Livestock Research for Rural Development 19 (10) 2007 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Le cheptel des zones semi-arides de l’Est algérien se caractérise par la prédominance de l’ovin. Sous l’effet climatique notamment l’irrégularité des précipitations, ce cheptel se trouve confronter à des période de disette ayant pour alternative soit la transhumance avec la mobilisation de gros moyens de transport et financiers soit la sédentarisation mais en assurant une complémentation exclusivement à base d’issues de meunerie au prix d’achat excessif car issue de céréales importés.
Les résidus des récoltes de la culture du melon « jaune canari » souvent négligés sont source de pollution. Le melon est cultivé de la zone littorale jusqu’à la zone aride sur de grande superficie engendrant des quantités de résidus de 16776 quintaux en moyenne chaque année. Leur valorisation n’est pas trop prise en considération au niveau des industries de production d’aliments du bétail. Ils peuvent être des appoints à l’alimentation animale en zone semi-aride lorsque qu’ils sont conditionnés à l’état de matière sèche. Ils sont à même d’être incorporé dans les formules alimentaires constituer pour la majorité de matières premières importées et sont susceptibles d’en faire baisser le prix de revient notamment dans le contexte de la préservation du cheptel de ces zones.
Mots clés : alimentation, melon, milieu, résidus de récolte, valeur nutritive
The Algerian east semi-arid livestock of fields is characterized by the ascendancy of the ovine race. Under the climatic effect notably the irregularity precipitations, this livestock is to confront in period of scarcity having for alternative or the transhumance with the mobilization of big means of transportation and finance or to be sedentary but by assuring a complementation exclusively bases of outcomes of milling in the purchase price excessive resulting from cereal imported.
The residues of the harvests of the culture of the "canary yellow" melon often neglected are source of pollution. Their valuation is not too much considered at the level of the industries of production of food of the cattle although the quantities of residues add up 1677,6 tonnes on average every year. They can be supplements in the animal provision in semi-arid zone when that they are conditioned in the state of dry material. They are to be incorporated into the food formulas to establish for the majority of imported commodities and may worry to lower the cost price notably in the context of the conservation of the livestock of these fields.
Keywords: environment, feeding, nutritive value, melon, residues of harvest
En de nombreux pays, les fruits ont un rôle important dans l’alimentation animale. Les écarts de triage et les fruits excédentaires à faible valeur ajoutée, ainsi que les résidus de récolte et les coproduits des usines de conditionnement sont souvent source de pollution dont certains sont susceptibles de devenir des composants valorisants les aliments du bétail. Lorsque de grandes quantités de déchets végétaux s’accumulent en peu de temps, il peut s’avérer rentable de les conserver (Göhl 1982). La déshydratation est une méthode rentable de conservation des produits ou coproduits riches en eau en Algérie du fait de la parité du dinar et de la production de pétrole et de gaz.
Le melon est une des productions « légumières » principales de l’Algérie. Il est consommé en grande partie en été. Il a un rôle à la fois de fruit et de désaltérant surtout pendant les périodes de fortes chaleurs La superficie qu’on cultive est très importante, elle occupe le deuxième rang après la pomme de terre. Le melon comme la pastèque est cultivé en été dans presque toute l’Algérie, il occupe 12% des superficies utilisées pour les cultures maraîchères avec une production de 8,5% de la production totale du maraîchage (MA 1998)
Les principales régions productives de melon sont les suivantes (MA 1999):
Biskra 210 000 qx
Bordj Menael 158 000 qx
Annaba 109 000 qx
Tebessa 66 000 qx
Sidi Bel Abbes 65 000 qx
Skikda 58 000 qx
De nombreuses observations ayant trait au suivi de la culture du melon au niveau des zones potentielles, ont démontré que les agriculteurs commercialisent les fruits de bon aspect et de bon calibre ayant une grande plus-value et que les fruits chétifs de faible calibre et mal formés sont abandonnés et consommés par le cheptel bovin local avec beaucoup de pertes dues aux piétinements.
On estime les résidus de la récolte du melon entre 2 et 8qx par ha. Pour l’année 1998, cette quantité a fluctuée entre 41940qx et 167760qx sur le territoire national.
C’est pourquoi, nous avons estimé qu’il serait judicieux de
valoriser ces résidus de la récolte du melon en les conditionnant sous forme
déshydratée afin de pouvoir les incorporer dans la conception des formules
alimentaires des animaux domestiques.
Deux régions où est cultivé le melon «jaune canari»ont été l’objet de notre étude. La région littorale d’El-Tarf, limitrophe à la frontière tunisienne et la région de Tebessa située à l’intérieur du pays en zone semi-aride. Ce premier site est caractérisé par une pluviométrie moyenne de l’ordre de 900mm et une température moyenne estivale de 28°C et hivernale de 9°C. Pour le second, la pluviométrie est de l’ordre de 300mm, la température estivale est de 39,4°C et hivernale de 4°C.
Seuls les résidus de la cueillette du melon ont faits l’objet de notre étude (figure 1).
|
|
Ces derniers ont été récoltés en automne dans deux champs de superficie moyenne de 11 hectares à raison de 12 échantillons par site.
Les teneurs en matière sèche, en cellulose brute, en matières azotées totales et en matières minérales ont été déterminées selon les méthodes de l’AOAC. (1975).La digestibilité a été déterminé par la méthode d’Aufrère (1982).
Les méthodes de calcul des valeurs nutritives sont celles
préconisées par Jarrige (1988) et Vérité et Sauvant (1981). Les rendements ont
été déterminés à partir d’une prise d’échantillon pesée sur une surface d’un
hectare. L’analyse de la variance est réalisée par le test de Fischer et la
comparaison des moyennes par le test de Newman-Keuls.
Pour la région d’El-Tarf, la quantité pondérale à l’ha tourne autour de 2,8qx ; tandis que pour la région de Tebessa, elle est de l’ordre de 1,6qx (tableau 1).
Tableau 1. Quantité pondérale des résidus de cueillette du melon par région |
||
|
El Tarf |
Tebessa |
Superficies cultivées, ha |
10 |
12 |
Quantité de résidus, qx/ha |
2,8±0,25a |
1,6±1,06b |
Sur la même ligne, les valeurs portant un même signe sont comparables au seuil de 5% |
Cette différence est à imputer à l’irrigation introduite au niveau de la région de Tebessa notamment au moment du grossissement des fruits.
Les résultats de nos échantillons sont enregistrés dans le tableau 2.
Tableau 2. Composition chimique des résidus de melon des deux régions en % de MS |
||
Composants |
El-Tarf |
Tebessa |
Matière sèche |
6,94±0,6a |
9,8±0,11b |
Matière minérale MM |
8,45±0,2a |
9,35±0, 8a |
Matière organique MO |
91,55±0,12a |
90,65±0,15a |
Matière grasse MG |
10,00±0,18a |
6,00±0,21b |
Cellulose brute CB |
15,07±0,4a |
22,40±0,8b |
Matière azotée totale MAT |
21,08±0,9a |
24,72±0,5b |
Calcium |
3,93±0,10a |
5,48±0,09b |
Phosphore |
0,86±0,07a |
0,26±0,04b |
PH |
6,5±0,4a |
6,6±0,2a |
Sur la même ligne, les valeurs portant un même signe sont comparables au seuil de 5% |
Comme tous les cucurbitacées, le melon est parmi les fruits qui contiennent des quantités importantes d’eau. La teneur de la matière sèche de l’échantillon d’El-Tarf est faible par rapport à celui de Tebessa. Ceci caractérise le climat humide de la région d’El-Tarf qui subit l’influence de la mer.
Les teneurs en matières minérales des deux régions sont proches alors que la teneur en matière grasse des résidus d’El Tarf est supérieure à celle de Tebessa. Ces différentes teneurs en matière grasse sont vraisemblablement sur estimés du fait de l’utilisation d’un solvant à fort pouvoir d’extraction qui entraînerait aussi tous les pigments chlorophylliens.
Les teneurs en matières azotées totales des deux échantillons sont différentes. On note une teneur plus importante pour la région de Tebessa de 3,5 points environ ; ce qui expliquerait l’influence de la température au niveau de la zone semi-aride. Cette teneur fort appréciable est à mettre au compte des températures estivales élevées idéales pour les cultures sarclées.
La variation des teneurs en cellulose brute entre la zone du littorale et celle de la région semi-aride est due à une maturité plus précoce des échantillons de la région continentale caractérisée par une température plus importante en été.
Pour les macros éléments, le taux de phosphore (P) est plus important pour l’échantillon de la zone littorale que celui de la zone semi-aride. Il semblerait que l’effort de fertilisation est moins prononcé au niveau de la zone semi-aride. Cependant la teneur en calcium au niveau d’ El Tarf est moins importante que celle de l’échantillon de la zone semi-aride. Ces teneurs importantes à travers les deux régions, confirment le caractère alcalin des sols algériens.
Le PH est peu variable entre les deux échantillons et révèle un taux d’acidité pouvant influencer le développement de la faune microbienne au niveau du rumen des animaux domestiques.
Les valeurs énergétiques des différents échantillons sont retracées à travers le tableau 3.
Tableau 3. Valeurs énergétiques des différents échantillons des deux régions |
||
Valeur énergétique |
El-Tarf |
Tebessa |
UFL/ kg de MS |
1,07±0,08a |
1,02±0,10b |
UFV/ kg de MS |
1,04±0,08a |
0,98±0,06b |
EB Kcal/Kg MS |
4482±290,4a |
4545±320,6b |
Sur la même ligne, les valeurs portant un même signe sont comparables au seuil de 5% |
Les valeurs énergétiques en UFL et UFV sont différentes au niveau des deux régions et peuvent être considérées comme des matières premières énergétiques au même titre que les graines de céréales.
Les résultats de la valeur azotée sont représentés dans le tableau 4.
Tableau 4. Valeur azotée des différents échantillons des deux régions (g/kg de MS) |
||
Valeur protéique |
El-Tarf |
Tebessa |
PDIA |
91,89±8,1a |
115,39±10,2b |
PDIN |
151,65±5,2a |
180,18±7,4b |
PDIE |
147,65±9,3a |
166,07±10,2b |
Sur la même ligne, les valeurs portant un même signe sont comparables au seuil de 5% |
La valeur protéique de l’échantillon de la région du littoral est moins importante que celle de la région semi-aride. Ils totalisent des moyennes supérieures à celles des sous produits des fruits et légumes retracés dans les tables de Sauvant et al (2004).
Les résultats sont retracés dans le tableau 5.
Tableau 5. Digestibilité de la matière organique des différents échantillons des deux régions |
||
|
El Tarf |
Tebessa |
Digestibilité de la matière organique en % |
65,15±2, 6a |
49,76±4,6b |
Sur la même ligne, les valeurs portant un même signe sont comparables au seuil de 5% |
D’après les teneurs en cellulose brute de nos échantillons, on constate que la digestibilité est en rapport directe avec la teneur en cette dernière. Plus la teneur en cellulose brute est grande plus la digestibilité est faible.
Le melon est bien estimé et très recherché sur les marchés locaux et internationaux. Il est parmi les cultures maraîchères les plus pratiquées en Algérie. Il représente un pourcentage non négligeable dans le cadre des plans culturaux Sur les trois dernières années, la superficie moyenne cultivée est de 2220ha avec une moyenne de production de 315.000qx au niveau de la zone littorale. Au niveau de la zone semi-aride, la superficie moyenne cultivée est de 875 ha pour une moyenne de production de 147.220qx.
Notre estimation sur les quantités pondérales des résidus
de récolte au niveau des champs, détermine des quantités moyennes en écarts de
6371qx pour la région du littoral et de 1400qx pour la
région semi-aride. Le total pour les deux régions est de 7771qx par
année agricole en moyenne. Ramené en matière sèche, elle totaliserait en moyenne
466qx. La quantité annuelle sur le territoire national serait de
l’ordre de 41600qx. En considérant l’importation du maïs comme base
de référence du fait de la même teneur en UF et à PDI inférieur et le coût du
prix de vente de 2000 dinars soit 20 euros le quintal, le gain en devises serait
de l’ordre de 832000 euros. Ce qui contribuera à diminuer le prix du kilogramme
de viande ou de lait produit. L’Algérie étant un producteur de pétrole et de
gaz, l’incidence du prix de revient technologique pour la déshydratation sera
minime.
AOAC 1975 Official methods of analysis. 12th edition Washington DC
Aufrère J 1982 Etude de la prévision de la digestibilité des fourrages par une méthode enzymatique. Annales de zootechnie 31, 111-130.
Göhl B 1982 Les aliments du bétail sous les tropiques, données sommaires et valeurs nutritives. FAO, Rome, 542p http://www.fao.org/ag/AGA/AGAP/FRG/afris/Fr/default_fr.htm
Jarrige R 1988 Alimentation des bovins, ovins et caprins Paris I.N.R.A 471p
MA 1998 Statistique agricole Ministère de l’agriculture Alger (Algérie)
MA 1999 Statistique agricole Ministère de l’agriculture Alger (Algérie)
Sauvant D, Perez J-M et Tran G 2004 Tables de composition et de valeur nutritive des matières premières destinées aux animaux d’élevage Paris INRA 2ème édition revue et corrigée
Vérité R et Sauvant D 1981 Prévision de la valeur nutritive azotée des aliments concentrés pour les ruminants. In: Prévision de la valeur nutritive des aliments des ruminants Edition INRA 279 p
Received 24 May 2007; Accepted 3 June 2007; Published 3 October 2007