Livestock Research for Rural Development 19 (10) 2007 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Cette étude a été réalisée au centre national ovin de la ferme d’élevage de Bétécoucou (Projet de Développement de l’Elevage III) sur 30 antenais de race Djallonké pesant en moyenne 17,9 ± 2,1 kg et âgés de 262,9 ± 6,7 jours. Les animaux ont été répartis en trois lots homogènes de 10 animaux et ont tous reçu la biomasse verte de Panicum maximum comme ration de base. Les animaux du lot 1 ont été complémentés avec du tourteau de coton (R1). Ceux du lot 2 ont reçu en complémentation l’aliment bétail SHB® (60% de tourteau de coton et 40% de coques de graine de coton, R2). La complémentation des ovins du lot 3 est composée de 50% de tourteau de coton et de 50% d’aliment bétail SHB® (R3). Après une période d’adaptation de 15 jours, les ovins ont été engraissés pendant 60 jours.
Les résultats n'ont montré aucune différence significative (p>0,05) entre les performances de croissance des ovins des 3 lots. Les gains moyens quotidiens de poids ont été respectivement de 82,5; 90,0 et 88,3 g pour les lots R1, R2 et R3 et les Indices de consommation (IC) de la matière sèche ont été respectivement de 12,9; 12,0 et 11,9 kg. Toutefois, l’IC de matières azotées digestibles du lot R1 est supérieur (p<0,05) à ceux des lots R2 et R3 respectivement de 41,2 et 21,8%. Les caractéristiques des carcasses n'ont montré aucune différence significative (p>0,05) sur les paramètres étudiés. Le rendement net carcasse a été respectivement de 54,3; 55,8 et 55,1% pour les lots R1, R2 et R3. L’utilisation de l’aliment bétail SHB® (R2) a généré un revenu net supérieur de 1570 F. CFA et 605 F. CFA par rapport respectivement aux lots R1 et R3.
Mots clés: antenais, engraissement, gain moyen quotidien, indice de consommation, rendement carcasse, rentabilité économique
This research was carried out at the sheep's national center of the stock farm of Betecoucou (Breeding Development Project III). It concerned thirty Djallonke sheep averaging initial live weight of 17.9 ± 2.l kg and 362.9 ± 6.7 days of age. They were divided into three feeding groups of ten heads each and all received Panicum maximum forages. Animals from group 1 were supplemented with cotton seed cake (R1) and the ones from group 2 received animal feed SHB® (60% of cotton seed cake and 40% of cotton shell, R2) the supplementation of the sheep o group 3 was composed of 50% of cotton seed cake and 50% of animal feed SHB® (R3). After an adaptation period of 15 days, the sheep were fattened during 60 days.
Results showed no significant (p>0.05) difference between growth performances of the 3 groups of sheep. Daily average weight gains were 82.5, 90.0 and 88.3 g for groups R1, R2 and R3 respectively and Feed Conversion Ratios (FCR) of dry matter were 12.9, 12.0 and 11.9 kg respectively. However, FCR of nitrogen digestible matter of group R1 was respectively higher (p<0.05) to 41.2 and 21.8 % in groups R2 and R3. The carcass characteristics showed no significant (p>0.05) difference between parameters studied. Net carcass yields were 54.3, 55.8 and 55.1% for groups R1, R2 and R3 respectively. Using animal feed SHB® (R2) produced a net profit respectively superior to 1570 F. CFA and 605 F. CFA in groups R1 and R3.
Key words: average daily gain, carcass yield, economic profit, fattening, feed conversion ratio, sheep
En République de Bénin, l'activité de production animale contribue pour environ 4% au produit intérieur brut (PIB) et représente 25% de la production totale de l'ensemble du secteur agricole (MDR 1994). Le cheptel est estimé à 1 744 750 bovins, 700 000 ovins, 1 350 000 caprins, 308 899 porcins et 13 000 000 de volailles (FAO 2004).
En raison du faible niveau des productions animales en République du Bénin, la dépendance aux importations de viande est loin d'être terminée. Ainsi le volume total de viande importé de l'Union Européenne et des Etats-Unis au cours de la période 1974 - 2003 a représenté le 1/3 de la production intérieure totale (FAO 2004).
Cette tendance concerne aussi la production ovine, car la demande de la viande ovine de bonne qualité est de plus en plus forte concomitante à l'accroissement des population (Gbangboche 2005). Le pic de cette demande se situe autour des périodes de fêtes religieuses: tabaski, ramadan, noël, nouvel an, etc... (Sangaré et al 2005). Cette situation a favorisé l'accroissement de la pratique d'embouche ovine à but lucratif tant en zones urbaines et péri urbaines que rurales (Gbangboche 2005).
L'embouche utilise plusieurs techniques allant de la forme traditionnelle basée sur les sous-produits agricoles (SPA), à la forme améliorée qui associe aux SPA des sous-produits agro-industriels (Somda 2001). L'industrie cotonnière fournit essentiellement trois sous-produits: les graines séparées des fibres de coton par égrenage, les tourteaux et les coques issus de la production d'huile. Une tonne de graine de coton fournit environ 200 kg d'huile, 500 kg de tourteaux et 300 kg de coques (Gilles 1994; FAO 2007). Les deux huileries installées au Bénin ont une capacité annuelle de trituration de 210 000 tonnes de graines de coton pouvant générer près de 63 000 tonnes de coques de graine de coton (Vidjingninou 2005). Ainsi, pour valoriser la coque de graine de coton, la société des huileries de Bénin (SHB®) a conçu un aliment concentré appelé aliment bétail SHB® composé de 60% de tourteau de coton et de 40% de coques de graine de coton.
Cette étude a pour objectif d'évaluer les performances zootechniques et la rentabilité économique de l'embouche des ovins Djallonké avec des rations contenant différentes proportions de coques de graine de coton.
Cette étude a été réalisée à la ferme d'élevage de Bétécoucou qui abrite le Centre National Ovin (CNO) avec un effectif de 1170 têtes d'ovins Djallonké au 01 août 2006. Sous tutelle du projet de Développement de l'élevage phase III (PDE III), cette ferme d'Etat est située dans la commune de Dassa-Zoumè (2°24’ longitude Est et 7°48’ latitude Nord). Elle couvre une superficie de 11000 ha et appartient au domaine phytogéographique guinéen (Sinsin et al 2003). Le climat est de type intermédiaire entre le climat subéquatorial maritime (deux saisons des pluies et deux saisons sèches) et le climat soudano-guinéen (une saison pluvieuse et une saison sèche). La température moyenne annuelle est de 27,5° c. Les plus basses températures sont enregistrées au cours des mois de décembre et janvier (20 à 21,5° c) et celles les plus élevées de Février à Mars (35 à 37° c). Les précipitations moyennes annuelles calculées sur une période de 10 ans sont de 1073 mm (Sinsin et al 2003).
Cette étude a été menée sur 30 antenais de race Djallonké nés et élevés au CNO, âgés de 262,9 ± 6,7 jours et pesant en moyenne 17,9 ± 2,1 kg. Les animaux ont été vaccinés contre la peste des petits ruminants (PPR), déparasités (albendazoleâ) et soumis mensuellement à des bains détiqueurs. Ils ont ensuite été répartis en 3 lots homogènes de 10 animaux après une période d'adaptation de 15 jours.
Les ovins ont été alimentés en groupe et les trois lots ont reçu une ration de base identique constituée de biomasse verte de Panicum maximum, servie au râtelier en deux repas (8h00 et 12h00). La biomasse de Panicum maximum a été récoltée tous les jours à 7h00 dans une parcelle fourragère. L'attribution des compléments alimentaires aux lots animaux a été aléatoire et la complémentation a été effectuée en groupe à 16h00. Les antenais du lot 1 ont été complémentés avec du tourteau de coton (R1). Ceux du lot 2 ont reçu en complémentation l'aliment bétail SHB® (R2) qui est un mélange granulé de 60% tourteau de coton et de 40% coques de graines de coton. Le complément donné aux antenais du lot 3 est composé de 50% de tourteau de coton et de 50% d'aliment bétail SHB® (R3) et contient donc 80% de tourteau de coton et 20% de coques de graine de coton. La composition et la valeur nutritive des rations administrées aux antenais sont présentées dans le tableau 1.
Tableau 1. Composition et valeur nutritive des rations |
|||
Composition |
R1 |
R2 |
R3 |
Panicum maximum, kg |
1,582 |
1,478 |
1,526 |
Tourteau de coton, kg |
0,435 |
- |
0,233 |
Aliment bétail SHB®, kg |
- |
0,522 |
0,233 |
Valeur nutritive |
|
|
|
Matière sèche, kg |
1,017 |
1,053 |
1,023 |
Energie nette, UF* |
0,690 |
0,688 |
0,682 |
Matières azotées totales, g |
247,8 |
217,3 |
230,9 |
Matières azotées digestibles, g |
189,7 |
149,2 |
168,9 |
Cellulose brute, g |
253,9 |
267,9 |
258,3 |
Matières grasses, g |
18,6 |
19,8 |
19,0 |
Extractif non azoté, g |
411,1 |
463,4 |
430,4 |
Cendre totale, g |
85,7 |
84,6 |
84,4 |
* = unité fourragère |
Pendant l'essai d'embouche qui a eu une durée de 60 jours, les antenais avaient libre accès à l'eau d'abreuvement et à la pierre à lécher Rockies® Phosrich de composition suivante: Nacl-50%, Ca-8,5%, Mg-0.2%, Fe-3000 ppm, Mn-2500 ppm, I-300 ppm, Zn-300 ppm, Co-50 ppm, Se-10 ppm.
Les antenais ont été logés par lots dans une bergerie à trois sections ayant chacune une superficie de 20m2. Chaque section donne accès à un parc clôturé de 100m2 dans lequel les animaux ont été nourris et abreuvés.
L'ingestibilité des aliments utilisés a été déterminée par pesées des quantités offertes à chaque repas et des refus. Des échantillons représentatifs de tous les aliments ont été prélevés et analysés suivant les méthodes officielles approuvées par l'AOAC (1984).
La valeur énergétique du Panicum maximum a été déterminée en utilisant les tables dites «Hollandaises» (Rivière 1991). Sa teneur en matières azotées digestibles (MAD) a été estimée en utilisant l'équation suivante (Rivière 1991):
MAD (% MS) = MAT (% MS) – 4,5
Où: MAT = matières azotées totales; MS = matière sèche.
Les teneurs du tourteau de coton en MAD et en énergie ont été déterminées en utilisant les formules suivantes (Rivière 1991)
MAD = MAT * CD (MAT)
TDN = MO * CD (MO) + MG * CD (MG) * 1,25
UF = (TDN * 3,65 - 1000)/ 1883
Où:
CD = coefficient de
digestibilité de différents nutriments pris dans les tables de digestibilité de
Jarrige (1980)
TDN = éléments digestibles totaux
MO = matière organique
MG = matières grasses
UF = unité fourragère
L'aliment bétail SHB® étant un aliment composé de tourteau et de coques de graine de coton, Ses valeurs énergétique et azotée ont été déterminées par la méthode de calcul de la valeur fourragère des aliments composés (Rivière 1991).
UF = MO * d * c/1000
MAD = MAT * d
Où:
d = coefficient de
digestibilité de MO et MAT se déterminant en fonction de la teneur de l'aliment
en cellulose brute dans une table (Rivière 1991)
c = coefficient se déterminant en fonction de d et du taux de matières grasses
de l'aliment dans une table (Rivière 1991).
L'évolution du poids vif des antenais a été déterminée par pesée de chaque animal au début de l'essai puis tous les 15 jours. Les pesées ont été effectuées tôt le matin à l'aide d'un peson de portée 50 kg ± 100 g. Ces données ont permis de calculer les gains absolus de poids, les gains moyens quotidiens (GMQ) par période de 15 jours et après 60 jours d'embouche ainsi que les indices de consommation des antenais.
A la fin de l'essai d'embouche, trois antenais de chaque lot (choix aléatoire) ont été pesés à jeun et abattus pour déterminer les paramètres suivants: le poids de la carcasse, le poids du cinquième quartier comprenant le poids des abats et le poids des issus, le poids du contenu du tube digestif et de la vessie. Ces différents paramètres ont permis de calculer le rendement brut (Rb) et le rendement net (Rn) des animaux.
Le revenu net généré par l'embouche des antenais Djallonké a été obtenu en déduisant du revenu brut provenant de la vente des antenais engraissés calculé sur la base de 1 000 F. CFA par kg de poids vif, le prix d'achat des antenais maigres et les coûts de production. Ces derniers comprennent l'achat et le transport des compléments alimentaires et minéraux, la main d'oeuvre, l’amortissement de la parcelle de Panicum maximum, du petit matériel et de la bergerie et l’achat des produits vétérinaires.
Le gain absolu de poids, le GMQ, l'indice de consommation
et les performances bouchères ont été soumis à l'analyse statistique au logiciel
Statistica® version 6.1 (Statistica 2001). L'effet de la
complémentation alimentaire a été estimé par l'analyse de la variance au seuil
de 5%. La comparaison multiple des moyennes a été effectuée avec le test LSD de
Fisher. Les résultats sont présentés sous forme de moyenne ± écart-type.
Les paramètres de croissance pondérale des antenais pendant l'essai d'embouche sont récapitulés dans le tableau 2. L'analyse de la variance a montré que le type de complément alimentaire n'a pas d'effets (p>0,05) sur la croissance pondérale des antenais des trois lots.
Tableau 2. Paramètres de croissance pondérale des antenais |
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Paramètres |
R1 |
R2 |
R3 |
Moyenne |
SS |
Poids vif initial, kg |
17,95±2,29 |
17,75±2,02 |
17,90±2,26 |
17,87±2,12 |
NS |
Poids vif final, kg |
22,90±2,56 |
23,15±2,27 |
23,20±2,50 |
23,08±2,36 |
NS |
Gain absolu de poids, kg |
4,95±0,98 |
5,40±0,91 |
5,30±0,89 |
5,22±0,92 |
NS |
Gain moyen quotidien, g |
82,5±16,4 |
90,0±15,1 |
88,3±14,8 |
87,0±15,3 |
NS |
SS = Seuil de Signification, NS = Non Significatif (p>0,05) |
L'évolution des GMQ par période de 15 jours (tableau 3) n'a pas été identique au niveau des trois lots d'antenais. Pendant la première quinzaine le lot R1 a eu un GMQ supérieur (p<0,001) de 70 et 35,7% par rapport respectivement aux lots R2 et R3. Cette tendance s'est renversée au cours de la 2eme quinzaine avec la baisse du GMQ du lot R1 et la hausse du GMQ des lots R2 et R3, ce qui a conduit à l'égalité (p>0,05) des GMQ des trois lots.
Tableau 3. Evolution des gains Moyens quotidiens (g) des antenais par période de 15 jours |
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Périodes |
R1 |
R2 |
R3 |
Moyenne |
SS |
1ère quinzaine |
113,2±22,5a |
66,6±11,2c |
83,4±14,0b |
87,7±25,3b |
p<0,001 |
2ème quinzaine |
86,8±17,3a |
90,0±15,1a |
86,6±14,5a |
87,8±15,2a |
NS |
3ème quinzaine |
66,7±13,3a |
99,0±16,6b |
90,1±15,1b |
85,3±20,1b |
p<0,05 |
4ème quinzaine |
63,4±12,6a |
104,4±17,5c |
93,3±15,6bc |
87,0±23,0b |
p<0,001 |
Total en 60 jours |
82,5±16,4a |
90,0±15,1a |
88,3±14,8a |
87,0±15,3a |
NS |
abc = les chiffres de la même ligne, indicés de lettres différentes sont significativement différents au seuil de 5%,SS = Seuil de Signification, NS = Non Significatif (p>0,05) |
Pendant la 3ème quinzaine, la chute du GMQ du lot R1 est maintenue alors que ceux des lots R2 et R3 ont été améliorés (p<0,05). Cette évolution s’est maintenue au cours de la 4ème quinzaine induisant une augmentation significative (p<0,001) des GMQ des lots R2 et R3 respectivement de 64,7 et 47,2% par rapport au lot R1.
L'utilisation du tourteau de coton à dose élevée en embouche des antenais Djallonké a conduit à une baisse graduelle du GMQ des animaux. Par contre, l'aliment bétail SHB® qui au début avait donné de faibles GMQ a par la suite engendré des GMQ élevés. Le mélange des deux compléments alimentaires a favorisé une croissance pondérale quasi stable au cours de l'embouche.
Les coefficients d'encombrement et les taux de cellulose brute sont pratiquement identiques (tableau 4) au niveau des trois rations. Inversement, les rapports MAD/UF sont différents pour les trois rations: les antenais du lot R1 ont reçu plus de matières azotées digestibles par unité fourragère que ceux des lots R2 et R3. Les indices de consommation des antenais après 60 jours d'embouche sont présentés dans le tableau 4.
Tableau 4. Caractéristiques des rations et indices de consommation des antenais |
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Paramètres |
R1 |
R2 |
R3 |
Moyenne |
SS |
CE=MS/UF |
1,47 |
1,53 |
1,50 |
1,50 |
- |
Taux de CB, % MS |
24,96 |
25,44 |
25,25 |
25,22 |
- |
Rapport MAD/UF |
274,9 |
216,9 |
247,7 |
246,5 |
- |
MS/ kg de croît, kg |
12,85±3,05a |
12,01±2,08a |
11,91±2,17a |
12,26±2,43a |
NS |
UF/ kg de croît |
8,72±2,07a |
7,85±1,36a |
7,94±1,45a |
8,17±1,65a |
NS |
MAD/ kg de croît, kg |
2,40±0,57a |
1,70±0,30b |
1,97±0,36b |
2,02±0,49b |
p<0,05 |
a,b =
les chiffres de la même ligne, indicés de lettres différentes
sont significativement différents au seuil de 5%, SS = Seuil
de Signification, NS = Non Significatif (p>0,05),
|
L'analyse de la variance a montré que les antenais des trois lots ont utilisés les mêmes (p>0,05) quantité de matière sèche et d'énergie pour produire un kilogramme de gain de poids. Par contre, l'indice de consommation de matière azotées digestible du lot R1 est supérieur (p<0,05) à ceux des lots R2 et R3 respectivement de +41,2 et +21,8%. L'utilisation de tourteau de coton à haute dose dans la ration d'embouche des antenais Djallonké a donc conduit à une perte de matières azotées digestibles.
Les performances bouchères (Tableau 5) ont montré que le 5ème quartier a représenté 35,9% du poids vif des antenais. Les abats et les issues qui constituent le 5ème quartier ont représenté respectivement 27 et 8,9% du poids vif des animaux. Les contenus du tube digestif et de la vessie ont pesé 20,2% du poids vif des animaux et leur poids vif vide a été évalué à 79,8%. L'analyse de la variance n'a révélé aucune différence significative (p>0,05) entre les performances bouchères des antenais des trois lots. Le type de complément alimentaire n'a donc pas eu d'effets sur les performances bouchères des animaux.
Tableau 5. Performances bouchères des antenais après 60 jours d’embouche |
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Paramètres |
R1 |
R2 |
R3 |
Moyenne |
SS |
Poids vif, kg |
23,33±2,08 |
24,33±2,52 |
24,00±1,80 |
23,89±1,92 |
NS |
Poids carcasse, kg |
10,20±0,91 |
10,73±1,11 |
10,56±0,79 |
10,50±0,85 |
NS |
Poids 5ème quartier, kg |
8,59±0,76 |
8,52±0,88 |
8,62±0,64 |
8,57±0,67 |
NS |
Poids abats, kg |
6,49±0,58 |
6,43±0,66 |
6,48±0,48 |
6,46±0,50 |
NS |
Poids issues, kg |
2,10±0,19 |
2,09±0,22 |
2,14±0,16 |
2,11±0,16 |
NS |
Poids contenu du tube Digestif et de la vessie, kg |
4,55±0,40 |
5,08±0,52 |
4,82±0,37 |
4,82±0,44 |
NS |
Rendement brut (Rb), % |
43,70±0,78 |
44,10±0,70 |
44,00±0,26 |
43,93±0,57 |
NS |
Rendement net (Rn), % |
54,29±0,78 |
55,75±0,85 |
55,07±0,26 |
55,04±0,87 |
NS |
SS = Seuil de Signification, NS = Non Significatif (p>0,05) |
Les résultats économiques de l'embouche des antenais, présentés dans le tableau 6, indiquent que les coûts de production n’ont pas été identiques au niveau des trois lots. Les différences fondamentales se situent au niveau des coûts d'alimentation évalués à 63,1; 59,4 et 63,6% des coûts totaux respectivement pour les lots R1, R2 et R3. Ces variations ont aussi concernés les coûts des soins vétérinaires qui ont représentés 12,4; 8,1 et 8,3% des coûts totaux pour les lots R1, R2 et R3 respectifs.
Tableau 6. Paramètres économiques de l’embouche ovine (en F. CFA par tête d’antenais) |
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Paramètres étudiés |
R1 |
R2 |
R3 |
Moyenne |
Prix d’achat des animaux |
13 465 |
13 315 |
13 425 |
13 401,7 |
Coûts d’alimentation |
3 006 |
2 136 |
2 631 |
2 591 |
Coûts de la main d’œuvre |
1 000 |
1 000 |
1 000 |
1 000 |
Coûts des soins vétérinaires |
592 |
292 |
342 |
408,7 |
Amortissement des matériels |
165 |
165 |
165 |
165 |
Total coûts de production |
4 763 |
3 593 |
4 138 |
4 164,7 |
Prix de revient des animaux |
18 228 |
16 908 |
17 563 |
17 566,4 |
Revenu brut |
22 900 |
23 150 |
23 200 |
23 083,3 |
Revenu net |
4 672 |
6 242 |
5 637 |
5 516,9 |
Rentabilité financière, % |
25,6 |
36,9 |
32,1 |
31,4 |
Toutes les rations testées sont économiquement rentables.
L'embouche des antenais avec l'aliment bétail SHB® (R2) a généré le
meilleur revenu net, supérieur de 1 570 et 605 F. CFA par rapport respectivement
aux lots R1 et R3. Les rentabilités financières étant supérieures respectivement
de 11,3 et 4,8%.
Discussion
Les performances de croissance pondérale obtenues au cours de cet essai sont comparables à celles rapportées par certains auteurs (Berger et Ginisty 1980; Poivey et al 1982; Symoens et Hardouin 1988; Somda 2001). Chez des moutons de race Mossi et Peulh au Burkina Faso, avec 4 essais d'alimentation intensive les GMQ étaient compris entre 73 et 133 g (Bourzat et al 1987). Dehoux et Hounsou-Vè (1991) rapportent quant à eux des GMQ de 106 et 118 g respectivement pour les moutons Djallonké et Fulani âgé de 14 à 20 mois en 5 semaines d'embouche. Kouao et al (1991) ont obtenu un GMQ de 88 g sur des ovins Djallonké ayant reçu une ration composée de Panicum maximum et de tourteau de coton. En utilisant des rations à base de Panicum maximum et Brachiaria ruziziensis complémentées avec les graines de coton, Toléba et al (2001) ont enregistré des GMQ de 97,3 à 102,7 g sur les ovins Djallonké. La baisse graduelle des GMQ avec l'augmentation de l'âge a été observée par certains auteurs: ainsi pour les tranches d'âges de 3-8, 9-12, 12-18, et plus de 18 mois les GMQ observés ont été respectivement de 118,7; 75,7; 87,8 et 85,4 g (Sangaré et al 2005). En complémentant 4 fourrages (paille de brousse, fane d'arachide, paille de sorgho et paille de maïs) avec du tourteau de coton et du mil, Nantoumé et al (2006) ont obtenu des GMQ respectifs de 98; 192; 132 et 142 g sur des moutons Maures. Dans une expérimentation conduite par Thys (1989), des béliers nourris exclusivement avec des coques de coton et un aliment composé de 95% de tourteau de coton ont eu un GMQ de 122 g. Une corrélation positive a été établie entre le niveau de concentration énergétique de la ration et les performances pondérales des ovins en embouche (Bougouma-Yaméogo et al 1997). C’est certainement ce qui explique la faiblesse des GMQ de 31 g obtenus par Bouchel et al (1991) en alimentant des ovins avec du foin et de la mélasse. Dans un autre essai Sidi-Imorou (2002) a obtenu des GMQ de 49 et 46 g en utilisant des rations composées d’Andropogon gayanus et de Panicum maximum associés à l’Aeschynomene histrix.
L'ingestibilité des aliments est conditionné par la capacité du rumen et par l'activité des microorganismes dont dépendent la digestibilité et la vitesse de transit des aliments (Rivière 1991). Le faciès microbien pouvant varier sous l'effet de la composition des aliments ingérés contrôle le niveau de digestibilité d'une ration dans le rumen (Jarrige 1980). Ainsi, le fourrage riche en cellulose favorise le développement des bactéries cellulolytiques, le mil favorise le développement des bactéries amylolytiques et le tourteau celui des bactéries protéolytiques (Rivière 1991). Par ailleurs, Jarrige (1980) rapporte que la modification du faciès microbien par la distribution d'une ration nécessite une période d'adaptation d'une à plusieurs semaines. Ces observations pourraient justifier la dissemblance de l'ingestion des compléments alimentaires au niveau des trois lots. La forte et constante ingestion du tourteau de coton résulte de l’habitude des antenais du lot R1 à cet aliment, d’où des GMQ élevés au début de l’essai. L'ingestion de l'aliment bétail SHB® (R2) a été lente et croissante en raison de sa forte teneur en coques de graine de coton, riches en cellulose et nécessitant une période d’adaptation pour l’installation de la flore cellulolytique, d’où des GMQ faibles au début de l’essai. Le mélange de tourteau de coton et d'aliment bétail SHB® (R3) contenant moins de coques de graine de coton a été mieux ingéré et a donné des GMQ intermédiaires.
Les indices de consommation (IC) de matière sèche (MS) et d'unité fourragère (UF) obtenus au cours de l'essai d'embouche sont comparables à certains résultats d'études menées sur les ovins. Berger et Ginisty (1980) ont rapporté des IC variant de 12,4 à 23,3 kg de MS et de 7,4 à 12,7 UF par kg de gain de poids sur les ovins Djallonké en embouche. En utilisant une ration de base de Brachiaria, complémentée par différents sous-produits Bouchel et al (1991) ont signalé des IC variant de 6,9 à 21,3kg de MS par kg de croît. Nantoumé et al (2006) ont rapporté des IC variant de 7,76 à 11,34 kg de MS par kg de croît. Certains auteurs indiquent que l'IC augmente avec l'âge des animaux (Sangaré et al 2005). Pour les tranches d'âge de 3-8, 9-12, 12-18 et plus de 18 mois ils ont établi des IC croissant de 8,6; 10,7 et 13,9 kg de MS par kg de gain de poids respectifs (Sangaré et al 2005). Toléba et al (2001) ont obtenu de faibles IC variant de 4,6 à 6,24 UF par kg de croît sur de jeunes ovins Djallonké.
Par rapport aux normes alimentaires, un apport de 135 à 150g de MAD/UF soit 1,07 à 1,28kg de MAD par kg de croît (Rivière 1991) est recommandé. Les ovins des trois lots dans la présente étude ont reçu des surplus de MAD de 124,9; 66,9 et 97,7 g par UF respectivement pour les lots R1, R2 et R3. Des cas de troubles gastro-intestinaux et de diarrhée ont été observés chez 6 individus du lot R1. On pourrait suspecter l'excès d'azote dans le régime, ayant engendré la baisse de la digestibilité, de l'ingestion et donc à l'origine de la baisse des GMQ dans ce lot ayant reçu le tourteau de coton. Des effets similaires et nocifs dûs à l’excès d’azote ont été rapportés (Jarrige 1980; Rivière 1991; Lhoste et al 1993; Soltner 1994; Jarrige et al 1995), bien qu’un léger excès serait sans danger puisque recyclé dans le foie sous forme d’urée et éliminé par l’urine (Rivière 1991).
Les performances bouchères des antenais des trois lots sont comparables à celles obtenues par Bouchel et al (1991). En utilisant Albizia zygia comme complément dans un essai d'engraissement de mouton Djallonké, ces auteurs ont établi des rendements bruts carcasse compris entre 40 et 40,3% tandis que les rendements vrais carcasse ont varié de 50,8 à 52,48% (Bouchel et al 1991). Sangaré et al (2005) ont rapporté que la durée de l'embouche affecte de façon significative le rendement vrai carcasse. Il aurait tendance à baisser quand la durée d'embouche s'allonge: pour des durées d'embouche de 9 à 12 semaines et supérieures à 12 semaines, les valeurs enregistrées sont respectivement de 50,8 et 48,4%.
La faiblesse des coûts d’alimentation et de soins
vétérinaires expliquerait la supériorité économique de la ration R2. L’aliment
bétail SHB® est vendu à un prix plus bas que le tourteau de coton du
fait de l’incorporation de 40% de coques de graine de coton. Le rapport valeur
nutritive/coût est déterminant pour le choix des aliments en embouche ovine.
Dans les essais menés par Nantoumé et al (2006), la ration qui a la valeur
nutritive la plus élevée (FA) a généré un revenu net maximal de 9 413 F. CFA,
alors que la ration la plus chère (PM) a donné le plus faible bénéfice net de 3
196 F CFA. Sidi-Imorou (2002) a enregistré des revenus nets qui s'élèvent à 4
887 et 5 189 F. CFA respectivement en
utilisant des rations composées d'Andropogon
gayanus et de Panicum maximum C1 associés à l'Aeschynomène histrix.
En complémentant deux fourrages (Panicum maximum et Brachiaria
ruziziensis) avec des graines de coton, Toléba et al (2001) ont obtenu sur
des moutons Djallonké des revenus respectifs de 2 510 et 2 325 F. CFA. Ces
différents résultats montrent que pour obtenir un revenu net élevé en embouche
ovine, il faut utiliser des rations à faibles coûts et hautes valeurs
énergétique et azotée, pouvant donner aux animaux des GMQ élevés.
Conclusion
La substitution partielle ou totale du tourteau de coton par l'aliment bétail SHB® contenant 40% de coques de graine de coton dans des rations à base de biomasse verte de Panicum maximum a donné les mêmes performances zootechniques sur des ovins Djallonké en embouche.
L’utilisation de l'aliment bétail SHB® pour engraisser
des ovins Djallonké a une rentabilité économique supérieure de 11,3 et 4,8% par
rapport respectivement au tourteau de coton et au mélange équitable de ces deux
compléments alimentaires.
Remerciement
Les auteurs remercient sincèrement le Dr P Tondji et le Dr
A Saliou de la Ferme d'Élevage de Bétécoucou (PDE III) pour avoir autoriser et
faciliter la réalisation de cette étude. Nos remerciements vont également à
l'endroit de Mr R Bosma du projet NPT/BEN/183/FA-UP/WU pour la lecture critique
de cet article.
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Received 15 May 2007; Accepted 10 August 2007; Published 3 October 2007