Livestock Research for Rural Development 19 (11) 2007 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Des coqs de chair sélectionnés d’importation ont été croisés avec des poules africaines. A l’issue de ce croisement, une première génération de poules F1 a été obtenue. De cette génération (F1), des poules ont été croisées avec des coqs de chair. Une deuxième génération BC1 de poules est produite. Un dernier croisement s’est effectué entre des poules BC1 et des coqs chair, ce qui a donné une troisième génération de poules BC2.
Les poules hybrides F1, BC1 et BC2, élevées dans les conditions modernes d’aviculture en Côte d’Ivoire, présentent les caractéristiques zootechniques de reproduction suivantes: les poules BC1 et BC2 pondent par an autant d’œufs (127±6 et 129±5) que la poule sélectionnée (133±7 œufs). La poule hybride F1 possède pour sa part les mêmes aptitudes à la ponte que la poule africaine avec 81±6 et 77±6 œufs par an chacune; les poids des œufs des poules hybrides qui se situent dans l’ordre 29,3±1,3; 32,6±1,7 et 34,8±0,9 g sont statistiquement égaux à celui de la poule sélectionnée parentale (35,5±1,3 g) et supérieurs au poids de l’œuf de la poule africaine (25,5±1,2 g) ; la coquille de l’œuf de la poule africaine et celle de la poule hybride F1 présentent des épaisseurs (0,35±0,01 mm et 0,48±0,01 mm) moindre que celles des trois autres poules qui mesurent 0,58±0,01 mm, 0,59±0,01 mm et 0,61±0,01 mm respectivement pour BC1, BC2 et la poule sélectionnée ; les taux de couvaison et d’éclosion de la poule africaine sont de 92±7 % et 69±5 %, tandis que la poule sélectionnée est à 0 % de couvaison et d’éclosion. Les poules hybrides se comportent différemment par rapport aux souches parentales avec F1 (62±5 %), BC1 (58±4 %) et BC2 (20±3 %) pour la couvaison et successivement 60 ±4 %, 55±4 %, 14± 2 % pour l’éclosion.
Mots-clés: Aviculture, couvaison, éclosion, épaisseur, poids, ponte
The imported broiler cocks have been crossed with local hens. After this crossing a first generation of hens F1 has been obtained. Among that generation (F1), some hens have been crossed with broiler cocks. A second hen of generation BC1 has been produced. A last crossing has been made between hens BC1 and broiler cocks. At the end of this last crossing, we got a third generation of hens BC2.
Hybrid hens F1, BC1 and BC2, raised under modern conditions of poultry farming in Côte d'Ivoire, show the following zootechnical reproduction characteristics: the BC1 and BC2 hens lay as many eggs per annum (respectively 127 ± 6 and 129 ± 5) as the broiler hen (133 ±7 eggs). The hybrid hen F1 has the same ability for egg laying as the African hen, with 81 ± 7 and 77 ± 7 eggs per annum respectively; the weights of the eggs from the hybrid hens (29,3 ± 1,3; 32,6 ± 1,7; 34,8 ±0,9) are statistically equal to that of the broiler parental hen (35,5 ± 1,3) and higher than the weight of the egg of the African hen (25,5 ± 1,2); the egg shell of the African hen and that of the hybrid hen F1 are less thick (0.35 ± 0.01 mm and 0.48 ± 0.01 mm) that those of the three other hens which measure 0.58 ± 0.01 mm, 0.59 ± 0.01 mm and 0.61 ± 0.01 mm for BC1, BC2 and broiler hen, respectively; the incubation and hatching rates of the african hen are 92 ± 7 % and 69 ± 5 % while the broiler hen has incubation and hatching rates of 0 %. The hybrid hens behave differently compared to the parental stocks with F1 (62 ± 5%), BC1 (58 ± 4%) and BC2 (20 ± 3 %) for the incubation and successively 60 ± 4 %, 55 ± 4 % and 14 ± 2 % for the hatching.
Key words: egg laying, hatching, incubation, thickness, poultry farming, weight
L’introduction en Côte d’Ivoire de l’aviculture moderne à partir du poussin de chair sélectionné de 1 jour a énormément contribué à améliorer le niveau de consommation des populations ivoiriennes en protéines animales (Dembélé et al 1995 ; Vlaenderen 1997). Cependant, le consommateur n’a véritablement jamais ressenti le plaisir de manger la viande de ce poulet à la sauce africaine comme c’est le cas avec le poulet bicyclette ou le poulet de brousse, espèces du poulet africain du sahel et de la forêt de Côte d’Ivoire qu’il trouve plus savoureuse et moins tendre (Gandemer et Kim 1993).
Si ces paramètres organoleptiques constituent des facteurs limitants de la production du poulet de chair en Côte d’Ivoire, le poulet africain ne peut également répondre à la spéculation aviaire moderne par sa croissance trop lente.
La voie la plus indiquée a été de croiser ces deux souches dans l’espoir d’en tirer un poulet hybride qui porte en lui les caractères souhaités. A cet effet, des coqs de chair sélectionnés d’importation ont été croisés avec des poules africaines. A l’issue de ce croisement, une première génération de poules F1 a été obtenue. De cette génération (F1), des poules ont été croisées avec des coqs de chair. Une deuxième génération BC1 de poules est produite. Un dernier croisement s’est effectué entre des poules BC1 et des coqs chair, ce qui a donné une troisième génération de poules BC2.
Les performances de croissance corporelle et la qualité organoleptique de la viande du coq hybride (F1, BC1 et BC2) ayant été étudiées (Gnakri et al 2007), nous nous intéressons à présent à la poule hybride pour apprécier ses potentialités à produire ou non des œufs, la capacité de couver ses oeufs et de les éclore.
Nous avons donc procédé à l’examen chez ces trois
générations de poulets hybrides des paramètres zootechniques afin de
sélectionner celle qui offre les qualités optimales de reproduction au regard
par ailleurs d’une croissance rapide des poussins.
Des poussins de chair, au nombre de 350, de souche hubbard, âgés de 1 jour et pesant 42±1g ont été achetés à la société FOANI à Abidjan ; puis 150 poussins d'élevages traditionnels des pays du sahel et des forêts de Côte d'Ivoire conventionnellement appelés poussins africains et baptisés saiguè-sissè, sont âgés de 2 semaines et pèsent 40±1g en moyenne. Ces deux lots de poussins ont subi les traitements prophylactiques et thérapeutiques nécessaires et ont été élevés dans une aire close aérée et maintenue à une température de 35°C sur une litière de copeaux de bois selon les techniques locales d'élevage avicole. A l'âge de 6 mois, ils ont été couplés, à raison de 5 coqs chair pour 10 poules africaines. A l'issue de ce croisement une première génération F1 de poulets a été obtenue. De cette génération F1, 10 poules ont été croisées avec 5 coqs géniteurs de la souche parentale (hubbard). Une génération BC1 de poulets est produite. Enfin un dernier croisement s'est effectué entre 10 poules BC1 et 5 coqs parentaux (hubbard) qui a donné la génération BC2.
Dans la composition des différents régimes, les glucides sont essentiellement apportés par le maïs, le manioc. Les protéines sont fournies par la farine de poisson et les tourteaux des graines de coton et de soja. La lysine et la méthionine sont apportées à raison de 0,05% chacune. Les lipides proviennent de l’huile de palme rouge à raison de 2,1 % et 1,5 %, respectivement pour l’aliment de démarrage et l’aliment de croissance. Les compléments vitaminiques et minéraux sont dans la ration respectivement pour 0,15 % et 0,30 %.
Les poules sont nourries au même régime que les coqs et reçoivent l’eau de boisson ad libitum.
A l’âge de 6 mois, 75 poules ont été couplées, à raison de 5 coqs pour 10 poules dans chaque lot (poulet africain, poulet de chair, poulet hybride F1, BC1, BC2). A l’issue de ces croisements, les poules sont suivies jusqu’à la ponte. Elles sont logées sur une aire aérée couverte de copeaux de bois selon les techniques avicoles en usage. Au pourtour de l’aire des pondoirs sont construits. L’expérience a été répétée trois fois, soit au total 225 poules par lot.
- Les œufs pondus sont comptés par jour par poule et par lot de poules
- Les œufs sont pesés par unité à l’aide d’une balance Methler
- L’épaisseur de la coquille est mesurée à l’aide d’un micromètre AMES
- Le taux de couvaison est déterminé par le nombre de poules ayant couvé ses œufs.
- Le taux d’éclosion est déterminé à partir des oeufs couvés ayant fourni des poussins.
Les résultats obtenus ont fait l’objet d’une analyse de variance (Danielie 1975). Le test post Anova utilisé est celui de la plus petite amplitude significative (PPAS), en l’occurrence le test de comparaison de Newman-Keuls. Ces analyses sont effectuées à l’aide du programme Statistica 6.0 version anglaise.
La poule sélectionnée pond plus d’œufs (133±7 oeufs) que la poule africaine (77±6 oeufs) et la poule hybride F1 (81±6 œufs) avec une différence significative au seuil de p≥0,05 (Tableau 1). En revanche, les hybrides BC1 et BC2 se rapprochent de la poule sélectionnée en termes de production d’œufs avec 127±6 et 129±5 respectivement.
Tableau 1. Production et caractéristiques des œufs des poules hybrides et de leurs souches parentales |
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Ponte et caractéristiques des oeufs |
Poule africaine |
Poule sélectionnée |
Poule F1 |
Poule BC1 |
Poule BC2 |
Nombre d’œufs |
77±6 a |
133±7 b |
81±6 a |
127±6 b |
129±5 b |
Poids moyen de l’œuf , g |
25,5±1,3 a |
35,5±1,3 b |
29,3±1,3 b |
32,6±1,7 b |
34,8±0,9 b |
Epaisseur de la coquille, mm |
0,35±0,01a |
0,61±0,01b |
0,48±0,01c |
0,58±0,01b |
0,59±0,01b |
*Les valeurs moyennes des lignes indexées des mêmes lettres ne sont pas différentes, au seuil de p≥0,05 |
Les œufs se caractérisent par leur poids et par l’épaisseur de leur coquille : la poule africaine pond des œufs d’un poids moyen de 25,5±1,5 g plus petits que tous ceux produits par la poule hybride F1 (29,3±1,3 g), la poule sélectionnée (35,5±1,3 g), la poule hybride BC1 (32,6±1,7 g) et la poule BC2 (34,8±0,9 g).
La coquille de la poule africaine est plus mince (0,35±0,01 mm) que celle de la poule sélectionnée (0,61±0,01 mm). L’épaisseur de la coquille des poules hydrides BC1 et BC2 se rapproche plus de la coquille de la poule sélectionnée avec les valeurs moyennes respectives de 0,58±0,01 mm et 0,59±0,01 mm. Les œufs de la poule F1 se caractérisent par une épaisseur intermédiaire de 0,48±00,1 mm.
Les taux de couvaison et d’éclosion sont de 0 % chez la poule sélectionnée, ils sont au contraire très élevés chez la poule africaine avec 92±7 % de couvaison et 69±5 % de taux d’éclosion (Tableau 2).
Tableau 2. Potentialités de la poule à la production de poussin |
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Paramètre de reproduction |
Poule africaine |
Poule sélectionnée |
Poule F1 |
Poule BC1 |
Poule BC2 |
Taux de couvaison, % |
92±7 a |
0,0 d |
62±5 b |
58±4 b |
20±3 c |
Taux d’éclosion, % |
69±5 a |
0,0 e |
60±4 a |
55±4 a |
14±2 b |
*Les valeurs moyennes des lignes indexées des mêmes lettres ne sont pas différentes, au seuil de p≥0,05 |
Par
contre, les poules hybrides F1
et BC1 couvent leurs œufs dans les mêmes proportions (62±5
% et 58±4 %) et le taux d’éclosion des
œufs aussi similaire (60±4 % et 55±4
%). La poule hybride BC2 est à 20±3
% de la couvaison et 14±2 % du taux
d’éclosion.
Dans un travail précédent concernant la croissance corporelle des poulets hybrides, il a été montré que les poulets de chair et les poulets hybrides BC1 et BC2, tous sexes confondus, consomment suffisamment d’aliment pour couvrir leurs besoins énergétiques évalués entre 12500 et 13500 kilojoules par kilogramme; en revanche les poulets africains et les poulets hybrides de la génération F1 ne consomment que pour 6800 kilojoules, soit à peine 50 % de leurs besoins énergétiques (Gnakri et al 2007).
Ce comportement alimentaire a des répercussions sur la production et la qualité morphologique des œufs comme l’indiquent Diomandé (2001) et Mignon et Faure (2002). En effet, la formation de l’oeuf exige de la mère poule énergie et matières plastiques tels que les protéines et le calcium en particulier pour la formation du blanc et du jaune d’une part, et de la coquille d’autre part. Dès lors, on comprend que les poules sélectionnées et les hybrides BC1 et BC2 qui ont suffisamment amassé ces nutriments produisent plus d’œufs de grande taille et une coquille plus épaisse que les poules africaines et les hybrides F1. En dépit des conditions normales d’élevage qui sont réunies pour tous les lots des poules, la poule africaine exprime son caractère de rusticité qui le contraint à une faible production d’œuf (Hans 1984). Seules les poules hybrides de la génération F1 héritent de ce caractère.
D’une manière générale, le poids moyen de l’œuf n’atteint pas les 40 g, considérés comme le plus petit poids commercial de l’œuf. Cela s’explique par le fait que les poules sont encore bien jeunes. En effet, les proportions du jaune et du blanc varient en fonction de l’age de la poule ; l’augmentation du poids de l’œuf est associée au vieillissement de la poule (Sauveur 1994).
On sait par ailleurs que la poule sélectionnée ne pond que des œufs sans les couver, encore moins sans les éclore, Cette incapacité de couvaison s’exprime ici par le taux 0 % affiché. A l’inverse, la poule africaine couve les œufs qu’elle pond pour plus de 92 %.
Pour les poules hybrides, ce caractère de couvaison est diversement exprimé : il est très faible (20 %) avec les poules BC2, moyen avec les poules BC1 (58 %) et légèrement supérieur à la moyenne (62 %) avec les poules F1. Le taux d’éclosion des œufs suit également cet ordre.
Les poules hybrides F1, BC1 et BC2 ont diversement exprimé les caractères zootechniques de reproduction que sont la ponte, la couvaison et l’éclosion.
Si à ces caractères l’on associe le paramètre de croissance rapide qui caractérise tout élevage à cycle court et les critères organoleptiques de la viande du poulet souhaités par le consommateur, il apparaît que c’est la poule BC1 qui réunit tous les atouts pour offrir le poulet idéal au consommateur ivoirien.
Danielie P 1975 Théorie et méthodes statistiques. Application agronomique. Les presses agronomiques de Gembloux Editeur, Belgique, 463 p
Dembelé V, Simpore A et Ouapo Z C 1995 Création d’une unité de production et de distribution de poussins d’un jour sur la ferme de l’IAB, Côte d’Ivoire. Mémoire de Diplôme d’Ingénieur de l’Institut Agricole de Bouaké (IAB), Côte d’Ivoire. 65 p
Diomandé M 2001 Effet de la substitution de la farine de poisson (Thunnus albacares) par la farine d'escargot (Achatina fulica) dans l'alimentation de la volaille (Gallus domesticus) sur la ponte et la qualité organoleptique de l'œuf. Université d’Abobo-Adjamé, Côte d'Ivoire. Mémoire de diplôme d'Etude approfondie, 45 p
Gandemer G et Kim I E 1993 Quelques éléments objectifs de comparaison de la qualité de la viande de poulets label et standard. Proceedings of the 11th European Symposium on poultry meat, Tours, 119-127
Gnakri D, Beugré Grah A M et Agbo Adouko E 2007 Croissance corporelle et qualité organoleptique de la viande du poulet de chair et du poulet africain et leurs croisements en Côte d'Ivoire. Livestock Research for Rural Development 19 (5), 1-9 http://www.cipav.org.co/lrrd/lrrd19/5/gnak19060.htm
Hans E J 1984 Système de production animale et développement de l’élevage en Afrique Tropicale. Kieler Wissenschafts Verlag Vauk, 279 p
Mignon Grasteau S et Faure J M 2002 Génétique et adaptation: Le point de connaissances chez les volailles. INRA. Productions Animales 15, 357-364 p http://www.inra.fr/internet/Produits/PA/an2002/num225/mignon/sm225.htm
Sauveur B 1994 Variation initiale de la composition de l’œuf. In ‘’l’œuf et les ovoproduits’’ Thapon J L et Bourgeois C M. Edition Lavoisier 70-83. Tec et Doc. Paris
Vlaenderen G V 1997 Visite d’étude sur le système d’élevages dans les zones humides et sub-humides d’Afrique, Editeur, Abidjan, 317 p
Received 25 June 2007; Accepted 19 August 2007; Published 1 November 2007