Livestock Research for Rural Development 17 (10) 2005 | Guidelines to authors | LRRD News | Citation of this paper |
Des juvéniles Achatina fulica (Bowdich) d'une semaine d'âge, de 0,52g de poids vifs moyens et de 1,37cm de longueur moyenne de coquille ont été soumis à deux régimes alimentaires végétariens (R1 et R2) et à quatre régimes concentrés de farine (RT, R3, R4 et R5) de teneur en calcium variable (0,05%, 0,59%, 6,82%, 12,02%, 14,03% et 16,01) dans le but de comparer les deux types d'aliments et de déterminer le taux de calcium avançant la maturité sexuelle, induisant des pontes précoces et les meilleures performances de reproduction.
La maturité sexuelle est atteinte à deux mois d'âge et les premières pontes surviennent à trois mois d'âge pour un taux de calcium alimentaire de 6,82% (RT). Les performances de reproduction sont meilleures avec les aliments concentrés.
Mots Clés: Achatina fulica (Bowdich), régimes alimentaires, calcium, reproduction
Juveniles Achatina fulica (Bowdich), 0,52 g body weight and 1,37 cm shell length were given two vegetable (R1 and R2) and four concentrated diets (RT, R3, R4 and R5) with variable calcium content (0,05% , 0,59%, 6,82%, 12,02%, 14,03% and 16,01% respectively) in order to compare the two type of diets and determine calcium content, advancing sexual maturity, inducing early eggs laying and better reproductive performances.
Sexual maturity was achieve at two month old and the first laying occurred at three month old with 6,82 % dietary calcium content(RT). The reproductive performances were better with concentrated diets.
Keywords: Achatina fulica (Bowdich), concentrated diets, dietary calcium, reproduction.
L'élevage des escargots comestibles d'Afrique ou Achatiniculture est possible (Otchoumou et al 1989-1990; Zongo et al 1990). Initiée dans les années quatre vingt en Côte d'Ivoire, par le Ministère de l'Agriculture et des Ressources animales, elle a suscité un engouement certain auprès des populations forestières. Tout en procurant d'importants revenus financiers aux dites populations, elle devrait permettre de freiner la pression de ramassage, le déficit saisonnier et la préservation de la ressource escargot. Cependant, faute d'innovation dans les méthodes et les techniques d'élevage, elle a connu jusqu'à ce jour, des résultats peu satisfaisants. En effet, la production et l'élevage hors sol en bâtiment des juvéniles ont débuté timidement et l'alimentation est exclusivement à base de végétaux sauvages et cultivés (Cobbinah et Osei-Nkrumah 1988; Otchoumou et al 1989-1990; 2003a; 2003b; 2004a; 2004b; 2005). Il apparaît donc primordial d'orienter les recherches sur une alimentation concentrée sous forme de farine capable d'augmenter la croissance mais aussi d'avancer la maturité sexuelle et donc de réduire le cycle de développement de l'escargot Achatina fulica (Bowdich) très prolifique (Otchoumou et al 2003a; 2003b). Parmi les nombreux nutriments, on peut penser que le calcium est un élément essentiel car intervenant dans la formation coquillière et la calcification des œufs (Ireland et Marigomez 1991). Ce travail porte sur la comparaison de l'effet d'aliments végétaux et d'aliments concentrés sous forme de farine, contenant différentes concentrations de calcium sur la maturité sexuelle et les performances de reproduction d'Achatina fulica (Bowdich) en élevage hors sol en bâtiment.
Neuf cent escargots juvéniles de l'espèce Achatina fulica (Bowdich) de 0,52 g en moyenne de poids vifs et de 1,37 cm de longueur moyenne de coquille ont été utilisés. Ils sont issus de 10 pontes de reproducteurs récoltés dans la nature et ont éclos la même semaine dans les installations expérimentales.
Six régimes alimentaires ont été proposés aux escargots:
Deux régimes R1 et R2 constitués de feuilles de végétaux sauvages et cultivés ont été proposés aux animaux sur la base de travaux d'inventaires et de préférences alimentaires. En effet, l'inventaire de végétaux cultivés consommés par les Achatinidae a montré qu'ils consommaient une gamme variée de végétaux cultivés dont les feuilles de taro (Xanthosoma maffafa) de laitue (Lactuca sativa) de choux (Brassica oleracea) de manioc (Manihot esculentus) et de papayer (Carica papaya) et que leurs préférences étaient les feuilles de laitue et de choux (Otchoumou et al 1989-1990). Des travaux similaires sur des végétaux sauvages ont aussi montré que les Achatinidae consommaient une gamme variée de végétaux de forêts dont Laportea aestuans, Cecropia peltata, Palisota hirsuta et Phaulopsis falcisepala et que leurs préférences étaient Laportea aestuans (Urticaceae) et Phaulopsis falcisepala (Acanthaceae) (Otchoumou et al 2004a; 2005). Les régimes R1 et R2 sont par conséquent constitués d'un mélange de 50% de feuilles de Lactuca sativa (Apiaceae) et de 50% de feuilles de Brassica oleracea (Brassicaceae) pour R1 et de 50% de feuilles de Laportea aestuans (Urticaceae) et de 50% de feuilles de Phaulopsis falcisepala (Acanthaceae) pour R2.
Trois régimes concentrés sous forme de farine
R3, R4 et R5 de teneur en
matière sèche, matières minérales, calcium et
énergie brute variables et un régime témoin
RT (Laboratoire Central de Nutrition Animale) (Zongo et
al 1990) ont été proposés aux animaux. Ces
régimes ont été confectionnés sur la base des
travaux de d'auteurs précédents (Conan et al 1989;
Zongo et al 1990) avec une grande variation de taux de calcium (Carbonate de calcium)
de R3, R4 et R5. Pour ces trois
régimes, les autres nutriments ne varient presque pas. Par
contre les régimes végétaux et le régime
témoin ont des nutriments susceptibles de varier. Pour
éviter la variation simultanée des autres nutriments des
régimes R3, R4 et R5,
de l'agar-agar a été incorporé comme
diluant. Les tourteaux de coton et le soja graine susceptibles de
renfermer des facteurs antinutritionnels ont été
préalablement grillés. Les farines animales ont
été remplacées par le soja, très riche en
protéines végétales, les escargots étant
végétariens. La formulation de ces régimes est
donnée dans le tableau 1.
Tableau 1. Constituants et caractéristiques calculées (en % de Matière Sèche) des régimes alimentaires concentrés |
|||||||||||||||
Constituants, g |
|||||||||||||||
|
Maïs |
Tourteaux de coton |
Soya |
Farine de poisson |
Blé tendre remoulage bis |
Phosphate bicalcique |
Vitamines |
Carbonate de calcium |
Sel |
Calphosel escargot |
Oligo-éléments |
Agar-agar |
Total |
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
R3 |
10,00 |
16,00 |
16,00 |
- |
15,00 |
04,00 |
0,50 |
28,70 |
0,40 |
- |
0,10 |
09,30 |
100 |
||
R4 |
10,00 |
16,00 |
16,00 |
- |
15,00 |
04,00 |
0,50 |
34,00 |
0,40 |
- |
0,10 |
04,00 |
100 |
||
R5 |
09,70 |
15,70 |
15,70 |
- |
14,70 |
04,00 |
0,50 |
39,20 |
0,40 |
- |
0,10 |
- |
100 |
||
RT |
13,00 |
10,00 |
- |
12,00 |
50,00 |
- |
- |
- |
- |
15,00 |
- |
- |
100 |
||
Caractéristiques, %MS |
|||||||||||||||
|
Energie brute cal/g |
Matière Azotée Tot. |
Calcium |
Phosphore |
Matière |
Amidon |
Sucres Libres |
Cellulose Brute |
Cendres |
Protéines Brutes |
|
|
|
||
R3 |
2785 |
17,48 |
12,02 |
1,20 |
04,71 |
12,56 |
03,10 |
04,76 |
33,43 |
- |
|
|
|
||
R4 |
2785 |
17,48 |
14,03 |
1,20 |
04,71 |
12,56 |
03,10 |
04,76 |
38,47 |
- |
|
|
|
||
R5 |
2727 |
17,14 |
16,01 |
1,19 |
04,61 |
12,24 |
03,04 |
04,67 |
43,35 |
- |
|
|
|
||
RT |
2040 |
- |
06,82 |
- |
04,12 |
18,87 |
03,41 |
07,23 |
23,47 |
23,36 |
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
NB: Résultats en % de matière sèche (MS) |
Les caractéristiques principales des régimes ont été vérifiées par analyse chimique (AOAC 1984). Les résultats sont rassemblés dans le tableau 2.
Tableau 2. Composition des aliments en % du produit sec déterminée par analyse chimique (AOAC 1984) |
||||||
Régimes |
Matière sèche |
Protéines |
Lipides Totaux |
Matières minérales |
Calcium |
Energie Brute |
R1 |
40,40 |
20,40 |
2,34 |
8,91 |
0,83 |
3,096 |
R2 |
32,06 |
20,84 |
2,35 |
19,61 |
4,65 |
3,813 |
RT |
78,61 |
19,89 |
2,32 |
21,21 |
5,52 |
3,617 |
R3 |
81,07 |
19,86 |
2,36 |
36,36 |
11,77 |
2,851 |
R4 |
81,96 |
19,83 |
2,35 |
41,75 |
14,02 |
2,345 |
R5 |
83,13 |
19,85 |
2,34 |
45,00 |
15,08 |
2,380 |
Les escargots juvéniles ont été répartis aléatoirement en six régimes avec trois répétitions par régime à la densité de 100 juvéniles/m² soit 50 juvéniles par bac. Les bacs d'élevage sont en bois parallélépipédiques (L x l x h = 1m x 0,5 m x 0,15 m). L'intérieur des bacs est recouvert d'une mousse humide de 2 cm d'épaisseur. La mousse est à son tour recouverte par un tissu en coton conservant l'humidité des bacs. Les bacs sont posés au hasard sur des portoirs de trois étages installés contre les murs intérieurs d'un bâtiment de 8,6 m de long sur 7,7 m de large. Les animaux sont pesés et les longueurs de coquille mesurées, à l'aide d'une balance Sartorius sensible au 1/100 mg et d'un pied à coulisse électronique sensible au mm, respectivement au départ de l'expérience. L'aliment est servi aux animaux ad libitum. Tous les quatre jours, les bacs sont nettoyés et les animaux morts sont remplacés par des spécimens élevés dans les mêmes conditions, afin de maintenir les densités de départ. Les animaux sont suivis ainsi pour la reproduction dans les conditions ambiantes (température et une humidité relative moyennes 26±1,3°C et 82,9±1,2% respectivement et à une photopériode de 12 heures de lumière: 12 heures d'obscurité) jusqu'à six mois d'âge. Les animaux pondent directement sur le substrat des bacs. Les pontes sont relevées chaque jour, les œufs dénombrés et dix choisis au hasard dans chaque ponte, pesés à l'aide de la balance et mesurés à l'aide du pied à coulisse (grand et petit diamètre). Chaque ponte est mise à incuber dans les conditions ambiantes sur un substrat d'enveloppes de noix de coco (Cocos nucifera (Palmaceae)) jusqu'à éclosion. Les naissains sont dénombrés et les pourcentages d'éclosion calculés.
Les analyses statistiques ont été effectuées avec la procédure GLM® du programme SAS ®(1987). Les paramètres de reproduction (nombre de ponte par régime, nombre moyen d'œufs par ponte, nombre moyen de naissains par ponte, pourcentage d'éclosion, poids moyen des œufs, grand et petit diamètre des œufs) ont été comparés par analyse de variance pour tous les régimes (seuil de confiance 5%) (Dagnelie 1975). Le modèle est le suivant:
Yijk = µ + Ri + Bij + Eijk
Où:
Yijk est la variable mesurée,
µ la moyenne générale,
Ri l'effet fixe du régime alimentaire,
Bij l'effet du répliquât et
Eijk la résiduelle.
Les corrélations entre les paramètres de reproduction ont également été calculées.
L'analyse chimique des régimes alimentaires concentrés montre que les compositions théoriques attendues ont été presque respectées pour les régimes R3, R4 et R5. Les teneurs en calcium des régimes R1, R2 et RT sont de 0,83; 4,65 et 5,52 % respectivement. On constate que les protéines du régime RT sont d'origine animale (farine de poisson) alors que celles des autres régimes sont d'origine végétale (farine de soja). Les régimes R1, R2 et RT sont plus riches en protéines et en énergie comparés aux régimes R3, R4 et R5.
Les statistiques élémentaires des paramètres de reproduction figurent dans le tableau 3.
Tableau 3. Statistiques élémentaires des paramètres de reproduction |
|||||
Variable |
Nombre de relevés |
Moyenne |
Ecart-type |
Minimum |
Maximum |
Nombre moyen de ponte par régime |
36 |
1,37 |
1,55 |
0 |
4,50 |
Nombre moyen d’œufs par ponte |
36 |
55,91 |
58,73 |
0 |
170,00 |
Nombre moyen de naissains par ponte |
21 |
11,04 |
13,01 |
0 |
30,25 |
Pourcentage d’éclosion, % |
21 |
8,12 |
9,07 |
0 |
22,95 |
Poids moyen d’un œuf, g |
35 |
0,12 |
0,09 |
0 |
0,21 |
Grand diamètre d’un œuf, mm |
35 |
2,83 |
2,06 |
0 |
4,60 |
Petit diamètre d’un œuf, mm |
35 |
2,05 |
1,49 |
0 |
3,25 |
On constate qu'au terme de six mois d'expérience, les animaux nourris aux régimes végétariens ont très peu pondu alors que ceux des régimes concentrés de farine ont commencé leurs pontes à partir du deuxième mois. La comparaison des paramètres de reproduction des régimes R3, R4 et R5 montre un effet positif de l'augmentation du taux de calcium. En effet au fur et à mesure que le taux de calcium alimentaire augmente, le nombre moyen d'œufs par ponte et les dimensions des œufs augmentent. Le régime RT (teneur en calcium de 5,52 %) offre les meilleurs paramètres de reproduction. L'analyse de variance (Tableau 4) montre une différence significative (P< 0,05) entre les valeurs moyennes des paramètres de reproduction et de croissance des régimes végétariens (R1 et R2) pauvres en calcium et celles des régimes concentrés de farine (RT, R3, R4 et R5) moyennement à fortement riches en calcium.
Tableau 4. Effet des régimes alimentaires sur les paramètres de reproduction |
||||||
Régimes alimentaires |
R1 |
R2 |
RT |
R3 |
R4 |
R5 |
Nombre moyen de ponte par régime |
0,19e |
0,15e |
4,50a |
1,25c |
1,00d |
1,50b |
Nombre moyen d’œufs par ponte |
20e |
22e |
67,00b |
43,50d |
55,00c |
170,00a |
Nombre moyen de naissains par ponte |
0d |
0d |
10,00c |
30,25a |
0,00d |
26,00b |
Pourcentage d’éclosion, % |
0d |
0d |
14,04b |
22,95a |
0,00d |
11,79c |
Poids moyen d’un œuf, g |
0,14 |
0,15 |
0,15d |
0,17c |
0,19b |
0,21a |
Grand diamètre d’un œuf, mm |
4,10c |
4,10c |
4,10c |
4,10c |
4,60a |
4,20b |
Petit diamètre d’un œuf, mm |
2,90d |
2,90d |
3,15b |
2,90d |
3,00c |
3,25a |
NB: Les valeurs moyennes de la même ligne indexées de la même lettre ne sont pas statistiquement différentes (P<0.05) |
Les valeurs moyennes des paramètres de reproduction des régimes concentrés sont statistiquement différentes entre elles au seuil de 5 %. Le tableau 5 montre que le poids moyen des œufs, le grand et le petit diamètre des œufs sont fortement corrélés (r > 0,9).
Tableau 5. Corrélation entre les différents paramètres de reproduction |
||||||||
Variable |
Nombre de pontes |
Nombre d’œufs/ponte |
Nombre d’éclos/ponte |
Pourcentage d’éclosion |
Poids moyen d’un œuf |
Grand diamètre |
Petit diamètre |
|
Nombre moyen de Ponte/ régime |
1,00 |
|
|
|
|
|
|
|
Nombre moyen d’œufs/Ponte |
0,39 |
1 |
|
|
|
|
|
|
Nombre moyen de naissains/Ponte |
0,26 |
0,62* |
1 |
|
|
|
|
|
Pourcentage d’éclosion |
0,53 |
0,40 |
0,90** |
1 |
|
|
|
|
Poids moyen d’un œuf |
0,50 |
0,79** |
0,63* |
0,57 |
1 |
|
|
|
Grand diamètre d’un œuf |
0,60* |
0,68* |
0,56 |
0,59 |
0,97** |
1 |
|
|
Petit diamètre d’un œuf |
0,66* |
0,73** |
0,61* |
0,63* |
0,97** |
0,99** |
1 |
|
* = P<0,01; ** = P<0,001 |
Le nombre de ponte par régime, le nombre d'œufs par ponte et le pourcentage d'éclosion sont fortement corrélés (r > 0,5). Enfin, il existe une très forte corrélation entre les paramètres de reproduction (nombre d'œufs par ponte et grand diamètre des œufs).
L'achatiniculture moderne et hors-sol s'accommode mal de
l'utilisation d'aliments végétaux comme les fourrages
verts et les fruits ou tubercules de certains végétaux
qui donnent des performances de reproduction relativement faibles
(Aubert 1989; Zongo et al 1990; Otchoumou et al 2004b). Ces faibles
performances de reproduction sont confirmées par nos
résultats qui montrent une très grande différence
entre les deux aliments végétaux (R1 et
R2) et les aliments concentrés sous forme de farine
R3, R4, R5 et RT.
L'étude de l'effet d'un déséquilibre en acides
aminés d'aliments concentrés sur les
préférences alimentaires de Cepaea nemoralis et
Achatina fulica a montré que les deux espèces
préféraient l'aliment concentré complet par rapport
aux aliments déséquilibrés en nutriments (Carefoot
et Switzer-Dunlap 1989). Les premières
pontes ont été observées à 75 jours d'âge
chez les spécimens nourris aux régimes concentrés de
farine ce qui réduit de deux tiers la durée du cycle de
développement d'Achatina fulica (Bowdich) qui
était de 195 à 210 jours chez des animaux en milieu
naturel (Waitkuwait 1987; Upatham et al 1988). La raison de cette
croissance rapide serait une richesse des régimes
concentrés en énergie et en nutriments (Protéines,
matières minérales et calcium) comparés aux
régimes végétaux pauvres. De plus en élevage
rationnel, l'aliment vert offre l'inconvénient de produire des
fèces volumineux, collantes, difficile à enlever et
pourrit relativement vite (Aubert 1989). Les aliments composés
conviennent donc à la nutrition des escargots, sont d'un
emploi plus facile que les végétaux et doivent apporter
à la fois l'énergie, les protéines, les
minéraux et les vitamines dont les animaux ont besoin. Parmi
ces nutriments, le calcium est un élément essentiel pour
la calcification des œufs. C'est à juste titre que les
régions où prospèrent les escargots ont un sol
calcaire. En effet, le calcium serait le plus important facteur de
distribution des gastéropodes terrestres et qu'il
existerait une forte corrélation entre les densités de
peuplement, l'abondance des escargots et les teneurs en calcium des
sols colonisés (Johannessen
et Solhoy 2001; Tattersfied et al 2001; Hotopp 2002). En milieu
naturel, les escargots combleraient les déficits en calcium
végétal par le calcium des sols (Johannessen et Solhoy
2001. Nos résultats montrent que le taux optimal de calcium
induisant une meilleure performance de reproduction chez
Achatina fulica (Bowdich) est au moins égal à 5,52
%, résultats inférieurs à ceux obtenus chez Helix
aspersa (12,07%) (Conan et al 1989). Le nombre moyen de ponte
par régime, le nombre moyen d'œufs par ponte, le grand
diamètre et le petit diamètre des œufs sont
supérieurs à ceux précédemment obtenus avec des
végétaux (Upatham et al 1988; Otchoumou et al 2003b).
Cependant nos pourcentages d'éclosion sont faibles (22,95 %
contre 68,41 %). Les substrats d'incubation utilisés en
seraient la cause. En effet, un substrat
d'enveloppes de noix de coco (Cocos nucifera (Palmaceae))
a
été utilisé, contrairement au coton humide et à
la terre stérilisée par chauffage de nos
prédécesseurs.
Les paramètres de reproduction montrent une très grande différence entre les régimes végétariens et les régimes concentrés. En effet, tandis que les individus nourris aux régimes concentrés commencent à pondre à partir de 75 jours d'âge, Ceux nourris aux régimes végétariens ne pondent guère au bout de 5 mois. La maturité sexuelle serait donc tardive chez les animaux nourris aux régimes végétariens. La différence d'âge des escargots à la maturité sexuelle serait liée aux régimes alimentaires. En élevage, avec un mélange de végétaux (carotte, concombre, pomme et laitue) et d'aliments concentrés (65 % de matière grasse, 20 % de cendres, 5,5 % de cellulose et 16 % de protéines) la maturité sexuelle est atteinte entre 5 et 7 mois. En milieu naturel où l'alimentation est exclusivement à base de végétaux, la maturité sexuelle est atteinte entre 7 et 8 mois d'âge (Waitkuwait 1987; Upatham et al 1988; Zongo et al 1990). Nos résultats montrent aussi qu'au fur et à mesure que le taux de calcium alimentaire augmente, le nombre moyen d'œufs par ponte et les dimensions des œufs augmentent. Ce phénomène trouverait son explication dans le fait qu'une grande partie du calcium ingéré serait utilisée pour la confection de la coque des œufs. La qualité du régime alimentaire influencerait donc l'acquisition de la maturité sexuelle et la reproduction. Cependant, le fait que le régime RT (6,82% de calcium) offre les meilleurs paramètres de reproduction s'expliquerait par sa composition chimique différente. Ainsi, il est le seul à contenir un taux élevé de protéines (23,36%) et une énergie relativement faible (2040 cal/g). Cette acquisition de la maturité sexuelle serait sous une dépendance hormonale et photopériodique (Aupinel et Daguzan 1987; Takeda 1989). Enfin, les fortes corrélations existant entre les paramètres de reproduction indiquent un phénomène allométrique. En définitive, les concentrés farines sont mieux adaptés à l'élevage des escargots africains. Cependant une étude comparative de la rentabilité économique d'élevages utilisant un aliment végétarien et un aliment concentré permettrait de trancher quant au choix du type d'aliment.
Nous remercions très sincèrement l'Unité Hélicicole de l'INRA du Magneraud pour son aide dans la formulation et l'analyse chimique des aliments.
AOAC 1984 Official Methods of Analysis, Editor Horowitz W, Association of Official Analytical Chemists, Wasington D C
Aubert C 1989 Mémento de l'éleveur d'escargot. Edition ITAVI, Paris 330p.
Aupinel P et Daguzan J 1987 Etude du rôle de la photopériode sur l'activité métabolique des jeunes escargots «Petit-gris» (Helix aspersa Müller) et mise en évidence d'une phase photosensible. Haliotis 19, 47-55.
Carefoot T H and Switzer-Dunlap M 1989 Effect of amino acid imbalance in artificial diets on food choice and feeding rates in two species of terrestrial snails, Cepaea nemoralis and Achatina fulica. Journal of Molluscan Studies 55 (3): 323-328.
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Received 10 June 2005; Accepted 1 August 2005; Published 1 October 2005