Livestock Research for Rural Development 19 (4) 2007 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
En vue de caractériser l'alimentation des vaches laitières au niveau de la région de Tizi-Ouzou, 80 éleveurs ont été soumis à un questionnaire et 6 autres élevages ont été suivis durant 6 mois. La taille moyenne des élevages est de 20.5 vaches. Ces dernières reçoivent, indépendamment de leur état physiologique et de niveau de production, 5 à 10 kg de foin de vesce-avoine (rarement de ray gras d'Italie) et plus de 10 kg de concentrés (aliment composé à base d'orge, mais et tourteau de soja) par vache et par jour. Elles produisent en moyenne 12.8 litres par jour. La dépendance des élevages vis-à-vis du concentré est importante. Ce dernier est mal valorisé (0.8 UFLcc/kg de lait). La pratique de l'ensilage est quasiment absente.
Mots clés: Algérie, alimentation, pratiques d'élevage, vaches laitières
In order to characterize dairy cattle feeding in Tizi-Ouzou areas, eighty dairy farmers have been investigated and while 6 other farmers have been surveyed during 6 months. The average size of dairy herd is 20.5 cows. the animals receive 5 to 10 kg of dry roughage and more of 10 kg concentrate feeds (composed of barley, corn and soya ) per cow and per day, regardless their physiological state and production level. They produce 12.8 liters per day. The dairy cattle rely heavily on feed concentrate which is badly valorized. (0.8 UFLcc/kg of milk). The practice of silage is almost absent.
Key-words: Algeria, dairy cattle, feeding, husbandry practices
L'Algérie est le premier consommateur laitier du Maghreb avec un marché annuel estimé, en 2004, à 1,7 milliard de litres, un taux de croissance de 8% et une consommation moyenne de l'ordre de 100 à 110 l/habitant/an. La production nationale couvre environ 40 % de ces besoins, le reste est couvert par des importations équivalant à prés de 750 millions USD en 2005. Par conséquent, plusieurs actions sont menées par les pouvoirs publics pour réduire ce déficit et la dernière en date consiste en un "programme national de réhabilitation de la production laitière" (Cherfaoui et al 2003).
Dans la majorité de ces programmes, l'aspect alimentaire a souvent été marginalisé. Aujourd'hui, notamment au niveau des élevages de petite taille, l'alimentation représente 60 à 70 % du coût de production du lait (Bennett et al 2006).
La wilaya (district) de Tizi-Ouzou, région pourtant montagneuse et à faible sole fourragère, est parmi les wilayas les plus productrices de lait au niveau national avec un nombre de 640 éleveurs et une production de 57 millions de litres de lait en 2005.
L'objectif de ce travail est de caractériser la conduite
alimentaire au niveau des élevages laitiers dans la
région de Tizi-Ouzou.
La wilaya - district - de Tizi-Ouzou est située sur le littoral centre (Figure 1). Elle s'étend sur une superficie de 2958 Km2. Elle est subdivisée en 21 daïras et 67 communes. C'est une vaste région montagneuse. Elle est constituée d'un massif montagneux (le Djurdjura) qui culmine à 2308 m d'altitude, d'une chaîne côtière représentée par de hautes collines de 500 à 1000 m d'altitude et de 12 à 25 % de pente ainsi que d'une vallée (Sébaou) qui se caractérise par des terres dont la pente est inférieure à 12% et d'altitude ne dépassant pas les 500 m. Cette vallée est traversée par l'oued Sébaou, dont elle tire son nom, ce qui procure à la zone des possibilités d'irrigation.
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Figure 1. Localisation de la région d'étude |
La région de Tizi-Ouzou est dominée par un climat de type méditerranéen, qui se caractérise par deux saisons bien contrastées : un hiver humide et froid et un été sec et chaud.
Les précipitations varient en général entre 600 et 1000 mm/an; la neige tombe principalement sur les régions de montagne; les gelées sont fréquentes en février à travers la totalité du territoire de la wilaya. Les températures obéissent à un gradient altitudinal et l'on distingue grosso modo un « climat montagnard » où les températures sont moins importantes et un « climat tellien » où l'on enregistre les températures extrêmes.
La SAU de la wilaya est de 94 537 ha, soit 31 % de la superficie
totale. Prés de la moitié (48 %) de la superficie de la
wilaya est occupée par la végétation naturelle. Ces
surfaces se subdivisent en pacages et parcours localisés dans
les zones de montagnes et les exploitations forestière.
Le travail a été conduit suivant deux axes: le premier a consisté en la réalisation d'une enquête, le second a porté sur un suivi de quelques élevages. La combinaison d'enquêtes et de suivi d'élevages est intéressante en ce sens qu'elle permet d'adjoindre à des données d'enquête de fiabilité aléatoire, basées le plus souvent sur la mémoire et les dires des éleveurs, des résultats de suivi des animaux nettement plus réels et précis. La combinaison de ces deux aspects (enquêtes et suivis) permettent d'avoir une vision plus correcte du fonctionnement des exploitations.
L'enquête a été menée entre septembre et novembre 2005. L'échantillon est constitué de 80 exploitations, possédant 1496 vaches et produisant quotidiennement 14730 l de lait; selon la bibliographie notamment Udo et Cornelissen (1998), un échantillon de 60 éleveurs enquêtés est suffisant pour obtenir des informations utiles dans ce genre de travaux.
Un questionnaire a été développé pour obtenir des informations sur les caractéristiques de gestion de l'exploitation notamment les facteurs ayants trait à l'alimentation des vaches laitières.
Les interviews ont été menées au gré des rencontres des éleveurs au niveau des centres de collecte du lait repartis à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi-Ouzou (figure 1) et appartenant soit à la laiterie de Draa Ben Khedda (6 centres), soit à l'entreprise Danone-Djurjura (2 centres). Lorsque les éleveurs sont consentants, une visite de l'exploitation est réalisée.
Le choix des exploitations et des éleveurs résulte d'un compromis entre la volonté d'une représentativité des systèmes d'élevage existant dans la zone d'étude, l'acceptation par les éleveurs des contraintes du suivi, la condition que l'élevage soit déclaré donc le cheptel vacciné et enfin un nombre minimal de vaches en production supérieur à dix. Ainsi, 06 exploitations ont été sélectionnées à travers la région d'étude et suivies de septembre 2005 à février 2006.
Au niveau de chacune des six exploitations, toutes les vaches en production ont été identifiées et une fiche individuelle de suivi a été établie pour chacune d'elles soit un total de 261 vaches.
Durant la visite des exploitations (deux fois par mois), plusieurs paramètres sont mesurés ou observés:
Le poids des vaches laitières en production : Mise à
part au niveau de exploitation 1 qui dispose d'un pèse
bétail et où l'on a pu peser les vaches, dans le reste
des exploitations le poids a été estimé par des
mesures corporelles. La méthode utilisée est la mesure du
périmètre thoracique étant la plus facile à
prendre, la plus corrélée au poids vif et approuvée
par l'ICAR (2005). Ce dernier est ensuite déduit par la
formule de Crevat (Marmet 1983):
PV= (Tp)3 x 80
PV= Poids Vif (kg) ; TP= Tour de Poitrine (m)
Dans chacune des exploitations suivies, des échantillons de fourrage et de concentré utilisés sont prélevés pour en déterminer la composition chimique (AFNOR 1981); notamment la matière sèche, les matières minérales, les matières organiques, les protéines brutes, la cellulose brute et les matières grasses.
Les résultats des analyses physico-chimiques sont utilisés pour estimer la valeur nutritive des aliments. Cette dernière est réalisée selon la démarche séquentielle basée sur l'estimation de la digestibilité de la matière organique (dMO) et de la matière organique fermentescible (MOF). Par la suite, l'unité fourragère lait (UFL) est calculée à partir des estimations de l'énergie brute, de l'énergie digestible, de l'énergie métabolisable et enfin de l'énergie nette. Les protéines digestibles dans l'intestin permises par l'énergie (PDIE) et par l'azote (PDIN) sont calculées par l'estimation des protéines d'origine alimentaire (PDIA) et celles d'origine microbienne permise par l'énergie (PDIME) et par l'azote (PDIMN). L'ensemble de ces calculs est fait selon les équations d'Andrieu et al (1981), Andrieu et Demarquilly (1987), Aufrère et al (1989), Demarquilly et al (1978), Giger-Reverdin et al (1990). Sauvant et al (1987, 2002) et Vérité et al (1987). Selon Baumont et al (1999), les valeurs de DT (dégradabilité théorique) et de dr (digestibilité réelles des protéines) ne peuvent pas à ce jour être prévues pour les fourrages; nous avons donc utilisé celles indiquées dans les tables par Andrieu et Demarquilly (1987): DT= 0.66 et dr = 0.70. Pour la DT des concentrés, nous l'avons estimé à 0.75 qui est la moyenne des DT des concentrés simples les plus usités dans les concentrés composés rencontrés dans notre cas. Cette méthode d'estimation a été inspirée de celle de Demarquilly et al (1978).
Toutes les données sont rassemblées dans un fichier type tableur avec, en lignes, les différentes exploitations et, en colonnes, les variables explicatives et expliquées représentées par les différentes questions. Les statistiques descriptives élémentaires ont été calculées pour chacun des paramètres (moyennes, écart-types et proportions).
L'indépendance de la variable expliquée quantité
de lait produite avec les variables explicatives surface
fourragère irriguée, quantité de fourrage vert
distribuée, quantité de concentré distribué,
calcul de la ration à distribuer et la fréquence
d'abreuvement d'une part et de la variable expliquée nombre de
vaches avec les variables explicatives surface fourragère
irriguée et surface fourragère conduite en sec d'autre
part a été vérifiée à l'aide du
test c2. Dans le cas positif, les variables ont été
soumises à une analyse factorielle des correspondances (AFC)
à l'aide du logiciel Statbox 6.4 dans le but de
préciser leur degré de liaison.
La répartition en classes des exploitations concernées par l'enquête selon la superficie fourragère utilisée en sec et celle en irriguée est représentée dans la figure 2. Il existe 45.5 % des exploitations qui n'ont pas de surface fourragère irriguée et 17.5 % n'en ont pas en sec. Dans 38 % des exploitations, la superficie fourragère irriguée est inférieure à 3 ha. Dans le cas de la conduite en sec, la proportion la plus importante est celle de la classe de 3 à 6 ha (36.25 %). Les superficies fourragères sont occupées exclusivement par le sorgho, le trèfle d'Alexandrie, l'orge et l'avoine.
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Figure 2. Répartition des exploitations agricoles par classe de surface fourragère |
Le nombre de vaches par élevage est en moyenne de 20.5 ± 19.04 ; 45 % des enquêtés élèvent exclusivement des montbéliardes contre 14 % pour les holsteins. Les deux races se retrouvent mélangées dans 37.5 % des exploitations.
La majorité des éleveurs interrogés (36.25 %) ont un niveau d'étude moyen alors que 10 % sont des sans niveau et 8.75 % sont des universitaires. Par ailleurs, la quasi-totalité (97,5 %) de ces chefs d'exploitations n'a pas suivi de formation agricole.
Les proportions "nombre de vaches" et "quantités de lait produites" sont confrontées à l'aide du testc2 aux principaux paramètres influençant l'alimentation et la production laitière (tableau 1).
Tableau 1. Résultats du test c2 appliqué à quelques paramètres en relation avec l’alimentation des vaches laitières au niveau de la région d’étude |
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Paramètres |
Valeur
|
Valeur théorique |
ddl |
Signification statistique |
Nombre de vaches / surface fourragère irriguée |
89.55 |
119.87 |
96 |
NS |
Nombre de vaches / surface fourragère conduite en sec |
191.19 |
199.25 |
168 |
NS |
Quantité de lait produite / surface fourragère irriguée |
25.65 |
23.68 |
14 |
* |
Quantité de lait produite / quantité de fourragé vert distribuée |
14.50 |
9.46 |
4 |
* |
Quantité de lait produite / Quantité de concentré distribué |
18.20 |
26.29 |
16 |
NS |
Quantité de lait produite / calcul de la ration à distribuer |
7.23 |
5.94 |
2 |
* |
Quantité de lait produite / fréquence d’abreuvement |
7.45 |
12.57 |
6 |
NS |
NS : non significatif * : p<0.05 |
Il en ressort l'existence d'une relation significative entre les paramètres quantités de lait produites et les paramètres surfaces fourragères en irriguées, quantité de fourrage vert distribuées ainsi que la pratique du rationnement. Ces donnés ont été soumises à une analyse factorielle des correspondances (AFC) (figure3).
Q22 : surface fourragère en sec. Q34 : Calcul de la ration. Q35: quantités de fourrage vert distribuées aux vaches. Q58: Production laitière/jour/vache |
Figure 3. Représentation, selon les deux premiers axes de l'analyse factorielle des correspondances, des variables étudiées |
Il n'y a pas de dépendance entre le nombre de vache et la surface fourragère que ce soit en sec ou en irriguée, ce qui dénote d'une conduite en « hors sol » des élevages. Cette situation est signalée dans d'autres régions d'Algérie par Adem (2003). C'est le cas aussi dans les élevages laitiers peri-urbains au Maroc (Srairi et al 2005).
Globalement (71.23 % des exploitations), les vaches reçoivent une quantité de foin comprise entre 5 et 10 kg par jour. Le foin étant dans la majorité des élevages celui de vesce avoine et de qualité moyenne voire mauvaise (Tableau 2).
Tableau 2. Valeur nutritive des foins et concentrés utilisés au niveau des exploitations suivies |
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|
Foin |
Concentré |
||||
UFL |
PDIE |
PDIN |
UFL |
PDIE |
PDIN |
|
Exploitation 1 |
0.57 |
73.82 |
39.29 |
1.02 |
105.26 |
131.03 |
Exploitation 2 |
0.53 |
53.20 |
34.48 |
0.94 |
101.66 |
118.72 |
Exploitation 3 |
0.53 |
53.20 |
34.48 |
0.94 |
101.66 |
118.72 |
Exploitation 4 |
0.53 |
53.20 |
34.48 |
0.94 |
101.66 |
118.72 |
Exploitation5 |
0.67 |
62.60 |
48.77 |
0.89 |
97.36 |
103.93 |
Exploitation 6 |
0.60 |
61.41 |
50.31 |
1.12 |
103.94 |
126.43 |
UFL:unité fourragère lait; PDIE:
protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie; |
L'utilisation de l'ensilage est absente dans la quasi-totalité (98.75 %) des exploitations. Par contre, l'aliment concentré composé du commerce est abondamment utilisé; 40 % des éleveurs en distribuent plus de 10 kg/vache/jour (figure 4).
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Figure 4. Répartition des exploitations agricoles par
classe de quantité |
Le rendement UFLcc/Kg de lait (déterminé comme étant l'ensemble des consommations de concentrés alimentaires par les vaches d'une exploitation au cours d'une année, exprimé en UFL, rapporté à la quantité totale de lait produite) est en moyenne de 0.88 ± 0,74. Dans les élevages suivis, ce rendement varie de 0.57 dans l'exploitation 5 à 0.98 dans l'exploitation 2 et atteint en moyenne 0.80 ± 0,14 (Tableau 3).
Tableau 3. Caractéristiques structurelles et performances des élevages suivis. |
|||||||
Exploitation No |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
Moyenne |
SAU, ha |
31 |
9 |
27 |
21 |
350 |
192 |
105.00 |
S F T, ha |
23 |
7 |
19 |
16 |
235 |
140 |
73.33 |
S F I, ha |
9 |
2 |
5 |
00 |
90 |
62 |
28.00 |
S F N I, ha |
14 |
5 |
14 |
16 |
145 |
78 |
45.33 |
Nombre de vaches |
36 |
14 |
16 |
18 |
97 |
80 |
43.50 |
Concentré /vache/an, kg |
4582.57 |
5490.69 |
4110.03 |
3791.16 |
2509.08 |
3527.55 |
4001.84 |
0.93 |
0.98 |
0.86 |
0.82 |
0.57 |
0.69 |
0.80 |
|
Rendement laitier, kg de lait/vache/an |
4117.5 |
4681.75 |
3993.50 |
3863.37 |
3678.30 |
4272.00 |
4101.07 |
SAU: Superficie Agricole Utile, SFT: Superficie Fourragère Totale, SFI: Surface Fourragère Irriguée, SFNI: Surface Fourragère Non Irriguée, UFLcc: Unité Fourragère Lait des concentrés. |
Ce chiffre est énorme, ce qui montre clairement que les concentrés couvrent les besoins du lait mais aussi une large part des besoins d'entretien. Cette situation est causée notamment par la qualité moyenne des fourrages mais surtout par les faibles quantités consommées. En effet, le prix des fourrages notamment les foins, est très élevé durant la période d'étude aux point ou certains éleveurs se rabattent sur l'utilisation de la paille à la place des foins et son remplacement par la sciure de bois comme litière.
Les principales sources de concentré sont le son de blé (52.50 % des exploitations) et l'aliment composé du commerce (46.25 %). L'utilisation de la pierre à lécher est signalée dans seulement 32.5 % des exploitations.
Le tarissement représente une période délicate en terme d'alimentation de la vache laitière (Friggens et al 2004, Kokkonen 2005); c'est la période durant laquelle a lieu la préparation de la vache à la lactation suivante. Dans la majorité des exploitations, cette période n'est pas maîtrisée et les éleveurs ne semblent pas mesurer son importance. Dans un quart des élevages, les vaches sont nourries de la même manière avant et après le tarissement (figure 5).
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Figure 5. Répartition des exploitations agricoles par
classe |
Le numéro de lactation est en moyenne 4.08 ± 1.47. La moyenne technique est de 12.78 ± 3.67 litres/vache/jour et la moyenne économique de l'ordre de 9.45 ± 2.5 litres/vache/jour. Le meilleur rendement est réalisée par l'exploitation 2 avec 4681.75 litres/vache/an. Quant à l'exploitation 5, elle réalise le rendement le moins bon avec 3678.30 litres/vache/an.
Prés de 70 % des exploitations n'élevant que des montbéliardes produisent entre 10 et 15 litres par vache et par jour (figure 6).
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Celles qui élèvent les
montbéliardes et holsteins mélangées réalisent
la même performance dans 52 % des cas. Par contre, les
exploitations qui n'élèvent que des holsteins produisent
en majorité (50 %) des quantités inférieures à
10 litres par vache et par jour. La classe de production comprise
entre 16 et 20 litres par vache et par jour est surtout
rencontrée dans les exploitations où les deux races sont
mélangées.
Plus d'un tiers des éleveurs interrogés (36.25 %) ont un niveau d'étude moyen alors que 10 % sont des sans niveau et 8.75 % sont des universitaires; au niveau national, ces proportions sont respectivement égales à 5.8 %, 65 % et 1%. Par ailleurs, la quasi-totalité (97,5 %) de ces chefs d'exploitations n'ont pas suivi de formation agricole (97, 3 % au niveau national).
Le nombre moyen de vaches par exploitation (20.5) est supérieur à celui signalé au niveau national (8 sujets). Selon la direction des services agricoles, le nombre de vaches laitières au niveau de la wilaya est passé de 18700 en 1986 à 38550 en 2005.
L'alimentation du bétail en Algérie se caractérise notamment par une offre insuffisante en ressources fourragères ce qui se traduit par un déficit fourrager estimé à 34% par Houmani (1999). Les éleveurs sont alors contraints de se rabattre sur des fourrages de moindre qualité mais surtout d'utiliser les concentrés d'une manière abusive. Dans la région d'étude, le déficit fourrager est estimé à 30% (Nouad et al 2000).
Une utilisation abusive de concentrés (le taux d'UFLcc/kg de lait est de 0.80 ± 0.15), en plus de déprécier la productivité des vaches laitières et d'augmenter les coûts de production, présente un risque élevé de troubles métaboliques notamment une acidose latente ou sub-clinique (Peyraud et al 2006; Khampa et Wanapat 2007). De plus, d'après Chenost et Kayouli (1997), la complémentation "supplémentaire" apportant les nutriments permettant de couvrir les besoins de production devra être réaliste sur le plan non seulement nutritionnel mais également socio-économique(disponibilité, coût,…etc.).
Selon Houmani (1999), les élevages de bovins laitiers en Algérie, se caractérisent par l'usage excessif des foins secs et des concentrés au détriment des fourrages verts et de l'ensilage. D'ailleurs, durant une grande partie de l'année, la paille y est prioritairement utilisée comme aliment et non comme litière, à cause de son prix élevé (Abdelguerfi et Zeghida 2005).
L'aliment concentré est mal valorisé (0.8 UFLcc/kg de lait). Au niveau de l'est algérien, région la plus riche en fourrages, Madani et al (2004) ont rapporté de meilleures performances allant de 0.32 à 0.53. Dans les conditions d'élevage au Maroc, Sraïri et al (2005) signalent un rendement de 0.76. La part du concentré dans l'apport énergétique total pour les vaches laitières est en moyenne de 34,8 % ±21,6. Au niveau national, Adem (2003) signale un taux de 50 % alors que Srairi et Khattabi (2001) signalent un taux de 72.9 % les exploitations marocaines.
Toutes les vaches reçoivent la même ration, indépendamment de leur niveau de production, de leur stade physiologique et parfois même durant la période de tarissement. Cette situation est signalée aussi dans les élevages laitiers dans la région de Constantine (Est du pays) par Kayoueche (2000).
Concernant les rendements laitiers, la moyenne technique est de 12.78 ± 3.67 litres de lait/vache/jour et la moyenne économique de l'ordre de 9.45 ± 2.5 litres/vache/jour. Pour la même région d'étude et concernant la compagne agricole 2000/2001, Adem (2003) signale 13.52 et 9,49 litres/vache/jour respectivement pour la moyenne technique et la moyenne économique. Le même auteur, rapporte dans le cadre du CIZ (centre d'information zootechnique qui suit 88 exploitations et 1995 vaches laitières sur l'ensemble du territoire national) une moyenne technique de 13.38 et une moyenne économique de 9.81 litres/vache/jour. Pour la région de la Mitidja, réputée parmi les principaux « bassins laitiers » du pays, Ouakli et Yakhlef (2003) rapportent une moyenne technique de 11.48 et une moyenne économique de 8.91 litres/vache/jour. Rapportée à une lactation de référence (305 j), la production au niveau des exploitations suivies avoisine les 3900 litres ce qui est légèrement supérieur aux performances signalées par Srairi et Baqasse (2000) au Maroc (3560 litres) mais largement inférieur aux potentialités des deux principales races élevées à savoir la Montbéliarde et la Holstein.
Les vaches de race montbéliarde semblent mieux adaptées aux conditions d'élevages dans la région puisqu'elles réalisent les meilleures performances. Ceci explique la préférence des éleveurs pour cette race (présentes dans 82.5 % des élevages).
L'exploitation 2 qui réalise le meilleur rendement est
celle où le concentré est le plus utilisé avec
5490.69 kg de Concentré/vache/an et un rapport UFLcc/kg de
lait de 0.98. L'exploitation 5 qui réalise le moins bon
rendement est celle où le concentré est le moins
utilisé (3678.30 kg de Concentré/vache/an et un UFLcc/kg
de lait de 0.57). Le rendement laitier moyen (4101.07 kg/vache/an)
est légèrement supérieur à la moyenne nationale
qui est de l'ordre de 3806 kg/vache/an (Ferrah 2007).
Au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, l'alimentation des vaches laitières est basée, pendant presque toute l'année, sur les fourrages secs, le concentré et les pailles. La dépendance des élevages vis-à-vis des concentrés est importante, ceci montre le caractère « hors-sol » de la production laitière au niveau de cette région. Ces quantités importantes de concentrés utilisées et dont l'essentiel des ingrédients (orge, mais,soja) sont importés s'ajoutent à celles (énormes) utilisées pour l'alimentation des monogastriques en particulier les volailles, et contribuent au bilan céréalier largement négatif du pays.
La conduite alimentaire des élevages laitiers telle qu'elle est pratiquée (mauvaise utilisation des fourrages, non maîtrise de la conduite alimentaire des vaches se traduisant par une complémentation inadaptée à la physiologie des animaux), conjuguée à l'insuffisance de l'offre fourragère constitue un frein au développement de la production laitière dans la région.
Les services concernés doivent renforcer l'encadrement et
l'accompagnement des éleveurs par une meilleure prise en
charge de la formation-vulgarisation notamment pour ce qui est des
techniques modernes d'élevage laitiers particulièrement
celles concernant la conduite alimentaire des troupeaux. La
pratique de l'ensilage qui est facilement maîtrisable et qui
ne demande pas un investissement particulier est à encourager.
L'ensilage ainsi produit permettra une nette amélioration de
la production laitière.
Les auteurs remercient vivement les éleveurs et les responsables des centres de collecte de lait (laiterie DBK et Danone-Djurdjura) pour leur collaboration qui a permis la réalisation de ce travail ainsi que le réviseur de la Revue pour ses remarques pertinentes.
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Received 28 January 2007; Accepted 22 February 2007; Published 2 April 2007