Livestock Research for Rural Development 19 (2) 2007 | Guidelines to authors | LRRD News | Citation of this paper |
Depuis longtemps, la steppe constitue un support socio-économique pour les populations pastorales. L'élevage extensif, à côté de l'agriculture en sec et l'artisanat, est la principale activité des agro-pasteurs. Cet élevage est maintenu grâce à l'exploitation des ressources naturelles des parcours steppiques. Pour une meilleure connaissance de la conduite de l'alimentation des animaux dans les zones steppiques et du bilan fourrager, nous avons mené une enquête exhaustive auprès de 57 ménages habitant sur parcours dans la zone de Hadj Mechri.
Les facteurs anthropiques et naturels de dégradation du couvert végétal ont sensiblement diminué le potentiel fourrager des parcours. Actuellement, ces parcours dont la charge animale étant de 2 tête/ha assurent 66% des besoins des animaux en UF prélevées gratuitement. L'orge cultivée en sec couvre seulement 19% des besoins. De ce fait, les agro-pasteurs sont contraints, pour couvrir les 15% des besoins restants, de complémenter avec de l'orge achetée. Dans ce cas, la situation impose aux agro-pasteurs une conduite d'alimentation qui s'adapte difficilement aux nouvelles conditions de pâturage.
Mots clés: Parcours steppiques, potentiel fourrager, surcharge animale, surexploitation, unités fourragères
For a long time, the steppe constitutes a socio-economic support for the pastoral populations. The extensive breeding, beside agriculture in dry land and the craft industry, is the principal activity of the agro-pastoralists This breeding is maintained thanks to the exploitation of the natural resources of the steppe regikon. For a better knowledge of the control of the feed of the animals in the steppe zones and the fodder assessment, we carried out an exhaustive survey of 57 households living in the zone of Hadj Mecheri.
The factors anthropic and natural of degradation of vegetable cover appreciably decreased the forage potential of the area. Currently, these areas with animal density of 70 kg/ha provides 66% of the needs for the animals. The barley cultivated in dry land covers only 19% of the needs. So the agro-pastoralists are constrained, to cover the 15% of the remaining needs, by supplementation with purchased barley.
Key words: animal overload, fodder over-exploitation, fodder potential, steppe
Dans les zones steppiques, le système d'élevage qui prédomine dans la steppe est bien connu, il s'agit du système extensif. Les espèces fourragères spontanées des parcours représentent, pour les agro-pasteurs, une source d'unités fourragères gratuite. La sédentarisation des agro-pasteurs sur les parcours a bouleversé le mode de conduite d'élevage. Ce dernier se basait, auparavant, sur les déplacements de longue distance, alors qu'actuellement il se limite à des déplacements de courte distance qui se font sur les parcours situés aux alentours des habitations. Cette situation n'a fait qu'augmenter la charge animale et la surexploitation des parcours.
Dans notre zone d'étude, les déplacements quotidiens des animaux sur parcours ne sont pas motorisés vu les courtes distances parcourues (moyenne 7,65 Km/j) (Mouhous 2005). L'évolution de la situation socio-économique et culturelle a eu comme conséquence la réduction des ressources naturelles et a obligé les agro-pasteurs à se tourner vers d'autres sources de revenus (Bédrani 1994).
Malgré l'exode rural et la diversification de revenus extra agricoles, la pression sur les parcours continue à croître. Ces parcours n'arrivent plus à subvenir aux besoins fourragers des animaux (Nedjraoui 2001). De ce fait, les agro-pasteurs procèdent tous à une complémentation en aliment concentré. En période de disette, cette complémentation est quasi-quotidienne. Mais durant les bonnes saisons, elle diminue et constitue alors des dépenses en moins pour les agro-pasteurs.
Nous avons adopté une méthodologie qui se base sur une enquête et un suivi sur terrain. L'enquête de type exhaustif est réalisée en 2004 sur une période de deux mois. L'étude a concerné les 57 ménages de la zone éparse « Dhayat Dabdab ». Le questionnaire a concerné les rubriques relatives au type d'alimentation, la saison, la quantité d'aliment concentré distribuée en kg/tête et le nombre de tête pour chaque espèce qui existe dans le cheptel. Le suivi sur terrain de quelques élevages, qui a duré une dizaine de jours, a été réalisé simultanément à l'enquête pour corroborer et compléter les informations de celle-ci. Les données collectées ont été traitées et soumises à une analyse statistique descriptive. Les résultats obtenus sont exprimés en pourcentage.
La région de Dhayat Dabdab est distante de 17 Km à l'ouest du chef lieu de la commune de Hadj Mechri qui est située au nord ouest de la Wilaya de Laghouat (figure 1). Sa superficie totale est de 3300 ha. La zone est traversée en sa longueur par un Oued « Oued Kseb » sur une distance de 7 Km.
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Dayat Dabdabcomporte une nappe d'alfa de 400 ha et des terres de parcours de 2782,5 ha dominés par des parcours à faciès de sparte, atriplex et armoise. Les cultures pratiquées en sec sont l'orge et le blé. Après la récolte, ces terres constituent une source alimentaire de quelques 117,5 ha de chaumes. La vocation du territoire est essentiellement agro-pastorale. Les espèces animales les plus répandues dans les élevages sont l'ovin, le caprin et à moindre degré le bovin.
Sur le plan social, la région de Dhayat Dabdab est occupée par 05 douars qui sont ; (Louaskhia, Brahma, Lamhara, Sidi Bouali, Grinate). Ils font partie de la tribu Ouled Sidi Naceur qui occupe tout le territoire de la commune de Hadj Mechri. La population de cette zone est totalement sédentaire sur les parcours. Dans un douar, les ménages ont souvent des liens familiaux. Les familles de chaque douar exploitent uniquement ses terres de parcours et ne peuvent en aucun cas pâturer sur les parcours des autres douars.
Le dépouillement des questionnaires a révélé que nos enquêtés se divisent en trois catégories qui sont ; les sans troupeaux (23 enquêtés), ceux qui font du gardiennage (06 enquêtés) et les propriétaires de troupeaux (28 enquêtés).
Selon le tableau 1 prés de 80 % de nos enquêtés exploitent les parcours quotidiennement et durant toutes les saisons. Les agro-pasteurs qui ne possèdent pas de cheptel orientent souvent leur réponse dans la logique (pas de cheptel pas de parcours).
Tableau 1. Différentes sources d’alimentation des troupeaux en zone éparse, % |
||||
Saison |
parcours |
concentré |
chaumes |
Paille/foin |
Automne |
79 |
82 |
19 |
56 |
Hiver |
81 |
82 |
0 |
77 |
Printemps |
81 |
79 |
0 |
0 |
Eté |
81 |
79 |
76 |
0 |
L'alimentation spontanée sur parcours permet de réduire les dépenses alimentaires des animaux (Boukhobza 1982). L'état des parcours constitue, pour les agro-pasteurs, un élément important dans la prise de décision pour la possession d'un cheptel, car la richesse des ressources naturelles et l'existence du cheptel vont de pair.
La sécheresse qu'a connue la steppe durant la décennie passée, a fortement réduit les ressources naturelles des parcours. Pour pallier au manque d'offre fourragère des parcours, nos enquêtés ont recours à la pratique de « la complémentation ». Les produits utilisés pour la complémentation sont issus des propres cultures des agro-pasteurs (orge) ou achetés au marché (son).
Cette méthode a été encouragée, durant les années 70 et 80, par la politique de l'Etat qui consistait à subventionner les prix de l'aliment de bétail dans l'objectif de reconstituer le cheptel, déjà détruit lors de la période de la révolution (Bensouiah et Bédrani 2002).
Dans notre cas d'étude, 80 % des enquêtés affirment pratiquer la complémentation de l'alimentation de leur cheptel par l'orge et le son. Ce constat est aussi fait par Bensouiah (2003), il signale un taux de 82 % des agro-pasteurs qui pratiquent la complémentation. Celle-ci est pratiquée durant toutes les saisons, elle est plus importante en automne et en hiver. Prés de 73 % des enquêtés distribuent 1 kg/tête et ceci par souci de réduire les dépenses alimentaires. Cependant, la quantité distribuée de 1 kg d'orge par tête semble un peu exagérée.
Par ailleurs, prés de 76 % de nos enquêtés signalent que c'est en été que les chaumes sont pâturés. L'accès des autres troupeaux à ces chaumes est autorisé par les propriétaires moyennant une somme d'argent dérisoire, ou parfois donnent accès libre mais uniquement aux animaux de leurs voisins mitoyens qui sont aussi leurs parents.
Au fil des saisons, l'exploitation des chaumes diminue. En automne, prés de 20% de nos enquêtés pâturent encore sur les chaumes. A la fin de l'automne, les labours à l'aide des charrues à disques commencent. Les animaux sont alors privés de ces chaumes.
En plus des chaumes, les animaux reçoivent une complémentation par la paille et/ou foin, en automne et en hiver. En effet, c'est en hiver que le besoin de complémentation se ressent le plus, alors 77 % des agro-pasteurs ont eu recours à la paille et au foin. Cependant, ce type de complémentation est quasi-inexistant au printemps et en été.
Durant le printemps la biomasse végétale des parcours est relativement bonne, de ce fait l'alimentation en paille et foin est substituée par l'exploitation des parcours. A l'instar du printemps, l'utilisation de la paille et le foin, en été, est remplacée par celle des chaumes.
Le calendrier fourrager de la zone d'étude récapitule l'estimation des différents segments composant l'alimentation des troupeaux (figure 2).
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Les animaux sont en pâturages durant toute l'année. La remarque à faire est l'utilisation quasi-quotidienne des parcours ; ceci montre l'importance des parcours dans le système d'élevage extensif et par conséquent dans l'alimentation du cheptel.
A l'instar des parcours, la complémentation alimentaire par la distribution de l'orge constitue l'autre volet important dans l'alimentation des animaux. Cette complémentation s'effectue après le retour du cheptel des parcours et cela quotidiennement en différentes saisons.
Quant à l'utilisation des chaumes (été et automne) de la paille et du foin (automne et hiver) permet d'augmenter l'apport fourrager de l'alimentation et de réduire la pression drastique animale sur les parcours.
Par ailleurs, il semble qu'il n'y ait pas de grande corrélation linéaire entre l'utilisation du concentré et l'étendue des parcours et cheptel (r = 0,07). Ceci s'explique par le fait que les agro-pasteurs ne possèdent pas de grandes superficies de terre, et pour faire paître leurs animaux ils affectent des petites superficies. A signaler aussi que l'utilisation du concentré s'impose car parallèlement les superficies des parcours sont aussi réduites. Malgré la période de l'enquête était bonne, il semblerait que l'utilisation du concentré rentre dans une logique qui se rattache beaucoup plus au mode de conduite d'élevage.
L'effectif de la population animale totale (tableau 2) de la zone d'étude atteint les 1 302 têtes (toutes espèces confondues). Le cheptel propre représente 69 % de l'effectif total (soit 904 têtes). Pour le cheptel gardé, il ne représente que 31 % (soit 398 têtes).
Tableau 2. Répartition de la population animale propre et gardée. |
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Espèces |
Population gardée |
Population propre |
Total |
|||
Effectif |
% |
Effectif |
% |
|||
Ovin |
Brebis |
263 |
66 |
494 |
54 |
757 |
Bélier |
19 |
5 |
29 |
3 |
48 |
|
Antenais |
89 |
22 |
216 |
24 |
305 |
|
Caprin |
Chèvres |
15 |
4 |
77 |
8 |
92 |
Boucs |
6 |
1 |
7 |
1 |
13 |
|
Chevreaux |
6 |
1 |
48 |
5 |
54 |
|
Bovin |
Vaches |
0 |
0 |
33 |
3 |
33 |
Total |
|
398 |
100 |
904 |
100 |
1302 |
Pour la répartition de la population animale propre, les agro-pasteurs possèdent en moyenne 8,7 brebis et 1,35 chèvres. Au maximum les cheptels se constituent de 50 brebis et 7 chèvres. Ceci fait apparaître que nos enquêtés sont des petits éleveurs. En ce qui concerne l'espèce bovine, notre zone d'étude dénombre seulement 33 vaches.
Il semble que les sécheresses précédentes, la réduction des superficies des parcours causée par le morcellement et les mauvaises conditions socio-économiques ont poussé les agro-pasteurs à décapitaliser leur capital animal pour survivre en vendant progressivement quelques têtes afin de subvenir aux besoins de leurs familles et leurs cheptels. Cette situation a donné comme conséquence la réduction de la taille des cheptels et plongé les agro-pasteurs dans un processus de paupérisation.
La situation de mal vie et de paupérisation qui a touché nos enquêtés a obligé certains agro-pasteurs à faire du gardiennage de cheptel et travailler comme berger. Les propriétaires sont en général des absentéistes, qui sont soit de la région soit des étrangers. L'espèce dominante dans le cheptel gardé est l'ovin avec en moyenne 4,61 brebis. Nous constatons que nos enquêtés gardent peu de caprins et les vaches sont quasi-inexistantes dans les troupeaux. Au maximum, la taille du cheptel gardé peut atteindre 80 brebis et 30 antenais, elle est plus importante que la taille du cheptel propre. Ceci s'explique par le fait que les propriétaires absentéistes investissent plus dans l'élevage ovin.
Dans la zone d'étude, le poids vif moyen d'un mouton est au environ de 35 kg. La charge animale sur parcours produit une pression modérée (tableau 3). En différentes saisons, on note une charge moyenne de 70 kg/ha. C'est en hiver et au printemps que la pression animale est la plus importante. Durant ces deux saisons, l'inexistence de l'apport alimentaire venant des chaumes et la situation socio-économique précaire des agro-pasteurs font que ces derniers surexploitent les parcours et ce afin de réduire au maximum la facture alimentaire de leurs troupeaux.
Tableau 3. Répartition de la charge animale moyenne/ha par saisons |
|
Saison |
Kg poids vif/ha |
Automne |
70,35 |
Hiver |
96,25 |
Printemps |
95,55 |
Eté |
68,6 |
Nous savons déjà que le surpâturage engendré par la pression animale élevée est l'une des causes de la dégradation des parcours. L'offre fourragère des parcours étant faible et la charge animale élevée provoquent une dénudation du couvert végétal des parcours, parfois allant vers une dégradation irréversible. Boukhobza (1982) affirmait que nos parcours steppiques ne pouvaient supporter une charge supérieure à 8,75 kg/ha (tableau 4).
Tableau 4. Charges animales selon les différents auteurs |
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Auteurs |
Charge animale |
Boukhobza (1982) |
8,75 kg/ha. |
Nedjraoui (2001) |
44,8 kg/ha. |
Bensouiah (2003) |
150,5 kg/ha. |
Mouhous (2005) |
70 kg/ha. |
La pression pastorale n'a pas cessé de croître alors que les capacités fourragères des parcours diminuent progressivement (Aidoud 1991 et 2001 ; Nedjraoui 2001 ; Abdelguerfi et Laouar 2002).
Cependant, Bensouiah (2003), qui a travaillé dans la région de Djebbel Ammour, signale une charge animale de 150,5 kg/ha pour le cheptel ovin. Ceci s'expliquerait par le fait que cette année là était bonne, à cet effet, les gros éleveurs ont augmenté la taille de leurs cheptels.
La comparaison des différentes pressions animales des auteurs nous laisse dire que les parcours de la zone d'étude subissent une pression animale importante. Cette pression exprime un surpâturage dont les effets sont sans doute la dégradation des ressources pastorales.
Le bilan fourrager de la zone cible est estimé par l'utilisation des valeurs fourragères minima issues de références bibliographiques nationales. Le système des Unités Fourragères (UF) consiste à calculer, pour chaque aliment, la quantité d'énergie que l'animal qui l'ingère est capable d'utiliser pour la croissance et l'entretien de ses tissus ou de produire sous forme de lait (énergie nette), et de l'exprimer en "Unités Fourragères", par comparaison à la valeur énergétique nette d'un kg d'orge de référence, égale par définition à 1 UF.
Aux différentes sources fourragères, nous avons affecté un coefficient minimal exprimant leurs valeurs nutritives en unités fourragères par quintal ou par hectare. L'utilisation du cœfficient minimal nous permet de réduire au maximum le risque de la surestimation du bilan fourrager.
Les coefficients de conversion en UF retenus sont les suivants: Chaumes d'orge : 350 UF/ha ; Chaumes blé : 250 UF/ha ; Grain orge : 100 UF/Ql ; Pacages et parcours : 70 UF/ha (Kerbaa 1980). Alfa: 130 UF/ha (Nédjraoui 2001).
Le tableau 5 présente les différents cœfficients de conversion retenus par Moskal (1983). En raison des différentes espèces, le cheptel est présenté en Unité Gros Bétail (UGB) selon les coefficients retenus par Moskal (1983).
Tableau 5. Coefficients de conversion en UGB retenus |
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Espèces et catégories |
Coefficients UGB |
|
Bovins |
vaches |
1 |
Jeunes - de 2 ans |
0,40 |
|
Autres |
1,24 |
|
Ovins |
Mâles |
0,11 |
Femelles |
0,10 |
|
Jeunes – de 2 ans |
0,07 |
|
Caprins |
Mâles |
0,08 |
Femelles |
0,07 |
|
Jeunes – de 2 ans |
0,05 |
|
Chevaux |
Adultes |
1,20 |
Jeunes – de 2 ans |
0,75 |
Par définition, une Unité Gros Bétail (UGB) correspond à une vache de 500 kg produisant 3000 kg de lait par an. Toutefois, sachant que le cheptel bovin est constitué dans sa majorité de populations de races locales dont le poids vif est le plus souvent compris entre 350 et 400 kg, le même auteur réduit de 25 % la valeur de l'UGB théorique obtenue. Pour chaque UGB est l'équivalent de 3000 UF.
Dans la zone d'étude qui s'étale sur 3300 ha, on retrouve les sources d'alimentation suivantes ; des parcours qui couvrent la majorité de la superficie de la zone avec 2782,5 ha, s'ajoute une nappe d'alfa de 400 ha et enfin des chaumes d'une superficie de quelques 117,5 ha (tableau 6).
Tableau 6. Disponibilités fourragères de la zone cible. |
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Source d’alimentation |
Surface, ha |
Production, qx |
Estimation en UF |
||
Va/ha/ ou qx |
UF |
% |
|||
Chaumes (orge et blé) |
118 |
|
350 |
41 125 |
11,09 |
Parcours |
2 783 |
|
70 |
194 775 |
52,51 |
Nappe d’Alfa |
400 |
|
130 |
52 000 |
14,02 |
Grain orge |
|
830,5 |
100 |
83 050 |
22,39 |
Total |
3 300 |
830,5 |
|
370 950 |
100 |
Par ailleurs, l'estimation en unités fourragères de la zone d'étude est de 370 950 UF. On note que la production en UF des parcours ne représente que 52 % de la production totale, alors que le concentré, en l'occurrence l'orge apporte 22 % dans la part totale de la production en UF de la zone d'étude. Rajoutons, en outre, aux parcours la nappe d'alfa qui représente 14 % de la production totale.
Si nous regroupons les apports fourragers des parcours, de l'alfa et des chaumes dans l'alimentation des troupeaux, d'une part et d'autres part l'apport du concentré, nous trouverons que la part des parcours représente 77 % de cet apport gratuit et celle du concentré est de 22 %. Il apparaît que le concentré occupe une place relativement importante dans l'alimentation des animaux. Mise à part l'utilisation du tracteur pour les labours superficiels, ce concentré est produit localement par des méthodes traditionnelles.
Les surpâturages et les sécheresses des années précédentes ont fortement contribué à réduire les disponibilités fourragères en quantité par la détérioration de la phytomasse pastorale et en qualité par la disparition des espèces peu appétentes (Aidoud 1991). L'écart qui s'est formé entre l'offre et la demande de la phytomasse des parcours crée un déséquilibre qui a comme conséquence une dégradation des parcours (Khéloufi 2000).
Le tableau 7 nous montre les espèces exploitées dans la région avec l'estimation de leurs besoins qui représente 436 530 UF. Au total, toutes espèces confondues, l'effectif du cheptel représente quelques 141,51 UGB.
Tableau 7. Effectif du cheptel et évaluation de ses besoins en UF. |
|||||
Cheptel |
Effectif |
Valeur en UGB |
Besoins en UF |
Besoins en UF par espèce, % |
|
Bovin |
vaches |
33 |
33 |
99 000 |
22,68 |
Ovin |
brebis |
757 |
75,7 |
227 100 |
70,33 |
béliers |
48 |
5,28 |
15 840 |
||
antenais |
305 |
21,35 |
64 050 |
||
Caprin |
chèvres |
92 |
6,44 |
19 320 |
7,00 |
|
boucs |
13 |
1,04 |
3 120 |
|
|
chevreaux |
54 |
2,7 |
8 100 |
|
Total |
|
1 302 |
145,51 |
436 530 |
100 |
Comme la steppe est « le pays du mouton », nous constatons que 70% des besoins sont exprimés par l'espèce ovine. Le bovin qui représente prés de 23% des besoins, constitue aussi un élevage exploité depuis longtemps mais il est resté à un stade peu développé. Les quelques vaches qui existent se trouvent dans des fermes. L'espèce caprine semble exprimer seulement 7% des besoins alimentaires animaux de toute la région. Leur valeur en UGB représente 10,2.
Les différentes sources alimentaires arrivent difficilement à couvrir plus de la moitié des besoins. Les apports fourragers des parcours, des chaumes et de la nappe d'alfa couvrent 66% des besoins des animaux, alors que l'orge produite sur place contribue à hauteur de 19% (figure3).
|
|
L'estimation du bilan fourrager (tableau 8) montre que les disponibilités fourragères de la zone d'étude couvrent les besoins des troupeaux à hauteur de prés de 85 %. Le déficit qui est de 65 580 UF représente 15 % des besoins qu'il faudrait couvrir.
Tableau 8. Bilan fourrager de la zone d’étude en UF. |
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Besoins des animaux |
Disponibilités fourragères |
Bilan |
Taux de couverture |
436 530 |
370 950 |
- 65 580 |
85% |
L'analyse du bilan fourrager (figure 3) nous renseigne sur le
déficit de la zone d'étude en matière d'offre
fourragère. Cette insuffisance est due à une diminution
du potentiel fourrager des parcours causée par une
surexploitation qui est le résultat d'une pression animale
importante sur parcours.
|
|
Le processus de la sédentarisation a induit un nouveau mode
de gestion des parcours basé sur les déplacements de
troupeaux de plus en plus restreints. Le passage de la transhumance
à la sédentarisation a engendré une réduction
de charges de transport mais a induit au passage une surcharge
animale des parcours. En effet, la charge animale est en moyenne
de 2 têtes/ha. Le surpâturage pourrait être plus
accentué si l'état socio-économique des
agro-pasteurs et les conditions climatiques étaient favorables
à l'investissement pour l'achat des
animaux.
Dans les zones steppiques, le mode de conduite de l'élevage demeure toujours de type extensif. Pour les agro-pasteurs, les parcours représentent encore une source d'unités fourragères gratuite. Très peu d'agro-pasteurs font du gardiennage pour les absentéistes. Ces derniers sont attirés par la gratuité des pâturages et le droit d'usage dont jouissent les agro-pasteurs.
La pression animale sur parcours est au dessus des normes citées par plusieurs auteurs, elle est de 70 kg/ha. Cette pression témoigne d'une surcharge animale des parcours. En outre, les unités fourragères prélevées gratuitement sur parcours couvrent 66% des besoins des animaux et l'orge qui est cultivée contribue à cette couverture à hauteur de 19%.
Les disponibilités fourragères qui existent dans la zone d'étude arrivent à couvrir 85% des besoins des animaux. Les 15% restant doivent être couvert par une alimentation complémentaire.
En somme, une pression animale élevée et des parcours qui n'arrivent pas à subvenir aux besoins des animaux font que la dégradation de ces parcours est certaine. En effet, avec le niveau de vie précaire des ménages, en plus des labours mécanisés, le prélèvement des unités fourragères gratuites sur parcours devient plus intense induisant de ce fait une dégradation parfois irréversible.
Abdelguerfi A and Laouar M 2002 Les espèces fourragères et pastorales, leurs utilisations au Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
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Received 24 September 2006; Accepted 24 November 2006; Published 8 February 2007