décennies, entre animaux ayant différents coloris de plumage donnent naissance à d'autres combinaisons, probablement celles existant en faible proportion (Akouango et al 2004). La prédominance des couleurs sombres, particulièrement rencontrées dans les zones rurales, fait croire qu'on pourrait retrouver la poule typiquement locale. Toutefois, les couleurs claires, notamment le plumage blanc et le barré ou coucou présentes à environ 20% dans la population totale, peuvent suggérer un niveau relativement élevé de dilution des gènes locaux à travers l'introduction des souches commerciales (Juárez et al 2000).

Dans divers pays tropicaux, il a été mentionné l'existence des variétés de poules locales présentant des types de plumage qui permettent leur meilleure adaptabilité à l'ambiance environnementale locale. La distribution du plumage rencontrée dans les populations étudiées est probablement le fait de l'interaction génotype x environnement (Santoni et al 2000 ; Bahy et al 2003). Ainsi, l'emplumement normal complet largement représenté serait la conséquence de la relative homogénéité des conditions géoclimatiques dans les hautes terres de l'Ouest Cameroun, contrairement aux études menées dans des pays à grande diversité géographique (Ji et al 2005). Par ailleurs, la fréquence des phénotypes comme le cou nu et le frisé est la résultante des modifications anatomo-physiologiques, liées à des gènes, permettant aux animaux de mieux dissiper la chaleur (Al-Rawi et Al-Athari 2002 ). La faible représentativité du gène cou nu (Na) et la quasi absence du gène frisé (F) pourrait être le fait des températures relativement faibles de la zone de l'étude, les mécanismes naturels n'ayant donc aucune raison de développer des morphes adaptatives à la chaleur, contrairement à ce qui est observé dans les régions plus chaudes d'Afrique (Mérat 1990). Cependant, nous ignorons encore complètement le comportement physiologique de la poule locale dans les conditions climatiques ambiantes des hautes terres de l'Ouest Cameroun.

A l'inverse des types morphologiques cou-nus, les types huppés et à tarses emplumés sont bien représentés. Selon les éleveurs ruraux, ces derniers sont souvent préférés pour leurs grandes performances de reproduction et de croissance respectivement, bien que le phénotype huppé soit par ailleurs est taxé de vampire par certaines populations locales. Toutefois, ces performances particulières ne sont pas encore scientifiquement prouvées.

Comme dans la majorité des études menées à travers les tropiques (Missohou et al 1998 ; Juarez et al 2000 ; Fotsa et Poné 2001) la crête simple est la plus fréquente, suivi des formes en rose. Il faut cependant remarquer que ces dernières formes sont plus représentées dans notre zone d'étude, en comparaison avec les fréquences obtenues par Fotsa et Poné (2001) dans la Province du Nord Ouest Camerounais. Plusieurs travaux associent la crête en rose à une baisse de fertilité, principalement chez les mâles en état homozygote (RR), attribuable à une diminution de la viabilité spermatique en comparaison avec les autres phénotypes. Les animaux à crêtes en rose ont une prévalence de 14,79% dans nos populations.

La multiplicité des détails ornementaux, comme la couleur de la crête, des barbillons et des oreillons témoigne également de la variabilité des ressources génétiques de poules locales dans les hautes terres de l'Ouest Cameroun. Toutefois, les couleurs plus prononcées de ces détails ornementaux prédominent chez les mâles où ils jouent un important rôle lors de la parade nuptiale (Juárez et al 2000). Les colorations pâles ou blanches des appendices chez les femelles seraient plutôt liées aux phénomènes physiologiques durant le cycle de reproduction. Quant à la pigmentation noire également observée, elle serait en partie attribuable soit à une réelle variabilité génétique, soit à une pathologie comme le choléra (Ensminger 1980).

Ainsi que rapporté par Missohou et al (1998), les couleurs de la peau les plus rencontrées sont le blanc, le jaune et le rose. Il en est de même des pattes qui peuvent aussi être noires ou bleues acier. La forte présence de la coloration jaune des pattes et de la peau pourrait également traduire le degré de pénétration des gènes exotiques dans la population de poules locales.

Pour les mensurations corporelles, les valeurs significativement plus élevées chez les mâles sont en accord avec les résultats des travaux de Azón et Francesh (1998), Guèye et al (1998), Mallia (1998), Ngou Ngoupayou (1990), Missohou et al (1998), Msoffe et al (2002). Ce dimorphisme en faveur du mâle suggère qu'un programme de sélection pour la production de viande serait plus avantageux avec ces derniers qu'avec les femelles, en particulier pour les caractères d'importance économique comme le poids, le développement du pilon et le diamètre du tarse qui par ailleurs présentent des coefficients de variation importants. Ces valeurs sont toutefois en majorité différentes des mensurations obtenues par Fotsa et Poné (2001) dans le Nord Ouest Cameroun, inférieures à celles obtenues par Ouandaogo (1995, a, b, c) au Burkina Faso, mais supérieures à celles de Guèye et al(1998) et Missohou et al (1998) pour les races locales du Sénégal.

Le polymorphisme présenté par les différents types phénotypiques de poules des hautes terres de l'Ouest Cameroun rejoint celui observé par Reyes-Leyva (1992) au Mexique et Ouandaogo (1995, a, b, c) au Burkina Faso. En effet, cette diversité justifie la préférence des éleveurs ruraux pour les types à tarse emplumé plus lourd, lorsqu'il s'agit de produire de la viande, et pour les types huppés plus légers pour la production d'œufs. Cette remarque suggère également que les performances de croissance des cou-nus et des types normaux seraient intermédiaires entre celles des phénotypes précédemment cités.
 

Conclusion

• Cette étude a été menée dans le but de décrire la variabilité morphobiométrique de la poule locale des hautes terres de l'Ouest Cameroun. Cette poule présente une grande variabilité, tant dans sa phanéroptique que dans ses caractéristiques biométriques. Il en ressort donc que :

• Dans la population de poules locales étudiées, les couleurs sombres du plumage sont prédominantes, particulièrement en zones rurales ;

• La présence de 20,04% de poules à plumage blanc et barré, 22,43% de tarses emplumés et 39,14% de pattes jaunes fait penser à une importante influence des souches exotiques commerciales sur le pool génétique de poules locales des hautes terres de l'Ouest Cameroun ;

• Dans cette population, on retrouve très peu de gènes ayant une grande capacité d'adaptation aux conditions climatiques de hautes températures comme le Na (cou-nu), le F (Frisé), alors que la fréquence de crête en rose rencontrée pourrait traduire une relative sub-fertilité des mâles ;

• Le dimorphisme sexuel pour le développement du bréchet, tout comme pour tous les caractères quantitatifs considérés est en faveur des mâles ;

• Les valeurs des mensurations de ces caractères quantitatifs varient avec les types phénotypiques normaux, tarse emplumé, huppé et cou-nu.

• Cette grande diversité peut servir de base à la mise en place des souches rustiques et plus performantes par le biais des croisements et des sélections. Une amélioration concomitante des conditions d'élevage devrait permettre d'accroître notablement la productivité de la poule locale pour en faire, particulièrement en milieu traditionnel, une source moins chère de protéines de qualités. Toutefois, les informations encore insuffisantes sur le degré de similarité des différents phénotypes rencontrés posent toujours un problème dans le choix des échantillons de poules pour l'amélioration et la conservation.
  

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Received 5 October 2006; Accepted 17 April 2007; Published 3 August 2007

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